La Terre de Chauvirey/Terre de Chauvirey

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TERRE DE CHAUVIREY.

Les Chauvirey, situés au comté de Bourgogne, sur la frontière de la Champagne, et peu éloignés de la Lorraine étaient le centre d'une terre fort étendue qui comprenait : Chauvirey-le-Vieil, Chauvirey-le-Châtel, Vitrey, Ouge et Betoncourt-sur-Mance. La Quarte, qui depuis en a fait aussi partie, n'existait pas anciennement, bien que son territoire actuel dépendît, dès lors de la terre ; ce village, qui d'abord s'appela aussi Les Loges, n'a commencé à s'établir que dans les premières années du 16e siècle, par le défrichement de quatre cents arpents de bois dépendant de la portion de seigneurie qui appartenait alors aux d'Haraucourt.

Quelques-uns ont prétendu néanmoins que Betoncourt n’aurait fait partie de la terre à aucune époque, et qu'il en serait de même quant à Chauvirey-le-Vieil antérieurement à la vente qu'en fit Colart Du Chastelet à Claude d'Haraucourt. Mais cette double erreur n'a pu être commise que par des gens qui se sont contentés de consulter des titres trop récents ; ceux qui ont pris la peine d'étudier les titres et les documents plus anciens ne peuvent la partager ; aussi est-elle repoussée par Dunod, comme on le verra plus tard, en ce qui concerne Chauvirey-le-Vieil. Quant à Betoncourt, il a dû être détaché de la terre en même temps que Chauvirey-le-Vieil, bien que Dunod n'en parle pas, c'est-à-dire par le mariage d'Oudette de Chauvirey avec Erard Du Chastelet. En effet Renaud et Philibert Du Chastelet, leurs fils et petit-fils, étaient seigneurs de Betoncourt[1], et ne peuvent l'avoir été qu'à titre d'héritiers d'Oudette ; d'autant mieux qu'aucun des Du Chastelet n'avait eu cette qualification avant eux. En outre les habitants de Betoncourt avaient, comme ceux de Chauvirey-le-Vieil conservé le droit de retraite en temps de guerre au Château-Dessous de Chauvirey-le-Châtel, et ce droit ne pouvait évidemment provenir aux uns et aux autres que d'une origine commune avec les divers sujets de la terre. Aussi Colart Du Chastelet, dans son dénombrement donné en 1500, dit-il que ce droit leur avait été assuré dans le traité de mariage de sa bisaïeule[2]. Enfin dans un traité dont il sera parlé à l'article de Gérard Ier, on voit clairement que ce Gérard était seigneur de Betoncourt. On doit donc restreindre l'opinion dont il s'agit à ce qui est postérieur au mariage d'Oudette ; à dater de cette époque, en effet, Betoncourt ne fit plus jamais partie de la terre de Chauvirey, et Chauvirey-le-Vieil n'y fut réuni plus tard que par la vente de Colart Du Chastelet à Claude d'Haraucourt. C'est à tort que quelques-uns ont prétendu que cette acquisition aurait été faite par Claude de Faulquier sur Colart Du Chastelet ou sur ses héritiers ; c'est Colart lui-même qui a vendu, et il était mort avant que les Faulquier fussent établis à Chauvirey.

Le mot Chauvirey est d'origine celtique : il se compose des syllabes chau, pour chol ou chod, qui signifient élévation, montagne, vir, qui signifie ville, habitation, et ei ou ey, qui signifient eau, rivière[3], et la position des deux villages qui portent le nom de Chauvirey est en rapport avec la signification des mots celtiques dont il est dérivé ; en effet tous deux sont situés sur des élévations, et ils sont séparés par une petite rivière appelée l’Ougeotte.

La terre de Chauvirey était de fief, et non d'arrière fief ; ses seigneurs relevèrent dès le principe des comtes de Bourgogne, qui, souverains eux-mêmes, ne relevaient de personne, et depuis ils relevèrent directement, du roi comme comte de Bourgogne au même titre que toutes les plus grandes maisons de Franche-Comté, telles que Vergy, Bauffremont, Choiseul, Achey, Ray, Oiselet, Rougemont, Vienne, Vaudrey, Andelot, etc. etc. [4] Dans un dénombrement donné en 1294 des fiefs relevant directement des comtes de Bourgogne, on trouve : « Li sires de Chauvirey, Chauvirey et la terre toute[5]. »

Cette terre n'eut jamais d'autres possesseurs que la maison de Chauvirey, tandis que presque toutes celles du voisinage, soit en Franche-Comté, soit même en Champagne et en Lorraine, ont, à une époque ou à une autre, appartenu aux Vergy, même celles qui, avant ou après, furent possédées par les plus grandes familles. Cette maison de Vergy posséda, notamment autour de Chauvirey, Morey[6], Preigney, Charmes-Saint-Valbert, Cintrey, Lavigney, Molay[7], la Rochelle, Bourguignon, Saint-Julien, Suaucourt, etc. etc. Ces différents villages ainsi qu'environ soixante autres dépendaient de la terre de Fouvent ; les principales terres des Vergy en Franche-Comté furent d'abord Autrey, puis Fouvent, et ensuite Champlitte, et ils firent successivement leur résidence dans les châteaux forts de ces diverses terres. Si l'on était curieux de quelques détails à cet égard, et que l'on ne voulût pas recourir à l'histoire de la maison de Vergy, on pourrait consulter l’Essai historique sur l’arrondissement de Gray par J.-B. Dornier[8] ; on y trouve aussi des renseignements sur la fable de Gabrielle de Vergy[9].

Peu de terres furent chargées envers leurs seigneurs d'autant de droits divers que celle de Chauvirey, surtout dans les premiers temps ; car plus tard quelques-uns tombèrent successivement en désuétude ou n'eurent plus de raison d'être, et d'autres furent, à diverses époques, abandonnés par les seigneurs.

