La Verdure dorée/Je ne veux point gémir ni perdre la pensée

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CXXXIX

À René Groos.


Je ne veux point gémir ni perdre la pensée
Pour que ma Muse par la gloire balancée,
Moi couché cependant dans les ténèbres calmes,
Sur ses lauriers vivants goûte le vent des palmes,
Hymne perpétuel et doux, mais qui n’arrive
À nul, même en écho, s’il a quitté la rive.
Je me lève et tandis que l’infirmière m’aide
À me vêtir, je songe à la belle Andromède.
Ainsi t’aurais-je plu, vierge d’Éthiopie ?
Me voici plus léger qu’une plume de pie
Et pour m’aller asseoir dans la tonnelle rousse,
Sous chacun de mes bras je loge un gros Larousse,
Tant je crains que le vent qui raille sous ma porte
Quand je traverserai le jardin ne m’emporte,
Les pans de ma jaquette enflés comme des voiles,
Et ne m’aille vivant mélanger aux étoiles.