La Cithare (Gille)/Pindare

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La Cithare, Texte établi par Georges Barral Voir et modifier les données sur WikidataLibrairie Fischbacher (Collection des poètes français de l’étranger) (p. 77-78).

PINDARE


 
Ô Thèbes au char d’or, nous t’offrons nos lauriers !
Tu n’as pas enfanté de superbes guerriers,
Conquis un vaste empire ou chassé le barbare,
Tu fus, plus noble éclat, le berceau de Pindare.
Les Muses aux beaux yeux l’avaient élu parmi
Tous tes enfants : un jour qu’il s’était endormi
Sous l’ombrage odorant des corbeilles de roses,
Des abeilles avaient, entre ses lèvres closes,
Comme un présage heureux et gracieux du ciel,
Distillé le trésor suave de leur miel.


Chéri de tous, il fut la voix d’or des gymnases ;
Et les vierges, portant les rameaux et les vases,
Aux fêtes d’Apollon, en conduisant les chœurs,
Chantaient ses hymnes saints qui transportaient les cœurs.
La Grèce l’acclamait, et dans l’île de Rhodes,
À Lindos, on avait gravé ses fières odes
Sur le marbre neigeux du temple d’Athéné.
Or, illustre et très vieux, ayant abandonné
Son front sur les genoux du jeune Théoxène
Qui méditait ses vers à l’ombre du troène.
Il exhala son âme, et l’on vit le dieu Pan,
Au pied du Cithéron, entonner un péan
Du noble citharède aimé de Proserpine.
Platon qui s’abreuvait à la source divine.
Aux jeunes gens pensifs circulant à pas lents
Dans les jardins en fleurs, sous les platanes blancs,
Récitait ses beaux chants ; et plus tard Alexandre,
Lorsque Thèbes fut prise et fut réduite en cendre,
Ordonna, pour l’honneur des vers mélodieux,
D’épargner la maison du favori des dieux.