La Fleur d’Or/Lettre à Berthel

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La Fleur d’OrAlphonse Lemerre, éditeurvol. 3 (p. 87-88).


Lettre à Berthel


 
Ècris-moi, mon ami, si devant ta faucille
Le seigle mûr de couleuvres fourmille ;
Dis-moi, brave Berthel, si les chiens altérés
Errent par bande aux montagnes d’Arrez.

Hélas ! durant ce mois d’ardente canicule,
Tout fermente ; et partout un noir venin circule.
Pour charmer les serpents tu m’as dit tes chansons :
Quand, dressés sur la queue, ils sifflent prêts à mordre,
On siffle ; eux de rentrer leur dard et de se tordre,
Et, charmés, de s’étendre aux rebords des buissons.

Ainsi, d’un pied hardi je vais dans la campagne.
Puis je porte à la main un bâton de Bretagne
(De nœuds égaux formé, garni d’un bout de fer) :
La fougère suffit pour trancher les couleuvres ;
Mais les chiens dans ce mois errent, je crains leurs œuvres,
Eux craignent mon bâton lorsqu’il tourne dans l’air.
 
Écris-moi, mon ami, si devant ta faucille
Le seigle mûr de couleuvres fourmille ;
Dis-moi, brave Berthel, si les chiens altérés
Errent par bande aux montagnes d’Arrez.

Près de Frascati.