La Flèche noire/5/6

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Traduction par E. La Chesnais.
Société du Mercure de France (p. 360-374).


CHAPITRE VI

NUIT DANS LES BOIS (fin) : DICK ET JOANNA


Cependant les chevaux avaient pris la faible provision de fourrage et s’étaient reposés de leur fatigue. Sur l’ordre de Dick, le feu fut étouffé sous la neige, et, tandis que ses hommes se remettaient péniblement en route, lui-même, se souvenant un peu tard d’une bonne précaution en pays de forêt, choisit un chêne élevé et grimpa agilement au plus haut croisement de branches. De là il pouvait voir au loin la forêt éclairée par la lune et couverte de neige. Au sud-ouest, sombres à l’horizon, étaient ces terrains élevés, couverts de bruyère, où lui et Joanna avaient subi la terrifiante rencontre du lépreux. Et là son œil fut attiré par un point d’un éclat rougeâtre, pas plus grand qu’un chas d’aiguille.

Il se reprocha vivement sa négligence ; si c’était, comme il semblait, la lueur du feu de camp de Sir Daniel, il aurait dû, depuis longtemps, la voir et marcher sur elle ; surtout, il n’aurait dû, à aucun prix, annoncer son voisinage en allumant un feu de son côté. Mais maintenant il ne devait plus perdre un temps précieux. Le chemin direct vers la hauteur était long d’environ deux milles, mais traversé par un vallon très profond, escarpé, impraticable à des hommes montés, et pour aller vite, il parut préférable à Dick d’abandonner les chevaux et de tenter l’aventure à pied.

Dix hommes furent laissés à la garde des chevaux ; on convint de signaux pour communiquer en cas de danger, et Dick s’avança à la tête de sa troupe ; Alicia Risingham marchait bravement à son côté.

Les hommes s’étaient débarrassés des lourdes armures et laissaient leurs lances en arrière ; et ils marchaient maintenant de très bonne humeur dans la neige gelée et à la lueur égayante de la lune. La descente dans le vallon, où un ruisseau coulait comme sanglotant à travers la glace, fut effectuée en silence et avec ordre ; et de l’autre côté, étant alors à peine à un demi-mille de l’endroit où Dick avait vu la lueur du feu, la troupe s’arrêta pour respirer avant l’attaque.

Dans le vaste silence du bois, les moindres bruits pouvaient s’entendre de loin ; et Alicia qui avait l’oreille fine leva le doigt pour avertir, et se baissa pour écouter. Tous suivirent son exemple ; mais sauf les gémissements du ruisseau cahoté dans le vallon tout près, derrière, et le glapissement d’un renard à une distance de bien des milles à travers la forêt, pas un souffle ne put être perçu par l’attention la plus tendue de Dick.

— Pourtant c’est sûr, j’ai entendu résonner un harnais, chuchota Alicia.

— Madame, répliqua Dick, à qui la jeune femme faisait plus peur que dix vigoureux guerriers, je ne veux pas dire que vous vous soyez trompée, mais cela peut être venu de l’un ou l’autre camp.

— Ce n’est pas venu de là, c’est venu de l’ouest, affirma-t-elle.

— Qu’il en soit ce qu’il voudra, répliqua Dick ; à la volonté de Dieu. N’en tenons aucun compte, mais poussons le plus vite possible et nous verrons bien. Debout amis… assez reposé.

Comme ils avançaient, la neige était de plus en plus foulée de sabots et il était clair qu’ils s’approchaient du campement d’une force considérable d’hommes montés. Maintenant ils pouvaient voir la fumée qui s’échappait des arbres, rougeâtre à sa base et chargée d’étincelles brillantes.

Et ici, selon les ordres de Dick, ses hommes commencèrent à se déployer, rampant sous le couvert, furtivement, pour entourer de tous côtés le camp des ennemis. Lui-même, plaçant Alicia à l’abri d’un énorme chêne, se glissa droit dans la direction du feu.

