La Grande Illusion des petits bourgeois/10

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Musée littéraire, choix de littérature
Le Siècle (série 46p. 254-256).

X

LE DÉFENSEUR DE LA VEUVE ET DE L’ORPHELIN.

Il est impossible qu’un homme ne soit pas flatté d’être l’objet de l’amour d’une jeune fille aimable, et quand cette jeune fille est de plus une riche héritière, gâtée par la louange, entourée d’hommages et recherchée à l’envi, l’émotion qu’en ressent l’amour-propre peut-elle manquer de se communiquer au cœur ? Mais Roger aimait sincèrement. Si touché qu’il fût, son sentiment pour Marie ne pouvait aller au delà d’une vive reconnaissance, et, plus réservé encore dans sa pensée, il voulait douter. Sa mère ne le souffrit point ; d’autant plus clairvoyante qu’elle voulait croire, observant et interprétant sans cesse la physionomie et les paroles de Marie, tantôt madame Cardonnel accusait son fils d’être ingrat pour un amour si touchant, tantôt elle lui reprochait de vouloir à toute force manquer son avenir. Sans doute, il ne pouvait actuellement demander mademoiselle de La Rive en mariage ; mais il pouvait lui parler et la prier d’attendre qu’il se fût distingué par quelque belle plaidoirie, qui promettrait au monde un nouveau maître de la parole, ce qui revient à dire un homme capable d’arriver à tout. S’il ne parlait pas à Marie, que pouvait-elle faire ? Ce que font les jeunes filles en pareil cas : ne pas se croire aimée et marier par dépit, c’est-à-dire être malheureuse, et voilà comment tu l’auras payée de ses sentiments pour toi.

Tel était, plus ou moins varié, le sujet de l’entretien quand on se rendait chez les Jacot, et, quand on en sortait, madame Cardonnel, prenant le bras de son fils et le serrant contre sa poitrine, lui disait d’une voix pleine de notes confidentielles :

— Eh bien ! as-tu déclaré ton amour à Marie ?

— Je ne puis pas déclarer un amour que je n’ai pas, répondait Roger.

Madame Cardonnel alors repoussait le bras de son fils, se prétendait prête à mourir de chagrin, accusait Roger de n’avoir aucune affection pour elle, et finissait par tomber sur Régine, cette petite coquine, cette vile intrigante, ce monstre de perversité. Il en résulta des scènes fort vives entre le fils et la mère, jusqu’à ce qu’Émilie, plus intelligente que celle-ci, lui eût fait comprendre qu’elle était en train de rendre le nom de Marie insupportable à Roger, Madame Cardonnel cessa alors de persécuter son fils ouvertement ; mais elle n’en fut que plus acharnée à son but par d’autres moyens, insinuations, petites intrigues. Roger voulait se montrer plus rarement chez les Jacot. Ce lui fut impossible, madame Cardonnel considérant comme un manque d’égards très-grave que Roger refusât de les accompagner. Or, elles ne manquaient aucune réunion, grande ou petite, et malgré cela madame Cardonnel trouvait encore des prétextes, commissions ou autres, pour envoyer Roger dans cette maison l’y rendre utile.

Monsieur et madame Jacot s’apercevaient-ils de ce manége ? Il ne semblait pas ou peut-être ne s’en inquiétaient-ils guère. Mais monsieur Jacot était fort souvent absent ; quant à madame, on la disait absorbée par les brillantes qualités d’un jeune avocat secrétaire, qui n’était pas, Roger…

Émilie eût désiré, comme sa mère, que son frère fit un si beau mariage ; elle s’indignait surtout qu’il aimât Régine ; mais sa fierté ne pouvait s’accommoder d’aucune indélicatesse, et plus d’une fois elle fit à sa mère des représentations qui obligeaient celle-ci de se justifier. Comment donc ? mais il n’y avait rien de mal dans tout cela ; il n’y avait rien que de très-pur et de très-touchant dans un engagement de cœur, en vue du mariage, et en attendant que les convenances extérieures pussent permettre sa réalisation. N’est-ce pas ce que l’on voit dans les plus beaux romans ? Non, certes, madame Cardonnel n’avait pas le plus léger trouble de conscience, puisqu’elle ne songeait à rien que d’honorable !…

— Et si les Renaud en eussent fait autant ?

