La Papauté moderne condamnée par le pape saint Grégoire le Grand/Appendice

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La Papauté moderne condamnée par le pape saint Grégoire le Grand : extraits des ouvrages de saint Grégoire le Grand
Dentu (p. 59-61).

La doctrine de saint Grégoire le Grand était conforme à celle des premiers conciles généraux. Voici les décrets de ces conciles touchant la primauté qu’ils accordèrent aux évêques de Rome :


Premier Concile œcuménique, assemblé à Nicée en 325.


Sixième Canon. — « Que l’on conserve les anciens usages acceptés en Égypte, en Lybie et à Pentapole, d’après lesquels l’évêque d’Alexandrie a l’autorité sur tous les évêques de tous ces pays, puisque tel est aussi la prérogative de l’évêque de Rome. De même les prérogatives conférées à l’Église d’Antioche et à d’autres doivent être maintenues. »

Septième Canon. — « Puisque, suivant la coutume et l’ancienne tradition, l’évêque d’Élia (Jérusalem) est en possession d’être honoré, il continuera à jouir de cet honneur, sans préjudice de la dignité métropolitaine. »


Deuxième Concile œcuménique, assemblé à Constantinople en 381.


Troisième Canon. — « Que l’évêque de Constantinople ait la primauté d’honneur après l’évêque de Rome, parce que Constantinople est la nouvelle Rome. »

Ce canon explique clairement que la cause de la primauté d’honneur conférée aux grands siéges ne reposait pas sur le droit divin ou sur cette raison, que ces siéges avaient été fondés par les apôtres, mais simplement et uniquement sur l’importance politique des villes dans lesquelles ils se trouvaient. C’est ainsi que le siége de Constantinople, quoique fondé nouvellement, reçut cependant une primauté d’honneur sur les anciens siéges apostoliques, parce que cette ville fut établie pour seconde capitale de l’empire, et surnommée même, par Constantin, la nouvelle Rome. — Des cinq grands siéges patriarcaux, il n’y en avait qu’un seul qui jouît de cet honneur, non pas à cause de son importance politique, mais en mémoire de son importance religieuse, — c’était celui de Jérusalem.

Les conciles œcuméniques suivants confirmèrent et maintinrent constamment ces canons.


Quatrième Concile œcuménique, assemblé à Chalcédoine en 481.


Vingt-huitième Canon. — « Suivant en tout les décrets des saints Pères et reconnaissant le troisième canon du second concile, nous établissons et nous accordons les mêmes priviléges à la très sainte Église de Constantinople, la nouvelle Rome. Car les Pères ont accordé avec raison, au siége de l’ancienne Rome, les priviléges dont elle jouit, parce qu’elle était la ville régnante. Ils ont jugé que la nouvelle Rome, qui a l’honneur de posséder le siége de l’empire et celui du sénat, doit avoir les mêmes avantages dans l’ordre ecclésiastique et être la seconde après elle. »


Sixième Concile œcuménique, assemblé à Constantinople en 691.


Trente-sixième Canon. — « En renouvelant ce qui a été ordonné par les cent cinquante Pères réunis dans cette ville impériale (deuxième Concile), autant que par les six cent trente Pères réunis à Chalcédoine (quatrième concile), nous décrétons que le siége de Constantinople ait les mêmes prérogatives que le siége de l’ancienne Rome, et que, comme celui-ci, étant le second, il s’élève dans les choses ecclésiastiques ; et que viennent après lui, dans l’ordre suivant, le siége de la grande ville d’Alexandrie, celui d’Antioche, et enfin celui de Jérusalem. »


Il est évident, d’après ces décrets, que les évêques de Rome n’ont été reconnus comme premiers évêques de l’Église que par les conciles ; que leur primauté est de droit ecclésiastique et non de droit divin ; qu’elle leur a été accordée à cause de l’importance politique de leur ville, et non parce qu’ils étaient successeurs de saint Pierre ; que leur primauté ne leur donnait aucune autorité universelle ; qu’ils ne peuvent avoir d’autorité que celle qui leur est accordée par les conciles généraux représentant l’Église universelle.

Il y a loin de cette papauté légitime et canonique à la papauté moderne.