La Grande Grève/2/11

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Librairie des Publications populaires (p. 162-172).
Deuxième partie


XI

UNE LETTRE DE NOUMÉA


Toute la journée Panuel s’était montré nerveux. Déjà la veille et l’avant-veille, Geneviève avait remarqué son humeur inquiète ; le brave homme allant, venant sans but fixe et demeurant silencieux pendant des heures.

La jeune femme, toujours très discrète malgré l’intimité de cette vie côte à côte qui maintenant durait depuis des années, n’avait pas voulu l’interroger. Elle attendait que son ami lui apprît, s’il le jugeait à propos, la cause de son agitation.

Mais Panuel demeurait taciturne. La présence même de Berthe, revenant de l’école de Gênac, put à peine amener un sourire sur ses lèvres tandis qu’il embrassait l’enfant, presque machinalement, sans la regarder.

À la fin, Geneviève se hasarda :

— Mon bon ami, lui demanda-t-elle, je vous vois inquiet, troublé. Avez-vous quelque chagrin ?

— Non, fit brusquement le menuisier, ce n’est rien. N’y faites pas attention.

Geneviève n’insista point. Elle remarqua cependant que, quelques minutes avant cinq heures, moment où passait chaque jour le facteur, l’agitation de Panuel redoubla et que, tout à coup, il quitta l’Étoile solitaire comme pour aller au-devant du courrier.

Son manège eût pu passer pour celui d’un amoureux attendant impatiemment quelque missive de sa belle, mais l’âge du menuisier, cinquante-cinq ans bien sonnés, rendait peu vraisemblable pareille supposition.

Qu’était-ce donc ?

Geneviève le vit revenir au bout d’un quart d’heure, l’air absorbé dans un monde de réflexions.

Pendant le dîner, à peine desserra-t-il les dents, il eut seulement un tressaillement lorsque Berthe, tirant sa chaise tout près de lui et le regardant, câline, lui demanda, implorante :

— Papa Nuel, raconte-moi une histoire.

Papa Nuel était l’appellation que Berthe enfant bégayait autrefois en tendant ses petits bras vers le brave homme qui avait remplacé son père, appellation qu’elle lui continuait toujours malgré ses dix ans. Et les histoires étaient le triomphe du menuisier. Non pas histoires absurdes de fées, de revenants, de miracles, dont on farcit encore la tête des enfants, mais histoires vraies, racontées sous une forme simple et mêlées de considérations pleines de bon sens.

— Une histoire ! murmura Panuel. Eh bien, oui.

Sa voix était altérée par l’émotion. Geneviève le regarda fixement : leurs yeux se rencontrèrent.

La femme du forçat lut la pensée de son ami. Cette pensée était : « Écoutez et comprenez. »

— Il était une fois, raconta Panuel dont la voix, s’affermissant peu à peu, devint grave, un ouvrier mineur honnête et courageux qui s’était fait des ennemis puissants parce qu’il ne disait rien que ce qu’il pensait et agissait toujours selon sa conscience.

Geneviève étouffa un soupir : elle comprenait que c’était l’histoire de son mari que le menuisier commençait à conter et elle se préparait à apprendre quelque nouvelle, tragique peut-être. Quant à Berthe, elle avait levé les yeux sur son grand ami, un peu étonnée et l’air méditatif. Quand elle était arrivée en âge de commencer à comprendre on lui avait parlé de son père, envoyé par des méchants dans un pays lointain dont on ne revient pas toujours, lui disant que même si ce père ne revenait point, il était juste qu’elle pensât à lui et l’aimât. Plus tard, on lui en apprendrait davantage.

Panuel continua :

— Un jour, on l’accusa d’avoir poussé ses compagnons de la mine à se révolter contre les riches qui les faisaient travailler.

Berthe interrompit le conteur :

— Papa Nuel, pourquoi y a-t-il des riches et des pauvres ? Est-ce juste ?

— Non, mon enfant, ce n’est pas juste. Cela finira quand les pauvres l’auront compris.

