La Critique et Raymond Roussel
« Raymond Roussel a le courage de viser très haut et de demander à son talent peut-être plus que ne peut réaliser le verbe humain. »
« Monsieur Roussel, dont les critiques ont proclamé le génie avec une indifférente et presque outrageuse unanimité… »
« Raymond Roussel, le hardi chercheur et découvreur de nouveau. »
« D’après un article de Jacques-Émile Blanche, paru dernièrement dans le Figaro, Paul Morand, pour ne pas s’encombrer, n’emporte dans ses explorations que les principaux ouvrages de quatre ou cinq très grands auteurs, parmi lesquels le nom de Raymond Roussel voisine avec celui de Racine. Les mémorables huées qui ont accueilli il y a une dizaine d’années les représentations de « Locus Solus », au Théâtre Antoine, sont donc bien une nouvelle preuve que si le talent s’impose facilement et vite, le génie commence toujours par se heurter à l’incompréhension et à l’hostilité des masses. »
« Raymond Roussel ou le génie à l’état pur. Locus Solus met en jeu toutes les lettres. Même un des innombrables admirateurs de l’œuvre d’Anatole France ou de Pierre Loti ne peut voir en elles une goutte du génie excusant leur gloire s’il reste aveugle devant Locus Solus. »
« L’imagination singulière de Raymond Roussel déconcerte plus d’un spectateur… Dans l’Étoile au Front il y avait des légendes, des aventures, des anecdotes à défrayer vingt nouvellistes… Il y avait des récits tragiques et des épisodes gais… Cette année, M. Roussel, en composant Poussière de Soleils, a encore assemblé une foule d’histoires ingénieuses, ou piquantes, ou touchantes… Ces récits sont variés et surprenants, et on y prend plaisir, comme les Arabes de Marakech à écouter un conteur… »
«… les romans d’invention totale, comme les curieuses et savoureuses créations de Raymond Roussel… »
« Quand Alphonse Daudet fit représenter l’Arlésienne, le public dédaigna cette œuvre, qui, pourtant, est devenue illustre. Quand Bizet fit jouer Carmen, et quand Gounod fit jouer Faust, la salle se montra rétive… Ces grands exemples peuvent être cités à propos de Raymond Roussel. En effet, il est impossible de concevoir quelque chose à quoi soit applicable la mesure ordinaire, lorsqu’il s’agit de l’auteur de Locus Solus et d’Impressions d’Afrique. Ces œuvres avaient soulevé des passions diverses. Des jeunes gens les avaient accueillies avec enthousiasme. Des personnes respectables s’étaient regimbées… Certains écrivains s’étaient institués les champions de l’auteur. D’autres, au contraire, avaient tenté de le faire tenir pour un ironiste ou pour un insensé… Son style, dont j’ai parlé plusieurs fois, est d’une richesse, d’une minutie, d’une précision rares… »
«… J’ai donné lecture de longs passages d’Impressions d’Afrique et de Locus Solus… Vos Pages choisies étaient restées longtemps sur ma table… Certain jour de désœuvrement je feuilletai le livre au hasard… Puis aussitôt m’abandonnai, pied perdu, dans le Gulf Stream de votre rêve… « Alors, pareil à un somnambule, Fogar se leva et pénétra dans la mer. » Que de fois, pareil à Fogar, j’ai, depuis, plongé dans vos eaux denses… Ma première lecture de vous, à voix haute, eut lieu ce premier soir, en famille (j’étais alors à la campagne). Quelques mois plus tard, de retour à Paris, je racontai mon émerveillement à Mlle Monnier et au petit groupe de jeunes poètes qui gravitait autour d’elle rue de l’Odéon — émerveillement qu’ils ne tardèrent pas à partager. Puis à bien d’autres… »
«… Comme l’Enfant-Héros de la Fable, vous portez sans faiblir le poids d’un prodigieux outillage poétique. Vous avez, ce qui est rare aujourd’hui, le souffle, et vous écrivez, sans perdre haleine, cent vers comme un autre écrit dix lignes. »
à l’envoi d’un exemplaire de la Doublure.)
«… La vision de Fogar, des plus poétiques celle-là, ne me quitte pas, et je le vois toujours offrir à l’hallucinant pavillon qui descend le long de la hampe, le mystérieux morceau d’angélique extrait de sa veine. »
à l’envoi d’un exemplaire d’Impressions d’Afrique.)
