La Porteuse de pain/I/VI
VI
Jacques Garaud avait passé une partie de la soirée au restaurant. À onze heures moins un quart il se retira et prit le chemin du pont de Charenton.
« Voici l’orage, murmura-t-il, mais qu’importe ? Si elle doit venir, ce n’est pas l’orage qui l’en empêchera. »
Arrivé au lieu du rendez-vous donné par lui à Jeanne, il se mit à marcher de long en large, dévoré par la fièvre de l’attente.
Onze heures sonnèrent. Aucun bruit de pas n’arrivait.
« Elle devrait être là ! se dit-il. Refuserait-elle de me suivre ?…
« Qu’elle vienne ou non, j’agirai ! Elle ne m’aime pas ! Elle me dédaigne peut-être ! Elle refuse la fortune ! Tant pis pour elle ! J’agirai quand même. »
De nouveau il s’interrompit ; puis, tressaillant, balbutia :
« Mais ma lettre… Si elle la montre ? Si on la trouve ? Que prouverait-elle, après tout, ma lettre ? Rien. D’ailleurs je prendrai mes mesures pour détourner les soupçons. Au lieu de partir dès demain, j’attendrai un mois, s’il le faut. »
L’orage était dans toute sa force. La pluie tombait avec une violence de cataracte. La demie après onze heures sonna.
« Allons, pensa le contremaître, Jeanne ne viendra pas. À mon amour elle répond par le mépris ! Eh bien, meure mon amour ! je ne veux plus penser qu’à la fortune. »
Et sous la pluie battante, Jacques quitta la tête du pont. En moins d’un quart d’heure, il atteignit la porte auprès de laquelle il s’était arrêté la nuit précédente pour prendre l’empreinte de la serrure. Tirant alors de sa poche un des petits instruments de fer fabriqués par lui, il l’introduisit dans l’ouverture.
La porte s’ouvrit. Il la poussa, fit deux pas en avant et se trouva dans la cour de l’usine. L’orage arrivait à son paroxysme. Jacques Garaud jeta un regard vers la loge de la gardienne. Il aperçut de la lumière à travers les vitres.
« Elle est là… fit-il d’une voix basse qui sifflait entre ses dents serrées. Elle rit en songeant que je suis là-bas, à l’attendre comme un niais, sous la tempête ! »
Jacques s’avança jusqu’à la réserve où le matin Mme Fortier avait placé ses bouteilles de pétrole. Il y en avait cinq. Le contremaître en prit quatre et se dirigea vers l’atelier des menuisiers. Il entra et jeta deux des bouteilles dans la cour, après avoir versé leur contenu sur les copeaux entassés et sur les amas de planches. Cela fait, muni des deux dernières bouteilles, il gagna le pavillon où se trouvait le cabinet de M. Labroue, pénétra dans ce cabinet en enfonçant la porte, et, après s’être assuré que le volet intérieur était fermé, il alluma une bougie.
Cinq minutes lui suffirent pour forcer la caisse et prendre le coffret contenant les plans de la machine perfectionnée ; il saisit ensuite les liasses de billets de banque, les entassa dans le coffret avec les plans, prit dans ses poches quelques rouleaux d’or, vida les deux dernières bouteilles de pétrole sur la parquet, sortit du cabinet, déposa le coffret dans le couloir et se dit :
« Aux ateliers d’abord, le feu ! Je reviendrai ensuite ici reprendre mes valeurs et achever ce qui me reste à faire. »
Il retourna vivement à l’atelier des menuisiers, fit craquer une allumette et la jeta au milieu des copeaux.
- *
M. Labroue avait quitté Saint-Gervais de manière à prendre le train qui devait le mettre à Paris à neuf heures cinq minutes du soir. Il n’avait point dîné avant de partir, aussi s’arrêta-t-il chez un restaurateur, voisin de la gare. Dans la salle, il se trouva en pays de connaissance. Des ingénieurs du chemin de fer, ses anciens camarades à l’École polytechnique, venaient de s’installer pour dîner. Bientôt la conversation fut des plus animées.
