La besace d’amour/Où Flambard fait ouvrir portes qu’on s’obstinait à vouloir tenir fermer

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Éditions Édouard Garand (p. 26-29).

CHAPITRE VIII

OÙ FLAMBARD SE FAIT OUVRIR LES PORTES QU’ON S’OBSTINAIT À VOULOIR TENIR FERMÉES


Flambard était arrivé devant le château juste au moment où le baron de Loisel et sa fille Marguerite pénétraient dans la salle basse en laquelle avaient été enfermés le mendiant et le clerc de notaire.

Il n’était pas facile au premier venu de pénétrer en cette maison vice-royale… c’était un Palais de Versailles et c’était un Louvre ! À moins d’être habitué ou un fonctionnaire connu des gardes, il fallait d’abord, pour être introduit dans une sorte de cour intérieure, un mot de passe. De cette cour pour entrer dans le grand parloir du Château il fallait parlementer avec un contingent d’huissiers, fort peu aimables envers les importuns ou les personnes sans qualités ou sans attache quelconque avec la maison de M. de Vaudreuil. Une fois qu’on avait réussi à arriver jusqu’à ce parloir, tout n’était pas dit, du moins si l’on avait affaire soit au marquis de Vaudreuil, lorsqu’il habitait le Château, soit à son intendant ou à quelque autre personnage, tel encore le sieur Varin, trésorier-royal, tel encore le capitaine des gardes, M. de Croix-Lys, actuellement à Montréal où il avait accompagné le marquis de Vaudreuil. La consigne était très sévère : il y avait les heures où ces grands personnages recevaient, mais en dehors de ces heures strictement réglementaires, n’étaient admis que des êtres privilégiés, ou de hauts fonctionnaires que les affaires appelaient là d’urgence.

Les heures de réception ou d’admission pour les sujets du roi en général étaient de deux heures à quatre heures précises de l’après-midi. Il y avait bien une heure d’admission dans la matinée, entre onze heures et midi mais elle n’était que pour les fonctionnaires.

Flambard se présenta donc au Château à quatre heures et demie… même que la demie était déjà fort entamée. Mais Flambard n’était pas un personnage ordinaire, du moins il le pensait, il le pensait d’autant plus à cause de l’importance de l’affaire qui l’amenait là. Flambard ne connaissait rien des choses de la Nouvelle-France, rien de ses coutumes, rien de ses usages, rien ou presque rien des hommes qui l’administraient. Si Flambard avait emmené au Canada Mme de Ferrière et sa nièce sur les instructions du comte de Maubertin, il était aussitôt retourné en Europe, sans qu’on sût jamais exactement en quel endroit du continent. Puis il était revenu au Canada le 13 de ce mois de mai 1756 en même temps que les troupes royales, le marquis de Montcalm et les officiers qui l’accompagnaient. Il avait voyagé au travers de ce monde de la guerre et de l’aristocratie, comme un digne commerçant qui venait s’établir dans ce pays nouveau.

Flambard ne pouvait savoir que le Château Saint-Louis était une autre maison royale en laquelle n’entre pas qui veut.

Et l’eût-il su ou appris, cela ne l’aurait pas inquiété une demi-seconde ; car Flambard, tout en étant français et bon sujet du roi, ne reconnaissait d’autre autorité sur la nature humaine que l’autorité de sa propre humaine nature, que l’autorité de Dieu, que l’autorité de son maître et ami le comte de Maubertin. En dehors de ces trois autorités, qui pour lui représentaient l’autorité du roi, Flambard se considérait comme son propre maître. Chaque fois qu’il se donnait un ordre, cet ordre était exécuté séance tenante au mieux de ses capacités et de son intelligence. Si donc Flambard croyait qu’il devait entrer au Château Saint-Louis pour quelque affaire qu’il jugeait importante, il entrerait dans le dit Château, quoi qu’il en coûtât… il passerait sur le corps de cinq cents gardes… il escaladerait des murailles hautes comme le Cap Diamant lui-même !

Flambard descendit de cheval, l’attacha à un poteau de pierre s’approcha d’un pas assuré de la grande porte cochère et fit travailler rudement le marteau d’appel.

À ce signal, une planchette glissa derrière l’œil-de-bœuf d’une porte bâtarde, et dans cet œil-de-bœuf apparut un œil de dogue.

— Que voulez-vous ? demanda une voix malveillante.

— Entrer ! répondit Flambard seulement.

— On n’entre pas !

— Non ? sourit Flambard placidement.