« … Dans le jeune cerveau de M. Armand Salacrou, les maîtres qu’il a lus et qu’il admire se livrent un étrange combat. À écouter Tour à terre, on songe à Musset, à Baudelaire, à lord Byron, à Verlaine, et l’on songe aussi au Zola des livrets d’opéra, à Saint-Georges de Bouhélier, à Raymond Roussel, à Jean Cocteau, que sais-je encore ! »
« Raymond Roussel est peut-être l’écrivain le plus original, le plus spontané de la littérature contemporaine… C’est lui sans doute qui a su découvrir le merveilleux moderne… »
« … un des apôtres les plus fougueux du culte roussellien… »
«… un de ces admirateurs fanatiques et éblouis de Raymond Roussel, un de ceux qui ont salué en lui un génie précurseur, une imagination prodigieuse, une fantaisie poétique extraordinaire… »
«… Quelques-uns crient au génie… Et, dans la salle, des gens qui, quelquefois, s’entre-battent… »
«… Les snobs ont salué en Raymond Roussel, auteur de Locus Solus, un précurseur de génie… »
«… Il y a du génie dans ses Impressions d’Afrique et dans Locus Solus… »
« Marcel Proust regardait la vie d’une manière absolument différente de celle des autres écrivains, sauf peut-être Raymond Roussel. »
« Raymond Roussel déchiffre l’univers… Il entreprend comme le premier homme, mais secouru par un génie exceptionnel, de mesurer très exactement son langage sur les spectacles qui lui confirment son existence… On peut dire de lui qu’il écrit en grand classique. »
« Il aborde même ce pays de chimérie ahurissante où habite d’ordinaire un auteur dramatique formidable en ses éruptions théâtrales et dont le volcan est sous pression pour dans quelques jours : Raymond Roussel. »
«… À mon chevet voisinent les Contes d’Hoffmann, ceux de Poe, les Aventures de Lancelot du Lac, quelques volumes de Stevenson et les Impressions d’Afrique de Raymond Roussel ; et ce n’est pas à ce dernier que je reviens le moins souvent, car son œuvre est un monde, un monde nouveau et complet où l’esprit peut trouver à s’alimenter sans cesse… J’avoue ainsi mon enthousiasme pour l’étrange génie du romancier… »
«… La surréaliste Poussière de Soleils de Raymond Roussel nous rappela les beaux jours de Locus Solus et de l’Étoile au Front où l’on vit quelques partisans acharnés de cet auteur bizarre tenir tête à des légions d’assistants exaspérés, ahuris et sifflants. Ne me demandez pas de vous résumer une pièce de Raymond Roussel. C’est la lanterne magique montrée à l’envers ou bien encore que l’on a oublié d’éclairer. Ce sont les images d’un rêve délirant que souligne le texte le plus embrouillé du monde et que de bons acteurs récitent avec le plus beau sang-froid, exactement comme s’ils comprenaient le sens de leurs répliques. »
« Raymond Roussel, un génie dans son genre, a une leçon à exposer, et il sent qu’il faut la faire sortir de son cœur… »
« Raymond Roussel, homme très cultivé et doué d’une imagination stupéfiante, possède un style curieux… Sa prose est parsemée d’images imprévues, de pensées déconcertantes, de narrations invraisemblables et d’hyperboles étranges. On dirait la prose d’un halluciné. Le public n’a pas supporté à la longue l’audition des propos obscurs que Roussel met continuellement dans la bouche de ses personnages. »
« Raymond Roussel est un homme d’une imagination fantastique et débordante et d’une érudition indiscutablement grande. Ses admirateurs l’appellent un génie. D’autres disent qu’il est proche parent du génie. Le cerveau de Raymond Roussel, vu dans ses œuvres, apparaît aux personnes non prévenues comme une antithèse, une confusion incohérente et lumineuse, comme si on le voyait à travers la lentille du premier appareil cinématographique plus la couleur. Il a franchi dix pages avant que le lecteur ordinaire ait compris la première phrase du chapitre. »
« Je n’essaierai pas de raconter le sujet de la Poussière de Soleils. L’étendue de la vie humaine est à peine de soixante-dix ans et il y a assez de questions soulevées occasionnellement dans les quatre actes et les vingt et un tableaux de la nouvelle pièce de Raymond Roussel pour occuper quelqu’un pendant une bonne partie de ladite étendue. C’est une combinaison d’érudition et de diversité de sujets, telle une Encyclopédie. Cela vous fait apprécier l’ordre du calife Omar : « Brûlez tous ces livres. » Avec un exemplaire de la Poussière de Soleils à sa disposition, on peut sans crainte réduire sa bibliothèque. La pièce touche aux pierres précieuses, aux mœurs et aux idées tropicales, aux vies des Saints, à la poésie, à la sociologie, aux religions, à la démonologie, à la philosophie, à l’au-delà, au système planétaire. La pièce a été reçue avec calme. Peut-être a-t-elle abruti l’auditoire. »
