La Santé des enfants/3

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Libraire Hachette et Cie (p. 50-58).


III

MANIÈRES DE PRÉPARER ET D’APPLIQUER QUELQUES REMÈDES


manière de faire de l’eau panée.


Mettez de l’eau au feu dans un pot de terre ; quand l’eau commencera à bouillir ; jetez dedans quelques croûtes de pain ; laissez bouillir dix minutes et passez ensuite dans un linge blanc, en pressant un peu.


Eau panée plus nourrissante.


Prenez quatre onces environ de mie de pain, mettez-la dans une mousseline claire que vous nouerez sans serrer du tout ; mettez dans un pot de terre, contenant quatre à cinq verres d’eau ; faites bouillir pendant un bon quart d’heure ; retirez du feu, pressez le sac de mousseline avec une cuillère ; retirez-le, sucrez l’eau panée avec du sucre et mêlez chaque fois que vous en donnez à l’enfant.


manière de faire diverses tisanes,


Eau de riz. Prenez une poignée de riz ; versez dessus de l’eau bouillante ; mettez au feu ; aussitôt que l’eau commencera à bouillir, jetez-la en laissant le riz au fond. Versez d’autre eau et faites bouillir pendant un bon quart d’heure. Passez ensuite dans un linge blanc.

Eau d’orge. Même procédé.

Eau de gruau. Même procédé, sauf qu’il ne faut pas jeter la première eau, le gruau n’ayant pas l’âcreté du riz et de l’orge.

Eau de gomme. Mettez deux tiers d’eau froide dans une carafe ; mettez-y ensuite 1 once ou 40 grammes de gomme en morceaux ; secouez bien ; au bout de cinq minutes, l’eau de gomme est faite ; remplacez à mesure l’eau que vous prenez, et secouez chaque fois que vous en remettez et que vous en ôtez ; quand la gomme est presque toute fondue, remettez-en une demi-once et continuez ainsi tant que vous en avez besoin.


manière de faire les cataplasmes.
Cataplasme camphré.


Préparez un mouchoir ployé en fichu ; mettez entre deux un morceau de taffetas gommé.

Prenez de la farine de graine de lin ; ayez une casserole ou terrine, de l’eau bouillante et une cuillère en bois.

Versez dans la terrine ou casserole la quantité de farine de graine de lin nécessaire pour vos cataplasmes. Versez dessus, petit à petit, de l’eau bouillante, en ayant soin de bien mêler ; versez-en jusqu’à ce que vous ayez une bouillie assez épaisse.

Étendez ensuite sur le linge préparé la quantité suffisante pour couvrir la plante des pieds ou les mollets, en ayant soin de ne pas en mettre jusqu’au bord du linge.

Saupoudrez d’une forte pincée de camphre en poudre.

Pour pouvoir piler le camphre, il faut en prendre un morceau gros comme une noisette, verser dessus deux ou trois gouttes d’esprit-de-vin ou d’eau de Cologne ; il s’écrasera ensuite comme du sucre.

Posez sous la plante du pied ou bien sur le mollet ; mais assurez-vous que le cataplasme ne soit pas trop chaud ; appliquez-y à cet effet soit votre joue, soit le revers de la main.

Rebroussez sur le pied la pointe du fichu ; enveloppez avec les deux bouts que vous renouerez à la cheville.


Cataplasme sinapisé.


Faites comme le précédent, avec la différence que vous mettez une cuillerée de farine de moutarde contre trois cuillerées de farine de graine de lin, et que vous mêlez le tout ensemble en versant l’eau bouillante.


manière de poser les sangsues.


Les sangsues doivent être sorties de l’eau deux heures avant d’être posées, et mises dans un verre ou une tasse recouverte d’un chiffon de toile bien attaché autour du verre, pour qu’elles ne puissent pas en sortir.

Le papier ne vaut rien, parce que les sangsues le détrempent et s’échappent.

Mettez les sangsues sur une serviette ; essuyez-les et mettez-les dans une ventouse ; à défaut de ventouse, dans un verre à liqueur ou autre verre de cristal de cette capacité.

Appliquez immédiatement sur la place où elles doivent mordre.

Si elles ne prennent pas tout de suite, enlevez le verre, frottez légèrement la place où elles doivent prendre avec l’eau sucrée ou du lait également sucré.