Ces droits étaient de deux sortes, honorifiques et utiles.

Ceux honorifiques consistaient notamment en haute, moyenne et basse justice ; — nomination des juge, scribe, procureur fiscal ou d'office, sergent chargés de rendre la justice au nom du seigneur ; — nomination du curé de Chauvirey-le-Vieil et des chapelains chargés du service des chapelles particulières dans les diverses églises ; — bancs seigneuriaux dans ces mêmes églises ; — eau bénite, encens ; — pain bénit ; — nominations dans les prières publiques ; — places réservées aux processions ; — ceinture funèbre ; — sépulture dans les églises ; — révérence des nouveaux mariés, etc. etc. [10].

Le signe patibulaire indicatif de la haute justice était anciennement dressé en avant du bois de Charaumont[11] ; mais on avait depuis longtemps négligé de l'entretenir, et il n'existait déjà plus bien antérieurement à 1789.

Les droits utiles comprenaient principalement ceux de chasse, pêche, bois, rivières, eaux, cours d'eau ; — ban, arrière-ban, guet, garde, sergents, forestiers, messiers-banvards[12] ; — fief, arrière-fief, mainmorte, for-mariage[13], échutes, épaves, amendes, scel, directe, retrait féodal, lods et ventes, retenue, étalons pour les poids et mesures ; — indire-aide pour les quatre cas de la coutume[14] ; — dîmes diverses en nature et en argent, tailles, cens, rentes, pains de sel[15] ; — moulins et fours banaux, franc-paton, volailles diverses[16] ; — grains, corvées de voitures, charrues, chemins, journées aux fauchaison, fenaison, moisson ; — pionnage[17], rouage et ventes[18] aux foires de Chauvirey-le-Châtel, ainsi qu'aux marchés qui s'y tenaient tous les mercredis.

Les seigneurs avaient droit aussi « à toutes les langues de grosses bêtes qui se tuent rière la seigneurie et s'exposent en vente, comme à toutes celles des bêtes portant laine, dont les fressures et gruottes appartiennent à la fabrique de l'église paroissiale. »

Quelques-uns des droits ci-dessus énumérés s'exerçaient sur tous les sujets de la terre, d'autres sur une partie seulement d'entre eux ; puis les seigneurs accordaient assez facilement des affranchissements partiels. Il y avait aussi des cas d'exemption ; comme par exemple, en ce qui regardait les journées de fenaison et moisson, « étaient excusables les femmes gyssantes et accouchées[19]. »

Bien qu'on ne sache rien sur l'époque précise de la fondation des deux villages qui portent le nom de Chauvirey, il est certain toutefois que Chauvirey-le-Vieil existait antérieurement à Chauvirey-le-Châtel, et qu'il n'a pris cette qualification de le-Vieil que lorsqu'un nouveau village s'est formé à côté de lui et sous la même dénomination. C'est Chauvirey-le-Vieil qui a donné son nom à l'ancienne et illustre maison de Chauvirey, ainsi que le dit dom Grappin[20], et il est probable que c'est au contraire un membre de cette famille qui, en construisant un nouveau château autour duquel s'est formé le second village, aura donné son nom à celui-ci, avec la désignation de le-Châtel, pour le distinguer de l'ancien. Au surplus, que ce soit là l'origine du second village, ou bien qu'il ait été déjà fondé avant que les seigneurs de Chauvirey fussent connus, c'est ce qu'il ne paraît guère plus utile que possible d'éclaircir aujourd'hui.