À la fin, à travers une ouverture du bois, son œil embrassa la position du camp. Le feu avait été construit sur un monticule couvert de bruyères, entouré sur trois côtés de taillis, et il brûlait maintenant très fort, grondant haut et jetant des flammes. Autour il n’y avait pas une douzaine de gens, chaudement enveloppés ; mais, bien que la neige environnante fût piétinée comme par un régiment, Dick chercha vainement un cheval. Il commençait à avoir un terrible pressentiment qu’il était joué. En même temps, dans un homme de haute taille à salade d’acier, qui étendait ses mains devant le foyer, il reconnut son vieil ami et toujours bienveillant ennemi Bennet Hatch ; et, en deux autres, assis un peu en arrière, il découvrit, malgré leur déguisement masculin, Joanna Sedley et la femme de Sir Daniel.

— Bien, pensa-t-il en lui-même, quand je perdrais mes chevaux, si j’ai ma Joanna, de quoi pourrais-je me plaindre ?

Et alors, de l’autre côté du campement, parvint un léger sifflement annonçant que ses hommes s’étaient rejoints et que l’investissement était complet.

Bennet, à ce bruit, sauta sur ses pieds ; mais avant qu’il eût eu le temps de saisir ses armes, Dick l’interpella.

— Bennet, dit-il, Bennet, vieil ami, rendez-vous. Vous ne ferez que sacrifier en vain des vies d’hommes si vous résistez.

— C’est maître Shelton, par saint Barbary, cria Hatch. Me rendre ? Vous demandez beaucoup. Quelle force avez-vous ?

— Je vous dis, Bennet, que vous êtes à la fois inférieur en nombre et enveloppé, dit Dick. César et Charlemagne demanderaient quartier. J’ai quarante hommes pour répondre à mon sifflet et d’un seul tir de flèches, je pourrais vous tuer tous.

— Maître Dick, dit Bennet, c’est bien à contrecœur, mais il faut que je fasse mon devoir. Les saints vous protègent.

Là-dessus, il porta à sa bouche une petite trompette et fit résonner un appel d’éveil.

Un mouvement de confusion suivit ; car tandis que Dick, craignant pour les dames, hésitait encore à donner l’ordre de tirer, la petite bande de Hatch avait déjà saisi les armes et se formait dos à dos comme pour une résistance acharnée. Dans la hâte de leurs déplacements, Joanna sauta de son siège, et courut comme une flèche aux côtés de son amant.

— Ici, Dick, cria-t-elle, en saisissant sa main dans la sienne.

Mais Dick était encore irrésolu. Il était encore jeune pour les plus déplorables nécessités de la guerre, et la pensée de la vieille Lady Brackley arrêtait l’ordre sur ses lèvres. Ses hommes mêmes devinrent indociles, quelques-uns l’appelèrent par son nom, d’autres, de leur propre mouvement, se mirent à tirer, et, à la première décharge, le pauvre Bennet mordit la poussière. Alors Dick s’éveilla.

— Tirez, cria-t-il, tirez, enfants. Et restez à l’abri. Angleterre et York.

Mais à ce moment le son mat de nombreux chevaux sur la neige, s’éleva subitement dans le silence de la nuit, et avec une vitesse incroyable, s’approcha et grandit. En même temps, des trompettes répondant répétaient et répétaient l’appel de Hatch.

— Ralliez, ralliez, cria Dick. Ralliez vers moi ! ralliez pour vos vies.

Mais ses hommes… à pied, dispersés, pris au moment où ils avaient compté sur un triomphe facile… au lieu de cela, commencèrent à lâcher pied séparément, hésitant ou se dispersant dans le fourré. Et, lorsque les premiers cavaliers arrivèrent, chargeant à travers les avenues ouvertes, lançant leurs chevaux sous bois, quelques traînards furent renversés ou passés à l’épée dans les broussailles, mais le gros de la troupe de Dick avait simplement fondu au bruit de leur arrivée.

