La Mode par l’Image/Texte entier

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La Mode
par l’Image

du XIIe au XVIIIe Siècle

Albin Michel, éditeur
Rue des Mathurins, 59

1905

Héloïse

Héloïse est célèbre par ses relations avec son professeur Abélard. Cette femme, d’une grande beauté, mourut en 1163, fort avancée en âge, environ vingt ans après Abélard, dans le couvent où elle avait fui le ressentiment de son oncle.

Elle nous est représentée ici dans un costume sévère. Aucun ornement sur sa robe qui lui tombe jusqu’aux pieds, mais qui n’a pas de traîne et est serrée à la taille par une longue ceinture de cuir.

Le sac qu’elle porte suspendu à la ceinture s’appelait une escarcelle. Escar, dans le vieux langage, voulait dire avare. La bourse à argent des gens riches s’appelait aumônière.

Pl. i.
Héloïse

Hermengarde

Fille de Foulques IV, le Rechin (le querelleur), comte d’Anjou,
Morte en 1147.

Dès le huitième siècle, la conquête de Charlemagne avait mis chez nous à la mode les habits de soie et les riches pelleteries que les marchands vénitiens apportaient de l’Orient.

Avant Foulques-le-Rechin, on faisait les souliers à la mesure du pied. Foulques, pour cacher des excroissances, se fit faire des souliers longs et pointus.

Orderic Vital, moine de Saint-Évroult, qui nous a laissé une histoire ecclésiastique, reproche aux gens de la Cour de mettre au bout de leurs pieds des queues de couleuvres. Ces queues se nommaient pigaces.

Le même auteur dit : « Un vaurien nommé Robert, de la Cour de Guillaume-le-Roux, introduisit la coutume de remplir les longues pigaces d’étoupes, et de les contourner toutes comme des cornes. Plus longues et plus recourbées, elle prirent le nom de poulaines. Il est faux qu’un cordonnier du nom de Poulain ait été l’inventeur des souliers à la poulaine. Ces souliers furent ainsi appelés à cause de leur pointe, dont la courbure ressemblait à la courbure antérieur d’un vaisseau, partie nommée poulaine.

La fille de Foulques-le-Rechin, devenue veuve étant encore jeune, prit le voile des mains de saint Bernard ; mais, avant de renoncer au monde, elle voulut se parer. Les étoffes précieuses, les perles et les pierreries brillèrent dans son ajustement comme il est facile de s’en rendre compte sur cette gravure.

Pl. ii.
Hermengarde

Marie de Hainaut

Femme de Louis Ie, duc de Bourbon et Dauphin d’Auvergne
Vers la fin du xve siècle.

Elle avait épousé Louis Ier, duc de Bourbon, dont elle eut deux fils : Pierre Ier, qui fut tué à la bataille de Poitiers, en 1356, et Jacques, comte de la Marche.

Pl. iii.
Marie de Hainaut

Laure de Noves

Dite « la Belle Laure »

Laure de Noves, dame de Sades, dite la Belle Laure, naquit près d’Avignon, le 4 juin 1314. Elle porte une robe parsemée de violettes, et un collier de perles et de grenats, qui font ressortir sa taille svelte et ses traits fins et réguliers.

On donnait aux coiffures rondes comme celle de Laure, et enveloppant bien la tête, le nom de coquilles ou cales. Cale est diminutif d’écale, enveloppe de certains fruits. Elle porte les chaussures à la poulaine.

François Ier, passant à Avignon, ordonna que l’on ornât de sculptures le tombeau de Laure ; mais cet ordre ne fut pas exécuté. L’Église des Cordeliers où se trouvait le tombeau fut détruite pendant la Révolution de 1789.

Pl. iv.
Laure de Noves

Laure de Noves

Voici un autre portrait de Laure de Noves, dite la « Belle Laure ». Ses sourcils noirs et ses cheveux de couleur d’or avaient frappé le poète Pétrarque qui la vit pour la première fois quand elle avait dix-neuf ans. À cette époque, il fallait aux poètes comme aux chevaliers une dame en titre pour laquelle ils étaient toujours prêts à rompre une lance ou à faire des vers. Pétrarque fit à la louange de Laure trois cent dix-huit sonnets et quatre-vingt-huit odes ou chansons.

Flattée des sentiments qu’elle inspirait, Laure n’en fut que plus attentive à dissimuler qu’elle les partageait. Son habitude fut de ne sortir que voilée. Cependant Pétrarque se rendait à toutes les fêtes où il espérait la rencontrer et la moindre entrevue était célébrée par un sonnet.

Le riche costume de Laure ne doit pas étonner : il y avait de son temps une Cour à Avignon.

Pl. v.
Laure de Noves

Marguerite de Beaujeu

Fille d’Édouard, sire de Beaujeu, maréchal de France, tué au combat d’Ardres, en 1351, Margueride de Beaujeu épousa Jacques de Savoye, prince d’Achaïe et de Morée.

Pl. vi.
Marguerite de Beaujeu

Jeanne de Flandre

Épouse de Jean de Montfort, duc de Bretagne, sous le règne de Charles VI.

Tel était son costume, au moment de son entrée à Nantes, à côté de son mari, en 1341.

Dès l’année 1525, on avait vu à Paris Isabelle de France, reine d’Angleterre et sœur de Charles IV (le Bel), avec un bonnet en pain de sucre, de l’extrémité supérieur duquel pendait un long voile. Dans les Monumens de la Monarchie française, par Montfaucon, se trouve une copie d’un manuscrit de Froissart, qui représente l’entrée de cette reine à Paris ; elle porte le bonnet dont nous venos de parler. Malliot, dans ses Recherches sur les Costumes, les Mœurs, les Usages religieux, civils et militaires des anciens peuples, appelle le bonnet haut et pointu d’Isabelle : bonnet à la syrienne. Cette coiffure fut probablement importée de la Syrie lors des premières croisades.

Pl. vii.
Jeanne de Flandre

Marguerite de Sancerre

Sœur du connétable Louis de Sancerre, frère d’armes de Duguesclin.

Issue d’une famille qui le disputait en illustration à celles des Cocy, des Châtillons, des Montmorency, elle était fille de Louis II, seigneur de Sancerre, et de Béatrix de Roucy. Son père fut tué en 1316, à la funeste bataille de Crécy. Louis de Sancerre, son frère, maréchal de France en 1369, fut un des trois capitaines qui formèrent le vœu d’armes de vider toute la Guyenne des Anglais qui l’occupaient depuis cinquante ans. Duguesclin commença l’expédition par le siège de Châteauneuf de Randon, où il fut frappé de la maladie dont il mourut. Olivier de Clisson fut forcé de quitter l’armée, et Sancerre accomplit seul le vœu chevaleresque, en enlevant, dans l’espace de quelques mois, toutes les places fortes du Périgord.