Mais les habitants de Chauvirey-le-Vieil ne bornent pas à si peu leurs prétentions. Suivant une tradition ancienne qui s'est perpétuée soit parmi eux, soit même parmi leurs voisins, Chauvirey-le-Vieil aurait été jadis une ville, et une ville importante. On en trouve la preuve, disent-ils, dans d'anciens titres et d'anciennes cartes géographiques ; mais rien n'autorise à regarder cette tradition comme fondée. En effet, quant aux titres, le seul connu sur lequel on pourrait la baser serait le dénombrement donné en 1500 par Colart Du Chastelet, qui dit : « de la seigneurie entière, ville, finage et territoire de Chauvirey-le-Vieil ; — item que j'ai la haute et basse justice en toute ma ville de Chauvirey-le-Vieil, et fief des choses que dessus. » D'abord ce titre ne peut guère dans une pareille question être qualifié ancien, et surtout il ne saurait prévaloir contre l'état assigné antérieurement à Chauvirey-le-Vieil depuis un assez grand nombre de siècles, sans que rien ait contesté cet état ; puis chacun sait que dans le vieux langage ce mot ville, qui vient du latin villa, n'avait d'autre signification que celle de ce dernier mot, c'est-à-dire maison de campagne ou habitation. Quant aux cartes géographiques, on paraît attacher beaucoup d'importance à ce que de très anciennes, dit-on, auraient indiqué Chauvirey-le-Vieil sous la dénomination de Cavalier-la-Ville. M. l’abbé Gatin, curé d'Héricourt, et qui est né à Chauvirey-le-Vieil, insiste particulièrement sur cette circonstance, qu'il veut bien appeler une preuve ; mais n'est-il pas à craindre que son patriotisme l'ait égaré et lui ait fait négliger sur cette question sa manière habituelle d'étudier l'histoire et la géographie ? Il est, ce semble, très facile de prouver que l'indication donnée par les cartes dont il s'agit n'a aucune valeur quelconque, pas plus quant à l'appellation de Cavalier, dont on prétend pourtant tirer des conséquences, que relativement à celle de ville. D'abord il n'est pas exact d'annoncer ces cartes comme très anciennes ; puis les deux villages y étant désignés sous ce nom de Cavaliers au lieu de Chauvirey, il n'y a, pour l'un des deux pas plus que pour l'autre, rien absolument à conclure de cette substitution qui ne prouve que l'ignorance complète des auteurs de ces cartes, ignorance que l'on démontrera tout à l'heure. Il en est de même pour les mots la-Ville, qui sont évidemment le résultat d'une faute de copiste qui aura mal lu ou mal compris, et les aura mis au lieu de ceux de le-Vieil employés dans tous les titres contemporains de ces cartes, aussi bien que dans ceux plus anciens ou plus récents. On a consulté à ce sujet toutes les cartes qui se trouvent à la Bibliothèque impériale, et quelques autres encore que l'on a pu se procurer ailleurs, et voici ce qui est résulté de ce minutieux examen : parmi celles antérieures au 17e siècle, la plupart sont à une trop petite échelle pour qu'on y trouve les Chauvirey ; mais, soit pour celles plus anciennes, soit pour celles faites pendant le 17e siècle, à l'exception de quatre dont il sera question ci-dessous, toutes celles où ces villages sont indiqués les donnent sous les noms de Chauvirey-le-Vieil et Chauvirey-le-Chastel, ou simplement les Chauvirey. Abraham Ortelius, dans son Theatrum orbis terranim (1595), ne donne qu'un seul village sous le nom de Chavirey. La carte de Maurice Tissot[21], publiée en latin en 1626 et en français en 1674, porte Chauvirey-le-Vieil ; la même désignation se trouve dans une carte dédiée à Jules Chifflet, abbé de Balerne, intitulée : Liberi Dargundiæ comitatus nova Descriptio (1659) ; elle est la même aussi dans la géographie Blaviane, (1663) ; en un mot, car il serait trop long de les citer une à une, toutes les cartes soit antérieures, soit postérieures de quelques années aux diverses guerres des Français en Franche-Comté vers le milieu du 17e siècle, toutes portent Chauvirey-le-Vieil ; quatre seulement faites à cette époque intermédiaire de la conquête de la province par Louis XIV, portent une autre dénomination. Mais il faut remarquer, tout d'abord que ces cartes sont l’œuvre de gens étrangers à la Franche-Comté, de Parisiens fort peu au courant du langage du pays, qui ont travaillé à la hâte et sans grand intérêt autre que celui de l'argent à gagner, qui probablement se sont le plus souvent copiés les uns les autres, apportant moins d'attention encore aux petites localités qu'à celles plus importantes, dont plusieurs peut-être ne sont pas même venus sur les lieux, et dont le travail enfin fourmille d'incorrections et de fautes de plusieurs sortes, et notamment du genre de celles dont il s'agit pour les Chauvirey, ainsi qu'il est facile de s'en assurer à la plus simple inspection. Voici, au surplus, ce qui dans ces quatre cartes a rapport aux Chauvirey : 1° celle de Sanson, 1658, porte Cavaliers-le-Chastel et Cavaliers-la- Ville ; puis l'auteur place, entre le Vernois et Betoncourt, et tout près de ce dernier lieu, un village qu'il appelle Chauvirey ; on peut juger par là du degré de confiance que mérite un si savant et si consciencieux géographe, le premier qui ait parlé de Cavaliers-la-Ville ; 2° la carte de Defer, 1674[22], n'indique qu'un seul village sous le nom de Cavaliers ; 3° celle de Duval, géographe du roi, 1677, porte Cavaliers-la-Ville et Cavaliers-le-Châtel ; mais cette carte, ainsi que celle de Defer, sur laquelle elle paraît copiée, fournissent immédiatement la preuve de l'ignorance de ceux qui les ont fabriquées : en effet toutes deux désignent l'Ougeotte, qui sépare les territoires des deux villages, sous le nom d’Ayron, dont personne autre n'a jamais entendu parler, et donnent à cette petite rivière un cours fantastique ; 4° enfin une petite carte d'environ 15 centimètres sur 20, sans nom d'auteur et sans date, porte les Cavaliers. Après cette analyse, si facile à contrôler, pourrait-on encore sérieusement s'appuyer de pareils renseignements pour combattre ceux que l'on trouve dans les auteurs tant antérieurs que postérieurs, et surtout dans ceux contemporains ?

Il faut donc renoncer à vouloir assigner à Chauvirey-le-Vieil une origine illustre et à prétendre en faire une ancienne et importante ville, ce qui du reste ne changerait rien à sa condition actuelle, et serait aujourd'hui de fort peu d'utilité soit pour le village, soit pour ses habitants. Mais il n'en est pas moins vrai cependant que plusieurs circonstances tendent à prouver que Chauvirey-le-Vieil a été jadis un lieu beaucoup plus considérable qu'il ne l'est aujourd'hui. On y trouve en effet partout une grande quantité de tuiles romaines, et en plusieurs endroit de nombreux ossements humains : il est presque impossible de creuser dans le périmètre ou dans le voisinage du village sans rencontrer des uns et des autres. On peut ajouter qu'il existe sur le territoire de Chauvirey-le-Vieil des vestiges d'une voie romaine ; mais il faut dire aussi qu'ils se trouvent dans un canton éloigné du village, dont il est séparé par un vallon étroit, profond et abrupt, que jamais aucune route n'a franchi et malheureusement ne franchira. La direction de cette voie indique qu'elle allait du camp romain de Morey[23] à Bourbonne et à Corre.

On pourrait encore tirer une preuve de la préexistence de Chauvirey-le-Vieil sur Chauvirey-le-Châtel de ce que le premier de ces villages possédait une église curiale très richement dotée, qui a passé de tout temps pour la plus ancienne du pays, tandis que les autres villages de la terre n'eurent tous pendant longtemps que des chapelles vicariales, et que Chauvirey-le-Châtel resta dans cet état jusqu'à la Révolution. Vitrey ayant été érigé en cure devint la mère-église de Chauvirey-le-Châtel, que le curé de Vitrey faisait desservir par un vicaire ; ce curé était lui-même à la nomination des PP. Jésuites de Langres, cures primitifs et décimateurs de Vitrey. La chapelle d'Ouge, au contraire, relevait de la cure de

Pierrefaite, de la province de Champagne, et était desservie par un vicaire chargé aussi de celle de la Quarte. Toutes ces chapellenies, fondées à diverses époques, dépendaient du diocèse de Langres, tandis que la cure de Chauvirey-le-Vieil faisait partie de celui de Besançon, ce qui prouve que sa fondation remontait à une époque tout à fait distincte et beaucoup plus ancienne que toutes les autres.