Madame Cardonnel, dans sa défense, allait même jusqu’à invoquer les droits de l’amour contre l’ambition des parents.

Elle oubliait Régine.

Un sentiment de délicatesse vis-à-vis de Marie ordonnait à Roger de ne point parler de ces choses à sa fiancée, et, bien qu’il éprouvât le besoin de tout lui dire, il avait encore un autre malaise dont il recula pendant longtemps la confidence, tant il était inquiet de se l’avouer à lui-même : c’est que plus il avançait dans la connaissance des affaires de son patron, le grand avocat, moins il arrivait à voir les choses au point de vue où les considérait cette lumière du barreau. Il s’en voulait également de ne pas admirer suffisamment cette éloquence verbeuse et colorée que tout le monde exaltait. Tandis qu’une partie de l’auditoire pleurait ou se mouchait, lui, Roger, le secrétaire du grand orateur, il restait froid ; il n’était pas touché, il ne se sentait pas. convaincu ! Cette abondance de phrases cadencées et de mots sonores lui tiraillait tout au plus les nerfs et produisait sur son style un effet étonnant en sens inverse ; elle le rendait sobre, il allait de plus en plus droit au fait ; cherchait l’argument logique, le mot juste et simple, et monsieur A…, de moins en moins satisfait, disait :

— Vous devenez sec, monsieur Roger. Qu’avez-vous donc ? Au commencement cela allait mieux.

Au commencement, en effet, dans quelques pages d’essais, par lesquelles monsieur A… avait voulu interroger le talent de son élève, Roger avait déversé tout ce que son imagination et la rhétorique avaient pu lui fournir d’éblouissant. Sa verve était-elle donc déjà épuisée ? Devait-il renoncer à cette éloquence, qu’il avait rêvée de mettre au service de la vérité et de la justice, de vouer à la défense des opprimés ?

Cela devenait d’autant plus embarrassant que, depuis le mois de janvier, Roger était devenu premier secrétaire en raison du départ de Ferdinand Rougerin, appelé aux fonctions de sous-préfet dans l’Aude. Rougerin devait cela au crédit à la cour du grand avocat, son patron, aidé de celui d’une dame du grand monde ; ayant peu de facilité d’élocution, il avait préféré au barreau la carrière administrative, où son esprit fin, ses manières aimables et son ambition déliée, lui promettaient des succès. À cette occasion, Roger s’entendit renouveler des conseils qu’il avait déjà reçus, tant à son départ de Bruneray qu’à son arrivée à Paris.

— Il a bien fait, disait-on de Ferdinand Rougerin, et vous devriez en faire autant, c’est le plus sûr. Tenter la fortune soi-même, cela est toujours plus chanceux qu’une place du gouvernement. Avec cela, une fois qu’on a mis le pied à l’étrier, c’est fini : on n’a plus qu’à se bien conduire, à exécuter ponctuellement les ordres de ses chefs et à faire, de temps en temps, dire un mot de soi en bon lieu. On est sûr ainsi de toucher ses appointements jusqu’à la fin de sa vie ou d’avoir au moins une bonne retraite. Ensuite on représente le pouvoir, c’est respectable.

— Pour moi, disait une haut-marnaise de leurs amis, femme d’un juge au tribunal correctionnel, j’aurais eu dix fils qu’ils auraient tous été fonctionnaires.

Et les trois qu’elle avait l’étaient, bien entendu.

