La Vie de saint Ké
LA VIE DE SAINT KÉ OU KENAN, SURNOMMÉ COLODOC,
Evesque et Confesseur, le 5. Novembre.
aint Ké, ou Kenan, surnommé Colodoc, nasquit en l’isle de Bretagne, de
parens nobles & riches son père s’appelloit Ludun & sa mère Tagu. Il se
rendit si accomply en toute sorte de sciences, qu’il fut admis au Sacerdoce,
& mesme élevé à la Dignité Episcopale en une des citez de son pays, en
laquelle il se fit paroistre le père de ses Diocesains, non seulement les nourrissant du
pain de sa doctrine, mais encore du pain matériel, ayant vendu tout son bien pour
l’entretien & nourriture des pauvres, lesquels il visitoit paternellement, & leur départoit
de grosses aumônes, tant par ses mains, que par le moyen de plusieurs vertueuses
personnes dont il se servoit en une si sainte œuvre. Mais, ne se jugeant avoir les épaules
assez fortes pour supporter la pesanteur de la Charge Episcopale, il se démit de son
Evesché, & passa en la province de Cambrie, résolu de se retirer en quelque Hermitage
&, pour ne se tromper en l’élection du genre de vie qu’il projettoit mener, il suplia
nostre Seigneur de luy manifester sa sainte volonté.
II. Estant en la ferveur de son Oraison, il luy fut revelé qu’il se munit d’une clochette (à la façon des Hermites de ce temps-là) & marchast jusqu’au lieu nommé Ros-ené, où il édifierait un petit Hermitage & s’y tiendroit jusqu’à ce que Dieu luy eût commandé autrement, & que, pour l’avertir de ce lieu, sa clochette sonneroit d’elle-même, lors qu’il y seroit arrivé. Le Saint obeït humblement & s’adressa à un excellent fondeur, nommé Gildas, lequel n’ayant qu’un petit morceau de métal, S. Ké, par la vertu du signe de la Croix, le multiplia, en sorte qu’il en resta grande quantité audit fondeur, en recompense de sa peine. Ayant cheminé quelques jours, avec quelques autres saints Personnages qui s’estoient adjoints à luy, il se trouva fatigué du chemin, &, pour se délasser & reposer quelque peu, ils se jettèrent sur l’herbe verte, prés d’un bras de mer, nommé Hildrech ; &, comme il s’entretenoit avec ses confrères, il entendit la voix d’un homme, sur le bord de l’eau, qui crioit à un autre, qui estoit sur le rivage opposite, « s’il n’avoit pas veu ses vaches qu’il avoit égarées depuis quelques jours ? » « Ouy, répondit, l’autre, je les vis hier à Rosené, environ les trois heures. » Saint Ké, oyant parler de Rosené, remercia Dieu & descendit sur la grève de ce bras d’eau, laquelle, depuis, fut nommée, en langage Breton Walois, Krestenn-ké, c’est à dire, grève de S. Ké, où, ses disciples ayans soif, il frappa un rocher, qui estoit là auprès, & en fit sortir de l’eau en abondance, de laquelle les malades, beuvans avec foy, reçoivent la santé par les mérites de saint Ké.
III. Ils passèrent ce bras de mer & entrèrent en une épaisse forest, où la cloche que le Saint portoit commença à sonner, ce qui luy fit connoistre que c’estoit le lieu où il se devoit arrester, dont il remercia Dieu ; &, ayant défriché ce lieu, il y édifia une petite Chapelle &, auprès, de petites Cellules pour soy & ses confrères, avec lesquels il vaquoit, jour & nuit, à Prieres & Oraisons, se sustentant du labeur de leurs mains & des aumônes qu’on leur donnoit. Il y avoit, prés de ce lieu, un beau Chasteau, nommé Gudrun, dans lequel demeuroit un Prince, nommé Theodoric, homme perdu et déterminé, lequel, chassant, un jour, en la forest de Rosené, poursuivit un cerf jusques en l’Hermitage du Saint, où il s’estoit jetté & caché ; &, entrant de furie dedans, il s’enquit qu’estoit devenu le cerf ; S. Ké ne voulut le luy dire, dont il entra en telle colère, qu’il fit amener en son chasteau 7. bœufs & une vache qui avoient esté donnez au Saint & dont il se servoit pour tirer à sa charruë ; mais, le lendemain, il se présenta au Saint pareil nombre de cerfs, qui se laissèrent attacher à la charruë & achevèrent de charruer son champ, lequel, en mémoire de cette merveille, fut nommé, en Breton Walois, Guestel Gnervet, c’est à dire, le Champ des Cerfs[1], &, depuis, ces animaux servirent domestiquement S. Ké & ses Confrères en cét Hermitage.
