La Chanson de Roland/Léon Gautier/Édition critique/Laisse 112
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CXII | |||
Franceis i unt ferut de coer e de vigur. | Les Français ont frappé rudement et de bon cœur, | ||
Païen sunt mort à millers e à fuls, | Et les païens sont morts par milliers, par multitudes. | ||
1440 | De cent millers n’en poent guarir dous. | Sur cent mille, il n’en est pas deux qui survivent. | |
Dist l’Arcevesques : « Nostre hume sunt mult proz, | « Nos hommes sont des braves, s’écrie Roland, | ||
« Suz cel n’ad hume plus en ait de meillurs. | « Et personne sous le ciel n’en a de meilleurs. | ||
« Il est escrit en la geste Francor | « Il est écrit dans la Geste de France | ||
« Que vassals ad li nostre empereür. » | « Que notre empereur a de vaillants soldats. » | ||
1445 | Vunt par le camp, si requerent les lur ; | Et les voilà qui vont à travers toute la plaine et recherchent les leurs.
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Plurent des oilz de doel e de tendrur | De deuil et de tendresse leurs yeux sont tout en larmes | ||
Pur lur parenz par coer e par amur. | À cause du grand amour qu’ils ont pour leurs parents. | ||
Li reis Marsilies od sa grant ost lur surt. | Aoi. | Devant eux surgit alors Marsile avec sa grande armée. |
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Vers 1438. — Les Remaniements, avec lesquels la Keiser Karl Magnus’s Kronike est d’accord, nous offrent ici deux laisses qui ne sont pas dans O. On y reprend le récit de la grande bataille, et l’on y montre les païens en fuite. Le texte original devait lui-même, suivant nous, présenter ici un couplet de plus, auquel correspondent ces deux strophes. Nous proposerions d’intercaler ici la laisse suivante d’après Lyon, Venise VII et Paris que nous avons ramenés à notre dialecte et à la concision de notre poëme :
La bataille est plenière e adurée ;
Franceis sunt bon ki de l’espée i fièrent :
N’i ad celui ne l’ait ensanglentée.
Granz fut li caples, forz colps s’entredunerent :
La veïssez tantes testes tranchées,
Tanz humes morz gesir en mi la prée.
Païen s’en fuient, e Franc les enchalcerent. Aoi.
Vers 1439. — Morz. O. Pour le sujet pluriel, il faut mort. = Lire milliers.
Vers 1440. — Remarquez dous comme assonance dans une laisse en ur.
Vers 1441. — Oxford nous donne Rollant au lieu de l’arcevesques que nous offrent Venise, Paris, Lyon et Versailles.
Vers 1442. — Lire ciel. O. V. la note du v. 545. ═ Meillors. O. V. la note du vers 51.
Vers 1445. — Lor. O. V. la note du vers 17.
Vers 1447. — Por lor. O. Même renvoi.
Vers 1448. — Marsilie. O. Pour le cas sujet, il faut Marsilies. ═ Lor. O.
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