Pl. viii.
Marguerite de Sancerre

Anne
Dauphine d’Auvergne

Femme de Louis II, duc de Bourbon.

Elle s’unit en 1371 à Louis II, duc de Bourbon, qui remporta plusieurs victoires sur les Anglais, combattit sous les ordres de Duguesclin et vainquit les Barbaresques qui entravaient le commerce des Génois. Il donna la chasse aux Sarrasins, dont les vaisseaux infestaient la Méditerranée, et, après quelques mois de navigation, rentra dans le port de Gènes, au milieu des acclamations d’un peuple qui le nommait son libérateur.

Le costume que porte sa femme sur ce portrait est orné d’un côté des armes des Bourbons, fleurs de lys d’or sur azur, et de l’autre de deux dauphins, armes qu’elle porte comme dauphine d’Auvergne.

Pl. ix.
Anne, Dauphine d’Auvergne

Suivante
de la
Dauphine d’Auvergne

Elle vint à la Cour, avec la dauphine Anne, en 1371. Comme sa souveraine, elle porte un costume chargé d’emblèmes, et, sur la partie blanche de son vêtement, on voit la moitié d’un écusson de gueules.

Pl. x.
Suivante de la dauphine d’Auvergne

Jacqueline de La Grange

Femme de Jean de Montagu.

Ce Montagu était chambellan de Charles VI et surintendant des finances. Le duc de Bourgogne lui fit couper la tête aux Halles de Paris, et son corps fut attaché au gibet de Montfaucon. On l’ôta ensuite, et il fut enterré aux Célestins de Marcoussi, qu’il avait fondés. Sa statue et celle de sa femme furent placées sur des piliers, à la porte de la chapelle du château de Marcoussi.


Jacqueline de La Grange a, par-dessus son bonnet, un voile, et sur ce voile un énorme bourrelet en cœur nommé escofion, du bas latin cufa.

« Et avoient les dames et damoyselles, dit Juvénal des Ursins (Histoire de Charles VI), de chacun costé, deux grandes oreilles si larges, que quand elles vouloient passer par l’huis d’une chambre, il falloit qu’elles se tournassent de côté et baissassent, ou n’eussent pu passer. »

La robe de Jacqueline de La Grange est blasonnée de ses armes et de celles de son mari.

Pl. xi.
Jacqueline de la Grange

Isabeau de Bavière

Mariée à l’âge de quatorze ans, en 1385 à Charles VI.

Quoique âgée de quatorze ans à peine lorsqu’elle parut à Amiens devant le roi Charles VI, celui-ci fut tellement frappé de sa beauté qu’il voulut l’épouser aussitôt.

Isabeau de Bavière aimait beaucoup le luxe. Brantôme, dans son Histoire de la Reine Marguerite, première femme de Henri IV, dit : « On donne le loz à la reyne Isabelle de Bavière d’avoir apporté en France les pompes et les gorgiasetez pour bien habiller superbement et gorgiasement les dames. »

Elle est ici représentée avec le costume qu’elle avait le jour de son mariage. Son buste est orné du surcot. Surcot, pour sur cotte.

Pl. xii.
Isabeau de Bavière

Suivante d’Isabeau de Bavière

Le portrait d’Hermengarde nous a déjà offert un voile blanc sur un bonnet de brocard.

Pl. xiii.
Suivante d’Isabeau de Bavière

Autre suivante d’Isabeau de Bavière

Ce bonnet est moins haut que le précédent ; et, pour le recouvrir, au lieu d’un petit voile uni, c’est un voile ample d’étoffe d’or.

Dans la miniature, copiée sur un manuscrit de Froissart par le dessinateur de Gaignières, les deux suivantes portent la queue du manteau de la reine.

Pl. xiv.
Autre suivante d’Isabeau de Bavière

Eurian

Femme du comte de Nevers.

Nous voyons apparaître une nouvelle coiffure, le Hennin. Ce mot est une abréviation de gehennin, qui vient du verbe gehenner, qui veut dire incommoder. Ce bonnet, d’où pendaient de longs crêpes à riches franges, était d’une taille démesurée à tel point que les femmes qui le portaient étaient obligées de se baisser pour passer sous les portes. On prétend qu’un Carme de Bretagne prêcha contre le luxe des toilettes des dames aisées de cette époque. Il voulut particulièrement faire cesser le port du hennin et y réussit pendant un certain temps. Après sa mort, ce bonnet revint en faveur.

Pl. xv.
Eurian

Agnès Sorel

Agnès Sorel naquit en 1409, dans le village de Fromenteau, en Touraine. Elle avait un beau teint, des yeux vifs et cependant doux ; une jolie bouche et une taille svelte. Pour l’avoir près de lui, Charles VII la nomma fille d’honneur de la reine.

Un jour que l’éclat d’Agnès Sorel effaçait à Paris celui de la reine, elle fut huée. Le dauphin (Louis XI) la voyait aussi de mauvais œil. Elle mourut en Normandie, où elle était allée avertir Charles VII d’une conspiration. Son cœur et ses entrailles furent déposés dans un monument que l’on plaça dans l’église de l’abbaye de Jumièges, et son corps fut transporté à Loches, en Touraine, où elle avait coutume de résider.

Pl. xvi.
Agnès Sorel

Isabelle d’Écosse

Deuxième femme de françois Ier, duc de Bretagne

Elle épousa François Ier, dit le Bien-Aimé, duc de Bretagne, comte de Richemont et de Montfort, fils de Jean V, auquel il succéda en 1442. En 1446, François se brouilla avec son frère, Gilles, qu’il avait précédemment envoyé en Angleterre. Les gens malintentionnés cherchèrent à perdre dans son esprit ce jeune prince. Il le fit arrêter, au nom du Roi, comme accusé d’avoir tenté d’introduire les Anglais dans la Bretagne, et le fit transférer en prison. Il ordonna qu’on instruisît son procès. Mais une loi arrêtait la vengeance de François, en interdisant au frère aîné de poursuivre criminellement son cadet.