L'actuel château de Chauvirey le Vieil

Il n'y avait originairement dans toute la terre que deux châteaux, celui de Chauvirey-le-Vieil et celui de Chauvirey-le-Châtel, qu'on a désigné depuis sous le nom de Château-Dessous. Il ne reste aucun vestige du premier ; on ignore même à quelle époque il a été détruit. Il est probable qu'il le fut pendant que la maison Du Châtelet était propriétaire de cette partie de la terre, par suite du mariage d'Erard avec Oudette de Chauvirey. Les Du Châtelet, grandement établis en Lorraine, et ne possédant alors au comté de Bourgogne que cette portion de seigneurie, n'y ont jamais fait leur résidence, et auront laissé tomber en ruines un château qu'ils n'habitaient pas. Le château actuel de Chauvirey-le-Vieil n'a été construit que dans les premières années du 18e siècle. Celui de Chauvirey-le-Châtel, appelé le Château-Dessus, l'a été au contraire fort anciennement. Quant à ceux de Vitrey et d'Ouge, ils l'ont été à des époques intermédiaires, par suite des divers partages que subit la terre.

Le château de Chauvirey-le-Châtel comprenait de vastes dépendances entourées de fossés d'une largeur et d'une profondeur remarquables, dont une partie, quoique comblée presqu'à moitié, existe encore aujourd’hui au-devant du château actuellement en ruines appelé le Château-Dessus. Fort anciennement ces fossés étaient remplis d'eau venant de 1a fontaine des Clairs-Chênes, qui alors était amenée au château par des conduites souterraines dont on a encore retrouvé des vestiges lorsqu’on a établi en 1843, la conduite qui alimente aujourd'hui diverses fontaines de Chauvirey-le-Châtel.

Toute cette enceinte était en outre protégée par des remparts et de hautes murailles que défendaient, à des distances assez rapprochées, des tours, dont plusieurs existent encore en partie à droite et à gauche du pont-levis qui donnait entrée au Château-Dessus, et dont on a aussi des vestiges, ainsi que la place de la herse qui lui faisait suite.

La partie des fossés qui entourait les dépendances du Château-Dessous a été partiellement comblée à diverses époques, et enfin complètement nivelée en 1770 lorsqu’Antoine-François de Montessus créa les jardins qui existent encore en partie, quoique transformés par M. de Lisa en 1831. On y employa tout ce qui restait des remparts et des fortifications ; on avait conservé seulement une tour[24], réduite à quelques mètres de hauteur qui se trouvait un peu en avant et à droite de 1a chapelle et que l’on a achevé de détruire vers 1802.

Chauvirey le Châtel, les châteaux

Lorsque les deux fils de Perrenet, Jean Ier et Gérard III eurent partagé la terre, celui-ci fit construire le Château-Dessus, dans l'enceinte même des fortifications, qui restèrent communes aux deux châteaux ; on se borna à

séparer leurs dépendances par un mur élevé qui existe encore aujourd'hui, et à ouvrir pour le Château-Dessous, du côté du village, une nouvelle entrée défendue aussi par un pont-levis.

L'aile du Château-Dessous qui faisait face à la chapelle, et qui a été détruite presqu'en totalité en 1853 par le nouvel acquéreur, dans l'espoir, dit-on, d'y trouver un trésor, datait du 10e ou au plus tard du 11e siècle, et était encore d'une solidité à toute épreuve. Les murs avaient deux mètres et demi d'épaisseur. Le rez-de-chaussée, construit sur caves voûtées, était lui-même voûté très élégamment, et comprenait principalement une magnifique salle des gardes ; une galerie de ronde existait sur toute la largeur des murs, à la naissance du toit. Ce bâtiment était remarquable surtout par son cachet d'antiquité, malgré quelques ouvertures dans le style flamboyant que l'on y avait pratiquées postérieurement.

La chapelle St Hubert

Quant à la chapelle, à laquelle on a eu le mauvais goût d'adosser un bâtiment sans aucune architecture destiné à des écuries et qui a longtemps servi à cet usage, elle date de la fin du 15e siècle, et c'est peut-être ce qui reste de plus pur et de plus curieux de cette époque dans l'ancienne province de Franche-Comté. Elle était autrefois surmontée d'une flèche élégante ; mais des réparations étant devenues nécessaires dans les premières années de ce siècle, on jugea convenable de la détruire par mesure d'intelligente et artistique économie, pour la remplacer par le toit qui la couvre aujourd'hui. C'est dans cette chapelle que se conservait et que se voit encore une corne antique chargée de quelques ornements, que la tradition prétend avoir été le cor de chasse de saint Hubert, et la chapelle est sous l'invocation de ce saint. Dans le Mémoire historique sur l'Abbaye de Cherlieu, M. l'abbé Besson, parlant[25] de ce cor de chasse d’après M. de Lisa, il est vrai, commet une erreur en disant qu'un arrêt du parlement de Dole le fit rendre en 1636 à la maison de Montessus, qui possédait alors le château de Chauvirey ; or ce château n'a été acheté par les Montessus qu'en 1739, ainsi qu'on le verra clairement par la suite[26]. Il ne serait pas étonnant que M. l'abbé Besson fût tombé dans de lourdes erreurs en écrivant sur la foi de M. de Lisa ; il l'est davantage qu'il en ait lui-même commis quelques autres que nous aurons à relever. Quant à ce cor de chasse, il n'était point, comme le dit M. Besson d'après M. de Lisa, tombé au pouvoir des Annonciades de Gray. Voici la vérité à ce sujet. Lors guerres désastreuses de 1632 à 1642, le propriétaire du château de Chauvirey, pensant mettre cette espèce relique à l'abri de toute chance de destruction ou de spoliation, l'avait placée en dépôt chez les religieuses Ursulines de Gray. A la suite du désastre du Château-Dessous, on négligea d'abord de réclamer ce dépôt, et lorsqu’on voulut le faire plus tard, les religieuses, qui avaient une certaine confiance dans cette relique, refusèrent de la rendre, et il fallut effectivement plaider pour les y contraindre ; mais lorsqu'elles la rendirent elles eurent soin d'enlever et de conserver un des cercles qui l’entouraient[27].