IV. Theodoric ayant veu de ses propres yeux ces cerfs, attelez à la charrue, faire l’office des Bœufs qu’il avoit ravis au serviteur de Dieu, n’en fut en rien émeu ; &, lors que le Saint l’alla prier de les luy rendre, il le frappa au visage, si rudement, qu’il luy fit tomber une dent de la bouche, ce qu’il porta patiemment & alla se laver la bouche en la fontaine de son Hermitage, dont l’eau, beuë avec foy & confiance en l’intercession du Saint, a retenu la vertu de guerir du mal des dents, &, encore à présent, les Walois (quoi qu’Heretiques) y ont recours. Quant au cruel Theodoric, Dieu le punit des excès qu’il avoit commis à l’endroit de S. Ké, car il fut frappé d’une dangereuse maladie, qui luy ouvrit les yeux & le fit rentrer en soy-mesme ; il fit appeler saint Ké, luy demanda humblement pardon, restitua les bœufs & amplifia son Hermitage de douze arpens de terre, quoy fait, le Saint pria pour luy, & il fut gueri ; mais, quelque temps après, estant à la chasse, il tomba de cheval & se rompit le col. Ayant receu le don de Theodoric, il bastit un Monastere, assez ample, au lieu de son IIermitage, & y receut un bon nombre de Religieux, & puis se résolut de passer la mer & d’aller en la Bretagne Armorique.
V. Il prit congé de ses confrères & leur nomma un Superieur pour tenir sa place, puis s’alla embarquer au port de Landegu, & envoya de ses disciples chez un riche marchand, qui demeuroit près de ce port, luy demander, par aumône, quelque peu de pain, de bisquit, ou autres vivres, pour ayder à leur voyage ; cet homme ingrat et mal appris, au lieu de leur faire l’aumône, ou, à tout le moins, les renvoyer doucement, se moqua d’eux & leur dit « Allez (mes amis) voilà une grosse barge de bled sur le bord de mon aire ; si vous la pouvez emporter toute entière, je vous la donne. » Ils s’en retournèrent avec cette réponse vers S. Ké, qui ne répondit que beng soyt Dieu, & s’embarquèrent. Ils n’estoient encore gueres loin du rivage, que cette barge de bled parut sur l’eau & suivit leur navire jusques à la coste de Léon, où le Saint et ses confrères, ayant mouillé l’ancre, mirent pied à terre & se retirèrent au lieu où est, à présent, l’Église Parrochiale de Cleder, où il bastit un petit Monastere (environ l’an 472, sous le règne de Hoël Le Grand I. du nom, Roy de Bretagne Armorique), auquel il mit des Reliques qu’il avoit apportées de son pays & le livre des Évangiles qu’il avoit écrit de sa main. Pendant que la Bretagne Armorique estoit édifiée de la sainte vie, & illustrée de la doctrine de saint Ké, il survint une occasion, qui le fit repasser en l’isle ; c’est que le Prince Modredus (à qui le Roy Artur le Genereux, son oncle, lors qu’il alla aux Gaules, avoit laissé le gouvernement de la grande Bretagne) s’empara du Royaume, espousa la Reyne Gaenaran & contraignit les Princes & Seigneurs de la reconnoistre ce qu’ayant esté mandé à Artur, il laissa la conduite des affaires des Gaules à son neveu Hoël, Roy de la Bretagne Armorique, & repassa en l’isle.
