La belle de Carillon/13

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Éditions Édouard Garand (p. 64-69).

XIII

LA BATAILLE


Mme Desprès s’endormit ce soir-là avec l’espoir que le capitaine Valmont viendrait avant longtemps lui demander la main de sa fille. Isabelle, après avoir confessé son amour, avait converti sa mère et réussi à en faire l’amie de Valmont. Elle avait promis à Mme Desprès que la calomnie se tairait. Elle l’avait assurée qu’on ne l’importunerait pas au sujet de la mort de d’Altarez. Mme Desprès avait donc retrouvé le calme de l’esprit, et, tout au fond d’elle-même, elle se réjouissait de rendre son estime à Valmont, puisque c’était une sorte de réparation de l’injustice qu’elle avait commise à l’égard du capitaine canadien.

Mais grande fut sa surprise et celle des officiers de l’armée quand, le lendemain matin, la nouvelle courut que le lieutenant Peyrolet avait disparu avec quelques-uns de ses subalternes de la garnison. On comprit qu’il avait déserté par crainte que son attentat contre d’Altarez ne fût cruellement châtié. Oh ! oui, c’était bien Peyrolet que Mme Desprès avait embauché pour assassiner Valmont, si on se rappelle cette nuit où la jeune veuve avait eu une conférence secrète avec le lieutenant. La fuite de Peyrolet rayait les soupçons qui avaient pesé sur Mme Desprès, et, par suite, l’affaire d’Altarez était oubliée. Et c’est Isabelle qui avait incité Peyrolet à se sauver, après lui avoir déclaré que le lendemain le général, connaissant son crime, le ferait exécuter sommairement. Peyrolet et ses complices avaient donc détalé avec la peur collée sur la nuque.

Isabelle, ce matin-là — 8 juillet — était en train de donner à sa mère des détails sur la désertion et la fuite de Peyrolet, quand, soudain, l’espace trembla sous le grondement de canons et le crépitement de fusils. Un bruit de bataille emplit l’atmosphère…

— Maman ! maman ! cria la jeune fille en se dressant, pâle et énervée, c’est la bataille.

Et, entraînant sa mère, elle gagna précipitamment la tour du fort afin de surveiller le commencement du combat. Mais Isabelle put constater de suite que ce n’était pas encore la véritable bataille, il n’y avait, d’engagés que les Canadiens du capitaine Valmont.

— Oh ! soupira Isabelle en levant les yeux au Ciel, pourvu qu’il ne lui arrive pas malheur !…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Ce n’était encore qu’une escarmouche qui dura une heure. Une colonne anglaise avait tout à coup débouché des bois du Lac, et Valmont avait pensé que l’ennemi allait engager pour de bon la bataille. Pour permettre au général Montcalm de prendre ses dispositions, Valmont résolut de retarder la marche de cette colonne. Contre ses flancs il lança cent cinquante de ses hommes qu’il conduisit en personne. La colonne anglaise comptait six cents hommes au plus. On échangea de part et d’autre quelques coups de fusil, puis les Canadiens se ruèrent contre les Anglais pour les charger à la baïonnette. Il se produisit quelques prises de corps, mais les Anglais détalèrent vers le gros de leur armée. Aux coups de feu échangés une batterie anglaise tonna, lançant des projectiles qui se perdirent inutilement dans les abatis. Bref, l’affaire fut insignifiante et s’acheva sans beaucoup de dommages chez les deux adversaires : les Canadiens eurent trois blessés, et les Anglais une dizaine de blessés, mais quelques morts aussi dont on estima le nombre à 5 ou 6.

Les Canadiens n’osèrent pas s’engager plus avant dans la poursuite de la colonne ennemie, crainte de tomber dans quelque traquenard, et ils rentrèrent dans leurs retranchements.

On pensa que cette colonne anglaise

était sortie de son abri pour tâter le terrain, et l’on en déduisit que l’ennemi allait bientôt donner le grand choc. Une chose certaine, les Anglais ne songeaient pas à prendre le camp français par surprise, ils savaient fort bien que l’armée française demeurait sur le qui-vive.