Les habitants des divers villages de la terre, ceux de Betoncourt-sur-Mance compris, avaient tous en temps de guerre droit de retraite au Château-Dessous, ainsi que cela se voit de nouveau dans le dénombrement donné par Humbert-Claude de Faulquier le 30 juin 1585 ; mais tous étaient en retour tenus en tout temps au guet et garde de ce château, et devaient annuellement, même en temps de paix, dix-huit bichots d'avoine. Les moines de l'abbaye de Cherlieu avaient aussi, mais gratuitement, le droit de retraite au même château, et ce dans une tour qui leur était spécialement affectée[28]. Il ne paraît pas toutefois qu'ils aient usé de ce droit dans toutes les occasions où il aurait pu leur être profitable. Cela tenait peut-être aux fréquents démêlés qu'ils eurent avec les seigneurs de Chauvirey, malgré les donations que ceux-ci leur faisaient lorsqu'ils étaient en bons termes ensemble. Ils auraient notamment agi fort prudemment s'ils n'eussent pas négligé d'en faire usage dans une circonstance que rapporte Gollut[29]. Voici en effet ce que dit cet historien, à la date de 1476 : « Mais le tiers jour du mois de may les François entrèrent de rechef, sous Pierre de Craon, Gouuerneur de Champagne, et prindrent de rechef Jonvelle, Jussé, Cheuigné, Lambré, Bougé, Conflans, Buffegnecourt, Richecourt, Saint-Remy, Charié ; tuans, pillans, bruslans tout ce qu'ils y rencontrèrent ; l'abbaie, l'abbé, et les religieux de Cherlieu passèrent par leurs mains, cogneurent et expérimentèrent leur auarice et cruauté. »

Bien que l'on n'ait point à cet égard de documents certains, il est à présumer que Chauvirey put résister aux forces que commandait Pierre de Craon, puisque le nom de ce château ne se trouve point parmi ceux des places qui tombèrent en son pouvoir. Il n'en est pas moins étonnant qu'il ne soit fait à cette occasion aucune mention de Chauvirey, si voisin de Cherlieu, et place importante soit par ses fortifications, soit par sa position à la frontière de la Champagne.

Chauvirey put encore, environ un siècle plus tard (1569), résister avec succès, ainsi que la plupart des châteaux forts du voisinage, à l'invasion de Wolfgang, duc de Bavière et de Deux-Ponts, qui, à la tête des Luthériens d'Allemagne appelés par les Huguenots de France, pilla, ravagea ou brûla tout ce qu'il y avait dans le pays de places ouvertes et de villages sans défenses. L'avant-garde de cette armée se trouvait sous les ordres de Guillaume d'Orange[30], dont la mort a sauvé de l'oubli le nom de Balthazar Gérard, né à Vuillafans.

Mais Chauvirey fut loin d'être toujours aussi heureux, notamment à une des époques les plus désastreuses pour la Franche-Comté. Girardot de Beauchemin rapporte[31] qu'en 1641, après la prise de Jonvelle par Du Hallier, qui n'y aurait eu que peu de mérite, cette place ayant été mal défendue par son commandant, les châteaux qui se croyaient protégés par la place de Jonvelle, sur la résistance de laquelle ils avaient compté, se trouvèrent sans préparatifs de résistance suffisants. Le château de Chauvirey ayant été assailli immédiatement après la prise de Jonvelle, se défendit vaillamment ; mais il n'en fut pas moins obligé de se rendre, et les Français, voulant donner terreur aux commandants des autres châteaux, firent pendre celui du château de Chauvirey. Il est regrettable que l'auteur, contemporain des faits qu'il rapporte et auxquels il prit lui-même une très grande part[32], ne nous ait pas transmis le nom de ce brave et malheureux commandant. Ce qui est certain c'est qu'à cette époque le Château-Dessus appartenait à Antoine Du Châtelet, qui n'est mort que postérieurement à 1666, et le Château-Dessous à Claude de Buffignécourt. On n'a pas de renseignements sur le genre de mort de ce seigneur ; mais il mourut en 1641, comme on le verra à son article. Serait-ce à lui que devrait s'appliquer ce que dit Girardot de Beauchemin[33].

