La bête du Gévaudan/XIV

La bibliothèque libre.
Librairie Floury (p. 109-118).

CHAPITRE XIV

DESTRUCTION DE LA LOUVE ET DE SON LOUVETEAU



Lanimal, ainsi préparé, fut ensuite apporté à Paris.


« Paris, le 2 oct. 1765.

« M. Antoine le fils, arriva hier à Versailles avec la Bête féroce qui fut portée sur-le-champ chez M. le comte de Saint-Florentin, et ensuite chez la Reine où elle fut exposée aux yeux de toute la Cour, qui n’y vit qu’un loup carnassier, armé de défenses un peu plus extraordinaires que ceux connus. On ne manqua pas d’en détailler la figure. Il a été tiré successivement par Antoine le père et par le garde-chasse dont on a parlé. Ainsi ils partagent l’honneur de sa défaite, et sans doute ils auront la même récompense. On a injecté cet animal pour le conserver : on croit qu’il laisse postérité[1]. »


Je laisse à penser si l’on fit fête au jeune chasseur, s’il fut entouré et félicité par le Roi et toute sa Cour.

On ne doutait pas que ce fût la Bête qui avait fait tant de ravages. Aussi, dans toute la France, au bruit répandu de cette victoire tant désirée, s’éleva un long cri de triomphe.

Mais nulle part la joie et la satisfaction ne furent aussi profondes que dans cette malheureuse contrée. Un soupir de soulagement s’échappa de toutes ces poitrines oppressées.

L’animal qui venait d’être tué était-il vraiment la Bête féroce tant redoutée ?

Les opinions étaient variées sur ce sujet.

M. Bès de la Bessière, de Saint-Chély, écrivait :


« L’animal tué par Antoine n’était pas la Bête qui avait fait tant de dégâts. Cet Antoine tua trois loups dans la même chasse et les conduisit à Paris en poste, mais sans doute il n’en montra qu’un pour mieux jouer son rôle et faire croire que c’était la fameuse Bête. Peut-être céda-t-il ou vendit-il les autres à des gens qui les portèrent çà et là, pour gagner de l’argent, ce qui est vraisemblable[2]. »


M. Ollier, curé de Lorcières, en Auvergne, dans une lettre du 28 décembre, que l’on lira plus loin, soutenait aussi que la Bête n’était point morte et que cette Bête n’était point un loup.

Ces assertions sont contestables. La première est injuste ; elle est en contradiction avec le procès-verbal fait, avec les témoignages des personnes appelées, et démentie par les événements qui vont être racontés. L’une et l’autre d’ailleurs se basaient sur cette conviction qu’il n’y avait qu’une seule Bête et que cette Bête n’était point un loup.

Or, le loup tué par M. Antoine était bien l’une des bêtes qui dévoraient les gens. Ses proportions exceptionnelles, les affirmations des personnes attaquées par lui, et surtout ce qui se passa dans la suite, en paraissent être une preuve catégorique.

L’opinion personnelle de M. Antoine semble très acceptable :


« Je ne prétends pas prouver qu’il n’y ait eu d’autres loups qui ne se soient joints à lui pour dévorer les humains, comme il est arrivé en 1630, où l’on a été huit ans à les détruire, et je suis trop modeste pour avancer qu’il est seul. Si j’avais reçu plus tôt les chiens que j’avais demandés, il y a longtemps que j’aurais été plus expert à rendre cette connaissance plus parfaite[3]. »


À Paris, la Cour avait accueilli sans restriction cette créance que la Bête était bien morte. Seulement il restait encore une louve, sa femelle, avec deux louveteaux. M. Antoine reçut ordre de faire tous ses efforts et de continuer ses chasses pour exterminer cette engeance. Il vient donc engager de nouvelles poursuites dans les bois qui lui ont été déjà si propices.


« Cet animal est très rare hors de l’Égypte, il est aussi grand et ressemble à un loup excepté qu’il n’a pas les jambes si longues, il a le poil rude et la peau couverte de taches, quelques uns le dépeignent avec la tête d’un mâtin, les oreilles courtes et triangulaires, la queue et les pieds d’un Lyon, Pline dit que l’hyène change de sexe tous les ans, c’est-à-dire qu’il est mâle une année, et femelle l’autre. Aristote et Élien disent qu’il rend les chiens muets par son ombre, qu’il imite la parole des hommes et que par ce moyen il les fait sortir de leurs maisons et les dévore. Ils disent aussi qu’il a les pieds d’un homme et point de vertèbres au cou. Il parut un de ces animaux aux jeux séculaires à Rome sous l’Empereur Philippe. »
Bibl. Nat. — Coll. Hennin.
Cliché de la Revue AEsculape.

