La Fièvre d’or/08

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Amyot (p. 96-108).
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IV

LA MISE EN DEMEURE.


Les chasseurs installèrent les bestiaux dans un vaste corral ; puis ils cherchèrent un abri dans un meson, dont l’hôte, véritable portrait au physique du digne chevalier de la Manche, les reçut du mieux qu’il lui était possible.

Après le rude voyage qu’ils venaient de faire, ce fut une grande joie pour les aventuriers de reposer enfin leur tête sous un toit, et d’être pour quelques heures au moins logés d’une façon presque civilisée.

Don Luis et Valentin prirent pour eux le même cuarto, tandis que don Cornelio et Curumilla faisaient choix de celui placé directement en face du leur.

Dès que cette organisation provisoire fut terminée, et le souper pris en commun, chacun se retira pour se livrer au repos.

Avant que de s’étendre sur le cuadro recouvert d’une peau de bœuf qui devait lui servir de lit, don Luis s’approcha de Valentin, qui, à demi renversé dans un butacca (fauteuil), fumait une cigarette en regardant nonchalamment tournoyer la fumée bleuâtre.

— À quoi penses-tu ? lui demanda-t-il en s’accoudant amicalement sur le dossier de la butacca.

— À toi, répondit Valentin en se tournant vers lui avec un sourire.

— À moi ?

— Oui ; quelle autre préoccupation puis-je avoir à présent que celle de te voir heureux ?

Le comte baissa les yeux et soupira.

— C’est impossible, dit-il.

Valentin le regarda.

— Impossible ! répéta-t-il ; oh ! oh ! en sommes-nous donc là ? Voyons, expliquons-nous une fois pour toutes.

— Tu as raison, l’heure est venue ; expliquons-nous cœur à cœur.

Le comte attira à lui une butacca, s’assit en face de Valentin, prit un cigare dans l’étui que son frère de lait lui avait tendu, et l’alluma.

Le chasseur suivait tous ses mouvements avec attention ; lorsqu’il le vit commodément installée :

— Parle, lui dit-il.

— Hélas ! ma vie n’a rien de bien intéressant : elle a été semblable à celle de tous les aventuriers ; tantôt riche, tantôt pauvre, j’ai erré de tous les côtés, parcourant le Mexique dans tous les sens en traînant constamment après moi, comme la chaîne du forçat, le souvenir de mon bonheur perdu. Un instant j’ai cru que l’avenir pouvait encore exister, qu’il me serait possible de me refaire, sinon une position semblable à celle que j’avais perdue, du moins reconquérir mon rang dans le monde. Je partis pour San-Francisco, cet Eldorado fantastique dont les cent bouches de la renommée racontaient des merveilles. Là je me trouvai mêlé à une foule d’aventuriers avides et sans frein, dont la vie n’était qu’une orgie continuelle et l’or la seule passion. Je vis là en quelques mois les métamorphoses les plus prodigieuses, je vis surgir et tomber tout à coup les plus scandaleuses fortunes, et me plongeant alors résolûment dans ce gouffre, je demandai, moi aussi, au hasard ma part de joies fiévreuses et d’émotions enivrantes ; mais la foi me manquait, rien ne me réussit. J’essayai tous les métiers, toujours poursuivi par cette fatalité implacable acharnée après moi ; je ne parvins à grand’peine qu’à ne pas mourir tout à fait de faim ; tour à tour chasseur, porte-faix, que sais-je encore, mes efforts n’aboutirent à rien dans cette Babel, où se coudoyaient incessamment les damnés de la civilisation, qui tous, marqués du sceau indélébile des réprouvés du Dante, entassaient ruines sur ruines pour se faire un piédestal de lingots immédiatement renversé par d’autres. Dégoûté de cette vie mêlée de sang, de boue, d’oripeaux et d’or, je partis en désespoir de cause, résolu à me faire conducteur de bestiaux : noble métier, n’est-ce pas, pour un comte de Prébois, dont les aïeux ont fait trois croisades, ajouta-t-il avec un rire amer ; mais j’ai connu des généraux décrotteurs, des marquis garçons de café ; je pouvais donc sans trop déroger, moi qui n’ai jamais rien été, devenir marchand de bestiaux. Et puis, j’avais un autre but en choisissant cette profession. Depuis mon arrivée dans l’Amérique septentrionale, je te cherchais : j’espérais te retrouver enfin. Pour la première fois, le hasard m’a souri, tu le vois, puis, que je suis parvenu à te rencontrer. Voilà tout ce que j’avais à te dire. Maintenant, tu sais de ma vie autant que moi-même, ne me demande rien davantage.