À cette époque, les Anglais attaquèrent la Bretagne ; Charles VII déclara la guerre au roi d’Angleterre ; elle fut heureuse : il reprit toute la Normandie, qui fut pour toujours réunie à la France en 1450. François, de son côté, avait combattu vaillamment ; il reprit, après un siège de deux mois, Fougères, dont les Anglais s’étaient emparés.

Pl. xvii.
Isabelle d’Écosse

Marie d’Anjou

Fille de Louis II, duc d’Anjou et sœur de René-le-Bon, née le 14 octobre 1404. Son mariage avec Charles VII fut célébré en 1422. « Elle était si accomplie, dit Varillas, pour ce qui regarde l’esprit et la vertu, qu’encore que la satire fût alors tellement en vogue, principalement à l’égard des personnes du premier rang, qu’il était presque impossible de l’éviter, il ne s’en trouve néanmoins aucune contre Marie. »

Les Anglais inondaient la France, et le découragement du peuple, joint à l’infidélité des grands, favorisait leurs armes. Ce fut Marie d’Anjou, et non Agnès Sorel, comme on l’a dit souvent, qui détourna Charles VII de fuir à l’extrémité de son royaume.

Pl. xviii.
Marie d’Anjou

Michelle de Vitry

Veuve de Juvénal des Ursins

Jean Juvénal, époux de Michelle de Vitry, était prévôt des marchands. Par reconnaissance, la ville de Paris lui donna l’hôtel des Ursins, dont il prit le nom. Sa femme et ses enfants lui survécurent. Un tableau, longtemps exposé dans une des chapelles de l’église Notre-Dame de Paris, représente toute cette famille.

Le bandeau et la guimpe, qui caractérisent aujourd’hui le costume des religieuses cloîtrées, étaient portés, sous Charles VII, par les femmes veuves.

Pl. xix.
Michelle de Vitry

Dame de la famille des Ursins

C’était une des filles de Jean Juvénal et de Michelle de Vitry.

Ordinairement le surcot avait des ouvertures pour passer les bras ; celui-ci porte des manches.

Pl. xx.
Dame de la famille des Ursins

Madame de Chateaubriand

Françoise de Foix, célèbre sous le nom de comtesse de Chateaubriand, naquit vers l’an 1475. À peine avait-elle douze ans lorsqu’elle épousa Jean de Laval, seigneur de Chateaubriand.

Madame de Chateaubriand mourut le 16 octobre 1537.

Une garniture à deux rangs en toile d’or, orne le devant de son chaperon ; le bout de sa pantoufle est en bec de canne, et le dessus tailladé.

Pl. xxi.
Madame de Chateaubriand

Louise de Savoie

Louise de Savoie naquit le 14 septembre 1476, et fut mariée en 1488 à Charles d’Orléans, comte d’Angoulême. Elle était âgée de dix-huit ans lorsqu’elle perdit son époux. Sous Louis XII, elle eut beaucoup à souffrir de la jalousie d’Anne de Bretagne. Devenu roi, François Ier, son fils, lui laissa prendre une grande autorité ; il lui confia deux fois la régence du royaume.

La protection dont elle honorait les savants fut récompensée par les éloges qu’ils publièrent après sa mort. Cet événement eut lieu le 29 septembre 1532 ; Louise de Savoie était âgée de cinquante-six ans.

Ce portrait représente la princesse dans l’austère costume des veuves.

Pl. xxii.
Louise de Savoie

Anne de Bretagne

Par son mariage avec Charles VIII, qui eut lieu le 6 décembre 1491, la Bretagne fut réunie à la France.

Le 13 décembre 1492, Anne épousa Louis XII, et ce fut alors qu’elle fit connaître son caractère. Si cette princesse fût morte du vivant de son premier mari, on aurait parlé de sa soumission envers son époux et de sa piété ; devenue femme d’un prince plus âgé qu’elle, elle se montra absolue et même opiniâtre. Louis XII, pour se venger, l’appelait ma Bretonne.

C’est depuis Anne de Bretagne que les reines de France donnent audience aux ambassadeurs. Cette princesse mourut le 9 janvier 1514 ; elle savait le grec et le latin.

L’histoire lui reproche d’avoir persécuté avec acharnement le maréchal de Gié, et sollicité la loi qui expulsa les Juifs du royaume.

Anne de Bretagne a pour coiffure la cape bretonne ; elle pourte par dessous une coiffe blanche dont on n’aperçoit que la garniture.

Pl. xxiii.
Anne de Bretagne

Marguerite de Valois

Née à Angoulême, le 11 avril 1492, elle fut élevée à la Cour de Louis XII, épousa en 1509 Charles IV, duc d’Alençon, en devint veuve en 1525, et se remaria en 1527 à Henri d’Albret, roi de Navarre.

On sait tout ce qu’elle fit pour François Ier, son frère, pendant qu’il était détenu à Madrid.

À la beauté de Marguerite étaient réunis de l’esprit et beaucoup d’instruction. Son Heptameron, ou Nouvelles de la reine Marguerite, a eu un très grand nombre d’éditions.

Marguerite de Valois, dont le vrai nom était Marguerite d’Angoulême, mourut le 21 décembre 1549.


Le luxe enrichissait toutes les pièces de l’habillement. On mettait sur tous les bords de la robe des passemens et autres agrémens. Les manches étaient aussi, de distance en distance, ornées de bandes passementées, et outre cela parsemées de bouffettes.

Au lieu de chaperon, Marguerite de Valois a pour coiffure un ruban natté, des pierres de couleur et des perles ; ses cheveux sont moutonnés autour du visage.

Pl. xxiv.
Marguerite de Valois

Marie d’Angleterre

Elle n’avait guère que seize ans lorsque Louis XII, veuf de sa seconde femme, Anne de Bretagne, la fit demander en mariage. C’était une des plus belles personnes de son temps. Son mariage eut lieu le 19 octobre 1514.

Il faut remarquer dans son costume sa coiffure nommée chaperon, diminutif de chape, cape, venant du latin caput, tête.

On appelait manches à rebras, les manches larges qui se retroussaient et mettaient à découvert une manche juste toujours ornée de garniture au poignet.

Les chaussures plates étaient dites pianelles, d’un mot italien qui signifie plat, ou chaussures à la vénitienne. Venise et Florence étaient alors les deux métropoles du commerce et le rendez-vous général des nations ; les modes de toute l’Europe partaient de là.

Pl. xxv.
Marie d’Angleterre

Fille d’honneur de la reine
Marie d’Angleterre

Son chaperon est de la même forme que ceux de la reine Marie et d’Anne de Boulen. La queue d’un chaperon restait quelquefois tout à fait pendante. Quand on relevait une des pointes, il y avait, comme le prouve l’ajustement de cette figure et celui d’Anne de Boulen, diverses manières de l’attacher.