À onze heures et demie seulement M. Labroue quitta ses amis et se mit en quête d’une voiture qui le conduisit à Alfortville. En ce moment, nous le savons, l’orage se déchaînait. Les cochers se montraient récalcitrants. Enfin l’un deux consentit à marcher. La demie après minuit sonnait au moment où la voiture s’engageait dans Alfortville.
Le cocher s’orientait mal, tournait à droite quand il fallait tourner à gauche et perdait un temps précieux. L’ingénieur, impatienté, descendit du véhicule et régla sa course en disant :
« Je suis tout près de chez moi. »
Et il s’élança vers sa demeure. L’eau ruisselait sur ses vêtements. Il arriva en face de la porte de l’usine, tira de sa poche une clef, ouvrit, et sans s’arrêter traversa la cour pour se rendre à son pavillon. Jeanne avait entendu la porte se refermer.
« On est entré… murmura-t-elle. On marche dans la cour… »
Déjà elle s’élançait vers la porte de sa chambre. Georges s’accrocha d’une main à ses jupes en criant :
« Maman… maman… ne t’en va pas… J’ai peur…
– Je vais revenir, mon mignon.
– Non… non… j’ai peur… ne t’en va pas… Reste près de moi… »
Et plus que jamais l’enfant se cramponnait de la main droite à la robe de Jeanne, tandis que de la main gauche, il tenait son cheval de carton. Mme Fortier le prit dans ses bras, descendit, ouvrit la porte de la loge, et sortit dans la cour sous la pluie et regarda du côté du pavillon de M. Labroue.
Tout à coup une lueur rougeâtre et vacillante éclaira les ténèbres. Cette lueur venait des ateliers. Jeanne, épouvantée, se dirigea en courant vers les bâtiments de la fabrique. Vingt pas tout au plus la séparaient du pavillon, quand elle entendit d’une façon nette et distincte cet appel :
« À moi !… Au secours. »
Puis, immédiatement après, retentit dans le silence un cri terrible, un cri d’agonie. À ce cri, une sorte de râle succéda, puis plus rien. Jeanne ne ralentit point sa course. Bientôt elle atteignit le seuil du pavillon dont les fenêtres à leur tour s’éclairaient de lueurs ardentes. Une exclamation d’horreur s’échappa de ses lèvres. Elle apercevait dans le couloir Jacques brandissant un couteau et à ses pieds M. Labroue, étendu inanimé, sanglant. La jeune femme laissa son enfant glisser de ses bras.
« Misérable ! Assassin ! cria-t-elle. Je n’avais pas compris le sens de la lettre infâme ! Tu m’offrais de m’enrichir avec de l’or ramassé dans le sang ! misérable ! misérable ! »
Le contremaître bondit jusqu’à Jeanne.
« Ah ! tu comprends, à présent ! lui dit-il avec un cynisme effroyable. Mieux vaut tard que jamais ! Eh bien, suis-moi !
– Jamais !
– Si tu ne me suis pas volontairement, je t’y contraindrai.
– Jamais ! J’appellerai au secours.
– Tais-toi, ou je tue ton enfant ! Suis-moi, et hâtons-nous, car dans quelques instants tout va s’écrouler. »
Et le contremaître entraîna Jeanne et Georges dans la cour d’abord, puis dans la campagne, en passant par la petite porte voisine du pavillon. La jeune femme voulait crier.
« Mais tais-toi donc, insensée ! lui dit Jacques d’un ton impérieux. Tu appelles ceux qui t’accuseront bientôt !
– Moi ! moi ! M’accuser ! balbutia Jeanne.