— Alors, le mineur avait raison s’il voulait se révolter avec ses camarades.

Panuel eut un éclair dans le regard. Ce bon sens droit de l’enfant, non déformé par les conventions et les mensonges de la société, lui plaisait : la petite serait digne de son père et de son aïeul.

Il reprit :

— Le mineur fut condamné par des juges, qui défendaient les riches contre les pauvres et jamais les pauvres contre les riches, à aller passer de longues années comme prisonnier dans un pays lointain qu’on nomme la Nouvelle-Calédonie.

— Comme mon pauvre père ! soupira Berthe.

Geneviève essuyait à la dérobée ses yeux humides de larmes. Elle s’efforçait de ne pas éclater en sanglots devant sa fille et se demandait pourquoi Panuel avait choisi ce procédé pour l’initier évidemment à quelque nouvelle grave, sans doute pour éviter une crise en la forçant à dompter son désespoir en présence de son enfant.

— Oui, comme ton père, ma chérie, reprit Panuel tout en encourageant Geneviève par ce magnétisme du regard qui transmet toutes les émotions ou toutes les forces de l’être.

Or, le mineur avait laissé dans son pays une femme et une enfant, une petite fille comme toi, Berthe, et il n’avait pas renoncé à l’idée de les revoir. Un jour il s’évada…

Geneviève, qui pleurait silencieusement, ne put se contenir davantage. Avec un cri étouffé elle se leva, chancelante, l’œil hagard.

— Parlez ! mais parlez donc ! fit-elle à Panuel. Vous me tuez.

Berthe, bouleversée de voir pleurer sa mère, fondit en larmes, elle aussi. Panuel la poussa doucement dans les bras de Geneviève. Toutes deux demeurèrent étroitement embrassées.

— Oui, continua Panuel, il s’est évadé. Et depuis, des années se sont passées ; on n’a plus eu de ses nouvelles, on n’a plus entendu parler de lui. Peut-être de nouvelles aventures l’ont-elles retenu dans les pays lointains et empêché de revoir sa femme et sa fille qui ne l’ont pas oublié et l’attendent toujours.

— Évadé ! murmurait Geneviève.

— Il reviendra ! s’écria Berthe. Ah ! Papa Nuel, c’est de mon père que tu parles : je l’ai compris en voyant pleurer maman.

Le premier choc, que le digne homme avait redouté pour Geneviève, ayant été ainsi préparé et amorti, Panuel raconta ce que, au bout de tant d’années écoulées dans l’incertitude, il était parvenu à apprendre.

En présence du mauvais vouloir ou de l’ignorance des autorités qui s’étaient bornées à constater la disparition d’Albert Détras, Panuel avait écrit sans en parler à Geneviève au directeur de l’administration pénitentiaire, puis au maire de Nouméa qui, plus humain, envoya deux lignes pour dire que tout ce qui concernait le bagne et les forçats lui était étranger.

Panuel s’abstint de montrer à son amie cette lettre qui, n’apportant aucun renseignement, n’eût pu que raviver sa douleur.

Néanmoins, il ne se tint pas pour battu.

Il se disait que quelques-uns des communards déportés en 1871 avaient pu demeurer dans le pays et que ces hommes frappés jadis pour avoir défendu la liberté ne pourraient manquer de s’intéresser au sort des condamnés de Mersey.

Ce en quoi, Panuel, malgré sa sagacité habituelle, se trompait.

Tout d’abord, les plus avancés, les plus militants de cette déportation comptant des éléments très disparates, avaient dès l’amnistie quitté un pays qu’ils exécraient, l’habitant contre leur gré. Il n’était resté ou revenu en Nouvelle-Calédonie qu’un nombre extrêmement restreint de communards, s’occupant d’affaires, agriculture, élevage ou spéculation sur les mines de nickel.

Et ceux-là, quoique conservant par habitude des opinions en somme républicaines, étaient devenus en général indifférents à la politique, plus encore à un mouvement social qu’ils ne connaissaient pas, ne comprenaient point.

