La Cithare (Gille)/La Fauvette

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La Cithare, Texte établi par Georges Barral Voir et modifier les données sur WikidataLibrairie Fischbacher (Collection des poètes français de l’étranger) (p. 207-208).
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LA FAUVETTE


 
La folle babillarde au joli casque noir
Qui, chaque jour, aux bords moussus de l’abreuvoir,
Venait lustrer sa plume, à l’heure où se reflète,
Dans les bassins moirés l’aurore violette,
La mutine fauvette, hôte de nos buissons,
Qui charmait nos loisirs de ses douces chansons,
S’enivrant, dans les fleurs, de gouttes de rosée,
Est morte. Hier encor, sur le rosier posée,
Elle rivalisait avec le vert grillon
Dont les appels stridents vibraient dans le sillon.

Elle n’est plus, hélas ! et j’ai creusé sa tombe
Près des genévriers où pleure la colombe ;
Elle sommeille, ici, sous ce tertre léger.
Si ce hêtre t’abrite, ô toi, jeune berger,
Dont l’âme par ses chants fut si souvent ravie,
Qu’un souvenir ému lui redonne la vie.