La Légende des sexes, poëmes hystériques/Ballade des pucelaiges morts
![](http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/e/e0/Haraucourt_-_La_L%C3%A9gende_des_sexes%2C_po%C3%ABmes_hyst%C3%A9riques%2C_1882_-_Bandeau.png/400px-Haraucourt_-_La_L%C3%A9gende_des_sexes%2C_po%C3%ABmes_hyst%C3%A9riques%2C_1882_-_Bandeau.png)
BALLADE DES PUCELAIGES
MORTS
![](http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/2/2f/Separateur-13-Vaguelettes2.png/80px-Separateur-13-Vaguelettes2.png)
![](http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/2/2f/Separateur-13-Vaguelettes2.png/80px-Separateur-13-Vaguelettes2.png)
ouvent ce vueil s’esveigle en ma pensée
De cognoistre où dévalent et comment,
Après le heurt de la prime poussée,
Les beaux hymens morts par esclatement.
Sont-ils eslus ou damnés malement ?
Quel aultre monde assemble leurs colléges ?
Le Ciel o luz ou l’Enfer o torment ?
Mais qui Dieu sçait où sont les pucelaiges ?
Desfait ès-draps ou sus herbe froissée,
Soubs lambrys d’or ou chaulme de caymant ;
De royne, nonne, ou ruste mal facée ;
Estroit ou lé, Lorrain, Bret ou Flamand :
Trestous, occis par l’espoux ou l’amant,
De mesme mort meurent sans privileges,
Un soir de ruyt escachés follement…
Mais qui Dieu sçait où sont les pucelaiges ?
Las ! Chaque dame, ains que d’estre perçée,
Avoyt le sien et l’amoyt tendrement.
Qu’en remaint-il quand la feste est passée ?
Regret sans fin pour soulas d’un moment !
Car l’aage vient, qu’en vain le cueur dément.
D’un peu d’amour seuls ses detz lui sont pleiges :
Masle n’y voult planter son ornement.
Mais qui Dieu sçait où sont les pucelaiges ?
Prince des caz, Cupidon, Dieu charmant,
Quantz en foras par traicts ou sortilèges ?
One n’en prins un, dont je geins lubrement
Mais qui Dieu sçait où sont les pucelaiges ?
![](http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/e/e1/Haraucourt_-_La_L%C3%A9gende_des_sexes%2C_po%C3%ABmes_hyst%C3%A9riques%2C_1882_-_Vignette.png/80px-Haraucourt_-_La_L%C3%A9gende_des_sexes%2C_po%C3%ABmes_hyst%C3%A9riques%2C_1882_-_Vignette.png)