L’homme, en général, n’a dans sa vie qu’une période de forte activité généreuse pendant laquelle il est capable de sacrifier sa liberté et même sa vie pour des idées et un but collectif : c’est la jeunesse, commençant quelquefois un peu plus tôt et se terminant un peu plus tard. Passé trente-cinq ans, il est rare que l’individu conserve l’enthousiasme, la vaillance et le désintéressement. La quarantaine devient l’âge mauvais, l’âge de l’égoïsme qui raille les aspirations idéales d’autrefois, les traitant d’illusions, et qui veut jouir de cette vie arrivée à un point culminant, au delà duquel il n’y a plus que le déclin vers la vieillesse et la mort. Quelquefois, cependant, chez certaines natures l’approche de la vieillesse produit un réveil ; l’homme devient indifférent à cette vie qui s’éloigne de lui, aux jouissances matérielles dont il ne peut plus goûter. Il éprouve le besoin de se rattacher à des idées fortes, de vivre par le cerveau, alors que ses autres organes s’éteignent et il peut redevenir enthousiaste, héroïque même comme aux jours de sa jeunesse. Telle est la raison pour laquelle les révolutions populaires comptent à la fois des vieux et des jeunes, des barbes blanches à côté des figures imberbes. Les hommes mûrs y sont rares.

Pour ces raisons, les quelques communards demeurés à « la Nouvelle » ne s’intéressaient plus au mouvement des idées et des faits dans cette France située aux antipodes. Puis la Commune qu’ils avaient défendue, les uns par conviction, les autres emportés simplement par les événements, était un mouvement politique et patriotique teinté seulement de vagues aspirations sociales. Depuis, le monde avait marché, les antagonismes de classes s’étaient accentués, la lutte du Travail contre le Capital emplissait le monde, faisant succéder, après de courtes accalmies, les révoltes aux répressions et les répressions aux révoltes. Mais cela, eux, restés hommes de 1871, ne le voyaient pas, ne le comprenaient pas.

Puis, embourgeoisés, devenus respectés et notables dans ce pays où ils étaient arrivés en prisonniers, les anciens communards ne s’occupaient pas de cet enfer qui existait près d’eux : le bagne. Certes, quelques-uns des leurs : Maroteau, qui y était mort, Amouroux, Alphonse Humbert, Allemane, Dacosta avaient peiné pendant huit ans dans cette géhenne. Mais ceux-là partis, que leur importaient les autres ? Un ramassis de voleurs et d’assassins, mêlés par-ci par-là de quelques anarchistes, fous dangereux qui ne voulaient reconnaître aucun gouvernement !

Ainsi pensaient les ex-déportés de Nouméa, et Panuel, qui avait pu bien difficilement se procurer l’adresse de deux ou trois d’entre eux, vit bien qu’il n’y avait rien à espérer de ce côté-là.

Mais la Nouvelle-Calédonie est une colonie où l’on envoie des soldats, et les jeunes gens du département de Seine-et-Loir sont, comme ceux de tous les autres départements, appelés à l’honneur de défendre l’ordre social.

Panuel se dit donc qu’il pourrait peut-être parmi ces jeunes gens en trouver un destiné à la Nouvelle-Calédonie et ayant assez de cœur pour s’intéresser à la situation d’Albert Détras, assez d’intelligence pour réussir à se renseigner.

On savait par les parents de Janteau que le malheureux jeune homme était mort au bagne ; cela redoublait les angoisses de Geneviève et de Panuel. Quant à Galfe, on croyait bien qu’il vivait toujours, mais comme il n’avait plus de famille, on l’oubliait. Les anciens de la mine qui l’avaient connu autrefois étaient maintenant pour la plupart morts, partis ou assagis.

Sept ans et demi s’étaient déjà écoulés depuis l’arrivée de la dernière lettre d’Albert Détras lorsque Panuel réussit à trouver l’homme qu’il cherchait.

