La Typographie/Serrage des formes

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L. Boulanger (55p. 28-30).

SERRAGE DES FORMES

Le système des coins en bois, que l’on chasse au marteau pour consolider les formes, remonte à l’invention de l’imprimerie, et naturellement on y a apporté des perfectionnements chaque constructeur a en quelque sorte son système.

Nous en citerons trois, avec gravures explicatives parce qu’ils sont les plus usités.

Dans le système Fouché, les formes sont serrées avec le décognoir en acier, au moyen de biseaux à rainures qui peuvent s’adapter soit en dos d’âne, soit symétriquement avec

Serrage des formes (système Fouché).


autant de solidité d’une façon que de l’autre ; puisque chaque biseau est muni d’un coin en fer qui en fait partie intégrante, c’est ce coin qu’il s’agit de chasser avec le décognoir, jusqu’à ce que la matière ne fasse qu’un tout avec les châssis.

Dans le système Marinoni ce sont aussi des biseaux qui s’appliquent sur les formes, mais ils sont munis extérieurement de crémaillères sur lesquelles des espèces de poulies à engrenage sont tournées au moyen d’une clef.

Le système Berthier consiste en coins mécaniques triangulaires, qui se placent l’un sur l’autre et en sens inverse et s’écartent autant qu’il est besoin, pour le serrage de la forme, par le moyen d’une clef dentée qui s’introduit entre les dents

Serrage des formes (système Marinoni).


ménagées le long de la partie intérieure des coins, de façon à ce qu’ils soient forcément chassés par le mouvement de la clef.

Les formes imposées, on fait à la presse à bras une troisième épreuve, qu’on appelle précisément la tierce, sur laquelle on vérifie si toutes les corrections du bon à tirer ont été exécutées, et l’on répare les fautes qui ont pu se produire pendant la manipulation.

C’est généralement le prote qui se charge de ce travail, excepté dans les imprimeries où il y a un grand nombre de presses fonctionnant toute la journée, quelquefois même la nuit, où il y a un correcteur spécial pour les tierces et les revisions, nouvelle épreuve que l’on fait sous presse, avant de commencer le tirage.

La forme est desserrée, corrigée, puis resserrée ; elle peut descendre soit aux machines, si l’on tire sur le mobile, ce qui a lieu assez généralement pour les labeurs ; soit à la clicherie, si l’on tire sur clichés, ce qui se fait pour presque tous les journaux.

Il nous resterait à parler du clichage et du tirage, mais outre que ces deux opérations n’appartiennent pas intrinsèquement à l’art typographique objet de cette étude, elles sont trop importantes pour être traitées en quelques lignes.

Serrages des formes (système Berthier).


Nous en ferons l’objet d’un nouveau petit volume de cette collection où nous nous occuperons avec détails de toutes les presses à imprimer depuis la machine de Gutenberg avec laquelle il fallait trois ans pour imprimer un seul volume, jusqu’aux étonnantes machines rotatives qui en une heure tirent 70,000 exemplaires d’un journal de format moyen.

L. Huard.