La Grande Encyclopédie, inventaire raisonné des sciences, des lettres, et des arts/Amr ibn al-asî

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AMR IBN AL-ASÎ, général musulman, mort en 663. Il appartenait à la tribu des Koraichites, et fut, dans la première partie de sa vie, un adversaire acharné de Mohammed qu’il ridiculisa dans ses épigrammes et ses vers satiriques et dont il persécuta les adeptes établis en Abyssinie. Vers le milieu de sa carrière, il se convertit, et son zèle devint aussi ardent que son opposition avait été fougueuse. Il promena les armes conquérantes du Prophète en Égypte et à la tête de 4, 000 hommes seulement prit Péluse ; il fonda alors le vieux Caire. — Ensuite, il alla mettre le siège devant Alexandrie et se distingua autant par sa valeur personnelle que par son habileté ; il paya de sa personne et, dans l’entraînement d’un assaut, fut fait prisonnier avec un esclave fidèle. Conduit devant le commandant ennemi, il en imposa par la noblesse de son maintien et allait être mis à mort comme un personnage de haut rang, quand la présence d’esprit de son esclave détourna le coup : au moment où, interrogé par le chef ennemi, Amr allait répondre et se trahir, son esclave le frappa au visage en lui ordonnant de se taire devant ses supérieurs. Ce trait d’audace sauva la vie au général qui fut renvoyé au camp musulman porteur de propositions de paix qui furent repoussées ; deux jours après Alexandrie était prise et les Arabes perdaient dans cette affaire 23, 000 hommes. — Amr était civilisé et il avait sur ses troupes un ascendant considérable ; aussi n’est-il guère croyable qu’il ait ordonné l’incendie des débris de la bibliothèque, déjà ruinée par les chrétiens (V. Alexandrie). Amr devint émir d’Égypte, il conçut le projet d’unir les eaux du Nil à la mer Rouge par le creusement d’un canal ; il triompha de plusieurs révoltes des habitants d’Alexandrie et sut se concilier l’amitié des populations. Le calife Mouawiya lui dut son élévation au trône, Amr s’étant déclaré pour lui contre son rival Ali. Amr ibn Al-Asi ainsi qu’Ali et Mouawiya fut condamné à mort par la secte des pharésites. Mais il échappa au poignard de leur émissaire tandis qu’Ali succomba.