La Nouvelle ère
LA NOUVELLE ÈRE
Labeur ! dans tes champs usurpés,
Régnait la misère inféconde.
Rendons la terre aux travailleurs groupés,
Du vieux chaos tirons le monde.
Libres essors, régnez, c’est votre jour,
Travail, justice, amour.
Régnez, c’est votre tour !
Vous, rails pour l’échange croissant,
Posez vos réseaux dans nos plaines,
Que tout circule, et la vie et le sang,
Comme en un corps marbré de veines.
Libres essors, régnez, c’est votre jour,
Travail, justice, amour,
Régnez, c’est votre tour !
Charbon, vésuve souterrain,
Emplis la machine de lave,
Fais bouillir l’âme en son cerveau d’airain,
Donne des bras à notre esclave.
Libres essors, régnez, c’est votre jour,
Travail, justice, amour,
Régnez, c’est votre tour !
Steamers, agents du producteur,
Allez, par les mers orageuses,
Ensemencer le pôle et l’équateur,
Comme des graines voyageuses.
Libres essors, régnez, c’est votre jour,
Travail, justice, amour,
Régnez, c’est votre tour !
La voix, le long d’un fil glissant,
Au feu de l’éclair est pareille,
Et deux amis à travers l’Océan
Vont se parler comme à l’oreille.
Libres essors, régnez, c’est votre jour,
Travail, justice, amour,
Régnez, c’est votre tour !
Ô mort, l’homme marche en ayant,
Il veut, perçant les derniers voiles,
Te devancer, et se frayer vivant
Un chemin bleu vers les étoiles.
Libres essors, régnez, c’est votre jour,
Travail, justice, amour,
Régnez, c’est votre tour !
Condé-sur-Vesgres, 1860.