Dick resta un instant immobile. Il reconnaissait amèrement le résultat de son courage précipité et irréfléchi. Sir Daniel avait vu le feu. Il s’était éloigné avec presque toutes ses forces, soit pour attaquer ses poursuivants ou pour les prendre par derrière, s’ils tentaient l’assaut. À lui revenait complètement le rôle d’un capitaine sagace ; la conduite de Dick était celle d’un enfant impatient. Et le jeune chevalier était là, sa fiancée, il est vrai, le tenait serré par la main, mais, sauf elle, seul, sa troupe d’hommes et de chevaux dispersée tout entière dans la nuit et la vaste forêt, comme une carte d’épingles dans un grenier à foin.

— Les saints me protègent ! pensa-t-il. Il est heureux que j’aie été fait chevalier pour l’affaire de ce matin. Ceci me fait peu d’honneur.

Et, là-dessus, tenant toujours Joanna, il se mit à courir.

Le silence de la nuit était maintenant brisé par les cris des hommes de Tunstall galopant de ci et de là à la chasse des fuyards, et Dick coupa hardiment à travers le taillis et courut droit devant lui comme un cerf. La clarté argentée de la lune sur la neige découverte augmentait par contraste l’obscurité des fourrés ; et la dispersion des vaincus en tous sens attirait les poursuivants dans les sentiers les plus divergents. Aussi, pour un court instant, Dick et Joanna s’arrêtèrent à l’abri d’un fourré épais et écoutèrent les bruits de la poursuite qui s’éparpillait au loin dans toutes les directions et déjà diminuait par la distance.

— Si j’en avais seulement gardé une réserve, s’écria Dick amèrement, j’aurais pu encore renverser les rôles ! Eh bien ! nous vivons et apprenons ; la prochaine fois cela ira mieux, par la croix !

— Mais, Dick, qu’importe ? dit Joanna, nous voilà réunis de nouveau.

Il la regarda et elle était là… John Matcham, comme autrefois en haut-de-chausses et en pourpoint. Mais maintenant il la connaissait, maintenant, même dans ce costume défavorable, elle lui souriait, épanouie d’amour, et son cœur était transporté de joie.

— Chérie, dit-il, si vous pardonnez à ce maladroit, de quoi me soucierais-je ? Marchons droit sur Holywood. Nous y trouverons votre bon tuteur et mon excellent ami lord Foxham. Nous y serons mariés. Et pauvres ou riches, renommé ou inconnu, qu’importe ? Aujourd’hui, cher amour, j’ai gagné mes éperons, j’ai été loué par des grands pour mon courage ; je me suis cru le meilleur homme de guerre de toute l’Angleterre. Ensuite, d’abord, j’ai perdu ma faveur auprès des grands ; et maintenant j’ai été proprement battu et ai complètement perdu mes soldats. Quelle chute pour ma vanité ! Mais chère, je ne m’en soucie… chère, si vous m’aimez encore et voulez m’épouser, j’enverrai promener ma chevalerie sans regret aucun.

— Mon Dick ! Et ils vous ont fait chevalier ?

— Oui, chère, vous êtes ma lady, maintenant, répondit-il tendrement, ou vous le serez avant midi demain… n’est-ce pas ?

— Je le veux, Dick, de tout mon cœur, répondit-elle.

— Hé, Monsieur, je croyais que vous vouliez vous faire moine, dit une voix à leurs oreilles.

— Alicia ! cria Joanna.

— Moi-même, répondit la jeune femme, s’avançant. Alicia que vous avez laissée pour morte, et que votre chasseur de lions a trouvée et ramenée à la vie, et à qui, ma foi, il a fait la cour, si vous voulez le savoir.

— Je ne le croirai pas, s’écria Joanna, Dick !

— Dick ! imita Alicia, Dick, oui vraiment. Hé, beau Monsieur, et vous abandonnez de pauvres damoiselles en détresse, continua-t-elle, se tournant vers le jeune chevalier. Vous les laissez derrière des chênes. Mais on a raison, le temps de la chevalerie est fini.