Après ces paroles, prononcées d’une voix brève et saccadée, le comte se renversa sur le dossier de sa butacca, ralluma son cigare, qu’il avait laissé éteindre, se croisa les bras sur la poitrine et parut décidé à ne pas ajouter un mot.

Valentin l’examina longtemps avec l’attention la plus soutenue, hochant parfois la tête et fronçant les sourcils avec mécontentement.

Enfin il se résolut à renouer l’entretien.

— Hum ! fit-il, je sais maintenant toute ta vie, je l’admets ; elle n’a rien de bien extraordinaire dans un pays comme celui où nous nous trouvons, elle ne sort en rien de la loi commune ; tu aurais donc grand tort de te plaindre.

— Je ne me plains pas, s’écria vivement le comte, je constate un fait, voilà tout.

— Parfaitement, dit Valentin ; seulement, dans tout ce que tu m’as raconté, un point demeure obscur pour moi.

— Lequel ?

— Tu m’as dit tout ce que tu as voulu faire, c’est bien ; mais, à part l’amitié fraternelle qui nous lie, et qui, quelque forte qu’elle soit, ne peut à mon sens suffire pour déterminer une résolution aussi arrêtée que celle que tu témoignais de me retrouver, tu ne m’as pas dit dans quel but tu me cherchais avec tant d’acharnement.

Le comte se redressa, un jet de flamme jaillit de sa prunelle.

— Ne l’as-tu pas deviné, Valentin ?

— Non.

Le comte baissa la tête, et pendant quelques secondes la conversation fut de nouveau interrompue.

— Au fait, tu as raison, Valentin, mieux vaut en finir de suite afin de ne plus y revenir. Du reste, tu sais aussi bien que moi ce que je veux te dire, reprit le comte avec l’accent d’un homme dont le parti est pris.

— Peut-être ! répondit laconiquement le chasseur.

— Allons donc ! je ne suis pas un niais, et le matin du jour où tu étais venu chercher un abri à mon campement, au premier mot que je laissai échapper, tu me compris.

— C’est possible, fit imperturbablement Valentin ; cependant, comme je n’ai aucune prétention à la science divinatoire, sois assez bon pour t’expliquer clairement et catégoriquement.

— Tu l’exiges ?

Le chasseur hocha affirmativement la tête.

— Eh bien ! soit, reprit le comte, tu es toujours l’homme d’il y a quinze ans.

— N’est-ce pas à cette époque que nous nous reportons en ce moment ? fit en souriant Valentin.

— Ah ! s’écria le comte en frappant de la main sur le bras de sa butacca, tu vois bien que tu m’as compris.

— T’ai-je dit le contraire ?

— Pourquoi, alors, exiges-tu ?…

— Parce qu’il le faut, répondit sèchement le chasseur.

— Sois satisfait, car je vais te répéter tes propres paroles.

— J’écoute.

— Tu te le rappelles, n’est-ce pas, c’était par une froide nuit d’hiver, dans la chambre à coucher de mon hôtel, à Paris.

— Le trente et un décembre 1834, à onze heures du soir, observa Valentin.

— Oui, la pluie fouettait les vitres, le vent sifflait dans les longs corridors de l’hôtel, j’attendais impatiemment ta venue ; tu arrivas. Enfin, comme aujourd’hui, j’étais face à face avec la ruine ; je voulais mourir, tu m’en empêchas.

— C’est vrai ; eus-je tort ?

— Peut-être, reprit le comte d’une voix creuse ; seulement voici les paroles que tu prononças.