« J’y gagne d’avoir pris à la Poussière de Soleils un plaisir sans mélange… L’imagination de l’auteur s’est donné carrière faisant jaillir en traits de lumière les rapprochements imprévus… Raymond Roussel a pleinement réussi, obtenant pour résultat une suite de tableaux hauts en couleurs, où chaque personnage est réduit à un geste, comme ces histoires en images de jadis où se posait, devant la foule populaire, la baguette du conteur. C’est un spectacle dont l’intérêt ne languit pas un instant, et le parti pris du style est poussé à un point qui dénote une rare maîtrise. »
« J’ai été sifflé deux fois : 1o Dans la Terre de Zola, je jouais Buteau. 2o Dans Locus Solus de Raymond Roussel. Ce soir-là, ce fut la bataille. J’ai essayé vainement d’imposer un texte, appris du reste bien difficilement, mais qui me paraissait curieux, original et nouveau, sous une bordée de sifflets et de cris divers. »
«… La magie du verbe s’y trouve jetée, on pourrait dire, à pleines mains. »
« Et c’est ici que Raymond Roussel pourrait bien être un précurseur. Car précisément cette forme de tableaux ultra-brefs, réduits à l’essentiel, n’avait pas encore été employée avec cette audace tranquille (sauf peut-être dans Shakespeare). Assurément on est déconcerté, mais il en est toujours ainsi lorsqu’une de nos habitudes est heurtée de front. Pourquoi faut-il obligatoirement des actes de trois quarts d’heure ou des tableaux de vingt minutes ? Raymond Roussel pense qu’un décor qui fixe un instant, et dix phrases dans ce décor suffisent pour marquer une étape dans un récit. À chaque fois la toile qui tombe vous coupe le souffle, mais l’esprit est maintenu en cet état de tension qui s’appelle l’attention… Et on se dit que Raymond Roussel l’a certainement voulu lorsqu’on considère les très remarquables décors qu’il a fait exécuter par Numa et Chazot : non pas schématiques, mais simplifiés, très colorés à la russe avec des oppositions violentes en « à plat », quelques bâtis rudimentaires, rarement plus de deux plans. Plusieurs fois on a été surpris et on a applaudi. »
«… Et, dans les entr’actes, les raymond-roussellâtres… »
« Raymond Roussel est-il fou ? Est-il possédé de telles lumières que nous n’en puissions supporter l’éclat ?… Est-ce bouffon ? Est-ce sinistre ?… N’est-ce rien ? Est-ce tout ?… C’en est assez, sans doute, pour fonder les hommes nouveaux à voir en Raymond Roussel le Shakespeare futur. »
« Raymond Roussel est doué d’une imagination fantaisiste incomparable. Les idées abondent dans son cerveau avec la fécondité de la flore tropicale. On se perd dans la forêt vierge de ses inventions. Il y faut pénétrer la hache à la main pour y voir clair et cheminer… Raymond Roussel est bien le poète de notre époque chaotique : la fonction crée l’organe. »
« Un voisin plus proche, d’ailleurs découvert après mon départ de Neuilly, fut Raymond Roussel. Quelqu’un me parla de lui comme d’un dément, auteur inconnu d’œuvres insensées. Je flairai le génie et ne me trompai pas de beaucoup. »
« Ce découvreur de méthodes nouvelles ne serait-il pas Raymond Roussel, qui, par ce dernier trait, s’affirme comme un stratège de première force… En effet, cette avant-première se terminait par le paragraphe suivant :
« Signe particulier, M. Raymond Roussel est sportif à ses heures. Champion de tir au pistolet, il ne possède pas moins de quarante-cinq médailles et notamment a obtenu, en 1909, la médaille d’or de Gastinne-Renette. »
Les critiques n’ont qu’à bien se tenir !… À moins que les journaux ne demandent à Lucien Gaudin ou à Armand Massard de vouloir bien, ce soir-là, tenir la férule. Encore devront-ils s’arranger pour être les offensés et se réserver ainsi une arme autre que le pistolet… »
« Il y a quinze ans on parlait d’enfermer Raymond Roussel… Aujourd’hui on le proclame roi. »
« Il est assez amusant de voir la critique donner en masses profondes, deux lustres plus tard, à la découverte du génie de Raymond Roussel. On ne se donnera pas ici le ridicule d’une phrase définitive sur cet esprit phénoménal… »
« Une imagination qui porte sur sa tête la terre et les cieux. »
«… mon admiration pour l’œuvre géniale de Raymond Roussel. »
« Demandez-moi plutôt ce que je pense de la théorie d’Einstein ou de Locus Solus. »
« Locus Solus est un prodige, un livre qui décourage d’écrire ; vous nous dominez tous, Roussel. »
« Pour qui assista à la représentation de l’Étoile au Front où un jeune poète se flatte avec orgueil d’avoir obligé une salle hostile à écouter la pièce, l’édition de l’œuvre de Raymond Roussel est opportune. Elle permettra de mieux se rendre compte de la conception poétique de l’auteur et de la révolution que sans doute il a portée au théâtre. Pour qui n’a pas assisté à cet Hernani elle révélera, s’il ignore les Impressions d’Afrique et Locus Solus, un monde absolument nouveau, une vue originale sur l’univers, un sens indéniable du mystère et de la fatalité. »