Si elles refusent encore de prendre et qu’on puisse avoir une pomme, coupez-la en deux, évidez-la pour en former une tasse, mettez les sangsues dedans ; elles prendront promptement par horreur pour la pomme.

Ayez du sel près de vous et deux cuvettes ; à mesure que les sangsues tombent, mettez-les dans une cuvette et saupoudrez-les de deux ou trois pincées de sel, pour les faire dégorger ; quand elles ont rendu le sang qu’elles ont pris, mettez-les dans une cuvette d’eau fraîche ; au bout de quelques minutes remettez-les dans le bocal où elles ont l’habitude de vivre.

Si les sangsues, après s’être remplies, restent trop longtemps attachées, c’est-à-dire plus de vingt minutes, saupoudrez-les légèrement de sel ; elles tomberont presque immédiatement.

Il faut changer l’eau des sangsues tous les jours ; ne leur donnez pas d’eau de puits ; elles ne tarderaient pas à mourir.


manière d’arrêter l’hémorragie des sangsues


Quand les ouvertures faites par les sangsues saignent trop longtemps, prenez un petit tampon de ouate, mettez dessus une pincée de poudre de colophane et appliquez le tampon sur les trous qui saignent ; maintenez avec les doigts en appuyant un peu fortement.

Si au bout de cinq minutes le sang est arrêté, levez doucement le doigt, mais sans détacher la ouate, et maintenez-la par une serviette ou un linge quelconque.

Si le sang continue à couler sous le tampon, levez-le, prenez une grosse pincée de poudre de colophane, mettez-la sur la piqûre et posez vivement dessus le bout du doigt ; maintenez-le sans bouger en appuyant un peu pendant cinq minutes ; si le sang ne coule plus, ayez un tampon de ouate recouvert de poudre de colophane, levez doucement le doigt de dessus la piqûre, sans décoller la colophane, et replacez immédiatement le coton, que vous fixerez avec un linge quelconque.

Les chiffons brûlés, les toiles d’araignées, ne valent pas la ouate.

S’il y a plusieurs piqûres qui saignent, vous appliquerez autant de doigts qu’il y a de piqûres, après avoir déposé sur chacune une bonne pincée de poudre de colophane. Si ces moyens sont insuffisants, il faut sans plus tarder appeler un médecin.


manière de faire prendre les bains de pieds.


Bain de pieds de savon.


Prenez un seau pour bain de pieds, versez-y de l’eau chaude, prenez un quart de livre ou 125 grammes de savon blanc ; grattez-le avec un couteau jusqu’à ce que tout soit réduit en tout petits morceaux. Faites tomber à mesure dans l’eau chaude, mêlez ensuite avec un bâton. Quand le savon est fondu, remplissez le bain aux deux tiers au plus avec de l’eau froide et chaude ; pour vous assurer que le degré de chaleur est suffisant, plongez-y votre avant-bras ; il faut que vous puissiez l’y maintenir sans être incommodé de la chaleur.

Plongez-y doucement les pieds de l’enfant ; s’il se plaint de la chaleur, ajoutez de l’eau froide, quand même vous trouveriez le bain chaud à point. La peau des enfants, et de certains enfants, est, à cause de son extrême finesse, plus sensible que la nôtre aux influences du chaud et du froid.

Si vous faites crier l’enfant, le sang se portera à la tête, à la gorge, et vous lui ferez plus de mal que de bien avec le bain de pieds que votre obstination aura maintenu trop chaud.

Quand l’enfant a les pieds dans l’eau, couvrez le seau, les jambes et les cuisses avec une serviette, pour maintenir la chaleur.

Réchauffez le bain toutes les deux ou trois minutes, en ayant bien soin de mettre votre main entre les jambes de l’enfant et l’eau que vous versez, afin de ne pas l’échauder.

Si l’enfant se trouve bien du bain, continuez-le pendant quinze ou vingt minutes au plus.

Ayez deux serviettes chaudes, en coton, pour essuyer les pieds, et enveloppez-les vite de crainte de refroidissement.

Si l’enfant se recouche, mettez d’avance dans son lit une bouteille d’eau bien chaude.


Bain de pieds de moutarde.