– Oui… et les preuves ne manqueront pas ! Le pétrole que tu avais acheté a servi à mettre le feu. On retrouvera les bouteilles vides dans la cour. On t’accusera d’avoir tué M. Labroue, car toi seule pouvais savoir qu’il était rentré cette nuit, et d’ailleurs on se souviendra des menaces proférées par toi contre lui devant témoins. Combien de fois n’as-tu pas dit que cela ne lui porterait pas bonheur de t’avoir chassée ! Allons. »
Mme Fortier se sentait devenir folle. Le contremaître l’entraînait toujours. Jeanne répéta deux fois :
« Au secours ! »
Jacques la secoua si brutalement qu’il la fit tomber à genoux.
« Un mot de plus, dit-il, et ton fils est mort !
– Pitié !…
– Tais-toi !… et viens, nous serons riches.
– Non… non !… j’aime mieux mourir…
– Alors ! va-t-en, et tâche de disparaître, car je me suis arrangé pour que tout t’accable et tu te défendrais en vain contre l’évidence. Advienne que pourra. »
Et Jacques prit sa course à travers la plaine. Jacques Garaud, que nous avons quitté au moment où il venait de jeter une allumette enflammée sur les copeaux imbibés de pétrole de l’atelier de menuiserie s’était dirigé de nouveau vers le pavillon. Il avait ouvert le coffret déposé par lui dans le couloir, et glissé sur sa poitrine, entre sa chemise et sa chair, les liasses de billets de banque et les plans que contenait le coffret. C’était à ce moment que M. Labroue entrait dans la cour et que Jeanne entendait la porte se refermer derrière lui. L’ingénieur aperçut les premières lueurs jaillissant des ateliers. Il courut dans cette direction. Jacques mettait le feu au cabinet de son patron et jetait au milieu des flammes le coffret vide. M. Labroue vit la porte du pavillon ouverte, et devinant un crime, s’élança. Jacques allait sortir. Les deux hommes se trouvèrent face à face. Le contremaître, après ce qu’il avait fait déjà, ne pouvait plus s’arrêter. Il fallait désormais aller jusqu’au bout. Il tira de sa poche un couteau catalan et l’ouvrit.
« À moi ! au secours ! » cria l’ingénieur.
Jacques bondit. M. Labroue, frappé en pleine poitrine, tomba pour ne plus se relever. Jeanne était arrivée juste à ce moment. Nous savons le reste.
La malheureuse jeune femme que nous avons laissée à genoux dans la campagne, égarée, frémissante, regardait d’un œil agrandi par l’épouvante les flammes qui montaient toujours, et serrait contre sa poitrine son enfant à demi mort de frayeur.
Tout à coup, au loin, retentit la sonnerie vibrante d’un clairon. Dans plusieurs directions se fit entendre le cri : Au feu ! Ces cris se rapprochèrent. Jeanne se releva d’un mouvement brusque.
« Ah ! se dit-elle, je suis perdue ! Il a raison, ce misérable qui se venge de mes refus… On m’accusera… Mais !… je me justifierai… j’ai sa lettre… qui témoignera contre lui. »
Soudain la jeune femme porta les deux mains à son front, par un geste de folle, et poursuivit, éperdue, haletante :
« Sa lettre… mais je ne l’ai pas… Elle est restée là-bas… Ah ! j’irai la chercher… je la retrouverai… et je n’aurai plus rien à craindre de l’accusateur… J’aurai une arme pour me défendre… »
Jeanne allait s’élancer vers l’usine. À trente pas d’elle, elle vit un groupe d’hommes courir à travers champs, et le vent lui apporta les paroles suivantes :
« Je parie que c’est cette coquine de Jeanne Fortier qui a mis le feu. Ça ne pouvait pas finir autrement. La misérable a menacé devant moi M. Labroue !… »
Jeanne avait reconnu la voix du caissier Ricoux.