— Laisse-moi te les répéter moi-même, car malgré les quinze ans qui se sont écoulés, Louis, cette scène est aussi présente à ma pensée que si elle avait eu lieu hier. Après t’avoir prouvé que tu avais tort de désespérer, fit Valentin d’une voix solennelle, que tout n’était pas perdu pour toi, sur une dernière objection que tu essayas de faire, je te dis : Sois tranquille, Louis ! sois tranquille ! si dans deux ans je n’ai pas accompli ma promesse, moi-même je te rendrai tes pistolets et alors… — Alors ? demandas-tu, — Alors, repris-je, tu ne te tueras pas seul. — J’accepte, répondis-tu. Voici les mots tels qu’ils ont été prononcés entre nous pendant cette nuit qui décida de ton avenir et fit de toi un homme ; est-ce bien cela ? ai-je oublié le moindre détail ? réponds[1].

— Non, tu n’as rien oublié, Valentin.

— Eh bien ?

— Eh bien ! maintenant que j’ai accompli fidèlement la promesse que je t’avais faite, je viens réclamer de toi l’exécution complète de notre pacte.

— Je ne te comprends pas.

— Comment ! tu ne me comprends pas ! s’écria le comte en bondissant sur sa butacca et se trouvant subitement debout.

— Non, répondit froidement Valentin. N’ai-je pas tenu ma promesse ? Ah ! Louis, puisque tu l’exiges, vive Dieu ! ajouta-t-il en s’animant à son tour, récapitulons, je ne demande pas mieux. Que viens-tu me parler d’accomplir un pacte ? n’ai-je pas rempli mes engagements ? Cette femme que tu désespérais de revoir jamais, ne te l’ai-je pas fait retrouver, moi ? ne l’as-tu pas épousée ? N’as-tu pas joui auprès d’elle de dix ans d’un bonheur parfait ? De quel droit viens-tu te plaindre de la fatalité qui s’acharne après toi ? de quel droit maudis-tu ton sort, homme ingrat ! dont le bonheur a duré dix ans, dix siècles sur cette terre ? Regarde autour de toi, montre-moi un homme qui, dans sa vie tout entière, puisse compter une année de ce bonheur dont tu fais fi, et alors je te plaindrai, je pleurerai avec toi, et, s’il le faut, je t’aiderai à mourir ! Oh ! tous les hommes sont les mêmes, faibles devant la joie comme dans la douleur, oubliant en quelques jours d’adversité des années de bonheur ! Ainsi te voilà, après quinze ans, revenu au même point. Insensé ! sais-tu seulement, toi qui parles ainsi, sais-tu ce que c’est que d’avoir toute une existence de souffrances et de douleurs horribles, de sentir heure par heure, minute par minute, son cœur se déchirer, et cela toujours sans espoir, et sourire et paraître gai, et vivre enfin ? As-tu, pendant un jour seulement, enduré cet atroce supplice, toi qui parles aussi délibérément de mourir ?

Peu à peu, en parlant, malgré lui, Valentin s’était animé, ses traits s’étaient contractés et ses regards lançaient des flammes.

Louis regardait son ami sans le comprendre, effrayé de l’exaltation dans laquelle il le voyait.

— Valentin ! s’écria-t-il, Valentin ! au nom du ciel, calme-toi !

— Ah ! continua Valentin avec un ricanement terrible, tu souffres, dis-tu, tu es malheureux, et bien ! écoute : cette femme que ta aimais, que j’ai retrouvée pour toi, que je t’ai fait épouser, enfin, eh bien ! moi, moi, ce n’était pas de l’amour que j’avais pour elle, c’était de l’idolâtrie ; pour pouvoir le lui dire, j’aurais avec joie donné pour elle mon sang goutte à goutte ; et pourtant, moi, à qui tu viens raconter tes douleurs, je vous ai mis dans les bras l’un de l’autre ; j’ai souri, comprends-tu ? j’ai souri à votre amour, et sans une plainte, sans un mot qui décelât cette passion qui me rongeait le cœur, je me suis enfui dans le désert, seul avec mon amour ! face à face avec lui, j’ai souffert pendant quinze ans ! Oh ! mon Dieu ! mon Dieu ! aujourd’hui encore cette plaie est aussi vive que le premier jour. Dis-moi, Louis, maintenant que tu sais tout, car nous sommes à l’heure de la franchise, n’est-ce pas ? quelles sont tes douleurs auprès des miennes ? de quel droit veux-tu mourir ?