Le damas, le satin, le velours, étaient, du temps de Louis XII, des étoffes usitées dans la grande parure. La France tirait ces étoffes de Florence.

Pl. xxvi.
Fille d’honneur de la reine Marie d’Angleterre

Éléonore d’Autriche

Seconde femme de François Ier, née en 1498, morte en 1558. Elle était sœur de Charles-Quint.

Suivant le portrait qu’en fait un auteur qui l’avait vue à seize ou dix-sept ans, elle avait un beau teint, les sourcils noirs, l’air riant, la bouche petite et les lèvres un peu relevées. Son mariage avec François Ier fut célébré le 14 juillet 1530 ; elle était veuve d’Emmanuel, roi de Portugal.

Après la mort de François Ier, Éléonore, qui n’en avait point eu d’enfants, se retira d’abord dans les Pays-Bas, auprès de l’empereur Charles-Quint, puis en Espagne.

Éléonore a, sur le sommet de la tête, un réseau espagnol : ses cheveux sont séparés par-devant, et divisés de chaque côté en plusieurs nattes ; on appelait ces nattes des oreillettes. Il faut remarquer aussi que ses manches sont tailladées. Elle passe pour avoir introduit, en France, le vertugadin (diminutif de vertugade, venant de l’espagnol vertugado), espèce de bourrelet destiné à grossir les hanches.

Pl. xxvii.
Éléonore d’Autriche

Diane de Poitiers

Diane de Poitiers, fille aînée de jean de Poitiers, seigneur de Saint-Vallier, d’une ancienne famille du Dauphiné, naquit le 3 septembre 1499. Elle épousa, à l’âge de treize ans, Louis de Brezé, comte de Maulevrier, grand sénéchal de Normandie.

Diane, à qui on donna le nom de Grande-Sénéchale, devint veuve à trente et un ans, et bientôt le Dauphin s’en éprit.

Henri II ayant été mortellement blessé dans un tournoi, Diane se retira et mourut dans le magnifique château d’Anet, bâti par les libéralités du prince, et devant lequel Voltaire fait passer l’Amour dans le neuvième chant de la Henriade :

Il voit les murs d’Anet bâtis aux bords de l’Eure.

La coiffe placée sous le chaperon offre une particularité : on voit tant soit peu la bride qui l’attache sous le menton.

Pl. xxviii.
Diane de Poitiers

La reine Claude

Fille de Louis XII, et première femme de François Ier.

Elle avait un air de bonté, mais elle n’était pas belle ; d’ailleurs sa taille était médiocre, et elle boitait un peu. Les historiens l’appellent communément la Bonne Reine. C’est par son mariage que la Bretagne, qu’elle apportait en dot, fut définitivement rattachée à la France. Elle mourut au château de Blois, le 26 juillet 1524, âgée seulement de vingt-quatre ans.

Le chaperon de la Reine Claude est incomparablement plus riche que la cape d’Anne de Bretagne, sa mère.

Sous Louis XII, les femmes commencèrent à ouvrir leur robe par devant, pour faire voir une jupe riche ; l’ouverture était triangulaire.

Pl. xxix.
La reine Claude

Demoiselle en masque

Règne de Henri III

Les bals masqués furent un divertissement très en faveur sous le règne d’Henri III. Le costume représenté ici est plus recherché qu’élégant. Les ornements quoique riches sont peu gracieux.

Pl. xxx.
Demoiselle en masque

Anne de Boulen

Elle vint en France avec la reine Marie d’Angleterre, et fut ensuite attachée pendant près de dix ans à la reine Claude. Sa vivacité, son enjoûment, la faisaient distinguer parmi ses compagnes. En 1525, elle retourna en Angleterre et se fit attacher à Catherine d’Aragon, femme d’Henri VIII. Le roi ayant répudié cette princesse, épousa Anne en 1533. Après l’avoir rendue fort malheureuse il la fit décapiter en 1536.

Pl. xxxi.
Anne de Boulen

La duchesse d’Estampes

Anne de Pisseleu, dite d’abord Mademoiselle de Heilly, et depuis son mariage, duchesse d’Estampes, naquit vers 1508.

Lorsque François Ier revenait de Madrid, la duchesse d’Angoulême alla au-devant de lui, et mademoiselle de Heilly, l’une de ses filles d’honneur, l’accompagna. Ce n’était pas seulement une jeune et belle personne : l’esprit répondait aux avantages extérieurs ; aussi fit-elle oublier madame de Chateaubriand.

Après la mort du roi, la duchesse d’Estampes quitta la Cour, et vécut ignorée dans quelqu’une de ses terres. L’année de sa mort n’est point connue.

Peu de portraits offrent un chaperon assujetti de la même manière que celui de la duchesse d’Estampes.

Pl. xxxii.
La duchesse d’Estampes

Jeune personne du temps de François Ier

Ici, le chaperon a la forme d’un bonnet, et la tête n’entre point dedans ; il est posé sur une coiffe de nuit.

Pl. xxxiii.
Jeune personne du temps de François Ier

Dame de la Cour de François Ier

En comparant les chaperons de la Reine Claude, de madame de Chateaubriand, de la duchesse d’Estampes, de Diane de Poitiers et celui-ci, on voit quelles modifications le goût faisait éprouver à la même coiffure.

Le collier porte une lettre initiale.

Ce qui est surtout à remarquer, ce sont les riches galons et les passements sur la jupe. Une loi somptuaire réprima ce luxe.

Pl. xxxiv.
Dame de la Cour de François Ier

Catherine de Médicis

Catherine de Médicis, née à Florence, le 15 avril 1519 épousa le second fils de France.

C’était la nièce de Clément VII qui vint à Marseille le 11 octobre 1533 pour célébrer son mariage avec le duc d’Orléans le 28 octobre. Catherine de Médicis entra dans sa quatorzième année. Les fêtes durèrent trente-quatre jours.

Catherine devint un des ornements de la cour de François Ier, où se trouvaient déjà tant de belles femmes.

Pour montrer ses jambes chaussées de bas de soie, elle inventa la mode de mettre une jambe sur le pommeau de la selle, au lieu d’aller, comme on disait alors à la planchette, c’est-à-dire assise, les pieds appuyés sur une planchette.

Comme les femmes de son temps, Catherine se serrait les côtes avec des éclisses de bois, pour avoir la taille fine. Dans le commencement de son séjour en France, elle avait inventé de nouvelles parures, entre autres le corset.

