La Chanson de l’alouette
II
La Chanson de l’alouette
Je suis, je suis le cri de joie
Qui sort des prés à leur réveil ;
Et c’est moi que la terre envoie
Offrir le salut au soleil.
Je pars des chaumes blancs de brume,
A mes pieds flotte un fil d’argent,
La rosée emperle ma plume,
Et je la sème en voltigeant.
Je plane et chante la première
Dans l’azur frais où l’aube éclot ;
Je me baigne dans la lumière,
Et vais me mirer dans un flot.
Ma voix est sans note plaintive,
Je ne dis rien au triste soir ;
Je suis la chanson folle et vive
De la jeunesse et de l’espoir.
Je dis au malade qui veille :
Bénis Dieu, la nuit va unir !
Au laboureur que je réveille :
Fais ton sillon pour l’avenir !
Si mon chant près d’une fenêtre
Attire un couple jeune et beau,
Je répète : Le jour va naître,
Laisse partir ton Roméo !
Je suis, je suis le cri de joie
Qui sort des prés à leur réveil ;
Et c’est moi que la terre envoie
Offrir un salut au soleil.