« Et je me laisserais accuser ainsi lorsque je peux me défendre ! pensait-elle. Non ! Non ! Cette lettre qui prouve mon innocence et le crime de Jacques Garaud, je vais la chercher. »
Jeanne approchait de la fabrique. Tout à coup, relevant la tête, elle s’arrêta terrifiée. Des flammes nouvelles se tordaient dans l’espace, partant d’un point qui n’était ni le pavillon, ni les ateliers. L’incendie poussé par le vent impétueux qui lui faisait franchir de grands espaces, dévorait la loge. Elle balbutia :
« Le feu ! le feu ! Cette preuve n’existe plus ! je suis perdue ! »
Alors, la tête égarée, aux trois quarts folle, la malheureuse femme tourna sur elle-même et s’enfuit à travers la campagne, emportant son enfant. Georges était presque évanoui, mais ses doigts raidis ne lâchaient pas le cheval de carton qui renfermait la précieuse lettre, preuve de l’innocence de sa mère.
L’usine de M. Labroue était située assez loin de toute habitation. Par un temps d’orage effroyable et à l’heure où l’incendie s’était déclaré, les secours devaient se faire attendre. Quand une compagnie arriva du fort de Charenton, avec quelques ouvriers de la fabrique, il était déjà trop tard pour combattre les progrès du feu. Toutes les portes étant fermées, on escalada les murailles d’enceinte avec des échelles. L’absence de la gardienne fut à l’instant remarquée. Une voix cria :
« Le feu est à la loge ! »
C’était la voix de Jacques Garaud. Le contremaître poursuivit :
« La malheureuse a brûlé l’usine et nous met tous sur le pavé, sans travail, pour se venger de M. Labroue. Allons, mes amis, au pavillon ! Sauvons la caisse.
– Oui !… oui ! sauvons la caisse, appuya Ricoux, qui venait d’arriver. Elle contient une somme énorme. »
Et tous se précipitèrent vers le pavillon en flammes. Comment Jacques se trouvait-il au nombre des gens qui venaient porter secours à l’usine incendiée par lui ? Le misérable ne voulait pas que la voix de Jeanne, si elle s’élevait pour l’accuser, pût être entendue et trouver créance. Mais, comme il s’enfuyait, la réflexion lui était venue, en même temps que le souvenir de la lettre qu’il avait écrite.
« À tout prix, il faut ravoir cette lettre », se dit-il.
Et, au lieu de continuer à fuir il avait rejoint sur la route les gens qui couraient en criant « Au feu ! » Il comptait entrer dans la loge de la gardienne, chercher et reprendre sa lettre, puis se joindre aux sauveteurs. En arrivant dans la cour il aperçut le logis de Jeanne en feu.
« Ma besogne est finie avant d’être commencée, murmura-t-il, le chiffon de papier compromettant n’existe plus. Il ne me reste qu’à me signaler par mon zèle, mon dévouement, mon courage, ce qui serait une triomphante réponse aux accusations de Jeanne, si elle avait l’impudence de m’accuser. »
Une idée diabolique lui traversait l’esprit au moment où nous venons de l’entendre crier :
« Sauvons la caisse !… »
Il bondit dans le couloir où se trouvait le corps de M. Labroue, et poussa une exclamation d’horreur.
« Un cadavre ! » fit-il ensuite.
Puis, soulevant le corps de sa victime, il s’élança hors du pavillon et déposa son fardeau sinistre sur les pavés de la cour. Le caissier recula terrifié, en balbutiant :
« Mais c’est le patron ! Le patron sanglant !… assassiné !… »
Jacques n’écoutait pas. Il avait bondi pour la seconde fois au milieu des flammes. Deux secondes s’écoulèrent ; alors à l’intérieur sa voix s’éleva, faible, méconnaissable.
« Je suis dans le cabinet… près de la caisse ! disait cette voix. J’étouffe !… je meurs !… à moi !… »
Une infranchissable muraille de feu se dressait maintenant entre les sauveteurs et l’entrée du couloir. Tout à coup un craquement effroyable se fit entendre… La toiture s’écroulait sur le premier étage, qui s’effondrait sur le rez-de-chaussée.
La foule poussa une longue clameur.
« Jacques est enseveli sous les décombres enflammés… »
Néanmoins on fit une tentative pour avancer, mais l’immense foyer ne permettait plus de pénétrer dans le pavillon. Les murailles elles-mêmes s’écroulaient. En ce moment arrivèrent les pompes de Maisons-Alfort et de Charenton. Trop tard, même pour un sauvetage partiel !
