Poésies de Schiller/La Jeune Fille étrangère
LA JEUNE FILLE ÉTRANGÈRE.
Dans la vallée, parmi de pauvres bergers, aussitôt que les premières alouettes chantaient, on voyait apparaître une belle et admirable jeune fille.
Elle n’était pas née dans ce vallon : on ne savait d’où elle venait, et dès qu’elle s’éloignait on perdait sa trace. Près d’elle on se sentait heureux, tous les cœurs se dilataient ; cependant sa dignité majestueuse éloignait toute familiarité. Elle apportait des fleurs, des fruits nés dans une autre contrée, éclos sous un autre soleil, au milieu d’une terre meilleure.
Elle distribuait à tous ses présents, à l’un des fruits, à l’autre des fleurs ; le jeune homme et le vieillard la quittaient enrichis de ses dons.
Tous ceux qui arrivaient à elle étaient les bien venus ; mais s’il se présentait un couple d’amants, elle gardait pour eux ses présents les plus précieux, ses fleurs les plus belles.