Cette opinion rencontrait peu de contradicteur et donnait souvent fort à réfléchir à madame Cardonnel. Cependant plusieurs répondaient que précisément toute la bourgeoisie destinant ses fils aux places de l’État, cela produisait un encombrement qui rendait forcément l’avancement difficile ; que si le fonctionnarisme était sûr, il était trop souvent modeste ; tandis que les carrières libérales, telles que le barreau, la spéculation et même la science, permettaient l’espérance de grandes et rapides fortunes ; qu’en particulier le don de bien parler impliquait toutes les capacités, et même et surtout celle de gouverner l’État.

— C’est vrai, disait madame Cardonnel, qui ajoutait in petto : « En effet, pourquoi mon fils Roger ne deviendrait-il pas ministre ? »

Désormais donc, c’était Roger qui préparait les causes du grand avocat, travail qui devenait de moins en moins satisfaisant pour lui-même et pour maître A… Il était rare que le maître et l’élève aboutissent aux mêmes conclusions et employassent les mêmes arguments, Pour le choix même des causes, qui abondait, il se trouvait toujours que celles que Roger eût préférées étaient écartées par maître A… et réciproquement.

Un jour, à une heure de distance, deux causes se présentèrent : celle d’un notaire qui avait détourné pendant dix ans les fonds et valeurs à lui confiés par ses clients jusqu’à la somme d’un million, et celle d’une pauvre veuve qui avait été dépouillée par lui. Roger communiqua en même temps les deux requêtes, et ce fut la cause du notaire que choisit maître A… Ce fait causa une vive impression à Roger, et, à partir de ce moment, son dégoût alla croissant.

Il semblait que maître A… eût pour les chenapans une prédilection particulière ; toutefois fallait-il qu’ils eussent de l’argent, beaucoup d’argent même. Il avait la réputation, et s’en vantait, d’obtenir souvent des acquittements dans les cas les plus véreux. Peut-être n’était-ce pas du tout à sa parole, car il embrassait toujours en somme la cause des gens recommandés par des préjugés sociaux ou des influences de position, d’argent, de famille, en un mot la cause des forts. Une fois cependant il plaida pour rien et sollicita pourtant la cause. Il s’agissait d’un crime si épouvantable, si atroce, que la malheureuse curiosité publique, si instinctive et si animale encore, faute de nobles attractions, devait se passionner et se passionna en effet pour ce procès. L’indignation de Roger s’accrut.

— Je ne puis vous aider en ceci, dit-il à maître A… Que dire en faveur de ce misérable, à moins de parler contre la légitimité de la peine de mort en elle-même ?

— C’est une idée, répondit en souriant maître A…, et je le ferai sans doute ; mais avant tout il faudra nier.

— C’est impossible.

— Rien ne l’est à la parole humaine, jeune homme ! Si elle ne servait qu’à proclamer l’évidence, où serait l’art ? Son chef-d’œuvre au contraire, est de faire à son gré la lumière et les ténèbres. Laissez de côté la logique, parlez au sentiment. Après avoir mis l’hypothèse à la place de la réalité, tournez et retournez-la sous toutes ses faces, retenez-y longtemps l’esprit des auditeurs, faites-la vivre en eux ; puis accumulez le pathétique et puisez-le soigneusement dans les préjugés de tous. Il ne faut pas craindre d’être banal ; tout le monde l’est, et c’est à tout le monde que vous parlez. Clichez ! clichez ! cela sert toujours, et c’est ce qui sert le mieux. Gardez-vous bien de croire que ce soit par des pensées fortes et nouvelles que vous puissiez frapper les esprits : c’est tout le contraire. Que vos phrases soient redondantes et vos accents sonores, car ce qui est d’abord ébranlé par la parole, ce sont les nerfs, — et ne détestez pas les rengaines : ce sont elles qui mènent le monde et surtout le monde moderne. Servez-vous de l’idéalisme, n’en ayez pas…

Roger courbait la tête sous ces conseils, sans pouvoir les accepter ; on demandait de n’être pas lui-même. Non, sa nature franche et généreuse ne pouvait suivre de telles voies ; mais, eût-il été maître sur ce point de sa volonté, qu’il eût refusé de déroger aux règles de justice, d’humanité, de secours aux faibles, qui étaient le fond de sa conscience, et, malgré les exemples qui lai étaient donnés, il persistait à croire qu’il y avait là aussi les éléments d’une carrière aussi éclatante que noble et sérieuse.