Le caissier Ricoux allait et venait au milieu de la foule gesticulant comme un fou, et répétant :
« C’est cette coquine qui a mis le feu ! C’est elle qui a assassiné M. Labroue ! c’est elle, la cause de la mort de Jacques ! ».
Le commissaire de Charenton était arrivé en même temps que les pompiers. Il entendit les paroles prononcées par Ricoux et, s’avançant vers lui, demanda :
« Vous accusez quelqu’un d’avoir mis le feu !… Vous parlez d’un assassinat commis ?
– Oui, monsieur. Venez… »
Et Ricoux, entraînant le commissaire vers le point de la cour où se trouvait déposé le cadavre de l’ingénieur, ajouta :
« Voici la victime. Regardez ! »
Le magistrat constata la mort de l’ingénieur et reprit :
« Qui accusez-vous ?
– La gardienne de la fabrique.
– Son nom ?
– Jeanne Fortier.
– Sur quoi basez-vous votre accusation ?
– On l’a cherchée partout, elle est introuvable, ce qui prouve bien qu’elle a pris la fuite après avoir allumé le feu. Du reste elle avait acheté du pétrole pour commettre le crime qu’elle préméditait.
– Mais, le mobile de ce crime ?
– Avant-hier M. Labroue, mécontent de la manière dont elle s’acquittait de son emploi, lui avait donné son compte. Elle devait partir dans huit jours…
– Et vous dites qu’il y a une autre victime ? Qui ?
– Le premier contremaître de la fabrique. Un bon et brave garçon plein de mérite, nommé Jacques Garaud. Il a voulu sauver la caisse au péril de sa vie, et il est enseveli sous les poutres enflammées ! Ah ! gredine de femme !
– Reste-t-il une partie du bâtiment encore debout où l’on puisse déposer provisoirement le cadavre de M. Labroue ?
– Oui, monsieur. Les écuries et les remises sont intactes.
– Eh bien, qu’on y porte ce corps… »
Quelques hommes emportèrent la dépouille mortelle de l’ingénieur dans le bâtiment que la direction du vent avait soustrait à l’action des flammes. Le commissaire reprit :
« Une enquête va être faite ; je la commencerai, et cette nuit même j’avertirai M. le procureur impérial. Donnez-moi tous les renseignements nécessaires pour dresser procès-verbal.
– À vos ordres, monsieur, répondit le caissier.
– Un mot d’abord. M. Labroue n’était point marié ?
– Il était veuf et père d’un enfant.
– Avait-il de la famille à Paris ?
– À Paris, je ne le crois pas. M. Labroue n’avait qu’un fils, et une sœur, Mme veuve Bertin, habitant un village à côté de Blois. L’enfant, qui est tout jeune, vit auprès de sa tante. M. Labroue a reçu avant-hier une dépêche de sa sœur, lui annonçant que le petit Lucien était malade. Il est parti sur-le-champ et ne devait rentrer que demain soir ou après-demain matin.
– Comment alors expliquez-vous sa présence ici cette nuit ?
– Le patron avait beaucoup de travaux qui réclamaient de sa part une surveillance active. Voyant sans doute que la maladie de son fils n’offrait aucune gravité, il sera revenu.
– Vous connaissez l’adresse exacte de la sœur de M. Labroue ?
– Oui, monsieur.
– Voulez-vous vous charger de l’avertir. Mais une lettre mettrait trop de temps. Envoyez une dépêche. »
On avait étendu le corps sanglant de M. Labroue dans un coin de la remise sur des bottes de paille. Une couverture de laine recouvrait son corps. Le commissaire écrivit à la hâte quelques lignes au procureur impérial du département de la Seine et il expédia à Paris, au palais de justice, son secrétaire qui était venu le rejoindre, puis il commença l’enquête sommaire qui devait précéder celle du juge d’instruction.