Un charron de Gênac, Firmin Montal, qui venait quelquefois à l’Étoile solitaire et avec lequel il aimait à causer, leurs idées se rapprochant beaucoup, lui apprit un jour que son fils, Arsène, soldat au 3e  régiment d’infanterie de marine, allait prochainement s’embarquer de Brest à destination de la Nouvelle-Calédonie où il passerait tout son temps de service.

Cela fit réfléchir Panuel. Ce jeune homme avait des idées assez avancées et, mieux encore que des idées, des sentiments humains que la vie abrutissante de la caserne ne lui ferait peut-être pas perdre. Il se rappelait l’avoir vu deux ou trois fois avant son départ au régiment et une impression favorable lui en était restée.

Sans parler de rien à Geneviève, Panuel expliqua à Montal son désir d’être renseigné par une enquête sérieuse et discrète sur le sort d’Albert Détras, condamné aux travaux forcés pour participation aux événements de Mersey et dont on était sans nouvelles depuis des années.

Firmin Montal affirma aussitôt que son fils ne demanderait pas mieux que de se livrer sur place à cette enquête. Il faudrait pour cela lier connaissance avec quelques colons, si possible avec quelques gardes-chiourmes et se renseigner dans les rédactions de journaux de Nouméa, car la colonie possédait, outre le Moniteur officiel, deux feuilles quotidiennes. Si le soldat ne pouvait agir lui-même directement, en cette enquête, peut-être rencontrerait-il quelque brave homme pour accepter de le seconder ou le suppléer.

Le charron ne s’était pas trompé : Arsène, auquel il avait aussitôt écrit, accepta sans difficulté et Panuel n’eût plus qu’à lui envoyer tous les renseignements pouvant faciliter sa tâche.

Dix mois s’écoulèrent ensuite. Le voyage du transport la Saône avait duré cent douze jours ; puis, presque au lendemain de son débarquement, la compagnie à laquelle appartenait Arsène avait été détachée à Bouloupari. Panuel commençait à désespérer lorsque le père Montal apparut un jour à l’Étoile solitaire avec une lettre de son fils. Celui-ci annonçait son prochain retour à Nouméa où il espérait se procurer tous les renseignements sur Albert Détras. Sans doute par le prochain courrier pour l’Europe, c’est-à-dire dans un mois, serait-il à même d’envoyer ces renseignements.

C’est ce qui explique la fièvre avec laquelle, depuis trois jours, Panuel attendait le facteur.

Geneviève, en apprenant l’évasion de son mari, avait ressenti un choc dans tout son être. La nécessité de se dompter devant sa fille et la façon dont Panuel avait préparé son récit la sauvaient cependant d’une crise douloureuse ou d’une accablante prostration.

Deux sentiments luttaient en elle, l’espoir et la douleur.

L’espoir, car elle se disait qu’Albert, échappé aux gardes-chiourmes, pourrait arriver à revoir la vieille Europe et, dans ce cas, lui reviendrait. Elle ne doutait pas de son affection.

La douleur, car elle se disait aussi que son mari avait dû succomber dans quelque drame ignoré, au lendemain de son évasion. Trop d’années maintenant avaient passé, sans qu’il eût donné signe de vie, pour qu’on pût le croire encore de ce monde.

— Panuel, dit Geneviève, cessez de me parler par lambeaux de phrases. Vous voyez que je suis forte : apprenez-moi tout ce que vous savez.

Le menuisier, alors, raconta à Mme  Détras comment il avait pu trouver un correspondant qui se chargeât de le renseigner. Puis, tirant de sa poche la lettre d’Arsène Montal, il lut tout haut :

« Je vous dirai qu’il ne m’a pas été facile de savoir la vérité au sujet d’Albert Détras. À Bouloupari, j’ai bien essayé d’interroger quelques forçats du camp, mais aucun ne se rappelait l’avoir connu. Ou bien, s’ils savaient quelque chose, ils se taisaient. Moi-même je ne pouvais avoir que de rares rapports avec eux, parce qu’il nous était défendu de leur causer.