L'Annuaire de la Haute-Saône de 1842, qui cite le même fait[34], commet une grave erreur en disant que « c'est de cette époque que date la destruction du château de Chauvirey, » l'auteur paraissant croire qu'en effet on ne voyait plus alors que les ruines de ce château. Dans tous les cas il aurait au moins fallu distinguer entre le Château-Dessus et le Château-Dessous, et n'appliquer la remarque qu'au Château-Dessus, qui commençait seul à présenter dès 1842 l'aspect de ruine qu'il a si complètement aujourd'hui. Quant au Château-Dessous, à aucune époque il n'a présenté la moindre apparence de destruction, et il se trouvait particulièrement en 1842 en parfait état de conservation. Mais surtout, quelque soit à présent l'aspect du Château-Dessus, il faut bien se garder d'en faire remonter la cause jusqu'à l'époque indiquée par l’Annuaire de la Haute-Saône. Il est bien vrai que les principales fortifications qui entouraient le Château-Dessous furent détruites en 1641 et ne furent jamais complètement rétablies; il est vrai encore que le château lui-même eut quelques pans de murs renversés ; mais le Château-Dessus n'éprouva aucun dommage à cette époque, ou s'il eut à subir quelques légères dégradations, elles furent facilement et immédiatement réparées, puisqu'il n'a pas cessé un seul instant d'être habité par les divers seigneurs qui l'ont possédé jusqu'au moment de la Révolution, comme on le verra dans la suite. Il l'a même été postérieurement encore, à diverses reprises, et l'auteur de cette notice y a vu notamment, jusque vers 1820, résider pendant plusieurs mois chaque année les sieurs Roussel père et fils, qui en étaient alors possesseurs. D'ailleurs ce qui reste aujourd'hui de ce château fournit la preuve la plus évidente que sa construction est antérieure à 1641, et qu'elle avait eu lieu d'un seul jet, toutes les parties de cet édifice étant absolument du même style. Puis on voit encore au-dessus de la grande porte donnant entrée sur la cour un écusson qui présente les armoiries accolées des Du Châtelet et des Lénoncourt ; ces armoiries sont celles de René Du Châtelet, devenu propriétaire de ce château en 1606, et mort en 1617, et de sa femme Gabrielle de Lénoncourt. Ce fut précisément parce qu'il appartenait alors à une puissante famille de Lorraine que ce château put échapper aux désastres de l'époque dont il s'agit. On exposera plus tard[35] les véritables causes de sa destruction ; mais ce qui est hors de toute contestation c'est qu'elle ne provient en aucune façon des événements de 1641, et qu'à cette époque ce fut le Château-Dessous qui eut seul à supporter tout l'effort de la guerre, et dont le seigneur subit le traitement que rapporte Girardot de Beauchemin.

La dernière lutte qu'eut à soutenir Chauvirey se termina encore à son désavantage ; ce fut en effet la première place dont s'empara le maréchal de Navailles envahissant la Franche-Comté au commencement de la campagne de 1674, qui assura la possession de cette province à Louis XIV. « Les ennemis, dit Navailles[36], se présentèrent deux fois pour reprendre ce château, qui est important pour couvrir la campagne. » Daniel Du Châtelet était à cette époque possesseur du Château-Dessus, et le Château-Dessous appartenait à François de La Fontaine, comte de Verton, marié en 1654 à Béatrix-Françoise de Buffignécourt, laquelle était fille de Claude de Buffignécourt dont il vient d'être parlé[37]. Mais il ne parait pas que cette fois les châteaux aient eu à supporter d'autres inconvénients que ceux d'une prise de possession temporaire ; il est probable même qu'elle eut lieu du consentement de leurs propriétaires, dont l'un, François de La Fontaine, était Français, et dont l'autre, qui était de Lorraine, avait épousé la sœur de celui-ci.

Si cette lutte fut, comme on vient de le dire, la dernière que les châteaux de Chauvirey aient eu à soutenir contre les ennemis du dehors, ils eurent plus récemment à souffrir de ceux dudedans. Au commencement de la Révolution, en 1790, le Château-Dessus de Chauvirey-le-Châtel et le château de Chauvirey-le-Vieil furent saccagés et mis au pillage. MM. d'Ambly, propriétaires du premier, avaient émigré en le laissant sous la garde d'un serviteur dévoué. Celui de Chauvirey-le-Vieil était habité par

M. Régent, âgé de quatre-vingt-deux ans, envers lequel les envahisseurs se portèrent à de lâches et odieuses violences. Des mendiants de Voisey, véritable bande de brigands qui, après avoir dévasté le château de leur village, pillaient successivement tous ceux du voisinage et portaient même leurs ravages assez loin, vinrent se joindre aux pillards de Chauvirey, qui d'ailleurs les avaient appelés dans le but de mettre, en cas de fâcheuses éventualités, leur propre responsabilité à couvert sous celle de ces étrangers. Les deux châteaux furent complètement dépouillés de tout ce qu'ils renfermaient ; on ne laissa que les murs nus, mais on endommagea peu les bâtiments : on se contenta d'abattre les girouettes[38] qui surmontaient les toits. Quant Château-Dessous il fut beaucoup moins maltraité. Il était habité par M. et Mme de Montessus ; le mari n'ayant point émigré, on lui en tint compte : on se borna à abattre ses girouettes, et à demander (les armes à la main) du vin et des vivres.

Le château de Chauvirey-le-Vieil était à peine relevé de ce désastre qu'il eut à en subir un nouveau. Au commencement de 1814, les troupes alliées qui envahissaient la France occupèrent pendant plusieurs mois, en très grand nombre, le département de la Haute-Saône, et surtout la partie qui est traversée par la route de Mulhouse à Paris ; tous les villages voisins de cette route furent abîmés de logements militaires et de réquisitions. Chauvirey-le-Vieil, qui malheureusement à cette époque était réuni en commune avec Chauvirey-le-Châtel, eut à en supporter plus que sa part. Le propriétaire du château, M. Du Bouvot, habitait alors Besançon, assiégé par un corps d'armée autrichien sous les ordres du prince de Liechtenstein ; il ne lui fut donc pas possible de venir essayer au moins de protéger ses propriétés par sa présence. Un nommé Roussey, ancien meunier, maire de Chauvirey-le-Châtel, fit littéralement une caserne du château, et disposa en maître des denrées qui s'y trouvaient, ainsi que des cordes dressées dans cinq hectares de bois, sous prétexte de fournir, comme maire, aux réquisitions de l'ennemi, et à charge, disait-il, de remboursement par la commune, qui bien entendu n'a rien remboursé[39]. Puis les habitants tinrent conseil et décidèrent judicieusement que si leur château devait être pillé, il était encore plus légitime et surtout plus profitable qu'il le fût par eux que par M. le maire : ils utilisèrent donc, pour mettre à exécution leur honnête délibération, le premier intervalle entre deux passages de troupes[40]. Un nommé Debias, manouvrier habituellement employé par M. Du Bouvot, força, au moyen d'un levier, un des barreaux de la fenêtre du rez-de-chaussée, la première du côté du levant, et en brisa en même temps le seuil, que l'on a toujours conservé dans cet état à titre de souvenir ; puis s'introduisant par cet étroit passage, il ouvrit les portes aux autres. Tout ce qui restait au château fut lestement enlevé : denrées, meubles, boiseries, portes, fenêtres ; cette fois encore ou ne laissa partout que les murs.

