La Chanson de Roland/Léon Gautier/Édition critique/Laisse 178

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LE CHÂTIMENT DES SARRASINS

CLXXVIII

Morz est Rollanz, Deus en ad l’anme es cels... Roland est mort : Dieu a l’âme aux cieux…
— Li Emperere en Rencesvals parvient. — L’Empereur, cependant, arrive à Roncevaux.
Il n’en i ad ne veie ne senter, Pas une seule voie, pas même un seul sentier,
2400 Ne voide terre ne alne ne plein pied Pas un espace vide, pas un aune, pas un pied de terrain
Que il n’i ait u Franceis u païen. Où il n’y ait un corps de Français ou de païen :
Carles escriet : « U estes vus, bel niés ?
« Où êtes-vous, s’écrie Charles ; mon beau neveu, où êtes-vous ?
« U est l’Arcevesques et li quens Olivers ? « Où est l’Archevêque ? où le comte Olivier ?
« U est Gerins e sis cumpainz Gerers ? « Où Gerin et son compagnon Gerer ?
2405 « U est Otes e li quens Berengers, « Où sont le comte Bérenger et Othon ?
« Ives et Yvories, que jo aveie tant chers ? « Ive et Ivoire que j’aimais si chèrement ?
« Que est devenuz li Guascuinz Engelers,
« Sansun li dux e Anseïs li bers ? « Et le duc Samson et le baron Anséis ?
« U est Gerarz de Russillun, li velz, « Où est Gérard de Roussillon, le vieux ?
2410 « Li .xii. Per que jo aveie laisset ? »
« Où sont les douze Pairs que j’avais laissés derrière moi ? »
De ço qui chalt, quant nuls n’en respundiet ? Mais, hélas ! à quoi bon ? personne, personne ne répond.
« Deus, dist li Reis, tant me puis esmaier « Ô Dieu, dit le Roi, j’ai bien lieu d’être en grand émoi
« Que jo ne fui à l’estur cumencer ! » « De n’avoir point été là pour commencer la bataille. »
Tiret sa barbe cum hom ki est irez.
Et Charles de s’arracher la barbe, comme un homme en grande colère ;
2415 Plurent des oilz si barun chevaler ;
Et tous ses barons chevaliers d’avoir des larmes plein les yeux.
Encuntre tere se pasment .xx. miller : Vingt mille hommes tombent à terre pâmés :
Naimes li dux en ad mult grant pitet. Aoi. Le duc Naimes en a très-grande pitié.


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Vers 2397. — Lire ciels, et, en assonances, à la fin des vers de cette laisse : sentier, Oliviers, Geriers, Berengiers, chiers, Engeliers, Anseïs lifiers, vielz, laissiet, cumencier, iriez, chevalier, millier, pitiet.

Vers 2398.Renceval. O. La forme Rencesvals se trouve aux vers 892, 901, 912, 2225, 2483, 2516.

Vers 2400.Ne voide tere ne alne un plein pied, et en marge Illi. O. Correction de Mu.

Vers 2401.O Franceis o Paien. O. La forme u est plus employée dans notre texte.

Vers 2402.Bels niés. O. V. notre note du vers 15 sur les vocatifs et la Notice sur Roland à la note du vers 194.

Vers 2403.Arcevesque e Oliver. O. Pour le cas sujet, il faut arcevesques e Oliviers. Voyez la Monographie du Turpin à la note du vers 264, et celle d’Olivier à la note du vers 255.

Vers 2404. — Sur Gerer et Gerin, voyez la note du vers 107.

Vers 2405. — Sur Berenger et Oton, voyez la note du vers 795.

Vers 2406. — Pour le cas sujet, nous avons écrit Ives et Yvories au lieu d’Ive et Yvorie. O.

Vers 2407.Engeler. O. Même remarque.

Vers 2408. — Sur Samson et Anseis, voyez la note du vers 105. ═ Lire fiers à cause de l’assonance, au lieu de bers.

Vers 2409.Gerard. O. Pour le cas sujet, il faut Gerarz.

Vers 2410.Laiset. O. Voyez la note du vers 265.

Vers 2411.Chelt. O. La forme la plus usitée, la plus étymologique, est chalt. ═ Nul. O. Le cas sujet exige nuls.

Vers 2412.Pois. O. Pour la phonétique de notre texte, puis est préférable. (Vers 254.)

Vers 2414.Iret. O. Le cas sujet veut iriez.

Vers 2415.Baron. O. Voyez la note du vers 30.

Vers 2416.Millers. O. Pour le cas sujet du pluriel, millier.

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