« 24 septembre. Au Besset.

« J’ai été avant-hier coucher à l’abbaye de Pébrac, en Auvergne, et nos six valets de limiers ayant été au bois dans ses environs, ils n’ont rien trouvé, et je suis revenu hier coucher icy, et lesdits valets de limiers ont fait tous les bois qui nous entourent et n’ont rien trouvé. Nous irons demain, suivant vos bons avis, coucher à l’abbaye des Chazes pour tâcher de détruire la louve et les louveteaux, suivant ce que vous me marquez d’assez intéressant à ce sujet.

« Antoine[4]. »


« J’ai l’honneur de vous écrire, sans enveloppe fautte de papier, que je me suis rendu icy pour exterminer la veuve et les enfants de la beste que je vous ai envoyée. J’ay profité de votre avis ; nous les avons chassés hier quatre heures de suite, dans des bois si fourés, entrecoupés de roches de façon qu’ils sont impénétrables, de façon que nos chiens se sont randus, de façon que nous avons été obligés de nous retirer ; cependant deux maladroits tireurs de Langeac ont manqué la grande louve bien près de l’endroit où ils l’ont tirée. Messieurs de Langeac nous traitent fort mal en tireurs ; ils nous envoient des gens qui n’ont jamais porté de fusil, de douze ans ou bien treize au plus ; cependant j’en avoir pris 30 que j’ai payés chacun 12 sols sans aucun batteur, ayant des chiens qui valent mieux que 400 batteurs.

« À l’abbaye de la Chaze en Auvergne, ce 28 septembre 1765.

« Antoine[4]. »


La Cour suivait avec beaucoup d’intérêt les nouvelles chasses, — on peut en juger par les lettres que M. de Saint-Florentin écrivait à l’Intendant d’Auvergne — et M. Antoine avait été prié de donner sur ses opérations les détails les plus circonstanciés, ce dont il s’acquittait très ponctuellement.


« 5 octobre. Je n’ay pas manqué de faire tout mon possible pour détruire la grande louve et deux louveteaux qui restoient de celui que j’ai tué dans le bois de l’abbaye royale des Chazes. Nous les avons chassés hier pour la troisième fois ; dans la seconde chasse, elle avait été tirée deux coups par des maladroits qui ont été sans effet ; hier, elle a été tirée par deux de nos gardes et elle faisait beaucoup de sang, de sorte qu’elle a refui très loin, ne la pouvant suivre par l’impossibilité du païs. Aujourd’hui j’ay envoyé les valets de limiers pour reconnaître si elle étoit revenue, ils n’ont revu que les louveteaux qu’ils n’ont pu détourner et que sûrement nous irons chercher demain…

« Antoine[5]. »


Le 8 octobre, M. Antoine annonce que M. le Comte de Tournon est revenu avec sa meute pour achever l’extermination des loups qui restent.

Il demande, en outre, combien il peut donner « au chirurgien qui a pansé pendant quinze jours l’enfant du Bessat, paroisse de Pignols (Pinols), en Auvergne, auquel la Bête avoit tordu le col, et qui est tout à fait dans le besoin[6] ».

« Nous ne savons pas encore si la louve blessée à sang est morte, nous la recherchons dans les environs où elle a été blessée ainsi que ses deux louveteaux ce qui est de la plus grande conséquence à détruire quoi qu’on nous mande ailleurs que deux loups ont dévoré onze moutons en une semaine, de deux hameaux seulement, mais nous nous flattons que si nous avons détruit cette louve et sa maudite race, notre besogne sera bien avancée, ainsi que la saison ici qui nous forcera de discontinuer et de nous en aller.

« Comme je finissois ma lettre, Madame la prieure de l’abbaye des Chazes me vient de mander que les deux louveteaux de cette maudite race ont reparu dans les bois, sans qu’il soit fait mention de la louve blessée en dernier lieu, nous y envoyons ce soir trois valets de limiers, et demain nous irons tous ensemble pour détourner ces deux louveteaux que nous n’avons pas voulu détruire, sans auparavant avoir détruit cette louve.

