La Parfaite Connaissance des chevaux/7

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CIRONS AUX LEVRES.


AYant regardé dans la bouche du Cheval & n’ayant point trouvé les deux deffauts cy-devant, il faut lui relever les Lévres haut & bas, & peut-être y trouvera-t-on pluſieurs petites élevation en forme de petits cirons blancs ; ce qui fait que le dedans des Lévres n’eſt pas égal : on le ſent même en paſſant avec le doigt par deſſus ce deffaut, qui quoique petit empêche ſouvent les Chevaux de manger à leur ordinaire. Pour y remedier, il faut prendre un bon clou de fer applati par le bout avec lequel il lui faut cicatriſer les Lévres en toutes ſortes de ſens, en dedans, haut & bas, comme il eſt marqué cy-après.

Il faut auſſi que le ſang ſorte tant ſoit peu de toutes les cicatrices : Enſuite il faut lui donner un coup de Corne au milieu du Palais d’en haut, entre les Crochets & les Coins ; & prendre garde de donner dans un trou qui ſe trouve vis à vis des Coins ; car il pouroit ſaigner par cet endroit-là juſqu’a perdre tout ſon ſang ; & ſi ce malheur arrivoit par la mal-adreſſe de celui qui lui auroit donné le coup de Corne, il faudroit prendre promptement une coque de noix, ou quelqu’autre choſe de même figure à peu près, avec un petit morceau d’éponge, ou charpis de vieux linge, dont les Chirurgiens ſe ſervent pour les playes, ou un peu de filaſſe pour remplir à peu près la moitié de cette coque, l’ayant moüillé & roûlé dans une poudre nommée Minium, dont les Peintres ſe ſervent pour peindre en rouge les Roües & Trains de caroſſes ; l’ayant mis dans cette coque il faut faire ouvrir la bouche du Cheval & l’appliquer vis-à-vis d’où ſort le ſang & avec un Bandeau de linge le faire tenir en l’attachant par deſſus le nez ; ſi cet appareil peut ſeulement reſter deux heures, on doit être ſûr que le ſang ſera étanché.

Pour revenir au coup de Corne ; lorſqu’il eſt donné adroitement ſans que cet accident de l’Ail pilé, du Sel, & du Vinaigre & avec un tampon de linge attaché au bout d’un Bâton, en lui frottant bien tout le dedans des Lévres cicatrifiées & le dedans de la bouche. Quelques heures après il faut lui donner du Son mouillé, & après cela faites-le nourrir à ſon ordinaire. Ces trois deffauts ſuſdits n’arrivent ordinairement qu’aux jeunes Chevaux, les vieux en étant exemts, parcequ’ils ont le dedans de la bouche décharné & plus ſec que les jeunes.