Les deux châteaux de Chauvirey-le-Châtel furent assez heureux pour échapper à ce second désastre. Mme de Montessus, qui habitait le sien, obtint dès les premiers jours du général autrichien prince de Schwartzemberg, commandant supérieur de la province, en résidence à Vesoul, une sauvegarde qui la mit à l'abri de toutes vexations. Elle n'eut d'autre embarras que celui de loger et nourrir l'état-major des divers corps qui passèrent dans le voisinage de Chauvirey. Elle put même profiter de cette position pour protéger le Château-Dessus et quelques personnes de sa familiarité. On a toujours été étonné qu'elle n'eût pas pensé à user de son crédit en faveur du château de Chauvirey-le-Vieil, dont en toute occasion elle appelait les propriétaires ses bons et excellents voisins ; ceux-ci en semblable occurrence n'auraient certainement pas commis le même oubli.

Notes de bas de page[modifier]

  1. Généalogie de la maison Du Châtelet, p. 169. — Dunod t 1 p. 562
  2. Dans un mémoire sur procès présenté en 1739 par MM. de La Fontaine, et dont il sera question plusieurs fois, on désigne à tort cette bisaïeule sous le prénom d'Anne au lieu de celui d'Oudette, et l'on dit également à tort qu'elle était la grand-mère de Colart, en même temps qu'on la donne comme la mère de Girard d'Haraucourt, ce qui est encore une erreur.
  3. Voir le Dictionnaire celtique de Ballet
  4. Gollut, p. 444
  5. Mémoires sur la Ville de Poligny, t. I, p. 385
  6. Ainsi désigné dans les anciens titres : « Les chatel, forteresse et ville de Morey. »
  7. Anciennement désigné : « Molay-la-Ville et Molay-Laistre. » Duvernoy (dans son Nobiliaire du comté de Bourgogne, manuscrit acquis de ses héritiers par la Bibliothèque de Besançon) prétend prouver, contrairement à l'opinion généralement établie, que Jacques de Molay, dernier grand-maître des Templiers, n'était point originaire de Molay (Jura), mais bien de Molay (Haute-Saône), et fils d'un simple vassal du sire de la Rochelle. Duvernoy avait donc oublié, relativement à cette dernière assertion, qu'il fallait être gentilhomme pour entrer dans l'ordre du Temple, et surtout pour y parvenir aux dignités.
  8. Tome III, pp. 70 et 02
  9. Tome II, p. 18
  10. Les époux étaient tenus de venir, avant la cérémonie nuptiale, faire la révérence au seigneur, en son logis, et lui délivrer une pinte de vin et un pain, à peine de trois sols estevenants d'amende.
  11. Dénombrement de Claude-François Matherot du 14 décembre 1686. — Archives du château de Chauvirey-le-Vieil. — On peut voir ce dénombrement à la suite de la présente notice.
  12. Habitants désignés pour veiller gratuitement à la conservation des bois et des diverses récoltes.
  13. En vertu de ce droit, les filles ne pouvaient contracter mariage qu’avec des sujets de la terre, à moins de permission du seigneur ; c'était un moyen d'empêcher la dépopulation des terres. Les seigneurs n'accordaient guère d'autorisation sans y mettre des conditions. Ce droit, au surplus, tomba de bonne heure en désuétude à Chauvirey, comme dans presque toute la Franche-Comté, bien qu'on ait continué a le mentionner dans les reprises de fief et dans les dénombrements, ainsi qu'on peut le voir dans celui donné par F.-S. Régent le 30 novembre 1692 (Archives du château de Chauvirey-le-Vieil), et qui se trouve rapporté à la suite de la présente notice.
  14. C'est-à-dire imposer arbitrairement les sujets pour causes de voyage d'outre-mer, de nouvelle chevalerie, de mariage d'une fille et de captivité du seigneur. Ce droit cessa d'être exercé, pour le premier cas lorsqu'il n'y eut plus de croisades ; pour le deuxième, lorsqu'on cessa de conférer l'ordre de chevalerie ; pour le troisième, par désuétude ou par abandon, et pour le quatrième, lorsque les prisonniers de guerre ne furent plus mis a rançon, car ce n'était que pour ce genre de captivité que le droit avait été créé.
  15. Le seigneur avait droit, tant pour lui que pour les habitants de la terre, à une certaine quantité de sel à prendre chaque mois dans la saulnerie de Salins, moyennant une faible rétribution ; mais les sujets étaient tenus au transport de ce sel, et à en remettre une quantité déterminée au seigneur, qui n'avait à supporter aucune part soit du prix soit des frais de transport.
  16. Notamment les chapons et les gelines de mardi-gras ou de carême entrant.
  17. Ce droit consistait en un sou par ménage pour le paiement de celui des habitants chargé de faire le service de facteur de la poste.
  18. C'est-à-dire louage des places occupées par les marchands étrangers.
  19. Reconnaissance générale d'Étienne de Montessus du 16 nov. 1692.
  20. Alm. hist. de Besançon et de Franche-Comté pour l'année 1785.
  21. Franc-comtois né à Pontarlier, d'abord ingénieur au service du roi d’Espagne, puis conseiller-maître à la cour des comptes de Dole et président de cette même cour.
  22. Dont il y a eu une seconde édition aussi fautive en 1689.
  23. Que l'on devrait plutôt appeler de Bourguignon.
  24. Cette tour est celle qui servait anciennement de refuge aux moines de Cherlieu.
  25. Note au bas de la page 76. - L'erreur commise par M. l’abbé Besson a été très exactement copiée par MM. les abbés Coudriet et Chatelet, p. 394 de Histoire de Jonvelle.
  26. Voir au nombre 18, A.
