La Lanterne en vers de couleur/Intérieur parisien

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Illustration pour Hervilly - La Lanterne en vers de couleur
Illustration pour Hervilly - La Lanterne en vers de couleur

INTÉRIEUR PARISIEN


En entrant dans sa chambre on avait presque froid ;
La cellule d’un cloître eût été moins sévère.
Sous de petits rideaux se cache un lit étroit ;
Un brin de buis bénit sort, fané, d’un vieux verre.

Nul parquet ne vaudrait ce carreau rouge et clair ;
La commode en noyer fait honte au palissandre ;
Comme un voile d’oubli qu’on jette sur l’hiver,
Les fleurs dans le foyer ont remplacé la cendre.

Et puisqu’une fillette a besoin d’un miroir,
Au mur est accrochée une petite glace,
Grande comme la main, car ce n’est que pour voir
Si le bonnet coquet est gentiment en place.

Un doux parfum d’iris et de linge bien blanc
Grise le cœur ému de vagues souvenances ;
On revoit la famille et l’on pense, tremblant,
Aux pudeurs d’autrefois, aux jeunes innocence ;

Pensif, dans cet Éden, on n’hésiterait point
À jurer qu’il abrite une vierge au front lisse,
Si l’on n’apercevait, oubliée en un coin,
Une carte portant ce mot fatal :
— Police.