La Fleur d’Or/Lettre à Loïc

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La Fleur d’OrAlphonse Lemerre, éditeurvol. 3 (p. 131).


Lettre à Loïc


 
Au pays de Kerné, toi qui sous un vieux maître
Appris tant de latin qu’on t’appelait le prêtre,
Habile clerc, dis-moi si la fleur d’or
Sur les landiers de l’Aven brille encor.
 
Ici les lieux sont tels que dans l’antique idylle :
La vigne est fraîche et pend aux branches de l’ormeau,
Chaque vallon renvoie un bruit de chalumeau,
Et voici l’humble case avec son toit d’argile.
Prends garde, pèlerin ! sous ce vert coudrier
Une bergère fuit l’appel du chevrier ;
Le bouc saute à l’entour ; aux cris de la cigale
L’amoureuse colombe en paix couve ses œufs ;
Le taureau va suivant sa compagne, et les bœufs
Au loin, le long des prés, tondent l’herbe inégale.

Habile clerc, dis-moi si la fleur d’or
Sur les landiers de l’Aven brille encor,
Au pays de Kerné, toi qui sous un vieux maître
Appris tant de latin qu’on t’appelait le prêtre.

Près de Cumes