D’un pied confiant, en effet, Montcalm attendait l’offensive ennemie. Ce matin-là encore il avait parcouru son camp et constaté avec plaisir qu’il pourrait résister avec avantage au heurt des armées anglaises. Il était certain, non de gagner une victoire éclatante, mais d’empêcher l’ennemi de passer ; d’ailleurs, devant des forces ennemies aussi supérieures par le nombre, il n’avait d’autre dessein que d’empêcher et décourager les entreprises des Anglais.

Ceux-ci, très confiants dans leur nombre, donnèrent le premier choc vers les onze heures de matinée, et ce fut contre l’aile gauche commandée par Bourlamaque que fut tenté ce premier effort.

Le général anglais Abercromby avait poussé contre Bourlamaque près de huit mille hommes que protégeaient, dans leur avance, des batteries flottantes qui avaient été remorquées sur la rivière La Chute au cours de la nuit précédente. La colonne avançait avec ses musiques et en bon ordre malgré les difficultés de la marche. Des troupes légères, armées de haches, précédaient la colonne, et aux accords des musiques les haches s’élevaient, sifflaient, traçaient un chemin. Dans le vent les bannières claquaient fièrement, les baïonnettes étincelaient dans la lumière ardente du soleil, des régiments entonnaient des airs guerriers et joyeux et, en un autre moment, on aurait cru voir défiler une armée à la parade. Avant d’être l’armée de la défaite, elle apparaissait l’armée de la victoire. Il n’y a pas de doute que les Anglais, connaissant les forces presque méprisables de Montcalm, croyaient marcher et à la victoire et à la conquête du Canada entier. Mais lorsque la colonne voulut s’engager sur les pentes douces qui aboutissaient au camp de Bourlamaque, celui-ci commanda le feu : les batteries françaises se mirent aussitôt à cracher fer et flamme. Durant dix minutes un déluge de projectiles de toutes espèces s’abattit en plongée sur les rangs serrés des Anglais. Mais les rangs se disloquèrent, d’immenses vides s’y firent, et ce fut bien pire, après le feu français, lorsque Valmont et Bertachou, à la tête de leurs Canadiens, s’élancèrent dans le flanc de la colonne. Pendant près d’une demi-heure il se produisit un pêle-mêle indescriptible, et la colonne ennemie fut brisée tout à fait, réduite en tronçons qui bientôt s’éparpillèrent en tous sens. Les Canadiens étaient survenus à l’improviste et à temps pour mettre le désordre et semer la mort dans la magnifique colonne qu’on avait admirée dans sa marche tout à l’heure.

Mais déjà une deuxième colonne forte de cinq mille combattants menaçait le centre. Or, ce centre était surtout protégé par les miliciens de Valmont qui abandonnèrent, en face de ce nouveau danger, la colonne en déroute pour revenir dans leurs ouvrages et attendre la deuxième attaque ennemie.

Mais que pouvaient trois cents Canadiens seulement contre une armée bien équipée de cinq mille hommes ? C’est pourquoi Montcalm dépêcha à Valmont M. de Saint-Ours avec 600 miliciens. Ainsi renforcé le capitaine Valmont pouvait recevoir d’un pied ferme les Anglais. Mais ceux-ci, pour atteindre les ouvrages des Canadiens, durent s’engager dans un champ d’abatis qu’il n’était pas facile de traverser. Les arbres avaient été renversés pêle-mêle, les uns par-dessus les autres, entrecroisés en tous sens, et d’une hauteur variant de cinq à six pieds. Ensuite, les branches avaient été coupées à environ un pied du tronc et aiguisées comme des flèches, de sorte que cette énorme étendue d’arbres abattus ressemblaient à d’innombrables chevaux de frise. Aussi, put-on voir les premiers bataillons anglais s’empêtrer sur ces pointes acérées qui les déchiraient. Ils n’avançaient que très lentement et sans pouvoir conserver l’ordre de leurs rangs. Montcalm profita du moment pour les faire mitrailler par ses canons. Le désordre, alors, se mit tout à fait dans les rangs de ces bataillons qui, après une avance de cinquante verges environ, durent retraiter en hâte pour éviter d’être réduits en charpie. Ce fut une bousculade monstrueuse au travers des « chevaux de frise », et une grande quantité de soldats demeurèrent dans les abattis morts ou grièvement blessés. Et, peu après, lorsque cette armée se fut retirée à l’orée des bois dans le dessein de refaire ses rangs, on put voir d’affreux lambeaux de chair accrochés aux pointes terribles.