« Nous sommes la claque et vous êtes la joue. »
« Cet écrivain sorcier, c’est Raymond Roussel… Impressions d’Afrique suffirait pour lui assurer le titre de précurseur… Locus Solus offre un prodigieux mélange d’érudition et de fantaisie… La richesse déconcertante du vocabulaire précis de Raymond Roussel recouvre et objective ce perpétuel jaillissement de merveilleux moderne qui caractérise son art… L’Étoile au Front passionnera le lecteur vigilant et lui inspirera le désir de connaître toute cette œuvre — œuvre et laboratoire d’œuvres futures — où à chaque tournant surgit la magie éternelle. »
« Il y avait en Raymond Roussel la possibilité de vingt romanciers et la matière de cent romans… Son style même, par moments, donne un son de plénitude… »
« Un auteur neuf, étrange et complet. »
« La petite flamme particulière, folie ou génie, qui distingue l’œuvre de Raymond Roussel. »
« Je ne doute pas qu’un jour surgiront des hommes de talent qui tireront des romans à succès de l’œuvre de Raymond Roussel, homme de génie. »
«… Raymond Roussel, statue parfaite du génie. »
« On découvrira dans cinquante ans les Impressions d’Afrique et Locus Solus, et l’on s’étonnera de notre indifférence. Les « Grands Livres » s’écrivent dans le silence. »
« J’avoue un goût très vif pour Locus Solus… Il y a des pages vraiment singulières… Un homme trace, avec l’unique épine demeurée sur la tige d’une rose et trempée dans l’eau, des caractères qu’il rend visibles en les saupoudrant de limaille d’or… Plus loin, une jeune femme reçoit une lettre, se pique le doigt au bouquet de sa ceinture et devient folle… »
« Je me souviens toujours de ce souper où Henry Bidou nous a cité par cœur des passages de Raymond Roussel. »
« Je sais fort bien ce que je dis quand je rapproche le nom de Raymond Roussel et celui de l’enfant gâté du génie que fut Jarry et du grand esprit et du grand poète que sut devenir Apollinaire. On ne peut s’empêcher de voir en lui un précurseur. »
« Le roman est plein de ces sortes de recherches et de trouvailles… L’auteur ne manque ni d’esprit ni de culture… En dépit qu’on en ait, le livre commencé on va jusqu’à la fin. »
« L’imagination de l’auteur, sa faculté de concevoir des inventions scientifiques relatées avec tant de précision et de bon sens qu’on s’illusionnerait jusqu’à les croire réalisables, la richesse insensée de son vocabulaire, la minutie extravavagante de ses descriptions, tout cela contribue à douer Raymond Roussel d’une personnalité à laquelle aucun auteur normal ne saurait atteindre. Les concepts foisonnent en cet ouvrage littéralement extraordinaire. »
« Serait-il aussi inconscient de ses dons imaginatifs que ce Raymond Roussel dont André Gide me lisait dernièrement, dans Impressions d’Afrique, le passage de Fogar ? »
« C’est comme un monstrueux délire — le délire du poète et du savant qui bondit en avant de son temps et en dehors de son espace — qui préside aux récits de Locus Solus, qui nous entraîne, tourbillonnants, dans le monde nouveau créé par la toute-puissance de l’esprit, un monde hallucinant, invraisemblable et terriblement logique à la fois et d’une admirable étrangeté ; car c’est bien tout un univers qui est sorti du cerveau de Raymond Roussel, le rêveur le plus extraordinaire des temps modernes. »
« Depuis quelque temps il n’est pas un homme de culture moyenne qui ne se soit identifié avec Rimbaud ; il le fera demain avec Lautréamont ou avec Raymond Roussel. »
« L’influence de Raymond Roussel commence à se faire sentir… chaque année elle s’amplifie… Dans dix ans le grand public découvrira Raymond Roussel… On est dominé, puis fasciné. »
« Raymond Roussel a de bonnes raisons pour écrire dans la manière de saint Thomas la somme d’une expérience qui le rapprocherait, dans l’éternité, de Wagner. Dès qu’on oublie d’exercer son jugement sur son art, on commence à comprendre son œuvre. Il veut que les mythes intraduisibles qu’il nous propose à cœur perdu ne nous laissent pas le loisir de nous retrouver. Abandonné sans arrière-pensée à ce volcan de songes, le lecteur sent, entre ces mains de flamme, son âme se transformer. »
« L’étoile au front, c’est le signe qui marque les prédestinés (signe qu’ils ont dès leur naissance), ceux qui braveront tout pour poursuivre et atteindre leurs grands desseins. »
« Les surréalistes considèrent Raymond Roussel, l’auteur de Locus Solus, comme un de leurs grands maîtres. »
« Raymond Roussel parut.