Même procédé, sauf qu’il faut verser 125 grammes ou un quart de livre de farine de moutarde dans l’eau, un instant avant de mettre les pieds de l’enfant dans le bain, et ne pas prolonger le bain au delà de huit ou dix minutes.


Bain de pieds de sel et de vinaigre.


Même procédé. Faites fondre deux grosses poignées de sel dans le bain de pieds, cinq minutes avant d’y mettre les pieds de l’enfant, et versez un verre de vinaigre au moment du bain.


Bain de pieds de cendre.


Si vous n’avez ni moutarde, ni sel, ni vinaigre, prenez une grosse pelletée de cendre tamisée, mettez-la dans un torchon, nouez, en ne serrant pas la cendre ; mettez dans le bain de pieds, pressez à plusieurs reprises la cendre, pour en extirper tout le sel, et laissez-la dans l’eau pendant la durée du bain.


manière de placer les ventouses.


Prenez une ventouse ; si vous n’avez pas de ventouse, un verre à bordeaux ou à madère, mettez au fond quelques gouttes d’esprit-de-vin, allumez avec une allumette ou un chiffon de papier ; quand l’esprit-de-vin est enflammé, appliquez immédiatement la ventouse ou le verre sur la partie où vous devez les mettre, et laissez quelques minutes. Ayez soin d’agir promptement, pour ne pas donner aux parois du verre le temps de s’échauffer, ce qui causerait une brûlure au moins inutile.

Quand vous voudrez retirer la ventouse, penchez-la légèrement de côté, appuyez avec votre doigt sur la peau du côté opposé, pour faire entrer l’air dans la ventouse ; elle se détachera immédiatement.

On peut appliquer deux, trois, quatre ventouses à la fois ; mais c’est un peu douloureux à cause de la tension de la peau.


bouteille d’eau bouillante pour les pieds.


Prenez un cruchon ou une bouteille de grès, remplissez d’eau presque bouillante, bouchez solidement. Ployez une serviette en fichu, roulez-la autour de la bouteille, renouez les deux bouts du fichu de manière à maintenir le bouchon, et mettez dans le lit en ayant soin de ne pas faire toucher aux pieds de l’enfant, de crainte de le brûler.

Renouvelez l’eau chaude toutes les cinq ou six heures.


remèdes qu’il faut toujours avoir.


1. Émétique, en petits paquets d’un grain chacun. (Se garde indéfiniment.)

2. Sirop d’ipécacuanha ; trois onces. (Demande à être gardé dans un endroit frais ; doit se remplacer quand il est fermenté ; on s’aperçoit de la fermentation quand il se forme de la mousse au-dessus et lorsqu’en ouvrant le bouchon il s’échappe une petite vapeur.)

3. Huile de ricin. (Rancit au bout de quelques mois ; on s’en aperçoit à la couleur jaune et à l’odeur rance.)

4. Eau de Pagliari pour les hémorragies. (Se garde indéfiniment dans un flacon avec un bouchon de cristal.)

5. Camphre, dans un bocal bien bouché. (Se garde jusqu’à évaporation.)

6. Farine de graine de lin pour cataplasmes. (Rancit au bout d’un an environ.)

7. Graine de lin pour lavements. (Se garde indéfiniment.)

8. Farine de moutarde pour sinapismes. (S’évente si elle n’est pas bien enfermée.)

9. Têtes de pavot, pour cataplasmes ou lavements. Se
gardent
indéfiniment.
10. Papier Fayard pour les brûlures, écorchures, coupures.
11. Feuilles de belladone.
12. Fleurs de violettes.
13. Fleurs de tilleul.
14. Savon blanc pour bains de pieds et brûlures. (2 livres.)
15. Gruau. (1 livre.)
16. Orge. (1 livre.)
17. Riz. (1 livre.)
18. Gomme. (Une demi-livre.)
19. Taffetas gommé. (50 centimètres.)
20. Ouate en feuilles, sans gomme. (12 petites feuilles.)
21. Flanelle.
22. Ventouses. (4.)
23. Cruchon de grès, pour l’eau bouillante.
24. Sangsues. (6.)
25. Teinture d’arnica, pour les chutes et les coups. (2 onces.)
26. Alcali volatil. (Un flacon avec un bouchon de cristal.)



FIN.