VI. Le Prince Modredus, se doutant bien qu’il seroit attaqué de son oncle, avoit fait alliance avec Cheldric, Duc des Saxons, auquel il avoit promis l’Écosse, pourveu qu’il luy envoyast du secours contre son oncle Artur. Cette alliance, faite par le tyran avec les barbares & idolastres, mit les Prélats en grande perplexité, pour le danger manifeste que couroit la Religion Chrestienne, ce qui leur fit essayer à accorder les Princes ; &, connoissans la sainteté de saint Ké, ils le mandèrent venir devers eux & l’envoyèrent, accompagné de six autres Evesques, vers le Roy Artur, pour le disposer à la paix & à pardonner au Prince Modredus, moyennant quelque raisonnable reparation ; mais, avant que cela se peut conclure, l’armée Saxonne, composée de 800. voiles, parut à la coste de l’Isle, &, nonobstant la valeureuse résistance d’Artur, jetta quatre-vingt mil hommes à terre, auxquels le Prince Modredus se joignit. S. Ké, voyant ne pouvoir rien profiter en cette négociation, & ne pouvant voir la ruine & désolation de son pays, s’en retourna en Bretagne Armorique, &, passant par la ville de Winton, visita & consola la Reyne Guenaran & luy persuada de consacrer à Dieu le reste de sa vie, ce qu’elle fit, se rendant, un peu après, Religieuse. S. Ké arriva enfin à Cleder ; &, y ayant enterré son condisciple l’Hermite Kerianus[2], il tomba luy-mesme malade ; &, ayant devotement receu les Sacremens, il rendit l’esprit à son Createur, le premier samedy d’octobre, environ l’an 495, & fut enterré dans l’Oratoire de son Hermitage, lequel ayant esté ruiné par le malheur des guerres, la mémoire du lieu de sa sépulture se perdit & fut ignorée plusieurs années, jusques à ce qu’il pleut à Dieu la relever, par le moyen d’un habitant de ladite Paroisse de Cleder, nommé Britaliensis lequel fut commandé par un Ange de fouir au costé droit du Cimetiere dudit Cleder & qu’il y trouveroit sept corps, & celuy sous lequel il rencontreroit une source d’eau vive, c’estoit celuy de S. Ké ; & que, lors qu’on le levroit, il se feroit un tremblement de terre ce qui arriva de point en point. Il fut donc solemnellement levé, & mis en un Sepulchre honorable, où plusieurs ont receu du soulagement en leurs infirmitez, ayans réclamé l’assistance de son intercession. Il apparut aussi aux Religieux de son Monastere de Rosené Se les avertit de transferer ses Reliques en sondit Monastere ce qui fut fait. Il y a plusieurs Églises & Chapelles, en l’une & l’autre Bretagne, dédiées à ce saint Prélat, dont le Sepulchre se voit en une petite Chapelle, à luy dédiée, en un coin du Cimetiere de Cleder.
Cette Vie, escrite, en Latin d’assez bon style pour le temps, par un certain Maurice, Vicaire de ladite Église de Cleder, et gardée és Archives d’icelle, en a esté tirée par extrait fidélle, et a moy communiquée par Mre. Sebastien, Marquis de Rosmadec, Comte de la Chappelle, Baron de Molac, etc., Fondateur de ladite Paroisse, à cause de sa Maison de Kergoarnatehk, appartenant à Madame sa femme.
Le guers suivant nous a été communiqué par une ancienne famille de la paroisse de Cléder.
GUERS AN AUTROU SANT KÉ
Ton : Guers Santes Maharit
reat oc’h eus, Clederis,
Dispignou bras meurbed,
Da guempen an Ilis
Oc’h eus nevez savet,
Ha bet oc’h eus souten
Ha ne oa quet dister
Digant Cals Belein
Guinidic a Gleder.
Unan ispicial
Savet e dignite
So bed dreist ar re ail
E generosite
Meuleudi hac henor
E toues ar gristenien
A vezo ho tensor
E troc eus ho moyen.
Tor or be gouscoude
Mar teufemp da gredi
O pe clasquet en se
Henor na meuleudi.
Nan, ar c’hloar eternel
A douche o Calon
Hac ar respect santel
Evit o taou Batron.
Gant reson, Clederis,
E pedit gant fizianç
Patronet oc’h ilis
Da rei deo’h assistanç ;
Sent bras e zint en êe
Ha bras eo o gallond
Biquen sicour Doue
Noufe dezo mancout.
St. Per, ar c’henta Pab
Eus an Ilis christen,
Dre chras Doue ar Mab
Dreist an oll disquibien,
Gard eus e densoriou
Er bed universel,
Carguet a alc’hoeziou
E bales eternel.
