La Flûte à Siebel (Waller)/Pureté

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PURETÉ


Pour Georges Rodenbach


Un parfum doux et discret traîne
Dans l’alcove de l’ange aimé ;
On n’entend au réduit fermé
Que l’heure lente qui s’égrène.

Tout est vague comme une mort :
L’enfant blonde de ma pensée,
Par le silence caressée,
Ferme ses grands yeux et s’endort.


Son visage a la candeur calme
D’une immuable chasteté ;
Son pur sourire est éventé
Par une occulte et lente palme.

Mais soudain un profond baiser
Entr’ouvre les plis de son rêve,
Et dans une secousse brève
Qui semble la martyriser,

Elle se tord et s’abandonne
Avec un long geste d’aimer,
Un geste attendri de madone,
Et ses bras veulent se fermer ;

Car elle rêve qu’elle est nue
Aux lèvres d’une vierge sœur,
Et sous la caresse inconnue
Elle agonise de douceur !