La Chanson française du XVe au XXe siècle/XVIe siècle/Notice

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XVIe siècle : Notice
La Chanson française du XVe au XXe siècle, Texte établi par Jean GillequinLa Renaissance du livre (p. 41-42).


XVIe SIÈCLE


Le XVIe siècle offre une riche matière à notre choix. Le chant populaire s’y développe avec une abondance que prouvent assez les quelque deux cents chansons que Rabelais énumère dans son Pantagruel. Cette faveur des airs populaires donne naissance au genre de la « chanson musicale » dans lequel les airs connus, reproduits avec leurs paroles, servent de thème à de véritables compositions de musique, traitées généralement à quatre parties vocales par des musiciens de profession avec tous les raffinements du contre-point. Parmi ces poésies populaires, certaines sont beaucoup trop libres pour avoir place dans ce recueil ; et la plupart des autres gagneront à être présentées sous la forme plus achevée et plus moderne qu’elles vont revêtir au siècle suivant.

De nombreux chants historiques nous font revivre intensément les jours les plus mémorables de cette époque troublée : les guerres de François Ier, les horreurs de la Ligue, les ravages des bandes armées, ont inspiré maintes chansons. On trouvera ici quelques-unes des plus suggestives, qui parfois ne sont pas sans valeur littéraire.

D’ailleurs, dès le début du siècle la chanson est représentée dans la littérature : plusieurs poésies de Clément Marot, et non des moins charmantes, ont été intitulées ainsi par leur auteur et réellement chantées.

Enfin, sans parler de la Réforme, dont l’influence s’est surtout exercée sur la musique, plusieurs des œuvres les plus célèbres des poètes de la Renaissance ont été de véritables chansons ; nous en possédons les airs, auxquels elles ont dû, de leur temps, une grande part de leur popularité. C’est surtout comme « chansonnier » qu’un Ronsard a été connu dans les provinces. Les derniers travaux d’histoire littéraire et d’histoire musicale ont bien mis en lumière le rôle considérable de la poésie chantée dans l’œuvre de la Pléiade.