Mœs élevet oc’h eus oll
Cant guech buez St. Per,
E c’honta a ve coll
Va foan ha va amser.
Noc’h eus quet marteze
Clevet quen alies
Parlant eus à St. Ke
Na conta e vuez.
Nellan quet lavaret
Ec’h elfen discleria
An traou caër en deus gret
Eb tevel var netra
Var memor sempl an den
En em seuil cals, allas !
Eus a devalijen
Epad trizec cant vloas.
Goud a rer gouscoude
E c’hanas en Irland,
A dud a galite
Tost d’ar bloas pevar-c’hant
Goude ma tisquennas
Jesus-Christ hor Salver,
Hac enon e vevas
En e guenta amser.
Mœs evel ma c’hoarvez
Alies gant eur Sant
Cavout en e vuez
Abred poan ha tourmant
C’hoas crouadur tener
St. Ke a oue guëlet
Dindant eur bec’h ponner
A vaiheur accablet.
Ar roue à Darac’h
A hano Leogais
A oue cren aoualac’h
Da c’hounid en antier
Oll stadou an Irland
Ha d’o soumeti tout
D’e armou triomphant
Ha dindan e c’hallout.
Mestr eus an oll boblou
En e brosperite,
E c’houlennas gajou
Eus a fidelite
Roïl din, emezan
E gouest e viot fidel
Anter-cant den bremàn
Eus a lignez huel.
St. Ke, iaouanq meurbed
En em gavas e toues
Ar re a oue choaset
Evid beza erres ;
Hac e ty ar Roue
Evel er prisonier
E chomas aneuze
Eur maread amser.
Un escop, gouscoude
Anvet St. Kirian,
Eus a gaptivite
A dennas anezàn,
Hac en deoue sourci,
l’a oa bet delivret,
Da lacaat en desqi
Evel ma oa dleet.
Goude var dro ar bloas
Pevar-c’hant-anter-cant
E bars en douar bras,
Pell dioc’h enez Irland,
E quear Tour en em rent,
E bro ar Gallaouet,
Eno en eur gouënt
E oue diguemeret.
Er gouënt a saras
An Escop Sant Martin,
E pini e vevas
Quen a deuas e fin
Enon ive St. Ke
A oue religius ;
Mes pell amser goude
Maro ar Sant eürus.
Eno e oue stumet
Da bep seurt vertuziou,
En dije tremenet
Memes e oll deiziou,
Peneverd ma cleve
E galon o criai
E c’houlenne Doue
E servich e leac’h-all.
Da volontez Doue
Bepred obeissant,
E tistro adarre
Var e guis en Irland,
Da gass ar sclerijen
D’e oll genvroïdi
Hac e guenta disquen
A ra e Connacy.
Ne oue quet pell er vro
Eb consolation ;
Ar boblou divar-dro
D’ar guir religion
Gant joa en em roë
O clevet e gomzou
Ha prom a gonsante
Discar o idolou
P’o guelas en hent mad
Ec’h eas Lageny
C’hoas evet labourat
Evel e Connacy
Eno en eur franquis
E cavas ar Voyen
Da sevel un ilis
Evit ar gristenien
Ar plaç ma oue savet
An ilis-màn gantàn
So bed goude anvet
Bepred forest Kerenan
Eno e testumas
Ar boblou niverus,
Pere a c’hounezas
Er vro-se da Jésus.
C’hoas e oa eur c’hontre
Ebars en Enezen
Ennan e voa rouë
Eur prinç anvet Eugen
Eno oa un idol,
Henoret, brudet bras
Dreist o doueou oll ;
St. Ke en distrujas.
Var ar plaç ma oa bet
Statu an idol-se
Souden e oue savet
Un templ d’ar guir Doue
E vit rei testeni
A viquen d’al lignez
Oue ret d’ar gaou cedi
Eno d’ar virionez
D’e zisquibl St. Comgel
Pehini a garie,
E resolvas lezel
Sourci an ilis-se
Hac en a oue d’e dro
Evit Escob choaset
En eur guear eus e vro
A ioa Duleck anvet.
A ben ar fin uset
Gant an oll labouriou
En deoa prederet
Evit an eneou,
Da guenta e zeas
Da vouster Rosene,
Gouent var ar meas
Ebars en e gontre
Bet e oa e bro c’hall
Epad e iaouanquis ;
Dont a reas da sonjal
Distrei c’hoas var e guis
Evit clasq er vro-se
Eur plaç sioul ha distro
Da servicha Doue
O c’hortos ar maro.
