La Chanson d’Ève/Elle songe près des fontaines
Société du Mercure de France, 1904 (2e éd.) (p. 77).
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Elle songe près des fontaines,
Au cœur profond du paradis.
Toute son âme n’est qu’une clarté sereine ;
Et dans un murmure elle dit :
Heureuse, sans rien voir, rien savoir, rien entendre,
Sans cause humaine, je souris !…
Là sont des fleurs, des fruits ; mes bras n’ont qu’à s’étendre,
Mes mains n’ont qu’à s’ouvrir.
Mais en mon âme il n’est plus de désir ;
Mon âme enfin repose, et mon cœur est paisible.
En mes yeux éblouis entre seul, Invisible !
À mon oreille chante seul, Inouï !