« Antoine[7]. »


Le lendemain 14 octobre, M. Antoine avec ses gardes se transportait dans la forêt des Chazes, et réussissait cette fois encore à détruire la grande louve qu’il poursuivait :


« L’an 1765, le 14me jour du mois d’octobre, nous, François Antoine… envoyé par ordre de Sa Majesté dans les provinces de Gévaudan et d’Auvergne… à l’effet d’y détruire la Bête féroce et les loups qui ont désolé ces deux provinces, jusqu’à présent ayant le bonheur de tuer le grand et prodigieux loup qui avoit selon toute apparence, la meilleure part de ces désastres. Ayant les ordres de Mgr le Comte de Saint-Florentin de faire notre possible pour détruire la louve et les deux louveteaux du dit loup : À cet effet nous déclarons par le présent procès-verbal nous être trompé dans la dernière chasse ayant déclaré que nous avions blessé à sang ladite louve. Car c’étoit un grand loup qui étoit venu aux hurlements qu’elle faisoit toutes les nuits, et nous ne doutons pas que ledit loup ne soit mort ayant été mourir bien loin des deux coups de fusil bien appliqués qu’il avoit reçus.

« À l’égard du louveteau tiré à ladite chasse, il a été mourir sous une carrière de roches impraticables à fouiller. Depuis ce temps, nous n’avions pas voulu tuer les louveteaux que nous n’eussions tué la mère. Or ayant été averti au Bessat le jour d’hier que ladite louve et ses louveteaux avoient dévoré six moutons, de quoi les cinq valets des limiers avoient connaissance…

« … Nous sommes arrivés ce jourd’huy de bon matin à ladite abbaye des Chazes et les valets des limiers nous ayant fait rapport qu’ils y avoient détourné dans une même enceinte la louve avec son louveteau, nous nous sommes déterminés à les chasser tout de suite. Ayant bien ordonné que l’on ne s’attacha qu’à ladite louve qu’au premier coup de trompe a débuché, ce qui a fait que les chiens ont été une bonne demie heure à la rapprocher bien loin où elle avoit refuit, dans des gorges et des caves terribles où le sieur Regnault s’est transporté avec quelques chiens qui l’ont relancée, et ils l’ont chassée encore environ une heure et demie après quoi ledit sieur Regnault l’a tirée et blessée. Et ensuite elle est venue se faire tuer par deux paysans de la ville de Langeac en Auvergne, dans la même enceinte, et environ vingt pas d’où j’ai tué le grand loup. L’ayant faite ouvrir, nous n’avons rien trouvé dans sa capacité que très-peu de chose. Suivant la mesure prise par nous, elle avoit 26 pouces de hauteur, l’on a reconnu à ses brêmes avoir nourri plusieurs louveteaux, dont il n’y en reste plus qu’un que nous espérons aussi détruire.

« Après quoi les neiges commençant à tomber ici abondamment même sur la Margeride, s’il n’arrive pas de nouveaux malheurs nous serons forcés d’interrompre nos chasses, car il y a 24 jours cejourd’hy que personne n’a été attaqué ou dévoré, mais bien de moutons, chèvres et cochons mangés par les loups qui courent toujours le pays.

« En foi de quoi nous avons affirmé véritable le présent procès-verbal les jour et an que dessus.

« Antoine ; Lugeac, abbesse des Chazes ; Beauvergier, prieure ; Pélissier ; Regnault ; Dumoulin ; Lachenay ; Lestang ; Lafeuille ; Berry[8]. »


M. Antoine écrivait le surlendemain, 16 octobre :

« Il n’y a plus qu’un louveteau à tuer, ce que vous verrez par le procès-verbal cy-joint, ce que nous allons tâcher de faire, après quoy nous prendrons quelques jours de repos dont nous avons très grand besoin[9]. »

Et enfin, le 19 octobre :

« Monsieur, j’ai fini ma carrière par la mort du dernier louveteau qui a été tué avant-hier à notre dernière chasse ; nous sommes excédés de fatigue et nos chiens aussy, ce qui nous force à prendre quelques jours de repos avant de partir suivant la permission que j’en ai reçu. Depuis 29 jours aujourd’hui, il n’y a eu aucune nouvelle et personne n’a été dévoré ny même attaqué. Dieu veuille que cela subsiste toujours, j’emporte la mère louve avec un louveteau qui est plus fort qu’elle et qui auroit peut-être égalé son père. C’est pourquoi la défaite en est bonne. Si j’avois eu plus tôt des chiens pour loups, j’en aurois au moins ôté une quarantaine de ces provinces qui reviennent à force…

Antoine. »

« À l’abbaye royale des Chazes[10]. »

L’accommodage préliminaire de la louve et du louveteau avait été plus modeste et moins dispendieux que celui du grand loup :

« Débourcé pour l’accommodage de la louve et du louveteau :

10 
livres de foin pour la louve 
 5 sols
livres de sel 
 2 liv. 9 sols
10 
livres de foin pour le louveteau 
 5 sols
livres de sel 
 2 liv. 2 sols
5 liv. 1 sol

« Pour acquit, Regnault[11]. »

Ce second louveteau, d’après le rapport de M. Lafont, était déjà plus gros que sa mère, et beaucoup plus fort que ne le sont ordinairement les louveteaux de cinq ou six mois que celui-ci pouvait tout au plus avoir ; il avait déjà, comme le gros loup, quatre crochets en avant et quatre en arrière.

