Aller au contenu

La Vérité sur l’Algérie/01/05

La bibliothèque libre.


CHAPITRE V

L’idée de succès dans le monde qui pense… avec les dictionnaires et les journaux parisiens.


Cette idée de succès est également celle des livres de vulgarisation tels que le Dictionnaire de géographie de Vivien de Saint-Martin, où je vois la colonisation algérienne définie :


« Œuvre éminente qui a pour but provisoire l’augmentation du nombre des paysans français et pour fin finale, encore que bien lointaine peut-être, la francisation intégrale de l’Afrique du Nord, voire du quart nord-ouest du continent noir. »


Cette idée de succès dont est pénétrée la masse au nom de qui parlait M. Loubet ; qui dicte les phrases des politiciens dont M. Étienne est un chef ; qui est donnée aux gens sérieux par M. P. Leroy-Beaulieu ; qui est au fond des livres d’enseignement et de vulgarisation, nous la retrouvons élégamment servie aux « gens du monde » par leurs journaux. Dans un numéro spécial, illustré, publié quelques jours avant le voyage présidentiel, en même temps qu’il annonçait aux clients les mérites de quelques banques, de quelques hôtels, de quelques magasins de tabac et ceux de l’administration de M. Paul Revoil, le Figaro montrait l’Algérie :


« … un coin du sol africain devenu par une suite d’efforts opiniâtres la plus belle de nos colonies, celle que nous envient toutes les puissances amies ou rivales, celle qui nous est également chère et par les sacrifices qu’elle nous coûta et par les espérances que nous avons mises en elle.

« D’aucuns ont la fâcheuse tendance de dénigrer systématiquement l’œuvre coloniale de la France, de douter de notre force d’expansion, de critiquer avec une sévérité impitoyable toutes les fautes commises sans jamais mettre en regard les résultats obtenus. L’étranger sur ce point est beaucoup plus équitable que certains Français, et justice nous est rendue par les Anglais par exemple qui n’hésitent pas à reconnaître les mérites de notre colonisation soit en Afrique, soit en Extrême-Orient.

« Souhaitons que le voyage du Président ait cette première conséquence de faire mieux connaître à tous cette Algérie qui par la splendeur de ses sites, par l’agrément de son climat, par la richesse de son sous-sol, la fertilité de ses coteaux et de ses plaines constitue un si précieux joyau digne de faire pendant par-delà la Méditerranée aux merveilles incomparables de notre Côte d’Azur. »


Le bon lyrisme parisien du prospectus élégant.