Pl. xxxv.
Catherine de Médicis

La Belle Paule

Paule de Viguier, baronne de Fontenille, naquit à Toulouse en 1518. Âgée d’environ quatorze ans, elle fut choisie pour aller offrir à François Ier les clefs de la ville de Toulouse. Ce prince, dans son enthousiasme, la surnomma la Belle Paule.

En 1587, du vivant de cette femme célèbre, parut la Paulographie ou Description des beautés d’une dame toulousaine nommée la Belle Paule. C’est un ouvrage en vers : on y voit que, malgré ses attraits, Paule échappa à la calomnie.

Paule vécut près d’un siècle ; elle avait été mariée deux fois.

Dans la plupart des portraits de femmes des règnes de Louis XII et de François Ier, les cheveux sont enfoncés sous le chaperon. Ce portrait-ci fait voir que, liés par derrière, il pendaient sur le dos.

Pl. xxxvi.
La Belle Paule

La belle Féronnière

Héroïne d’une légende tirée d’un conte de la reine de Navarre et accréditée par quelques historiens du temps. Quoique de basse naissance, la belle Feronnière aurait inspiré un violent amour au roi François Ier. Ce portrait la représente dans un costume des plus sobres et fait voir combien était simple le chaperon des femmes du commun, même les plus élégantes. On remarque également la longueur de la robe et l’ampleur des manches.

Pl. xxxvii.
La belle Féronnière

Marie Stuart

Fille unique et héritière de Jacques V, roi d’Écosse, Marie perdit son père huit jours après sa naissance, le 7 décembre 1542. Sa mère, Marie de Guise, duchesse douairière de Longueville et fille de Claude de Guise, l’envoya, en 1548, à la cour de France, où ses deux frères, le duc de Guise et le cardinal de Lorraine, jouissaient d’un grand crédit. Elle épousa, le 24 avril 1558, François, dauphin de France.

Marie parut si belle le jour de la célébration de son mariage, qu’il n’y eût personne à la cour qui ne regardât François comme le plus heureux de tous les princes ; et, dans un siècle où l’amour et la galanterie donnaient bien des libertés, il se trouva des courtisans assez hardis pour ne pas dissimuler qu’ils enviaient le sort du jeune Dauphin.

Le 15 décembre 1560, François II mourut, et, Marie qui n’en avait pas eu d’enfant, allait se trouver exposée aux complots de ses ennemis. Un devoir l’appelait en Écosse, elle s’y rendit. Nous ne parlerons pas de ses malheurs ; ils sont étrangers à l’histoire de France.

Pl. xxxviii.
Marie Stuart

Marie Touchet

Fille d’un apothicaire d’Orléans, Marie Touchet, que sa grâce et sa beauté avaient fait surnommer la « belle », se lia avec Charles IX et après sa mort épousa, en 1578, François de Balzac d’Entraigues, gouverneur d’Orléans. Ce mariage lui donna à la cour une existence brillante qu’elle soutint par sa conduite sage et sévère. Elle se donna à l’éducation de ses deux filles qui, comme leur mère, étaient d’une remarquable beauté, mais qui ne demeurèrent pas dans la voie où elle s’était efforcée de les diriger.

Pl. xxxix.
Marie Touchet

Renée de Rieux Chateauneuf

D’une maison illustre de Bretagne, elle naquit en 1530. Placée comme fille d’honneur près de la reine Catherine de Médicis, elle inspira une vive passion au duc d’Anjou, depuis Henri III. Elle était si belle que ce fut longtemps l’usage à la Cour de dire, lorsqu’on voulait louer une belle personne, « qu’elle avait quelque chose de l’air de Mlle de Chateauneuf ». Le Roi l’aima plusieurs années, et l’amour qu’elle lui inspira ne céda qu’à celui qu’il ressentit pour la princesse de Condé. Le duc d’Anjou employa la muse de Desportes, surnommé alors le Tibulle de la France, pour louer Mlle de Chateauneuf. Le poète fit pour elle, au nom du prince, un grand nombre de sonnets.

Pl. xl.
Renée de Rieux Chateauneuf

Mademoiselle de Limeuil

Ce portrait nous représente Mademoiselle de Limeuil dans un costume presque sévère. Sa robe sombre n’est rehaussée que par quatre ou cinq larges bandes brodées du même ton, et par une collerette et des poignets de dentelle blanche. La simplicité du costume fait la curiosité du portrait, car peu de femmes se font peindre en négligé.

Pl. xli.
Mademoiselle de Limeuil

Marguerite de France

Fille de Henri II, elle naquit le 14 mai 1552 et épousa, en 1572, le prince de Béarn, son cousin. Henri IV, devenu roi de France, lui fit proposer de faire casser son mariage ; elle y consentit : les nœuds furent rompus en 1599.

Cette princesse était d’un caractère inquiet. Retirée en Auvergne, elle quitta la province secrètement, et ne fit avertir le Roi que quand elle fut aux portes de la capitale. Henri, quoique un peu surpris, l’envoya complimenter, et ordonna qu’on lui rendit les honneurs dus à son rang. Lorsque ce prince alla la voir dans son palais qu’elle avait fait bâtir, en 1606, à Paris, dans la rue de Seine, il lui dit en la quittant qu’il la priait d’être plus ménagère ; à quoi elle répondit que la prodigalité était chez elle un vice de famille.

Le temps fut sans influence sur Marguerite de France, et l’âge mûr ressembla chez elle à la jeunesse. Elle donnait des fêtes fréquemment, et Henri avait l’extrême complaisance d’y assister. Sa maison était le rendez-vous de tous les beaux esprits ; et, par une des singularités de son caractère, elle alliait une extrême dissipation aux études les plus sérieuses.

Pl. xlii.
Marguerite de France

Louise de Lorraine

La princesse Louise de Lorraine Vaudemont naquit le 30 avril 1552.

Rien de moins élevé que son esprit ; aussi ses yeux manquaient-ils de vivacité. Tous les politiques, surpris de l’alliance du plus grand Roi de l’Europe avec la fille d’un cadet de la maison de Lorraine, cherchèrent le motif d’un événement si extraordinaire, et il fut attribué à l’influence de Catherine de Médicis, qui savait combien Louise était bornée.

Lors de son mariage, Louise de Lorraine avait dix-huit ans. Henri II la laissant bientôt de côté, elle se jeta dans la dévotion et finit même par la faire partager à son mari.