Cependant, la troisième colonne envoyée par Abercromby pour assaillir l’aile droite de l’armée française, que commandait M. de Lévis, ne fut pas plus heureuse. Après avoir beaucoup souffert du feu des batteries françaises, elle fut prise en flanc par trois bataillons de grenadiers et un bataillon de sauvages, et par crainte d’être anéantie, cette troisième colonne retourna en désordre à ses positions près des bois du Lac Saint-Sacrement.

C’étaient trois engagements gagnés successivement par Montcalm, et ces succès avaient déchaîné par le camp français un enthousiasme sans pareil.

Un quatrième succès fut obtenu par les Canadiens du Capitaine Valmont et ceux de M. de Saint-Ours, lorsque, après s’être reformée, la première colonne était revenue à l’assaut des positions de M. de la Bourlamaque. Et cette fois elle fut plus mal éprouvée et laissa sur le terrain un grand nombre de cadavres.

Dans ce quatrième engagement les Canadiens avaient fait des prodiges de valeur, et ce fut au cours de ce choc que le capitaine Valmont fut blessé assez grièvement. Bertachou et M. de Saint-Ours lui conseillèrent de gagner le Fort pour s’y faire panser ; Valmont ne voulut pas suivre ces avis : il pansa lui-même ses blessures avec l’aide de Bertachou et reprit le commandement de ses miliciens.

Un répit s’était produit. Les Anglais remettaient de l’ordre dans leur armée avant de revenir pour tenter un nouvel assaut. Montcalm pensa bien que cette fois l’effort de l’ennemi serait terrible, mais il conservait toute sa confiance. Et il avait raison, car l’ennemi se trouvait déjà éclopé par les nombreuses pertes qu’il avait subies, et sa force et son nombre étaient moindres. Quant à l’armée de la Nouvelle-France, elle demeurait à peu près intacte : on comptait en tout, à ce moment-là, vingt blessés et deux morts. Toutefois, ces premiers avantages en faveur de l’armée française ne pouvaient être encore une assurance de victoire, car l’ennemi demeurait encore formidable, et c’est pourquoi aussi confiant en sa force que l’était Montcalm en sa faiblesse, Abercromby décida de lancer une nouvelle attaque et mieux ordonnée que les premières.

Cette fois, en effet, il lança ses troupes sur quatre colonnes, une contre chaque aile du camp français et deux contre le centre. Mais là, il n’y avait plus de musiques joyeuses en tête : les musiciens avaient été convertis en bûcherons. Deux mille cinq cents hommes pourvus de haches précédaient les colonnes dans les abatis. Les haches rognaient les pointes et rendaient ainsi la marche en avant plus facile. Oui, mais Montcalm faisait mitrailler les bûcherons, les bons tireurs canadiens dissimulés dans les ramures des arbres s’appliquaient de leur mieux et avec succès à abattre ces bûcherons. De sorte que leur nombre diminuait rapidement et bientôt les colonnes anglaises se verraient sans chemin frayé. Toutes les batteries françaises maintenaient un feu bien nourri, et l’on vit les quatre colonnes, osciller, reculer, revenir à la charge, hésiter, puis reculer encore et se briser. Après une heure en vaines tentatives pour atteindre les premiers ouvrages des Français, l’ennemi se retirait encore laissant dans les abatis un grand nombre de cadavres.

