La Suite de l’Adolescence Clémentine/Les Oraisons

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Les Œuvres de Clément Marot
Texte établi par Georges Guiffrey,  (p. 418-420).

L’Oraifon de Nostre Seigneur Jesuchrist.

Pere de nous, qui es là hault es Cieulx,
Sanctifié soit ton nom precieux:
Advienne tost ton sainct Regne parfaict:
Ton vueil en Terre, ainsi qu'au Ciel, soit faict:
A ce jourd'huy sois nous tant debonnaire,
De nous donner nostre pain ordinaire:
Pardonne nous les maulx vers toy commis,
Comme faisons à tous nos Ennemys:
Et ne permectz en ce bas Territoire
Tentation sur nous avoir victoire:
Mais du Maling cauteleux, et subtil
Delivre nous. O Pere ainsi soit il.


La Salutation angelique.

Benoiste soit celle incarnation
Du hault des Cieulx icy bas annoncée
Pour nos Salutz, en salutation
Qui fut ainsi par l'Ange prononcée.


Resjouys toy Vierge Marie
Pleine de grâce abundamment:
Le Seigneur, qui tout seigneurie,
Est avec toy divinement.
Benoiste certes tu es entre
Celles dessoubz le Firmament,
Car le fruict, qui est en ton Ventre,
Est benist eternellement.

Les articles de la Foy.

Je croy en Dieu le Pere tout puissant,
Qui crea Terre, et Ciel resplendissant :
Et en son Filz unique Jesuschrist
Nostre Seigneur, conceu du Sainct Esprit :
Et de Marie entiere Vierge né :
Dessoubz Pilate à tort passionné :
Crucifié, mort en croix estendu :
Au Tumbeau mis, aux Enfers descendu :
Et qui de mort reprint vie au tiers jour :
Monta lassus au Celeste sejour,
Là où il sied à la Dextre du Pere,
Pere Eternel, qui tout peult, et tempere :
Et doibt encor’de là venir icy,
Juger les Mortz, et les Vivans aussi.
Au Sainct Efprit ma ferme foy est mise ;

Je croy la saincte & catholique eglise
Estre des sainctz & des fidèles une
Vraye union, entre eulx en tout commune ;
De noz péchez pleine remission,
Et de la chair la resurrection ;
Finablement, croy la vie éternelle.
Telle est ma foy, & veulx mourir en elle.


Grâces pour un enfant.
Vers alexandrins.

Nous te remercions, nostre Pere celeste,
Du repas, qu'avons pris, aussi de tout le reste,
Soit des biens, soit des maulx. Messieurs, bon prou vous fasse!
Priez Dieu, qu'il me doint de bien croistre la grâce
A la gloire de luy, au proffit de mon Proche,
Tant que sus mes Parentz il n'en tombe reproche.