Pl. xliii.
Louise de Lorraine

Gabrielle d’Estrées

Elle avait les cheveux blonds, les yeux bleus, la peau blanche, et une bouche parfaitement garnie. La taille, les bras, la main, le pied, tout répondait à la tête.

Les manches du corsage sont assez amples près de l’épaule, mais collent au poignet. Pour donner plus de valeur à la taille, la jupe a une ampleur considérable.

Pl. xliv.
Gabrielle d’Estrées

La marquise de Verneuil

Catherine-Henriette de Balzac d’Entragues, marquise de Verneuil, naquit en 1579.

Avec des traits moins réguliers que ceux de Gabrielle d’Estrées, elle plaisait davantage, parce qu’elle avait des grâces et de l’enjoûment. Après la mort de Gabrielle, Henri IV en devint amoureux.

Les robes de Gabrielle d’Estrées et de la marquise de Verneuil forment, sur les hanches, au moyen du vertugadin, une espèce de coquille de pèlerin : les dames appuyaient leurs coudes sur ce plateau, comme elle auraient fait sur une table.

Pl. xlv.
Marquise de Verneuil

Éléonore Galigaï

Venue d’Italie en 1600 avec Marie de Médicis, Éléonore Galigaï, sa sœur de lait, épousa Concini et profita du crédit dont elle jouissait auprès de la reine de France pour élever son mari au pouvoir. D’abord valet de chambre, Concini devint marquis d’Ancre et maréchal de France ; mais cette fortune prodigieuse amena une fin tragique ; Concini fut massacré et sa femme eut la tête tranchée.

Comme on accusait Éléonore de sortilège, elle répondit que son sortilège avait été le pouvoir qu’obtiennent les âmes fortes sur les esprits faibles. La sentence qui la condamnait à mort fut exécutée le 8 juillet 1617. Elle fut décapitée, puis brûlée.

Pl. xlvi.
Éléonore Galigaï

Marguerite de Lorraine

Sœur de Louise de Lorraine, reine de France. Le roi Henri III la donna en mariage à son favori, le baron d’Arques, qu’il créa duc de Joyeuse et maréchal de France.

Ce portrait se trouve dans un tableau du temps, qui représente les noces de Marguerite de Lorraine ; tableau maintenant exposé dans le grand salon du Musée, à Paris.

Pl. xlvii.
Marguerite de Lorraine

Charlotte-Marguerite de Montmorenci

Née le 11 mai 1594.

Elle épousa en 1609 le prince Henri II de Condé, qui, ayant bientôt remarqué la passion qu’elle avait inspirée à Henri IV, se hâta de la soustraire à ses poursuites en la conduisant à Bruxelles. Il ne la ramena à Paris qu’après la mort du Roi, en 1610.

Elle fut la mère du grand Condé.

Pl. xlviii.
Charlotte-Marguerite de Montmorenci

Dame de la Cour de Henri IV

Pl. xlix.
Dame de la Cour de Henri IV

Marion de Lorme

Comparable à Ninon de Lenclos, son amie, pour l’esprit, la figure et le penchant au plaisir.

« La créature de France qui avait le plus de charmes, dit le comte Hamilton, était celle-là. Quoiqu’elle eût de l’esprit comme les anges, elle était capricieuse comme un diable. »

Marion de Lorme mourut au mois de juin 1650, âgée tout au plus de quarante-cinq ans.

Pl. l.
Marion de Lorme

Ninon de Lenclos

Fille d’un gentilhomme de Touraine, Anne de Lenclos, plus ordinairement appelée Ninon, naquit à Paris, le 15 mai 1616.

Sa beauté et son esprit la rendirent célèbre et elle eut des amis du premier mérite.

Son salon, dans les derniers temps de sa vie, était encore un des plus fréquentés et un de ceux où la conversation était le plus agréable.

La taille de Ninon était au-dessus de la moyenne, et bien proportionnée. Elle avait la peau très blanche, de grands yeux noirs, de belles dents, un son de voix agréable, et de la grâce dans toute sa personne.

Après une vie assez dissipée, Ninon mourut à l’âge de quatre-vingt-dix ans.

Pl. li.
Ninon de Lenclos

Mademoiselle de La Fayette

L’étroite amitié qui unit pendant deux ans Louis XIII et Mlle de La Fayette, fille d’honneur de la reine Anne d’Autriche, amitié qui prit naissance pendant le voyage que la Cour fit à Lyon en 1630, a donné à son héroïne une place dans l’histoire.

Un intrigant les brouilla, ou plutôt brouilla Mlle de La Fayette avec le ministre tout puissant, et elle se fit religieuse en 1665.


Les cheveux rabattus sur le front, comme on les voit ici, s’appelaient cheveux à la garcette. Cette mode était venue d’Espagne avec la reine Anne d’Autriche. (Garcette est la traduction d’un mot espagnol qui signifie aigrette.)

Après avoir été longtemps tout à fait basses, les chaussures, au seizième siècle, se changèrent en galoches : deux petits piliers d’inégale hauteur étaient fixés, l’un sous le talon, l’autre sous le bout du pied ; mais l’incommodité de ces galoches ayant été reconnue, on se borna à élever la chaussure sous le talon.

Pl. lii.
Mademoiselle de La Fayette

La duchesse de Longueville

Née en 1619, morte en 1679

Anne-Geneviève de Bourbon-Condé, duchesse de Longueville, fille de Henri II de Bourbon-Condé, premier prince du sang, et de Charlotte-Marguerite de Montmorenci, naquit le 29 août 1619, au château de Vincennes, où son père était prisonnier d’État. Conduite à la Cour par sa mère, elle y captiva l’admiration de tout ce qu’on y voyait alors de plus distingué : sa beauté aurait suffi pour produire cet effet ; mais la finesse de son esprit et une grâce particulière qu’elle mettait à tout la firent peut-être encore plus remarquer dans le grand monde où elle était destinée à vivre. Elle épousa, n’ayant tout au plus que vingt-trois ans, le duc de Longueville, qui en avait quarante-sept.

La haine que les parlements portaient au cardinal Mazarin donna naissance à la Fronde, dont la duchesse de Longueville devint bientôt l’héroïne. Les malheurs qui lui survinrent la déterminèrent à se retirer dans une solitude ; elle choisit pour finir ses jours Port-Royal-aux-Champs. Elle mourut à l’âge de cinquante-neufs ans, le 15 avril 1679.