« Il a, devant une assemblée où le talent est à bon marché, remis en question la surprenante existence du génie. L’étoile dont il évoque la mystique influence s’est reflétée dans les yeux de cet admirable astronome et des constellations nouvelles naissent à chacune de ses paroles. »
« Signoret rend à Raymond Roussel un hommage mérité. C’est, en 1925, un acte courageux et qui mérite d’être particulièrement signalé. »
« Raymond Roussel, dont l’audace est hors du temps, dont tous les livres ont merveilleusement recréé la lecture et dont l’étoile éblouissante sera le guide des plus purs entre les hommes. »
« Impressions d’Afrique est le summum du génie de l’invention. »
« Il resterait cet univers que Raymond Roussel a créé et que je crois capable de satisfaire tous les désirs de poésie. Je salue en lui le Prophète, le Créateur d’un temps nouveau. »
« Un nom vient s’opposer à celui de Raymond Roussel, c’est celui de Giotto, un de ces surhommes de la Renaissance, l’auteur de ces vrais drames que constitue la suite des fresques de Santa Crocce ou de l’Arena de Padoue. Et dans ces pages de l’Arena comme dans celles de la Poussière de Soleils ou de l’Étoile au Front, c’est la même grande simplicité de moyens, le même découpage en tableaux complets d’une vie concentrée à l’émotion naturelle. »
« Raymond Roussel, l’inventeur de la magie bleue. »
« Comme tant d’autres dramaturges, Raymond Roussel aurait-il été un génie méconnu ? »
«… une très grande personnalité. »
« Jamais personne n’avait comme Raymond Roussel prodigué le génie de l’invention. Personne, depuis Pœ, n’avait, à son égal, décelé le mystère des coïncidences. Lorsqu’on relève devant lui le prodige de sa création, il explique avec simplicité : « Je travaille sans documents. Pour composer il faut que je fasse table rase. Du papier blanc, c’est tout. J’ai accompli le tour du monde il y a deux ans, je n’en ai rien tiré. » La vie littéraire des vingt-cinq dernières années lui échappe d’ailleurs entièrement. Cependant les nouvelles écoles en font un de leurs prophètes. Il a créé un monde. L’univers roussellien, il est vrai, ne connaît ni la douleur ni le bonheur ; il vit cependant d’un rythme (extra-littéraire) pour ainsi dire cosmique ; il est une récréation du cosmos par une façon de divinité ne distinguant que le mouvement, à qui les sentiments humains sont tellement peu qu’elle n’y prête pas une attention particulière, et qui se tient au milieu de tout, solitaire et douloureuse. Car Raymond Roussel est désespéré du dédain que le grand public manifeste pour son œuvre. « On dit que je suis fou ! » Mots désenchantés qui reviennent souvent dans sa conversation. En quittant la maison où j’ai revu le poète extraordinaire, je remarque ce soir la limousine qui l’emportera tout à l’heure, cependant que j’irai à pied dans ce Paris qui disparaît devant l’immense création d’un esprit. Et je songe encore à ce qu’il donnerait pour posséder la notoriété d’un feuilletoniste. Certaines divinités ne sont-elles pas ainsi — qui voudraient être hommes ? C’est Dieu — et ça ne sait pas. »
« Silence, les idiots ! »
« Vous vous croyez malins, vous êtes idiots. »