La Fourrure (Théodore Hannon)

La bibliothèque libre.
Parnasse de la Jeune BelgiqueLéon Vanier, éditeur (p. 167-168).


La Fourrure


Ô soirs intimes de Décembre !
L’un de ces soirs, soir rouge et noir,
Sur ton beau corps aux pâleurs d’ambre
Tu mis ta fourrure, en peignoir.

La fourrure massive et lourde,
La fourrure aux subtils relents,
Estompa de sa ligne sourde
Ta ligne aux accents turbulents.

Pour ta chair blanche et délicate,
La sauvage pelisse avait
Des étreintes douces de chatte
Et des caresses de duvet.

Marbre, bronze, nacre, or de buire,
En conquête sous la toison,
Que de trésors je voyais luire
Dans l’ombre chaude, ardent Jason !…


Lasse enfin de cette parure,
À tes pieds, en monstre dompté,
Tu fis se coucher la fourrure,
Invincible en ta nudité !

Comme un chant guerrier l’odeur fauve
Jeta son cliquetis dans l’air,
Mêlant ses clameurs, en l’alcôve,
Au fier hosannah de ta chair.