La Cithare (Gille)/La Cithare

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La Cithare, Texte établi par Georges Barral Voir et modifier les données sur WikidataLibrairie Fischbacher (Collection des poètes français de l’étranger) (p. 49-50).

LA CITHARE


 
Ô toi, Cithare d’or, délices d’Apollon
Et des Muses aux noirs cheveux, quand du vallon
S’élèvent dans l’éther tes notes cristallines,
Les fauves étonnés descendent des collines ;
L’aigle hautain, l’oiseau de Zeus, le roi des airs,
Suspend son vol parmi les cieux brillants et clairs ;
La foudre au loin s’éteint et, vaincu par tes charmes,
Arès lui-même écoute et délaisse ses armes.
Ô Cithare, répands tes sons mélodieux
Dont s’enivre le cœur des hommes et des dieux !

Voici que de la terre heureuse aux belles vignes,
En accords prolongés monte la voix des cygnes.
La nature se tait : la brise du matin
Ne fait plus, sur les monts, bruire le sapin ;
L’aube resplendissante est faite de silence ;
Tout est calme et splendide, et la rumeur immense
De l’océan s’apaise en murmures charmants.
Les Charites, au loin, répondent par leurs chants,
Tandis qu’extasiés les mortels éphémères
Pensent ouïr alors la musique des sphères.