— Oh ! pardon, pardon, Valentin, s’écria Louis en se jetant dans ses bras ; oh ! tu as raison, je suis bien ingrat envers toi.

— Non, répondit tristement Valentin en lui rendant avec effusion ses caresses, non, Louis tu es homme, tu as suivi la loi commune ; je ne puis et ne dois pas t’en vouloir ; pardonne-moi au contraire, de m’être laissé entraîner à te révéler ce secret que j’avais juré d’ensevelir éternellement dans mon cœur. Hélas ! nous avons tous, dans ce monde, notre croix à porter ; la mienne a été rude, Dieu l’a, sans doute, voulu ainsi, parce que je suis fort, ajouta-t-il en essayant de sourire. Mais revenons à toi. C’est vrai, la jeunesse s’est envolée loin de nous avec ses gais horizons et ses riantes illusions ; la vie n’a plus à nous offrir que les pénibles épreuves de l’âge mûr ; autant que toi je suis fatigué de l’existence, autant que toi elle me pèse. Tu le vois, mon ami, j’abonde dans ton sens, non-seulement je ne t’empêcherai pas de mourir, mais je veux encore accomplir ma promesse jusqu’au bout en te suivant dans la tombe.

— Toi, Valentin, oh ! non, c’est impossible.

— Pourquoi donc ? notre position n’est-elle pas la même ; tous deux n’avons-nous pas également souffert ? Créancier implacable, tu viens me demander de faire honneur à ma signature ; fort bien, mais à une condition…

Louis connaissait trop bien le caractère ferme et résolu de son frère de lait pour essayer de combattre sa volonté.

— Laquelle ? répondit-il simplement.

— Je choisirai le genre de mort.

— Soit.

— Oh ! permets-moi, Louis ; ce n’est pas un suicide ordinaire que je prépare ; ainsi, il me faut ta parole de gentilhomme avant que je m’explique plus clairement.

— Je te la donne.

— Bien. Il y a pour l’homme dans le monde deux choses difficiles : savoir arranger sa vie, et savoir arranger sa mort. L’homme qui se tue froidement en se brûlant la cervelle, tout seul dans sa chambre, après avoir écrit à ses amis pour leur annoncer son suicide, est un lâche ou un fou. Ce n’est pas de ce suicide-là que je veux, il ne signifie rien, ne prouve rien et ne sert à rien. Mais il est un genre de suicide que j’ai toujours rêvé parce qu’il est noble et grand : c’est celui de l’homme qui, ne pouvant ou ne voulant plus rien faire d’une vie qu’il méprise, la sacrifie à ses semblables, sans autre but que celui de leur être utile, et tombe après avoir accompli sa tâche.

— Je crois te comprendre, Valentin.

— Peut-être ; laisse-moi terminer. Nous sommes dans le pays le mieux préparé pour un tel but : déjà plusieurs tentatives, malheureuses à la vérité, ont était faites, notamment par le comte de Lhorailles, dans sa colonie de Guetzalli[2] ; la Sonora, qui est la plus riche contrée du monde, râle et achève de mourir sous le système avilissant et inintelligent du gouvernement mexicain. Eh bien ! rendons la vie à ce pays ; galvanisons-le, appelons à nous l’émigration française de Californie, et venons ici rendre la liberté à un peuple dont le caractère énergique nous comprendra. Que risquons-nous en cas de non succès ? la mort ? Eh ! mais c’est justement elle que nous désirons. Au moins, lorsque nous serons tombés, nous dormirons ensevelis dans notre gloire, en martyrs, emportant les regrets et les sympathies de tous : au lieu de nous tuer lâchement, nous serons morts sur la brèche, en héros ! Ce martyre n’est-il pas le plus noble, le plus sublime de tous ?

