La Chanson de Roland/Léon Gautier/Édition critique/Préface

La bibliothèque libre.
Anonyme, édition de
Alfred Mame et Fils (p. i--).


LA

CHANSON DE ROLAND



NOTES ET VARIANTES

GLOSSAIRE



Carte du théâtre de la Chanson de Roland avec l’itinéraire de
Charlemagne de Saragosse à Blaye.


LA CHANSON


DE ROLAND


PAR

LÉON GAUTIER
PROFESSEUR À L’ÉCOLE DES CHARTES



SECONDE PARTIE

CONTENANT

LES NOTES ET VARIANTES

LE GLOSSAIRE ET LA TABLE

AVEC UNE CARTE GÉOGRAPHIQUE ET QUINZE GRAVURES SUR BOIS
Intercalées dans le Texte


T O U R S
ALFRED MAME ET FILS, ÉDITEURS


M DCCC LXXII


PRÉFACE


Voici le volume complémentaire de notre Roland. Quelques-uns le trouveront peut-être d’une lecture austère et difficile. Et c’est pourquoi nous croyons utile d’expliquer ici notre dessein.

Dans ce livre, qui est le résultat d’un si long labeur, nous espérons bien n’avoir pas cessé un seul instant d’aimer la science pour elle-même ; mais nous devons dire bien haut que nous avons aussi prétendu au rôle de vulgarisateur.

Oui, c’est pour vulgariser la connaissance de notre vieille poésie que nous avons écrit, dans le cours de ces Notes, tant de monographies sur les héros de notre Épopée nationale, sur la plupart de nos Chansons de geste, et aussi sur la Géographie, l’Archéologie et le Droit dans leurs rapports avec notre littérature poétique. Nous voudrions que la lecture de nos vieux Romans fût par là rendue plus facile ; nous voudrions que notre livre servît un peu de Dictionnaire ou de Manuel à tous ceux que la lecture du Roland aura passionnés pour une poésie si française et si chrétienne.

C’est pour vulgariser notre langue du moyen âge que nous avons voulu composer un Glossaire aussi complet. Nous pensons qu’avec ce Lexique un débutant pourrait comprendre aisément les documents français du xiie siècle, et c’est un résultat qui ne serait véritablement pas sans quelque utilité. Cette même pensée de vulgarisation nous a porté à ajouter à chacun des mots du Glossaire son origine immédiate, son étymologie latine, celtique ou germaine.

C’est ce désir enfin de répandre et de populariser la science qui nous a fait donner à notre Table des proportions plus étendues et qui rendront peut-être la lecture de ce volume accessible à plus d’esprits.

Nous penserions manquer à un devoir si nous n’adressions pas ici de publics remercîments à M. Mame, qui n’a pas craint, au prix de sacrifices immenses, de consacrer tout un volume à des matières si arides qu’un public assez restreint est seul en état de comprendre et de goûter. Nous désirons très-vivement que l’opinion publique s’en montre plus reconnaissante à notre éditeur qu’à nous.

Et maintenant nous laissons aller notre livre à son destin. Ce n’est pas toutefois sans quelque douleur que nous lui disons adieu... ; ce n’est pas aussi sans quelque joie. Sans quelque douleur : car il est bien loin de répondre à l’idéal que nous nous en étions fait ; sans quelque joie : car enfin nous aurons contribué, dans notre humble sphère, à rendre sa vraie place à ce chef-d’œuvre de notre poésie épique. Le voilà qui prend enfin son rang à côté de nos grands classiques ; voilà notre Roland près de la Bruyère et de Bossuet. S’il est vrai que nous ne soyons pas tout à fait étranger à ce progrès, nous croirons n’avoir pas trop mal dépensé plusieurs années de notre vie, et en éprouverons volontiers quelque fierté.


Léon GAUTIER.


8 Décembre 1871.