La Jeune Lune/Les caprices de Bébé
LES CAPRICES DE BÉBÉ
Bébé s’envolerait au ciel à l’instant même, pour peu qu’il en eût envie.
Mais il a ses raisons pour ne pas nous quitter.
Poser la tête sur le sein de sa mère, voilà tout son bonheur ; pour rien au monde, il ne voudrait la perdre de vue.
La sagesse de Bébé s’exprime en paroles subtiles. Mais combien sont rares ceux qui peuvent en saisir le sens !
S’il ne parle pas, c’est qu’il a ses raisons.
Ce qu’il désire avant tout c’est apprendre le langage maternel des lèvres mêmes de sa mère. C’est pour cela qu’il prend un air si innocent !
Malgré les monceaux d’or et de perles qu’il possédait, Bébé est arrivé comme un mendiant sur cette terre.
Il a eu ses raisons pour venir sous ce déguisement.
Ce cher petit, nu et suppliant, contrefait une indigence complète, afin de réclamer de sa mère tous les trésors de sa tendresse.
Dans le pays du menu croissant de lune, rien n’entravait la liberté de Bébé !
Il a eu ses raisons pour renoncer à son indépendance.
Il sait que ce petit nid, le cœur de sa mère, contient des joies inépuisables, il sait que la tendre étreinte des bras maternels est infiniment plus douce que la liberté.
Bébé ne savait pas pleurer. Il vivait dans le pays de la félicité parfaite.
Ce n’est pas sans raison qu’il s’est mis à verser des larmes.
Les entrailles de sa mère sont émues par le sourire de son doux visage, mais ce sont les petits cris que lui arrachent ses chagrins d’enfant qui tissent entre elle et lui le double lien de la pitié et de l’amour.