La Lanterne magique/Camées parisiens/3

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Petites Études : La Lanterne magique
G. Charpentier, éditeur (p. 194).
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Première douzaine

3. — ALPHONSE DAUDET

Une tête merveilleusement charmante, la peau d’une pâleur chaude et couleur d’ambre, les sourcils droits et soyeux. L’œil, enflammé, noyé, à la fois humide et brillant, perdu dans la rêverie, n’y voit pas, mais est délicieux à voir. La bouche voluptueuse, songeuse, empourprée de sang, la barbe douce et enfantine, l’abondante chevelure brune, l’oreille petite et délicate, concourent à un ensemble fièrement viril, malgré la grâce féminine. Avec ce physique invraisemblable, Alphonse Daudet avait le droit d’être un imbécile ; au lieu de cela, il est le plus délicat et le plus sensitif de nos poètes. Pourquoi n’est-il pas né milliardaire comme Rothschild ? Il ne lui en coûtait pas davantage, pendant qu’il était en train de faire du — paradoxe !