La Fleur d’Or/Lettre à Loïc
Au pays de Kerné, toi qui sous un vieux maître
Appris tant de latin qu’on t’appelait le prêtre,
Habile clerc, dis-moi si la fleur d’or
Sur les landiers de l’Aven brille encor.
Ici les lieux sont tels que dans l’antique idylle :
La vigne est fraîche et pend aux branches de l’ormeau,
Chaque vallon renvoie un bruit de chalumeau,
Et voici l’humble case avec son toit d’argile.
Prends garde, pèlerin ! sous ce vert coudrier
Une bergère fuit l’appel du chevrier ;
Le bouc saute à l’entour ; aux cris de la cigale
L’amoureuse colombe en paix couve ses œufs ;
Le taureau va suivant sa compagne, et les bœufs
Au loin, le long des prés, tondent l’herbe inégale.
Habile clerc, dis-moi si la fleur d’or
Sur les landiers de l’Aven brille encor,
Au pays de Kerné, toi qui sous un vieux maître
Appris tant de latin qu’on t’appelait le prêtre.