La Flûte à Siebel (Waller)/Triste zut

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TRISTE ZUT


J’ai vu la chère tout à l’heure :
Elle m’a dit des mots en l’air ;
Mais cela n’était pas bien clair…
Comment se fait-il que je pleure ?

Elle me disait : c’est un leurre
Que s’aimer éternellement ;
Celui qu’on aime est… l’autre amant…
— Comment se fait-il que je pleure ? —


Que l’amour trop prolongé fleure
Les lilas longtemps enfermés…
Oui, nous nous sommes trop aimés.
Comment se fait-il que je pleure ?

Lorsque dans le doux soleil clair
Où la rosée en perles pleure,
J’ai vu la chère, tout à l’heure,
Elle prenait un air en l’air ;

Elle souriait, c’est un leurre :
Le sourire ainsi souri ment.
On sourit éternellement
Et c’est au dedans que l’on pleure.

Oui, nous nous sommes trop aimés,
Petit cœur que mon cœur effleure,
Et tout seul, chère que je pleure,
J’ouvre mes amours mal fermés.