Le 30 octobre, M. de Saint-Florentin remerciait M. de Ballainvilliers des nouvelles qu’il lui avait fait tenir concernant les derniers loups tués. « Il y a à présumer que ce sont ces animaux qui ont si longtemps désolé l’Auvergne et le Gévaudan, et je vois avec bien du plaisir que ces pays sont enfin délivrés de ce fléau[12]. »

M. Antoine, jugeant son rôle fini, partait du Gévaudan, le 3 novembre, pour se rendre à Saint-Flour, et de là, à Fontainebleau. Pas n’est besoin de raconter le succès qu’il eut à la Cour et les félicitations qui l’y attendaient.

« M. Antoine de Beauterne reçut la croix de Saint-Louis et mille livres de pension pour récompense de sa bravoure. Son fils obtint une compagnie de cavalerie[13]. » M. Antoine obtint la permission de mettre dans ses armes la Bête du Gévaudan, pour perpétuer la mémoire de son exploit. Le mode d’addition à ces armoiries fut définitivement réglé par M. d’Hozier, le 28 novembre 1766[14].

M. Bès de la Bessière affirme qu’il leva en outre deux cent mille livres dans Paris en faisant voir cet animal. La lettre du 23 septembre, plus haut citée, indique à qui devait effectivement revenir la somme recueillie par cette exhibition.

Enfin, le 28 décembre, M. Antoine adressait, de Versailles, à l’Intendant d’Auvergne, une requête bien légitime :


« Je vous prie de vouloir bien avoir pour agréables les compliments que j’ai l’honneur de vous faire au sujet de la nouvelle année et sans le séparer de la reconnaissance la plus vive sur toutes les bontés que vous avès bien voulu avoir pour moi, lesquelles m’ont prouvé la réussite de ce que le Roi et vos Provinces attendent de tous les efforts que j’ai faits pour y parvenir, et j’ay attendu plus de 100 jours pour pouvoir me flatter moi-même qu’il n’y avoit que ces deux loups qui avoient affecté les deux provinces d’Auvergne et de Gévaudan dont les habitants étoient dans la juste crainte d’être dévorés à tout instant ; mais je suis comblé d’apprendre de toutes parts, entr’autres à M. le marquis d’Espinchal qui arrive, qu’il n’y a plus aucune Bête dévorante dans ces deux provinces et que pour ma propre satisfaction je vous supplie de me faire l’honneur de m’en accorder un certificat signé de votre main tel que j’en ai reçu un de la province de Gévaudan…

« Antoine[15]. »


On ne sait point quelle fut la réponse de l’Intendant.

Il est malaisé, en ce monde, de faire de grandes choses sans être entamé par la critique et l’envie : tandis que M. Bès de la Bessière contestait sa victoire à M. Antoine, un professeur de mathématiques essayait aussi de s’attribuer l’honneur du procédé qui avait vaincu la Bête[16].

