La Jeune Lune/Le méchant facteur
LE MÉCHANT FACTEUR
Pourquoi restes-tu assise à terre tranquille et silencieuse, Maman chérie ? dis-moi.
La pluie entre par la fenêtre ouverte, tu es toute mouillée et tu n’y prends pas garde.
Entends-tu le gong qui sonne quatre heures ? C’est l’heure où mon frère doit rentrer de l’école.
Que t’est-il arrivé ? Pourquoi cet air étrange ?
N’as-tu pas reçu de lettre de Papa aujourd’hui ?
J’ai vu le facteur qui apportait dans son sac des lettres pour presque tous les habitants de la ville. Seulement il garde celles de Papa pour les lire lui-même.
Je suis sûr que le facteur est un méchant homme.
Mais ne prends pas cela trop à cœur, chère Maman.
Demain, c’est jour de marché au village voisin. Dis à la servante d’acheter des plumes et du papier.
Alors j’écrirai moi-même toutes les lettres de Papa, tu n’y trouveras pas une seule faute.
J’écrirai de A jusqu’à K.
Mais, Maman, pourquoi souris-tu ?
Ne crois-tu donc pas que je puisse écrire aussi bien que Papa ?
Mais je réglerai mon papier soigneusement et chaque lettre sera belle et grande.
Quand j’aurai fini, crois-tu que je serai aussi malavisé que Papa et que j’irai jeter ma lettre dans le sac de cet affreux facteur ?
Je te l’apporterai moi-même sans retard et lettre par lettre je t’aiderai à lire ce que j’ai écrit.
Ah ! ce facteur ! je sais qu’il n’aime pas te donner les lettres que tu préfères.