Beau monstre de Nature, il est vrai, ton visage
Est noir au dernier point, mais beau parfaitement,
Et l’Ébène poli qui te sert d’ornement
Sur le plus blanc ivoire emporte l’avantage.
Ô merveille divine, inconnue à notre âge
Qu’un objet ténébreux luise si clairement
Et qu’un charbon éteint, brûle plus vivement
Que ceux qui de la flamme entretiennent l’usage,
Entre ces noires mains je mets ma liberté ;
Moi qui fus invincible à toute autre Beauté,
Une Maure m’embrasse, une esclave me dompte.
Mais cache-toi, soleil, toi qui viens de ces lieux
D’où cet astre est venu, qui porte pour ta honte
La nuit sur son visage, et le jour dans ses yeux.
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