— Les sauvages ne sont jamais admis !

— Je crois bien, puisqu’ils y sont ! riposta Flambard sans se fâcher.

La planchette glissa brusquement, et Flambard se vit seul comme l’instant d’avant.

Il promena autour de lui un regard circulaire, comme s’il eût cherché un objet quelconque pour enfoncer la porte ; mais c’était plutôt pour voir s’il ne surviendrait pas quelque garde pour le prendre par traîtrise. Il remarqua que les abords du Château étaient tout à fait déserts. Il examina le mur d’enceinte : quatre mètres de hauteur… C’était trop haut ! Et Flambard, tout en réfléchissant, se mit à examiner le château, ses terrasses, ses tourelles au sommet desquelles flottait le drapeau du roi de France. Dans cette maison quasi royale tout semblait tranquille et l’on eût pensé que le Château était désert. Mais Flambard savait que, après le départ du marquis de Montcalm et de ses officiers-gentilshommes, il restait là l’intendant, quelques fonctionnaires et la valetaille, et c’est pourquoi, sachant cela, il voulait entrer, puisque c’était à son avis le meilleur moment. Mais il comprit aussi qu’il n’y avait qu’un chemin pour arriver à ce Château : la porte énorme et massive qui se dressait devant lui et derrière laquelle pouvaient se tenir en surveillance et en garde une centaine de sentinelles et cerbères peu faciles d’approche.

Alors, tout aussi flegmatiquement que la première fois, Flambard saisit le marteau et l’agita violemment et longuement.

Deux minutes s’écoulèrent.

La planchette glissa doucement cette fois, et dans l’œil-de-bœuf un œil de porc examina curieusement le fâcheux.

Puis une voix rogue, celle probablement de l’œil de porc, dit :

— On vous a dit qu’il n’y a pas d’admission, l’ami ; pourquoi vous entêter à nous déranger ?

— Et moi je dis, répliqua froidement Flambard en prenant un air digne, que si je ne suis pas admis, monsieur le Marquis de Vaudreuil saura bien te couper les oreilles à toi et à tes acolytes de satan !

— Ah ! diable ! fit l’homme de l’autre côté de la porte avec surprise, vous avez prononcé le nom de monsieur le marquis ?

— Et je le reprononce… c’est-à-dire non… j’ai coutume de ne parler qu’une fois ! Donc, mon gaillard, pour peu que tu tiennes à tes oreilles, va dire à monsieur l’intendant, baron de Loisel, que je désire l’entretenir séance tenante d’une communication importante de monsieur le gouverneur ! Et si tu n’obéis sur-le-champ, je te condamne, une fois tes oreilles proprement coupées et jetées aux chiens, à parcourir, avec un rocher à dos, les soixante lieues que je viens de fournir d’une seule traite Comm… prenn… nez ?

Le ton de Flambard, son attitude sévère et quelque peu menaçante, ses vêtements gris de poussière, le « mouron » qu’on pouvait voir attaché au poteau de pierre et tout poussiéreux aussi, tout cela parut faire impression sur le gardien de la porte qui, cette fois, répondit sur un ton plus poli :

— Si vous voulez attendre un moment, je vais dépêcher un huissier auprès de monsieur l’intendant.

— C’est bien, fais et vite ! ordonna sèchement Flambard.

La planchette glissa encore.

Flambard attendit cinq minutes.

Pour la troisième fois la planchette fut poussée, et dans l’œil-de-bœuf se posa un œil de proie.

— Votre nom ? interrogea rudement une voix peu commode.

— Au nom du Marquis de Vaudreuil, riposta Flambard, et que cette farce achève !

C’était péremptoire…

L’œil de proie disparut, oubliant ou négligeant de tirer la planchette ; et alors par l’œil-de-bœuf Flambard plongea son œil de lynx, et il aperçut une demi-douzaine de gardes qui s’entretenaient à voix basse.

Puis l’un d’eux dit assez haut pour être entendu de notre ami :

— Bah ! on verra bien… ouvre !

Cet ordre était donné à un portier.

La porte bâtarde fut ouverte, Flambard entra, la porte fut refermée, et six gardes, la main sur la poignée de leurs épées, regardèrent l’inconnu en le dévisageant.

Mais tous parurent se rassurer : l’homme était sans arme.

Flambard également était très rassuré, ou plutôt il était assuré maintenant de pénétrer dans le Château ; car du moment qu’il avait un pied dans la place, il ne serait pas long qu’il y aurait les deux pieds.