Il réfléchissait, il est vrai, que le désintéressement ne conduit guère aux richesses. Maître A… était fort riche. et avait grande maison. — Mais, tant pis ! se disait-il en soupirant ; je me contenterai de la gloire. Après tout, il espérait bien une médiocrité dorée.

Tandis que les hauts faits du célèbre assassin portaient dans toute l’Europe absolument, c’est-à-dire jusque dans les plus pauvres chaumières, le nom et les plaidoiries de maître A…, Roger trouva le temps un jour de renouveler sa visite à monsieur Rogard, le républicain ami du chevalier. Mais il trouva la famille dans la désolation : monsieur Rogard avait été arrêté, quelques jours auparavant, sous l’inculpation de société secrète. C’était un double malheur ; car, s’il était condamné, — les accusés de l’Empire l’étaient toujours, outre la peine qui lui serait appliquée, il tombait sous le coup de la loi de sureté générale, qui menaçait de transportation, au gré du pouvoir, tout condamné de cette catégorie.

— Mon mari ne pourra supporter une telle situation, disait madame Rogard, pauvre femme vieillie par les épreuves. Je le connais, la tête en partirait. S’exiler… mais nous avons nos enfants ici, et puis comment partir ? comment vivre ailleurs ?

Ils étaient allés trouver un avocat, fort suspect lui-même, qui avait la spécialité de plaider gratuitement de telles causes, et naturellement les perdait toujours. Roger ne dit rien, mais il conçut la pensée d’intéresser maître A… au malheur de cette famille et d’obtenir pour elle le secours de sa parole influente. En revenant tout rempli de cet espoir, il parlait du fond de son âme à maître A…, comme il se proposait de parler en sa présence. Il trouva le grand avocat tout exultant de joie.

— Ah ! mais, en voilà une belle, dit-il à Roger en se frottant les mains. Vous savez comme tout Paris, comme toute la France, l’affaire du duc de…, arrivée ce matin même ? C’est moi qui la plaide.

Roger frémit et demeura silencieux. Le duc de… était le dernier des assassins dont il eût voulu prendre la défense ; car cet homme, allié à la famille impériale, et qui n’avait à alléguer pour sa défense ni le manque d’éducation, ni la misère, avait tué de sa main, comme autrefois les gentilshommes tuaient les manants, un adversaire politique dont le langage ne lui avait pas paru suffisamment respectueux. C’était là une sauvage recrudescence des rages autoritaires de l’ancien régime, un défi à la société nouvelle, et Roger avait ardemment partager l’indignation que cet acte avait partout suscité. Pour le coup, il éprouva le besoin de rompre avec une situation qui blessait de plus en plus sa conscience et où il sentait le déshonneur l’envahir ; mais il voulu rendre l’épreuve complète. Il exposa donc à maître A… l’affaire de Rogard et lui dit :

— C’est un pauvre et honnête homme. Votre parole et l’autorité qui s’y attache pourraient le sauver.

La réponse de maître A… se lut immédiatement sur ses traits : c’était une surprise qui allait jusqu’au mécontentement.

— Vous n’y songez pas, dit-il avec brusquerie, j’irais me charger, moi, d’une affaire pareille ! C’est affaire à B…, le républicain, s’il trouve qu’elle en vaut la peine. Pour moi, je ne suis pas avec ces gens-là.

— Ne doit-on faire du bien qu’à ses amis ? demanda Roger. Vous, monsieur, qui prisez tant les préceptes de l’Évangile !

Maître A… fronça le sourcil.

— Mon cher monsieur, nous n’avons pas de pathétique à faire ici. Occupons-nous de nos affaires, celle du duc de… tout d’abord. Elle en vaut la peine celle-là.

— Le duc de… n’est pas un honnête homme malheureux.

