La Fleur du tombeau (Parfait)
La fleur du tombeau.
Pauvre petit enfant, si candide et si rose,
Voici deux ans bientôt qu’il nous a dit adieu,
Qu’à l’ombre de la croix sa dépouille repose,
Et que son âme d’ange est remontée à Dieu !
Pourquoi donc cette blanche étoile
Qui m’inondait, Seigneur ! de lumière et d’amour,
Sur mon triste horizon, que le nuage voile,
N’a-t-elle rayonné qu’un jour ?
Du sein des célestes phalanges
Aviez-vous à regret vu fuir ce chérubin ?
Sa voix, qui désormais chantera vos louanges,
Manquait-elle au concert divin ?…
Si parfois vous souffrez que le prisme d’un songe
Montre encore aux mortels ceux qui vivent aux cieux,
Mon Dieu ! consolez-moi par un si doux mensonge ;
Qu’il revienne sourire un instant à mes yeux !
Ô toi qu’en pleurant j’ai cueillie
Au milieu du gazon qui le couvre aujourd’hui.
Fleur du tombeau ! dis-moi, pour être si jolie,
N’as-tu rien emprunté de lui ?
N’es-tu pas sa plus pure essence,
Et, sous une autre forme, à mon cœur attristé
Ne viens-tu pas offrir son parfum d’innocence,
Et sa grâce, et sa pureté ?
L’or de ton calice, ô fleur sainte !
Réponds-moi, n’est-il point l’or de ses blonds cheveux ?
Le transparent azur, dont ta corolle est teinte,
N’est-il point l’azur de ses yeux ?
Oui, je retrouve en toi son image chérie ;
Tu me rends tout entier mon enfant qui n’est plus !
Oui, l’ange a revêtu cette robe fleurie,
En s’exilant pour moi du séjour des élus !
Ô divin reflet de lui même !
D’espérance et d’amour viens parler à mes sens ;
Trompe mon désespoir, petite fleur que j’aime !
Enivre-moi de ton encens…..
Mais bientôt tu seras fanée,
Je verrai sur mon sein tes couleurs se flétrir ;
Car tu dois, résumant sa triste destinée,
Briller un jour, et puis mourir !
Oh ! ne meurs pas ! non, non, reste-moi dans ce monde,
Ou que le ciel, du moins, nous garde un sort commun ;
Qu’il nous frappe tous deux ! par pitié qu’il confonde
Et mon dernier soupir et ton dernier parfum !