  27. Lorsque la Révolution chassa de leurs couvents les religieux et religieuses, ce cercle fut confié à la garde de Mme d'Hurerourt, dernière supérieure des Ursulines de Gray, dans l'attente de jours meilleurs. Cet espoir ne s'étant pas réalisé, la relique restée entre les mains de Mme d'Hurecourt a passé dans celles de Mme Bourgon née de Boulignez, sa petite-nièce et sa légataire universelle, et si elle existe encore elle doit se trouver en possession de M. Wuilleret, légataire universel de M. Henri Bourgon, qui ignore probablement ce que c'est que cet anneau.
  28. Cette tour était, comme on l'a dit plus haut, située un peu en avant et au midi de la chapelle. Ses derniers restes ayant disparu complètement vers 1802, il paraît bien difficile que M. l'abbé Besson ait pu, comme il le dit à la note (1) de la page 75, les voir vers 1840 au milieu du parc de M. de Lisa. Les aurait-il vu par les yeux de celui-ci ?
  29. Page 872
  30. MM. les abbés Coudriet et Chatelet, dans l'Histoire de Jonvelle qu'ils viennent de faire paraître récemment, disent (note (3) de la page 173) que ce prince, dont Philippe II avait mis la tête à prix, fut tué par Balthazar Gérard. Ce mot tué ne nous paraît pas laisser au fait sa véritable physionomie ; dans de semblables circonstances, nous autres laïques nous dirions assassiné, lors même qu'il s'agirait d'un hérétique. Ces messieurs paraissent avoir une certaine propension à traiter assez durement les souverains et autres personnages pour lesquels ils manquent de sympathie, comme par exemple Henri IV (pp. 482 et 193) ; le dernier duc de Bourgogne, qu'ils appellent le Téméraire-Bataillard ; Georges de la Trémouille, qu'ils désignent ainsi : le lâche Craon, etc. etc.
  31. Histoire de la Guerre de Dix-Ans, liv. XIV, chap. 10
  32. Girardot de Noseroy, seigneur de Beauchemin, conseiller an parlement de Dole, fut pendant la guerre de Dix-Ans co-gonverneur de la province, intendant-général de ses armées, et député par le parlement pour tenir la campagne et servir de conseil à Gérard de Watteville, marquis de Conflans, général de l'armée espagnole. Sa charge lui donnait entrée dans les conseils de guerre, où sa voix fut toujours d'un grand poids. Un jour on délibérait sur une opération dont les conséquences pouvaient avoir une très grande importance, et la majorité allait se prononcer contre son sentiment, lorsqu'il s'appuya de ce que dans des circonstances pareilles le grand Scipion avait agi comme il conseillait lui-même de le faire. On suivit son avis, que le succès justifia. Depuis lors, chaque fois que l'on se trouvait dans quelque embarras, les jeunes officiers lui disaient : « Monsieur de Beauchemin, trouvez-nous donc quelque scipionnade ! »
  33. MM. les abbés Coudriet et Chatelet, qui donnent plus de développements à leur narration, disent (Histoire de Jonvelle, p. 299) que Chauvirey-le-Vieil et le Château-Dessus de Chauvirey-le-Châtel firent tous les deux leur soumission sans résistance. Or à cette époque Chauvirey-le-Vieil était dépourvu de tout moyen de défense, et il n'existait depuis longtemps aucun vestige de l'ancien château de ce village, qui n'avait par conséquent ni à résister ni à faire sa soumission. Ce n'est pas du reste la seule erreur que ces messieurs aient commise en ce qui concerne la terre et les seigneurs de Chauvirey, et nous aurons encore a en relever quelques-unes. Puis à la manière dont, à la fin de ce passage, ils renvoient (par une note, p. 300) à Girardot de Beauchemin, ils paraîtraient s'appuyer sur lui pour tout son contenu, tandis que cet historien se borne entièrement à rapporter les faits tels que nous le faisons nous-même d'après lui. Les mêmes auteurs, après avoir (dans une note au bas de la page 299) dit en parlant de Philippe Du Châtelet : « tué en 1636, », disent (aux corrections, p. 589) qu'il faut supprimer les mots tué en 1636 ; et pourtant le fait est vrai, mais seulement il n'eut aucun rapport à la guerre qui sévissait alors dans le comté de Bourgogne. Philippe mourut à Munich, où il se trouvait comme colonel d'un régiment de cavalerie que le duc de Lorraine avait envoyé au service de l'empereur (Généalogie de la maison Du Châtelet, p. 96). C'est du reste ce que ces messieurs disent eux-mêmes plus tard (p. 396).
  34. Page 68
  35. Voir ci-après au nombre 19,A
  36. Dépêche du duc de Navailles à Louvois en date, à Dijon, du 24 janvier 1674.
  37. Voir p.20 ; N° de page de l’ouvrage original de 1865
  38. Ce fut un tisserand bien connu de Chauvirey-le-Châtel qui se chargea d’abattre, à plusieurs lieues à la ronde, les girouettes des châteaux et les croix des clochers ; c’était aussi lui qui brisait les croix de pierre aux abords des villages.
  39. Observation curieuse. L'officier autrichien qui était, logé au château voulut s'opposer a ce pillage, et ne céda qu'à vue d'une autorisation délivrée par le maire à un conseiller municipal pour présider cette belle opération. L'autorisation dont il s'agit se trouve entre les mains du propriétaire actuel de Chauvirey-le-Vieil
  40. Averti par la conduite du capitaine autrichien dont il est question dans la note précédente, on craignait de voir l'ennemi protéger le concitoyen.

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