Pl. liii.
La duchesse de Longueville

Lingère coiffée d’un bavolet

Règne de Louis XIII
Pl. liv.
Lingère coiffée d’un bavolet

Marie de Hautefort

Née en 1616, de Charles, marquis de Hautefort, elle fut élevée dans la maison de la reine Anne d’Autriche et devint une de ses dames d’atours. Sa vertu, ses grâces et la douceur de son caractère, lui acquirent de l’empire sur l’esprit de cette princesse, et sa beauté fit impression à Louis XIII ; mais leur sagesse ne se démentit jamais. Cependant le cardinal de Richelieu en conçut de la jalousie, parce qu’elle était dans les intérêts de la reine, et ce ministre impérieux la fit renvoyer de la Cour. Louis XIII, qui ne l’aimait que comme un prince dévot et sans tempérament peut aimer, consentit à cet éloignement. Lorsque Anne d’Autrice fut déclarée régente, elle la fit revenir avec les plus grandes démonstrations d’amitié ; mais son opposition au cardinal Mazarin lui fit perdre les bonnes grâces de sa maîtresse. Le maréchal de Schomberg, devenu veuf, l’épousa en 1646. Elle n’en eut pas d’enfant et mourut en 1691.

Pl. lv.
Marie de Hautefort

Marie-Thérèse d’Autriche

Marie-Thérèse d’Autriche, fille de Philippe IV, roi d’Espagne, née à Madrid en 1638, épousa en 1660 Louis XIV. La bonté faisait le fond de son caractère, et la modestie fut la règle de sa conduite. Elle n’eut à la Cour qu’un rôle effacé et vécut à l’écart. La mort de la reine-mère (Anne d’Autriche), sa tante, lui causa un violent chagrin et lui fit perdre un soutien précieux.

Marie-Thérèse mourut en 1683.

Pl. lvi.
Marie-Thérèse d’Autriche

Mademoiselle de La Vallière

Louise-Françoise de la Baume-le-Blanc, duchesse de La Vallière, naquit à Tours, au mois d’août 1644, et devint favorite de Louis XIV en 1665. Ce prince érigea pour elle, en 1667, les terres de Vaujour et de Saint-Christophe en duché-pairie, sous le nom de La Vallière.

« La duchesse de La Vallière était très bien ; elle avait la plus belle taille du monde, et le regard le plus enchanteur et le plus touchant qu’il soit possible de voir, surtout le maintien le plus modeste. Elle boitait un peu ; mais il semblait qu’au lieu d’y nuire, ce défaut ajoutait à ses grâces. »

Quand cessa l’inclination que le Roi éprouvait pour elle, Mlle de La Vallière entra aux Carmélites et fit profession en 1675, sous le nom de sœur Louise de la Miséricorde. Elle mourut le 16 juin 1710, âgée de soixante-six ans, après avoir passé sous le voile trente-trois ans.

Pl. lvii.
Mademoiselle de La Vallière

Madame de Montespan

Françoise-Athénaïs de Rochechouard-Mortemar, marquise de Montespan, naquit dans le Poitou, et fut d’abord connue sous le nom de Mlle de Tonnay-Charente. En 1663, elle épousa le marquis de Montespan.

Le sourire de Mme de Montespan était très agréable ; elle avait des yeux pleins d’esprit, de beaux cheveux blonds, de belles mains, et surtout de beaux bras. Sa taille était avantageuse et de la plus élégante proportion. Devenue favorite, elle en conçut un violent orgueil. Pour ne pas décroître dans l’amour du Roi, elle ne négligea rien pour augmenter ses charmes et ses toilettes, et ses bijoux furent toujours remarquables.

Mme de Montespan conserva du reste sa beauté jusqu’au dernier moment. Elle mourut aux eaux de Bourbon en 1707, à l’âge de soixante-six ans.

Pl. lviii.
Madame de Montespan

Mademoiselle de Fontanges

Marie-Angélique Scoraille de Roussille, duchesse de Fontanges, naquit en 1661.

Lorsqu’elle fut placée comme fille d’honneur auprès de Madame, Louis XIV en devint éperdûment amoureux.

Mme de Montespan, qui, à cette époque, redoutait plus Mme de Maintenon que toutes les beautés de la Cour, vanta elle-même au Roi les charmes de Mlle de Fontanges, qu’elle appelait une statue provinciale.

Les cheveux de Mlle de Fontanges tiraient un peu sur le roux. Sa taille était au-dessus de la moyenne ; elle avait la démarche noble.

Délaissée, Mlle de Fontanges prit le parti de se retirer dans l’abbaye de Port-Royal, où elle languit quelque temps. À sa mort, arrivée le 28 juin 1681, elle n’était encore que dans sa vingtième année.

Pl. lix.
Mademoiselle de Fontanges

Madame de Maintenon

Françoise d’Aubigné, veuve de Scarron, ensuite marquise de Maintenon, naquit le 8 septembre 1635.

« À de l’éloquence, la veuve Scarron joignait de beaux yeux. » (Fragmens de Lettres originales.)

« Mme de Maintenon a toujours eu du feu dans les yeux ; mais elle avait une bouche pincée et enflait ses narines, ce qui lui donnait un air méchant. » (Fragmens de Lettres originales.)

« Admise peu à peu dans l’intime confidence du Roi, Mme de Maintenon sut la cultiver, et fit si bien que peu à peu elle se rendit nécessaire. » (Mémoires de Saint-Simon.)

Chargée de l’éducation des enfants de Mme de Montespan, elle entra ainsi dans l’intimité de Louis XIV qui, sur le conseil du père La Chaise, l’épousa secrètement vers la fin de 1685.

En 1686, Louis XIV fonda, à la prière de Mme de Maintenon, dans l’abaye de Saint-Cyr, une communauté pour y élever et instruire trois cents jeunes demoiselles.

Après la mort du prince, Mme de Maintenon se retira dans cette communauté, et y mourut en 1719, âgée de quatre-vingt-quatre ans.

Pl. lx.
Madame de Maintenon

Madame de Sévigné

Marie de Rabutin-Chantal n’avait pas encore dix-huit ans lorsqu’elle épousa, le 1er août 1644, le marquis de Sévigné, maréchal-de-camp. Ce mari était riche, mais peu capable de rendre une femme heureuse. Sa vie fut très courte ; il périt dans un duel, en 1651.

Mme de Sévigné avait une physionomie vive et spirituelle, de beaux cheveux blonds, et une taille au-dessus de la moyenne.

Après avoir réparé le désordre de sa fortune, elle reparut dans le monde en 1654.