Et, comme il était pressé et pas mal indigné qu’on l’eût fait attendre si longtemps, il commanda au portier sur un ton qui n’admettait pas de réplique :

— Conduis-moi !

Il indiquait l’entrée principale du Château, dont la grande porte demeurait béante et laissait voir à demi un vaste vestibule où se pavanaient des huissiers en habit noir.

Du regard le portier consulta les gardes, ceux-ci s’écartèrent en signe d’assentiment, et le portier, prenant les devants, dit à Flambard :

— Venez !

L’instant d’après Flambard était dans le vestibule garni de banquettes. Là, une demi-douzaine d’huissiers l’entourèrent et le regardèrent avec un air amusé et ironique qui devenait outrageant pour la dignité que déployait Flambard en cette circonstance. Mais si les gardes, gardiens, portiers, concierges… bref, toute cette engeance qui fait œuvre de se tenir devant ou derrière les portes… étaient assez faciles à intimider, il n’en était pas de même de cette autre engeance, les huissiers. Ceux-là, c’étaient des êtres à part, des êtres sur qui pesaient de lourdes responsabilités, des êtres qui après les valets de chambre et les maîtres d’hôtels approchaient le plus près les maîtres du logis, par conséquent des êtres d’importance considérable par leurs fonctions délicates et fort honorables. Et leur importance se manifestait d’autant plus auprès du commun des humains, que ces honorables huissiers se savaient approchés par des personnages de haute marque, et ceci n’était pas mince honneur ! Mais pour que messeigneurs les huissiers subissent toute l’ivresse de cet insigne honneur, fallait-il encore que le personnage fût de marque supérieure ! Sans quoi il y avait souvent importunité à les approcher, par conséquent il y avait mauvais vouloir de leur part, et souvent malveillance, quand il n’y avait pas violence. Aussi les huissiers du Château Saint-Louis jugèrent-ils à première vue que le personnage qui venait de se présenter n’avait rien de marque supérieure, ni de haute marque, pas même de marque quelconque, et que c’était là un fâcheux qui en serait pour ses frais, pas et démarches !

L’un d’eux avec un sourire narquois indiqua une banquette et dit en soufflant du nez :

— Si mossieu veut prendre un siège…

Il s’inclina avec une grimace moqueuse qui fit rire les autres.

Flambard ne sourcilla pas. Il vit au fond du vestibule une grande porte vitrée. Là c’était le parloir. Il ne le savait pas, mais il se disait que pour atteindre un bâtiment il faut aller au cœur, de même qu’on atteint un homme en le frappant au cœur ; et le cœur d’un bâtiment c’était le centre. Flambard marcha donc vers la porte vitrée, après avoir rudoyé un huissier qui n’avait pas eu l’heur de s’écarter assez tôt.

— Holà ! cria un huissier.

— Ohé ! l’homme… où vas-tu ? demanda un autre.

— À mes affaires ! répondit tranquillement Flambard.

Il avança vers la porte vitrée.

Les six huissiers lui barrèrent la route résolument c’étaient six colosses !

Flambard croisa les bras et se mit à ricaner.

Les huissiers s’entre-regardèrent.

L’un dit en fronçant le sourcil :

— Il se moque de nous, je pense !

— Il a du nez ! fit un autre.

Flambard passa sa main sur le milieu de son visage, flatta son aquilin et continua de ricaner. Il méditait tout en examinant les autres du coin de l’œil.

— C’en est trop ! dit un autre huissier en portant la main à la poignée d’une dague cachée sous son habit noir.

D’un geste autoritaire Flambard l’arrêta.

— Pas de ça ! dit-il.

— Mais tu te moques de nous !

— C’est vrai ! répondit franchement Flambard.

— Il ose l’avouer ! s’écria un huissier scandalisé et furieusement outragé.

— J’avoue toujours et j’affirme ! répliqua Flambard sans perdre une parcelle de son calme. Et j’avoue encore, poursuivit-il, que vous vous êtes six sots si pleins de sottises qu’ils débordent et rejaillissent sur vos faces qui en sont toutes sottes !

— Ah ! par exemple, quel escogriffe ! exclama un huissier avec un air dégoûté.

— Merci, répondit Flambard, l’Escaut coule poliment, la grive jase harmonieusement, mais vous, gardeurs de sépulcres, vous m’agacez terriblement les oreilles à la fin… Place ! rugit-il tout à coup de sa voix nasillarde.

— Alerte ! clama un huissier.

Flambard saisit l’un d’eux et le lança à travers la porte vitrée qui vola en éclats.