  1. Bibliothèque de l’Institut. 2803 A. L. Pourcher, p. 964.
  2. Aug. André. Bulletin de la Société d’Agriculture de la Lozère. Année 1884, p. 201.
  3. Lettre à l’Intendant de Languedoc du 22 septembre.
  4. a et b Archives du Puy-de-Dôme. C. 1736.
  5. Ibid. C. 1736.
  6. On lit dans les comptes de dépenses cette note : « État des services randu au nomé Peirechon domestique du métayer du Bessat qu’il fut blessé par la Bête féroce le trese sétanbre, auquel jay reste quense jours pour le gérir radicalment et jay fournis trois livres dix sols des ongans ou vin. » Il n’y a aucun chiffre au total de ce compte.
  7. Ibid. C. 1736.
  8. Archives du Puy-de-Dôme, C. 1736. Il existe deux exemplaires de ce procès-verbal, l’un imprimé sans nom d’imprimeur, l’autre manuscrit.
  9. Ceux qui tuèrent la louve reçurent une gratification :
    « Nous soussignés, habitants de Langeac et Chantuéjols, tant pour nous que pour tous ceux icy présents, commendés pour la chasse, reconnaissons avoir reçu de M. Antoine la somme de quarante-cinq livres, sçavoir pour ceux qui ont tué la louve vingt-quatre livres, et le reste pour les autres chasseurs au nombre de vingt-trois.
    « Aux Chazes le 14 octobre 1765. Signé : Péghaire, Duchamp, Marie
    « Les deux paysans qui ont tué la louve sont Jean Brun et Pierre Brun. »
    (Ibid. C. 1737.)
  10. Ibid., C. 1736.
    Dans le procès-verbal imprimé, plus haut cité, on avait écrit cette note à la main :
    « M. Antoine a depuis mandé à M. de Ballainvilliers que le dernier louveteau a été tué, qu’il est plus fort que la louve et qu’il auroit suivant toute apparence égalé son père en taille et en grosseur. »
  11. Ibid., C. 1737.
  12. Ibid., C. 1736.
  13. Aug. André. Bulletin de la Société d’Agriculture de la Lozère, 1884, p. 201.
  14. « L.- Pierre d’Hozier, chevalier du Roy en son conseil, et juge d’armes de la noblesse de France, etc., etc.
    Le Roy nous ayant fait savoir par une lettre de M. le Cte  de St  Florentin en datte du 11 sep. mil sept cent soixante-six que Sa Maj. avait permis à Fois Antoine écuyer, son porte-arquebuse, l’un des lieuten. de ses chasses et chevalier de l’ordre royal et milit. de St  Louis, d’ajouter un loup mourant dans l’écusson de ses armes.
    … Nous, en conséquence de lad. lettre par laq. Sa Maj. nous ordonne de délivrer au d. r. Fois Antoine notre brevet de réglement sur le nécessaire, et après avoir vu les titres qui justifiant qu’il avoit pour armes un écu d’azur à un chevron abaissé d’or, surmonté de deux étoiles d’argent et trois fleurs d’Enula campana de même, renversées et disposées en chevron et attachées à une tige de sinople naissante d’un tertre d’or, à la pointe de l’écu, et le tout brochant sur le chevron ; avons réglé pour celles qu’il portera dorénavant, un écu d’azur, à un chevron d’or, surmonté de deux étoiles d’argent et de trois fleurs d’Enula campana de même, renversées et disposées en chevron et attachées à une tige de sinople naissante d’une terrasse d’or sur laquelle est un loup au naturel, couché, ayant la tête contournée et mordant de sa gueule ensanglantée la tige de ces fleurs, blessé d’un coup de feu au-dessus de l’épaule gauche et au-dessous de l’œil droit, ces deux parties aussi ensanglantées. Cet écu timbré d’un casque de deux tiers, armé de lambrequins d’azur, d’or, de gueules, d’argent et de sinople… etc., etc. Le Vendredi 28e jr. du mois de Novembre de l’an mil sept cent soixante six. Signé : d’Hozier. (Académie de Clermont-Ferrand. — Comm. faite en 1907 par le baron du Roure de Paulin, mort à la guerre.)
  15. Archives du Puy-de-Dôme, C. 1736.
  16. Dans une lettre du 6 avril 1768, le sieur Gravois de Saint-Lubin, maître de mathématiques à Versailles, se plaint de ce que le sieur Antoine s’est servi pour détruire la Bête d’un secret inventé par lui-même et communiqué à la Cour dès le mois de mai 1765 ; il s’agissait « d’une salle cage ou bosquet soit en bois, en fer ou corde, qui sera à jour de toute part ; cette salle sera ainsi construite : elle sera partagée en deux parties, la séparation sera à jour ; une partie sera pour recevoir la Bête dont les portes et planches supérieures seront à coulisses et en état d’arrêter à l’instant la Bête entrante en les laissant tomber ; l’autre partie sera pour mettre les hommes qui seront dans une tranchée pour lâcher le tourniquet sur lequel le « cap de corde sera détenu ». Le petit détroit au bout d’un sentier où les gazettes disent que le sieur Antoine a arrêté et tué la Bête, ne peut être autre chose que le secret en question. « Le fils du sieur Antoine, le jour qu’il a présenté la Bête au Roi, m’a injurié et menacé, dont j’ai informé M. le comte de Noailles, qu’il étoit bien fâché de ce qui m’étoit arrivé, et que je n’avois rien à craindre de cabale. » M. Gra-vois demande à M. l’Intendant d’Auvergne de faire faire une enquête sur les lieux.
    (Inventaire des Archives du Puy-de-Dôme, C. 1740, p. 86 .)