En 1663, elle présenta sa fille à la Cour. « Elle aurait pu, longtemps encore, disent ses biographes, briller elle-même sur ce théâtre ; mis ses propres succès ne l’y conduisaient pas : il en existait de plus doux pour son cœur maternel. »

Dans son dernier voyage à Grignan, elle veilla sa fille atteinte d’une longue maladie. La fatigue et les inquiétudes la firent succomber ; elle mourut le 16 avril 1696.

Pl. lxi.
Madame de Sévigné

Madame de Grignan

Françoise-Marguerite de Sévigné, née en 1648, et présentée à la Cour en 1663, épousa le comte de Grignan en 1669.

L’esprit, plus encore que la beauté, lui donna de la réputation ; mais cet esprit, elle l’avait précieux ; ce qui n’empêcha pas Mme de Sévigné d’être dans une admiration continuelle de sa fille.

À propos de la coiffure que l’on voit ici, Mme de Sévigné écrivait, le 1er  avril 1671, à sa fille : « Je vous mandai l’autre jour la coiffure de Mme de Nevers, et dans quel excès la Martin avait poussé cette mode ; mais il y a une certaine médiocrité qui m’a charmée, et qu’il faut vous apprendre, afin que vous ne vous amusiez plus à faire cent petites boucles sur vos oreilles, qui sont défrisées en un moment, qui siéent mal, et qui ne sont plus à la mode. Je vis hier la duchesse de Sully et la comtesse de Guiche ; leurs têtes sont charmantes ; je suis rendue ; cette coiffure est faite pour votre visage. Imaginez-vous des cheveux coupés de chaque côté d’étage en étage, et de grosses boucles rondes et négligées, qui ne viennent pas plus bas qu’un doigt au-dessous de l’oreille ; cela fait quelque chose de fort jeune et de fort joli, et comme deux gros bouquets de cheveux. »

Pl. lxii.
Madame de Grignan

La duchesse du Maine

Anne-Louise-Bénédicte de Bourbon, petite-fille du grand Condé, naquit le 8 novembre 1676, et fut mariée le 19 mars 1692, à Louis-Auguste de Bourbon, duc du Maine, fils légitime de Louis XIV et de Mme de Montespan. Parmi les hommes d’esprit qui composèrent, à Sceaux, sa petite cour, on distingua Saint-Aulaire, Fontenelle et La Motte. Cette princesse mourut en 1753, âgée de soixante-dix-sept ans.

Aux longs tuyaux en ligne verticale, comme on les voit sur ce portrait et sur ceux de Mme de Maintenon et de la duchesse de Bourgogne, succéda, en 1714, une coiffure toute basse, ce qui fit dire un jour au Roi :

« J’avoue que je suis piqué au vif quand je vois qu’avec toute mon autorité de roi dans ce pays-ci, j’ai eu beau crier contre les coiffures trop hautes, personne n’a eu pour moi la complaisance d’abaisser un peu la sienne. Arrive une inconnue, une petite guenille d’Angleterre avec une coiffure basse, tout à coup les princesse vont d’une extrémité à l’autre. »

Les mouches de taffetas noir, appliquées sur le visage, sont une invention du dix-septième siècle.

Pl. lxiii.
La duchesse du Maine

La duchesse de Bourgogne

Marie-Adélaïde de Savoie, fille aînée de Victor-Amédée II, duc de Savoie, naquit à Turin en 1683, et fut mariée en 1697 au duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV. Douée de beaucoup d’esprit, elle eut un grand succès à la Cour de Versailles. Le Roi aimait sa conversation ; elle avait le don d’égayer la gravité de ce prince.

Elle mourut le 12 février 1712, regrettée de tous ceux qui l’avaient connue. Le ruban qui serre le fond de son bonnet (voyez aussi le portrait de la duchesse du Maine), est ce qu’on appelait une fontange, du nom de la favorite qui employa, un jour qu’elle suivait le Roi à la chasse, une de ses jarretières à attacher son bonnet.

Pl. lxiv.
La duchesse de Bourgogne

Mademoiselle d’Orléans

Louise-Adélaïde, troisième fille de Philippe, duc d’Orléans, née le 13 août 1698, avait pour maître de chant Cauchereau. Un jour que cet acteur chantait à l’Opéra une scène très passionnée, la jeune princesse, qui était dans une loge avec la duchesse d’Orléans sa mère, s’écria : « Ah ! mon cher Cauchereau ! » Dès lors elle fut destinée au couvent, et sa famille choisit l’abbaye de Chelles, ordre de Saint-Benoît.

Mlle d’Orléans fit profession le 20 août 1718, et le 6 juin de l’année suivante elle fut installée abbesse de Chelles : son père était alors régent du royaume : M. le cardinal de Noailles lui donna la bénédiction le 24 septembre : la nomination paraissait régulière ; mais Mme de Villars, ancienne abbesse ne s’était pas démise de plein gré.

En 1734, la princesse eut des remords ; elle se retira au prieuré de la Madelaine-de-Traînel, où elle mourut le 20 février 1743.

Cette coiffure n’a de monastique que le bandeau : telle était, au commencement du dix-neuvième siècle, une coiffure du matin.

Pl. lxv.
Mademoiselle d’Orléans

Sophie Arnould

Sophie Arnould, née en 1740, débuta le 12 décembre 1757, à l’Académie royale de Musique ; elle avait reçu des leçons de chant de Mlle Fel, et de déclamation de Mlle Clairon. Dorat, Bernard, Marmontel, Rhulières et Laujon firent des vers à sa louange.

« Sophie Arnould, dit l’auteur de l’Arnoldiana (M. Albéric Deville), joignait aux talents qu’elle déploya sur la scène, ce que l’étude ne donne pas, cet esprit vif et brillant, qui s’échappe comme par éclair, et qui dans ses saillies porte le caractère de la réflexion. »

Cette gravure a été exécutée d’après un portrait peint en 1760. Alors le renflement de jupe jadis connu sous le nom de vertugadin, était appelé panier, à cause de sa ressemblance avec un panier à poulets. Il ne faut pas s’étonner si le costume que porte Sophie Arnould est aussi peu en rapport avec la pièce qu’elle interprète. Mais au milieu du dix-huitième siècle, la science des costume de théâtre était tout à fait ignorée. Nous avions des statues antiques et nos bibliothèques étaient fournies de manuscrits ornés de miniatures ; mais on ne les consultait pas.

Pl. lxvi.
Sophie Arnould
dans l’opéra de Pyrame et Thisbé.