La Science pratique des filles du monde/40

La bibliothèque libre.
s. n. (p. 120-122).
◄  XXXIX.

vignette 40
vignette 40

QUARANTIÈME MANIÈRE.

À l’improviste,
ou manière de coiffer un mari.

Il existe une foule de maris dans Paris et dans les départemens qui ne bandent plus, qui ne baisent plus leurs femmes, et dont le con se fermerait, s’il ne se trouvait pas des fouteurs charitables et des vits complaisans qui viennent leur bassiner le cul avec du foutre, et rompre le jeûne auquel des couillons d’époux, condamnent ces malheureuses sans songer si cela leur convient, et ne compromet pas leur santé et même leur existence.

Ce qu’il y a de mieux encore, c’est que ces fouteurs économiques sont jaloux, qu’ils ont toujours les yeux et les oreilles au guet, et qu’il faut saisir l’occasion aux cheveux, pour tirer un coup à la dérobée. Tantôt c’est pendant qu’il est à la cave, que l’ami de la maison baise la dame sur la trappe, tantôt c’est lorsqu’il a oublié de fermer la lucarne du grenier, que la princesse se bouche le con, enfin ces infortunés sont toujours à l’affut.

Les jours ou monsieur se fait friser ou raser, sont des époques de promission. Messieurs les coiffeurs et barbiers sont ordinairement très-bavards, ils content des gaudrioles, les nouvelles du quartier. Pendant que le mari écoute ses rebus la femme prépare le déjeûner, l’ami fouteur est là, elle le prie de lui aider à apporter la table et les assiettes, il y consent, on passe dans la cuisine, on remue les assiettes, on fait du bruit, on parle, mais les mains vont leur train ; on déboutonne le pantalon, on bande, le vit paraît, on trousse la dame. Écoutez ce qu’il m’est arrivé :

Une femme fort honnête,
Qui me faisait les yeux doux.
Me dit un jour en cachette,
— Viens sans craindre mon jaloux :
Tandis qu’il fait sa toilette
Et qu’on frise ses cheveux,
Fous-moi bien vite en levrette,
Vas j’aurai sur lui les yeux.

Moi qui vois que le tems presse,
Je me rends à ses désirs
Et redoublant de vitesse,
J’accélère nos plaisirs.
Nous déchargeons, et Justine,
Me dit d’un ton étouffé,
— Vite retire ta pine,
Car mon époux est coiffé.

FIN.