La Sève (Émile Van Arenbergh)

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Parnasse de la Jeune BelgiqueLéon Vanier, éditeur (p. 25).


La Sève


Au fond d’une aube rouge, où son corps de soleil
Semble faire le jour dans du sang et des roses,
Vénus victorieuse apparaît : un réveil
Court en frissons d’amour jusqu’à l’âme des choses.

Et dans l’air on aspire on ne sait quoi d’heureux ;
Sous le ciel rajeuni flotte une ivresse d’être,
Et l’on voit vers les bois les couples amoureux,
Enlacés, parlant bas, à pas lents disparaître…
 
Tout aime : c’est l’avril, et le vent parfumé
Halète avec langueur ainsi qu’un sein pâmé ;
La poussière elle-même engendre dans la tombe.

C’est Vénus qui descend ! et, dans l’or clair du jour,
Ses pieds blancs de déesse avancent tour à tour
Avec cette douceur d’une neige qui tombe.