— Oui, Valentin, tu as raison, raison toujours. Oh ! c’est ainsi seulement que peuvent et doivent mourir des hommes comme nous.

— Bien ! s’écria Valentin, tu m’as compris.

— Non-seulement je t’ai compris, frère, mais encore, je t’avais pour ainsi dire deviné.

— Comment cela ?

— Lorsque j’ai pour la dernière fois rencontré le comte de Lhorailles dans le désert, je revenais avec Belhumeur et un chef indien de visiter un placer d’une richesse incalculable que cet Indien avait découvert, et dont il avait cédé la propriété à Belhumeur ; cette propriété, Belhumeur m’en fit le complet abandon. À mon retour, je me rendis à Mexico, où j’entamai des négociations avec plusieurs personnes notables, entre autres avec le chargé d’affaires de France. Tu sais sans doute comme tout est lent à réussir dans ce malheureux pays. Cependant, grâce aux riches échantillons que j’avais eu la précaution d’apporter avec moi, grâce surtout à la protection toute puissante de certaines personnes, je réussis à fonder une Société dont on me nomma chef, avec le droit de lever une compagnie française, armée et disciplinée, afin de prendre possession du placer et de le faire exploiter au profit de la Société.

— Eh bien ?

— Eh bien ! je suis retourné à San Francisco, j’ai tenté quelques démarches ; mais deux choses me manquaient, la patience d’abord, l’argent ensuite pour enrôler mes hommes et acheter les choses nécessaires, et, te l’avouerai-je, ce qui me manquait surtout, c’était le désir de réussir ; mais, Valentin, tu viens de le faire naître en moi ; ta présence m’a rendu toute mon énergie, je ne sais par quels moyens je parviendrai à lever les obstacles qui s’opposent à l’exécution de mon projet, mais je tes lèverai, je te le jure.

— Que venais-tu donc faire en Sonora ?

— Je ne saurais trop te l’expliquer ; ma spéculation sur les bestiaux était plutôt une fuite qu’autre chose ; j’étais dégoûté de tout, je cherchais à en finir n’importe par quels moyens.

— À mon tour. Demain, au lever du soleil, tu partiras ; tu te rendras à franc étrier à San-Francisco ; ton excursion en Sonora n’aura été qu’une exploration ; enfin, tu prendras le premier prétexte venu et tu te remettras sérieusement à l’œuvre pour former ta compagnie ; pendant ce temps-là je vendrai ton troupeau et je m’arrangerai de manière à te procurer les fonds dont tu as besoin ; ne t’inquiète de rien, pousse hardiment les choses.

— Mais comment feras-tu ? la somme qui m’est nécessaire est considérable.

— Cela ne te regarde pas ; laisse-moi m’arranger comme je l’entendrai ; à l’heure dite, je te fournirai plus qu’il ne te faudra. Ainsi, c’est bien convenu, au lever du soleil, tu partiras.

— Je partirai. Mais quand et où te reverrai-je ?

— C’est juste. Le vingt-cinquième jour, après celui-ci, au coucher du soleil, j’entrerai dans ta chambre.

— Mais je ne sais pas encore moi-même où je logerai.

— Que cela ne t’embarrasse pas, je découvrirai ta demeure.

— Ainsi, le vingt-cinquième jour, au coucher du soleil ?

— Oui, j’arriverai avec les galions, répondit en riant Valentin.

— Merci, frère, tu es mon bon génie ! Si ma vie a eu quelques taches, en revanche, tu me prépares une belle mort !

— Plains-toi donc ! je fais de toi un Francisco Pizarro et un Almagro.

Les deux hommes se serrèrent affectueusement la main en s’adressant un triste et douloureux sourire.

Après avoir encore échangé quelques mots sans importance ils se jetèrent sur leur couche, où, vaincus par la fatigue, ils ne tardèrent pas à s’endormir.

  1. Voir le Grand chef des Aucas. 2 vol, in-12. Amyot, éditeur, 8, rue de la Paix.
  2. Voir la grande Flibuste, 1 vol. in-12, chez Amyot, éditeur, 8, rue de la Paix, à Paris.