— Madame, s’écria Dick, désespéré, sur mon âme, je vous avais oubliée complètement. Madame, il faut me pardonner. Vous voyez, j’avais retrouvé Joanna !

— Je ne suppose pas que vous l’ayez fait exprès, répliqua-t-elle. Mais je serai cruellement vengée. Je vais dire un secret à lady Shelton — la future lady Shelton, ajouta-t-elle, avec une révérence. Joanna, continua-t-elle, je crois, sur mon âme, que votre fiancé est un hardi compagnon dans la bataille, mais il est, laissez-moi vous le dire crûment, le plus douceâtre nigaud d’Angleterre. Allez… vous aurez du plaisir avec lui. Et maintenant, mes enfants, embrassez-moi d’abord, tous les deux, par bonne amitié ; puis embrassez-vous, juste une minute de sablier, pas une seconde de plus ; puis nous nous dirigerons tous trois sur Holywood aussi vite que nous pourrons ; car ces bois, il me semble, sont pleins de dangers et très froids.

— Mais, est-ce que mon Dick vous a fait la cour ? demanda Joanna, serrée au côté de son fiancé.

— Non, sotte fille, répondit Alicia ; c’est moi qui lui ai fait la cour. Je lui ai même offert de l’épouser ; mais il m’a enjoint d’aller me marier avec mes pareils. C’étaient ses paroles mêmes. Non, je peux le dire : il est plus sincère qu’aimable. Mais maintenant, enfants, par raison, avançons. Allons-nous retraverser le vallon ou pousser droit sur Holywood ?

— Je donnerais beaucoup pour avoir un cheval, dit Dick ; mon corps tous ces jours-ci, a été cruellement malmené et abîmé de coups et n’est plus que contusions. Mais qu’en dites-vous ? Si les hommes au bruit du combat ont fini, nous retournerons pour rien. Il n’y a que trois petits milles pour aller directement à Holywood ; les clochers n’ont pas encore sonné neuf heures, la neige est assez ferme sous le pied, la lune claire ; si nous y allions comme nous sommes.

— Accepté, cria Alicia ; mais Joanna se contenta de serrer les bras de Dick.

Ils allèrent donc en avant, à travers des bocages ouverts et sans feuilles et sur des allées revêtues de neige, sous la face blanche de la lune hivernale : Dick et Joanna marchant la main dans la main, au septième ciel ; et leur frivole compagne, ayant oublié complètement les malheurs, suivait à un pas ou deux en arrière, tantôt raillant leur silence, et tantôt faisant d’heureuses descriptions de leur vie future et unie.

Cependant, au loin dans les bois, on pouvait entendre les cavaliers de Tunstall qui continuaient leur poursuite ; et de temps en temps des cris ou le bruit des armures annonçaient le choc des ennemis. Mais, en ces jeunes gens, élevés dans les alarmes de la guerre, et sortant d’une telle multitude de dangers, ni la crainte, ni la pitié ne pouvaient être éveillées facilement. Satisfaits d’entendre les sons s’éloigner de plus en plus, ils s’abandonnèrent au bonheur présent, marchant déjà, comme le dit Alicia, en un cortège nuptial ; et ni la triste solitude de la forêt, ni la nuit froide et gelée n’eurent le pouvoir de faire ombre à leur bonheur ou de les en distraire.

Enfin, du haut d’une colline, ils virent en bas le vallon de Holywood. Les grandes fenêtres de l’abbaye de la forêt brillaient avec des torches et des chandelles ; ses hautes tourelles et ses clochers s’élevaient clairs et silencieux, et la croix d’or sur le plus haut sommet scintillait brillamment à la lune. Tout autour, dans la clairière ouverte, des feux de camp brillaient, la terre était couverte de tentes, et, au milieu du tableau, la rivière gelée serpentait.

— Par la messe, dit Richard, les hommes de Lord Foxham sont encore là. Le messager s’est certainement perdu. Tant mieux alors. Nous aurons sous la main de quoi faire face à Sir Daniel.