— Et que m’importe ! c’est un beau client. Écoutez, monsieur Roger, si vous voulez mettre du sentiment dans les affaires, cela vous regarde ; moi, je n’ai pas à perdre mon temps à cela.

— Pardon, monsieur, c’est que je m’adresse depuis quelque temps une terrible question. J’avais cru embrasser une carrière utile, bienfaisante, où j’aurais particulièrement à venir en aide au droit méconnu, à la faiblesse opprimée. Au lieu de cela, je vois que nous ne sommes par le fait autre chose que les défenseurs du crime, que les soutiens de ceux qui déjà possèdent dans la société des immunités et des privilèges dont ils ont abusé indignement. Or, il me semble que travailler à atténuer, à innocenter de tels vices, de telles déprédations, de telles violences, n’est autre chose que manquer d’abord à sa propre conscience et de plus fausser autant que possible la conscience publique, en diminuant ce qui reste à notre époque de moralité ?

— Monsieur, s’écria maître A…, pâle de colère, je vous ai comblé de bontés, et vous m’insultez !…

— Non, monsieur ; je vous remercie de vos intentions favorables à mon égard, mais je dois reconnaitre qu’il m’est impossible de les servir.

— Et vous faites bien, monsieur ; il y a longtemps que vous auriez dû prendre ce parti et m’épargner vos niais scrupules. Vous apprendrez bientôt que vivre et philosopher sont deux choses distinctes, et vous verrez à quoi vous serviront vos beaux sentiments. Avant de donner des leçons à ceux qu’on devrait respecter, monsieur, il faudrait comprendre quelque chose à ce que l’on fait soi-même. Vous vous piquez de vertu, et visez au succès : c’est une sottise.

Il n’y avait plus qu’à saluer et partir : c’est ce que fit Roger. Quand il fut dans la rue, il ressentit ce froid léger qui suit un emportement plein de graves conséquences ; mais, d’un autre côté, sa conscience était satisfaite ; il respirait, déchargé de l’atmosphère qui, chez le grand avocat, l’oppressait.

— Eh bien ! se dit-il, je vais me lancer tout de suite, à mes risques et périls, en dehors de ces protections trop lourdes, et lutter, de tout mon courage, contre les sinistres prévisions de maître A… Si monsieur Rogard veut me confier cause… Je suis jeune encore, mais j’ai beaucoup à dire et peut-être ne sera-t-il pas si mal défendu. Après tout, ajouta-t-il, toutes mes aspirations. sont républicaines : je vais jeter la sonde de ce côté-là.

Il pensa alors à un jeune homme dont il avait fait la connaissance chez madame Jacot, le même auquel on attribuait les préoccupations de cette dame : c’était aussi le secrétaire d’un autre grand avocat, mais celui-ci républicain.

Roger se promit d’aller chez lui de bonne heure le lendemain, s’il ne le rencontrait pas dans la soirée, et courut de suite chez les Rogard offrir ses services. À son grand étonnement, sa proposition fut très-froidement reçue. Madame Rogard dit qu’elle en parlerait à son mari, mais qu’on avait déjà monsieur T…, qui avait bien voulu se charger de la cause.

— Fort bien, répondit Roger. Mais j’avais pensé que dans l’intérêt de monsieur Rogard, un inconnu vaudrait mieux.

Il ne sembla pas que madame Rogard fût de cet avis, malgré ses remercîments, et Roger revint assez mortifié.

— Ils ont donc raison, je suis un rêveur ? se disait Roger. Ma foi ! tant pis, je veux essayer de vivre à ma façon et d’être content de moi. Je vais prendre place au barreau tout simplement, et je verrai ce que l’y puis faire.

Mais la pensée de Régine le tourmentait.

— Avec cela, quand pourrais je me marier ? se disait-il.

Dans l’après midi, il se rendit chez monsieur Jacot de La Rive. Placé par lui chez maître A…, Roger lui devait l’explication des motifs pour lesquels il avait quitté ce poste. En outre, il gardait pour ses plans futurs l’espérance de la protection de monsieur Jacot.