La joie éclatait bruyamment dans l’armée française, de son aile droite à son aile gauche. Au centre, le régiment du Languedoc entonna d’un chœur puissant un hymne à la Vierge, dont la bannière ne cessait de claquer dans le vent au-dessus des lignes. Puis ce furent des battements de tambours, des refrains joyeux, des airs de fifres à l’allure sautillante. Est-ce pressentiment de victoire ?

Pourtant, l’ennemi préparait en silence une autre attaque qui ne manquerait pas de semer un peu d’inquiétude dans la petite armée du général français.

Après avoir fait poster une trentaine de batteries aux abords des abatis, le général Abercromby commanda le feu, et aussitôt une avalanche de projectiles, boulets et bombes, déferla sur le camp français. Les boulets de fer mettaient en pièces les ouvrages défensifs des Français, tandis que les bombes mettaient le feu aux débris. Mais ce terrible bombardement qui dura une demi-heure sans ralentir n’entama point ni le courage ni la confiance de la petite armée : elle demeura bravement, fermement sur ses positions, réparant au fur et à mesure les dégâts, combattant les commencements d’incendie sous la pluie de fer. Là encore, Montcalm était inférieur aux Anglais par son équipement de pièces de campagne : celles-ci n’avaient pas la portée des autres, de sorte qu’il lui fut impossible de riposter et de chercher à faire taire les pièces anglaises.

L’ennemi croyait bien avoir chassé de ses retranchements toute l’armée de Montcalm, et de la cime d’un haut pin Abercromby essayait à l’aide d’une puissante lunette à voir ce qui se passait de l’autre côté des abatis ; mais la fumée des canons jointe à celle des incendies que les bombes allumaient ne lui permit pas de voir quoi que ce fût. Mais il dut s’imaginer que la petite armée du Canada n’avait pu tenir sous un tel feu, et il résolut d’y aller voir lui-même à la tête de ses troupes.

Il lança, en quatre colonnes, toutes ses forces, y comprises ses réserves, c’est-à-dire treize mille hommes… Lui-même marcha à la tête de la colonne qui s’avançait contre le centre du camp français. Maintenant, les anglais avançaient plus facilement et plus rapidement, car une partie du chemin avait été frayée par les « bûcherons ». Au reste, Abercromby se faisait encore précéder par mille haches. Mais cette fois encore l’ennemi ne put arriver jusqu’aux défenses françaises. Grâce à l’impétuosité des Canadiens, aux charges terribles des grenadiers français et aussi à la mitraille de Montcalm, l’ennemi fut refoulé avec de lourdes pertes…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Au cours d’une charge violente des Canadiens, le capitaine Valmont avait été plus gravement blessé, et, entre autres blessures, il avait reçu d’une hache ennemie une large taillade à la jambe droite. Sans la présence de Bertachou, Valmont serait tombé et peut-être aurait-il trouvé la mort dans les abatis. Mais Bertachou était là… Il enleva son capitaine et courut le mettre en lieu sûr dans les retranchements. Après l’affaire, Valmont fut transporté au fort pour être confié aux soins des chirurgiens que secondaient vaillamment Mme Desprès et sa fille. On déposa Valmont dans la salle d’armes convertie en infirmerie pour les officiers.

À la vue du capitaine apporté sur un brancard, Isabelle courut à lui.

— Oh ! Capitaine, s’écria-t-elle avec une visible angoisse, êtes-vous gravement blessé ?

— Je ne le pense pas, Mademoiselle, sourit Valmont malgré de grandes souffrances.

— Tant mieux, Capitaine, répliqua avec joie la jeune fille, il ne faut pas que vous mourriez !

Elle appela aussitôt un chirurgien qui, après avoir examiné la jambe, déclara :

— Une huitaine de jours, et la jambe ira comme avant !

Et il fit les pansements nécessaires.

Mais Valmont était très faible à cause d’une grande perte de sang. Tout de même il conservait son calme et son sourire à Isabelle qui demandait :

— Aurons-nous la victoire, Capitaine ?