Mais, si les hommes de Lord Foxham étaient encore là, c’était pour une raison différente de celle que supposait Dick. Ils avaient bien marché sur Shoreby ; mais, avant qu’ils fussent à mi-chemin, un second messager les avait rencontrés et leur avait ordonné de retourner à leur campement du matin, pour barrer la route aux fugitifs de Lancastre, et pour être d’autant plus près de l’armée principale d’York. Car Richard de Gloucester ayant terminé la bataille et écrasé ses ennemis dans ce district, était déjà en marche pour rejoindre son frère ; et, peu après le retour des hommes de Lord Foxham, le bossu lui-même mit pied à terre devant la porte de l’abbaye. C’était en l’honneur de cet auguste visiteur que les fenêtres brillaient illuminées, et, au moment Dick arrivait avec sa fiancée et son amie, toute l’escorte du duc était reçue dans le réfectoire avec toute la splendeur de cette puissante et riche abbaye.

Dick, un peu malgré lui, fut amené devant eux. Gloucester, malade de fatigue, était assis, appuyant sur une main sa face blanche et terrifiante ; Lord Foxham, à moitié remis de sa blessure, était à une place d’honneur à sa gauche.

— Eh bien ! demanda Richard, m’avez-vous apporté la tête de Sir Daniel ?

— Seigneur duc, répliqua Daniel, assez fermement, mais avec une crispation au cœur, je n’ai même pas la bonne fortune de revenir avec mon commandement. J’ai été, plaise à votre grâce, bien battu.

Gloucester le regarda en fronçant terriblement les sourcils.

— Je vous avais donné cinquante lances, Monsieur, dit-il.

— Seigneur duc, je n’ai eu que cinquante hommes d’armes, répliqua le jeune chevalier.

— Qu’est ceci ? dit Gloucester. Il m’a demandé cinquante lances.

— Plaise à Votre Seigneurie, dit Catesby doucement, pour une poursuite nous ne lui avons donné que les cavaliers.

— C’est bien, répliqua Richard, et il ajouta : Shelton, vous pouvez aller.

— Restez ! dit Lord Foxham. Ce jeune homme avait aussi une mission de moi. Il se peut qu’il ait eu meilleure chance. Dites, maître Shelton, avez-vous trouvé la jeune fille ?

— Grâce aux saints, Monseigneur, dit Dick, elle est dans cette maison.

— En est-il ainsi ? Eh bien alors, Seigneur duc, conclut Lord Foxham, avec votre bon plaisir, demain, avant que l’armée se mette en marche, je propose un mariage. Ce jeune écuyer…

— Jeune chevalier, interrompit Catesby.

— Vraiment, Sir William ? s’écria Lord Foxham.

— Je l’ai moi-même, et pour bons services, armé chevalier, dit Gloucester. Il m’a deux fois servi vaillamment, ce n’est pas la vigueur du bras qui lui manque, mais l’esprit de fer d’un homme. Il n’arrivera à rien, Lord Foxham. C’est un garçon qui se battra bravement dans la mêlée, mais il a un cœur de poule. Cependant, s’il doit se marier, mariez-le au nom de la Vierge, et qu’on n’en parle plus.

— Non, c’est un brave garçon… je le sais, dit Lord Foxham. Soyez donc heureux, Sir Richard. J’ai arrangé cette affaire avec maître Hamley, et demain, vous vous marierez.

Là-dessus, Dick jugea prudent de se retirer, mais il n’était pas sorti du réfectoire qu’un homme qui venait de descendre de cheval à la porte arriva, montant quatre marches d’un saut, et, passant à travers les serviteurs de l’abbaye, se jeta sur un genou devant le duc.

— Victoire, Monseigneur ! s’écria-t-il.

Et, avant que Dick eût gagné la chambre qui lui fut réservée comme hôte de Lord Foxham, les troupes criaient de joie autour de leurs feux ; car le même jour, à moins de vingt milles, un second coup écrasant avait été porté à la puissance de Lancastre.