La Clé du Caveau/Avertissement

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Capelle et Renard (p. iii-viii).


AVERTISSEMENT.


J’ai cru rendre un service essentiel aux amis de la chanson, et principalement aux amateurs éloignés de la capitale, ou qui ne sont point à la portée des spectacles, en rassemblant par ordre de timbres, et dans un seul recueil, ces airs que l’usage ou le goût ont consacrés, dont notre oreille se trouve involontairement frappée après les avoir entendus, mais que l’on ne retient qu’avec peine et très-imparfaitement sans le secours de la musique.

On entend par le mot timbre, la désignation d’un air quelconque, en citant le premier vers de la chanson ou du couplet qui lui a donné lieu.

Dans la Table indicative des airs que ce Recueil renferme, je ne me suis pas toujours assujetti à cette règle de citer comme véritable timbre le premier vers de la chanson pour laquelle un air a été fait ; car non-seulement il arrive quelquefois que tels airs placés dans une pièce qui ne réussit point, ou faits pour des chansons peu connues, ne font leur entrée dans le monde qu’à l’aide de nouvelles paroles ; mais on voit souvent encore que tels autres airs parfaitement bien accueillis à leur création sont choisis par une foule de chansonniers jaloux de leur donner un nouveau nom. J’ai donc été obligé d’indiquer les premiers par les titres d’adoption qui les ont retirés de l’oubli, et de conserver aux seconds les noms légitimes qu’Erato leur a donnés dès leur naissance.

J’ai cependant placé dans la Table ce que l’on appelle les faux-timbres, pour l’intelligence du lecteur ; mais ils renvoient toujours aux timbres primitifs ou adoptés de préférence.

Bien des personnes sont habituées à ne citer un air que par son refrain ou par le premier vers d’un couplet quelconque de la chanson à laquelle il appartient. Ainsi l’on cite, par exemple, dans le premier sens :

Ça n’se peut pas.


au lieu de citer,

Un jour Lucas, dans la prairie ;


ou bien,

N’en demandez pas davantage.


au lieu de :

Colin disait à Lise un jour.

Dans l’autre sens on cite, par exemple :

Guillot, Guillot, que ce nom m’intéresse,


au lieu de :

Mon honneur dit que je serais coupable.


ou bien :

Adieu, mes chères pénitentes,


au lieu de :

À moins que dans ce monastère.

J’ai rectifié, autant qu’il m’a été possible, ces erreurs, en renvoyant toujours aux véritables timbres.

Je n’ai placé dans ce Recueil ni duos, ni ariettes : parmi les contredanses et les rondeaux même, je n’ai pris que ceux sur lesquels on a déjà fait des couplets.

La Table indicative des airs contenus dans ce Recueil est divisée en trois alphabets, régis par une seule série de numéros.

Le premier alphabet contient tous les airs désignés par le premier vers de la chanson ou du couplet qui leur a donné lieu, comme :

Avec les jeux dans le village. N°. …
La lumière la plus pure. N°. …
On compterait les diamans. N°. …
Voulez-vous savoir l’histoire. N°. …

Le second alphabet contient les airs indiqués par les titres des chansons, ou de différentes manières autres que celles du premier vers, comme :

Air de Joconde. N°. …
— de la Palisse. N°. …
— des Trembleurs. N°. …
— du curé de Pompone. N°. …

Le troisième alphabet, enfin, contient les airs des vaudevilles de la fin des pièces, désignés par le nom des pièces elles-mêmes, comme :

Vaudeville d’Annette et Lubin. N°. …
——— de Monsieur Guillaume. N°. …
——— des petits Savoyards. N°. …
——— du petit Courrier. N°. …

Ainsi, lorsqu’après un air de la première Table, on trouvera un voyez qui renverra au titre d’une chanson, comme :

Ah ! ma fille, que faites-vous (voyez air de la découpure).


ou bien :

Eh ! quoi, déjà je vois le jour (voyez air des Triolets).


on devra chercher ces airs-là à la seconde Table. (pag. 53.)

Lorsqu’après la désignation d’un air on trouvera un voyez qui renverra à un vaudeville ; comme :

C’est un enfant (voyez vaudeville du Devin du village).


ou bien :

Clitie est laide à faire peur (voyez vaudeville d’Arlequin afficheur).


on devra chercher à la troisième Table. (pag. 61.)

J’ai placé à la suite de ces trois Tables (qui n’en forment qu’une suivant l’ordre numérique) un Tableau contenant les timbres des airs par ordre de coupe : ce tableau, qui offre la facilité de chanter quelquefois une même chanson sur cent airs différens, avait déjà paru en extrait à la fin de chaque volume du Caveau Moderne. Je l’ai completté autant qu’il m’a été possible, et je le regarde aujourd’hui comme indispensable aux poètes-chansonniers, aux acteurs, amateurs du Vaudeville et à tous ceux qui, par état ou par goût, s’occupent de la chanson.

C’est aux conseils de mon ami Wicht, naguères chef d’orchestre du Théâtre du Vaudeville, et que la faux du Temps a ravi depuis un an aux arts et à l’amitié ; c’est sur-tout à son digne successeur, le gracieux, l’inépuisable Doche, également mon ami, et de plus mon collègue au Caveau Moderne, que je dois la perfection de ce Recueil, commencé il y a environ quatre ans.

Que ces deux aimables compositeurs, dont les airs charmans, répétés tous les jours par le gentil Vaudeville, composent une grande partie de ma collection, trouvent ici le tribut de ma reconnaissance, le premier, par une larme répandue sur son nom ; le second, par un verre de Champagne que je bois à sa santé !