— J’en suis sûr, Mademoiselle, parce que nos lignes sont impénétrables.

— Et aussi et surtout parce que la bonne Vierge nous prête son puissant appui… Ah ! que je suis contente !

— Cette victoire ne sera pas due seulement à la Vierge ; est-ce que vous vous n’aurez pas droit à votre digne part ?

La jeune fille sourit.

— Moi, Capitaine, je ne demande rien autre chose que notre armée soit victorieuse… et…

Elle se tut hésitante et rougissante.

Le chirurgien achevait ses pansements et disait :

— Rien de grave, mais il faudra des ménagements et des soins attentifs, Capitaine.

— Soyez tranquille, Monsieur, répondit Isabelle, je veillerai sur lui.

— Merci, dit Valmont. Pourtant je ne mérite pas plus qu’un autre vos soins dévoués.

— Mais moi, riposta Isabelle en riant doucement, je vous dois ces soins.

Il y avait dans ses yeux bleus pleins de tendresse un langage que Valmont finissait par comprendre clairement. Son cœur frémit d’une joie infinie. Sans savoir, il saisit subitement une main de la jeune fille et la serra avec force.

— Oh ! Isabelle… Isabelle… finissez, voulez-vous cette phrase « vous ne demandez que notre armée soit victorieuse et…

Alors de ses yeux lumineux, de ses lèvres humides et de chaque trait de son joli visage sembla découler un flot d’amour.

Les paroles n’étaient pas utiles, elles n’eussent rien ajouté à cette déclaration.

Oh ! oui, comme elle l’aimait lui…

Valmont ferma les yeux un moment, sous la cuisson d’une douleur… mais une douleur si bonne encore dans le tourbillon de joie qui déferlait par tout son être.

— Isabelle… murmura-t-il sans oser relever les paupières, Isabelle, ai-je rêvé ? C’était donc vrai ?…

Elle serra doucement sa main en signe d’affirmative.

Et Valmont balbutia :

— Ah ! si je meurs… au moins je mourrai content !…

— Non ! Non ! vous ne mourrez pas ! Est-ce qu’un peu de joie, un peu de vie ne nous est pas dû, Capitaine, à nous qui avons tant souffert, à nous qui ne faisons que de naître ?

Cette fois il ouvrit les yeux…

Elle était là doucement penchée sur lui, souriante, émue, et si gracieuse et si belle, belle de toute la jeune vie qui l’enflammait et la faisait étinceler comme un astre du ciel. Incapable de parler, et voulant lui dire aussi combien il l’aimait, combien il l’avait aimée, il attira la petite main et la pressa avec amour sur ses lèvres…

À ce moment des clameurs joyeuses éclataient de toutes parts dans le fort et là-bas dans le camp de l’armée française. Aux clameurs se joignaient les fifres du Royal-Roussillon qui jouaient un air de victoire.

— Oh ! si c’était la victoire… murmura Isabelle, soudain palpitante.

Elle ne fut pas longtemps dans l’attente : bientôt des soldats envahissaient la salle d’armes et annonçaient la victoire des armes françaises. Les Anglais, battus, décimés, venaient d’abandonner dans le plus grand désordre la partie. Quantité de bataillons prenaient la fuite à travers monts et vaux par crainte de poursuite. Le soir même Abercromby allait commencer à faire rembarquer sur ses berges les débris de son armée. Et maintenant, ainsi que le rapporte un historien canadien, trois mille poitrines françaises et canadiennes chantaient autour du drapeau de la Vierge le Te Deum.

— Ah ! oui, Capitaine, s’écria Isabelle en pleurant de joie, c’est bien cette bonne Vierge qui nous a donné la victoire.

— Mais avec l’intercession de la Belle de Carillon, sourit Valmont.

Et dans le délire de joie qui suivit, elle et lui acclamèrent cette prodigieuse victoire par le baiser de leurs lèvres.




FIN