En em gaout a eure
E bro ar Vretonet,
Pini a ioa neuse
An Arvoric anvet ;
E Leon e choasas
Ar c’hontre a Gleder
Hac eno e chomas
Ar rest eus e amser.
Gant un Ermit santel
An Anver St. Kerrien,
E vevas eno pell
Ebars er binijen ;
E clenvet pa goëzas
St. Ke voa var e dro
Hac en er sebelias
Goude ma oa maro.
Eus pevar pe bemp bloas
Araoc ar blas pempcant
St. Ke a dremenas
Evel ma varv eur Sant,
Joaus gant modesti,
Dibourve a vadon
Accablet a gosni
Ha leun a veritou.
Ervez a leverer,
E gorf oue anterret
Er barres a Gleder,
En eur c’horn ar veret,
E leac’h ma zeus savet
Pell goude e varo,
Eur chapel enoret
A zindan e ano
Miraclou alies
A gounter dre ar vro
Great epad e vuez
Ha goude e varo
Meurbed e zint squeudus
Eb beza gouscoude
Netra a estonus
Evit galloud Doue.
Doue a ell certen,
Gant e oll vadelez,
Eus e servicherien
Disquez ar santelez,
En despet d’an douetanc
Eus a ourgouil an dud
Libr eo e buissanc
En enr choas eur bnrzud.
Digant ar Sent eurus
Ne dleomp quet goulen
Netra a vurzudus ;
Mes goulennomp ebquen,
En hon affliction,
Digant hor Patronet
Pe gonsolation
Pe ar batiantet.
N’en em gontantit quet
Da glasq o sicouriou
Evit madou ar bed
Pe Yec’het o corfou
Mes goulennit ato
Dreizo digant Doue
Mar c’helloc’h eveldo
Caout e c’hraç doc’h ene
Evit er meritout
Peb-ini en e stad
Grit oll tout o calloud
Evit pratica mad
Lezen santél Doue
Ha comzou e ilis ;
Sent e viot neuse,
Credit-en, Clederis.
LE CULTE DE SAINT KÉ (A.-M. T.)
a chapelle où se voyait le sépulcre de saint Ké, au moment où écrivait Albert Le Grand,
fut démolie avec l’église de Cléder vers 1787. La paroisse n’a pas rejeté le patronage de
saint Ké, mais lui a adjoint saint Pierre comme protecteur. M. de Kerdanet cite encore
comme ayant reçu le même titulaire « les églises de Saint-Quay, dans le diocèse de Tréguier,
à 1 lieue 1/2 de Lannion [3], et Saint-Quay, dans l’évêché de Dol, à 3 lieues de Saint-Brieuc
[4].
Celle-ci a abandonné le culte de saint Ké pour honorer saint Caie, ou Caius, pape et martyr. »
Saint Ké a été patron primitif de Plouguerneau où il y a une chapelle de Coat-Kénan, et de Lan-Guénan.
Il a des chapelles à Glomel, à l’Hermitage, à Plélo, à Saint-Guéno et à Plogoff (d’après Gaultier du Mottay). Dans cette dernière localité il a, non-seulement la chapelle signalée, mais le patronage de l’église et de la paroisse il y est appelé saint Collodon, or l’on a vu en tête de sa vie son surnom de Colodoc.
Le même saint est honoré à Saint-Michel de Glomel. À Plouguerneau il est représenté en ermite, une bêche à la main. A Cléder il est en chasuble et en mitre, il tient de la main gauche un rouleau déployé une clochette est déposée à ses pieds.
On a vu plus haut (dans une note) que la paroisse de Querrien a rejeté le culte du saint dont elle porte le nom et qui fut l’ami de saint Ké ; c’est le recteur Étienne Pégasse qui en 1687 substitua à l’ancien patron, saint Chéron, martyr de Chartres, « sans autre raison, dit Dom Lobineau, qu’une ressemblance telle quelle qu’il avait crue entrevoir dans les noms de Kerianus et de Caraunus. » Sans grands frais d’imagination on pourrait confondre son joli nom de Pégasse avec deux appellations également irrévérencieuses