La Mer élégante/L’Oubli

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La Mer éléganteAlphonse Lemerre, éditeur (p. 38-39).

L’Oubli


Hélas ! est-il donc vrai que les tendresses vagues
Qu’attisent les concerts et les bals élégants
Nous passent sur le cœur comme ces ouragans
Que, dès la nuit suivante, ont oubliés les vagues ?

Et qu’on peut s’arracher du cœur comme des dagues
Ces amours que bientôt on trouve extravagants ;
Et que, changeant d’amours comme on change de gants,
On va porter ailleurs des bouquets et des bagues ?…


Est-il vrai qu’en dépit des serments les plus beaux
L’oubli vienne aux amours comme l’herbe aux tombeaux,
Et qu’au bord de la mer les cœurs soient si volages ?

C’est en vain qu’on s’épuise en regrets superflus !
Ces amours sont pour nous comme ces coquillages
Ternis quand l’air marin ne les avive plus !…