« Quant aux surveillants-militaires, ils affectent de se croire supérieurs aux soldats. D’autre part, nos officiers ne les fréquentent point et ils ne sont pas aimés de nos sous-officiers. Pour cette raison, je n’ai rien pu savoir d’eux.

« Pourtant le camp de Bouraké où, d’après les renseignements que vous m’avez fournis, Détras se trouvait en dernier lieu, n’est pas éloigné de Bouloupari. Aussi j’enrageais de me savoir près de l’endroit d’où le malheureux a disparu et d’être impuissant à trouver trace de lui.

« Enfin, nous sommes entrés à Nouméa et j’ai lié connaissance avec un employé du journal la France australe. Je me disais que lui, qui habitait la colonie depuis quinze ans et avait eu sous ses yeux les nouvelles, saurait peut-être quelque chose. Mais non !

« J’en arrivais à perdre tout espoir, me disant que le bagne garde ses secrets, lorsque nous fûmes commandés pour partir à l’île Nou. Je songeai aussitôt que là je pourrais apprendre quelque chose. Le hasard, souvent, fait mieux les choses que les recherches patientes.

« Je regrettais de n’être point gradé, car, sergent ou même simplement caporal, j’aurais eu plus de facilités pour aller à droite et à gauche m’informer. Néanmoins, je cherchais toutes les occasions de causer avec les forçats et, finalement, au camp Est, j’en rencontrai un, auquel on laissait un peu plus de liberté qu’aux autres, parce que les journaux de France parlaient assez souvent de lui, et qui put me mettre sur la voie.

« Sans doute, vous rappellerez-vous son nom. C’était Cyvoct, qui fut, en 1883, condamné à Lyon pour l’explosion de la place Bellecour.

« Lui était au courant de la vie du bagne et, quand j’eus gagné sa confiance, il m’apprit qu’il avait entendu parler bien vaguement, à une date correspondant à celle de la disparition de Détras, d’une audacieuse évasion au camp de Bouraké.

« Un condamné d’une trentaine d’années, dont on a toujours tu le nom, se serait enfui du camp en assommant à demi l’unique surveillant, le garrottant et s’emparant de ses vêtements. Ce condamné n’aurait jamais été revu.

« Comme semblable fait pouvait servir d’exemple aux forçats, on s’est efforcé de le leur laisser ignorer. Les hommes du détachement de Bouraké ont été envoyés au camp Brun, d’où l’on ne revient guère vivant. C’est à peine s’il en est resté trois ou quatre, qui ont reçu l’ordre de se taire, sous peine des châtiments les plus sévères.

« Le surveillant-militaire Carmellini était, à cette époque, le chef du détachement de Bouraké. Sans doute, pourrait-il fournir des détails, mais qui donc oserait les lui demander ?

« C’était une piste ; je résolus de la suivre, mais comment rencontrer et aborder Carmellini ?

« Heureusement, le cantinier des surveillants est natif de Gênac ; c’est donc un pays. J’en profitai, quelques petits verres aidant, pour me mettre dans ses bonnes grâces et finalement lui confier mon désir.

« — Carmellini, me dit-il, oui, il a eu une mésaventure de ce genre, je me rappelle. Dame, cela remonte à pas mal de temps, il n’aime pas en parler, ça se comprend, mais laisse-moi faire. Il est justement à l’île Nou. En le faisant boire, je me charge de tirer de lui toute l’histoire. »

« Et, en effet, huit jours plus tard, le cantinier m’a fait part de ce qu’il avait appris.

« Le forçat qui, en décembre 1884, s’est évadé seul du camp de Bouraké après avoir ligotté Carmellini et revêtu ses effets, est bien le condamné Albert Détras, no 3205.

« Depuis, on n’a jamais eu de ses nouvelles. »

On peut juger de l’émotion que produisit sur Geneviève la lecture de semblable lettre.