— À nous, Gardes ! hurlèrent les autres.

Flambard avait exécuté un bond terrible et s’était trouvé dans le parloir.

Mais au bruit de la porte brisée, à l’appel des huissiers, une dizaine de gardes apparurent dans un escalier qui conduisait aux étages supérieurs. Puis de la cour intérieure du Château surgirent les six gardes… si bien que Flambard se vit la minute d’après en face de seize épées, seize épées qui maintenant, allaient l’entourer et le transpercer d’outre en outre. Il recula contre l’un des murs et s’y adossa. Jusque là ses traits étaient demeurés quelques peu indistincts à cause de la demi-obscurité qui régnait dans le parloir. Mais là, contre le mur, une croisée haute et large qui recevait le jour à deux pas de lui, l’éclaira en plein.

Alors un garde jeta cette exclamation imprécatoire :

— Ah ! par l’enfer ! c’est le maudit Flambard !

Ce garde avait connu Flambard le même après-midi de ce jour en l’auberge L’OLYMPE.

Et aussitôt ce nom « FLAMBARD » résonna avec curiosité, avec admiration, avec effroi sur toutes les lèvres.

Il y eut une stupeur indéfinissable… il y eut presque une panique… il y eut certainement du désarroi, puisque des épées s’écartèrent prudemment, reculèrent…

Flambard profita du désordre.

Il fit un saut en l’air, retomba sur le parquet, s’écrasa jusqu’à s’aplatir, ricana lourdement…

La stupéfaction fut au comble parmi les gardes, huissiers, portiers, et autres espèces de valetaille accourues de tous les recoins du Château.

Flambard se releva, se redressa comme un ressort, exécuta une pirouette, fit un autre bond cette fois vers les gardes, poussa un cri formidable… Et alors, chose inouïe, on le vit avec une épée en sa main droite, et à ses pieds gisait un garde à demi assommé.

Dès lors ce fut la bataille… la bataille d’un contre cent !

Mais Flambard en valait bien cent et cent autres de ceux-là qui, pour la plupart, tiraient l’épée d’une main tremblante… de ceux-là qui, n’eut-ce été le devoir, eussent pris la fuite, épouvantés qu’ils avaient été au seul nom prononcé de « Flambard ».

Et l’épouvante grandissait… car au premier choc du fer contre le fer trois gardes étaient blessés !

Car au deuxième choc, deux autres gardes étaient perforés de part en part par l’épée de Flambard ! Et l’épée sanglante sifflait, perçait étincelait comme l’éclair, abattait comme la foudre…

Et Flambard déclamait :

— J’embroche trois dindons… j’embroche cinq dindons… où sont les autres ?

Une terrible clameur s’élevait autour de lui les jurons, les cris, les appels se confondaient avec le bruissement de l’acier heurtant l’acier le fer vibrait, pétillait, et les gardes reculaient incapables de toucher, d’effleurer ce magicien dont l’épée semblait une étincelle insaisissable…

Une voix forte domina tous les bruits de la bataille criant :

— Qu’on aille chercher l’intendant !

Malgré son âge, le baron de Loisel passait pour un escrimeur de premier ordre.

— Où est-il ? demanda une autre voix.

À la salle basse… auprès du mendiant et de Jean Vaucourt !

Tout en ferraillant activement Flambard saisit ces paroles échangées.

La salle basse !… pensa-t-il.

Le mendiant !…

Jean Vaucourt !…

Où était la salle basse ?

Par une porte latérale il découvrit un corridor, et dans ce corridor il aperçut un huissier s’élancer… il comprit.

Il bondit tout à coup, pratiqua une trouée sanglante dans la masse des gardes qui lui fermaient le passage et gagna le corridor. Il vit le huissier s’engager dans un escalier au bout du corridor. Mais à l’instant même apparut sur le palier la silhouette d’une jeune fille que suivait un garde. C’était Marguerite de Loisel.

Elle vit Flambard, elle le reconnut et poussa un cri d’épouvante et de détresse.

Flambard n’avait pas le temps de s’émouvoir maintenant il savait se trouvait la salle basse et il voulait s’y rendre.

L’huissier, qui s’était arrêté, avait une épée à la main et il en dirigea la pointe vers Flambard. Le garde tira la sienne, et se plaça résolument à côté de l’huissier.

Flambard eut une idée : il cria :

— J’ai demandé audience à monsieur le comte de Maubertin !

Il fonça sur le garde et l’huissier, ajoutant :

— Place valets de basse-cour !

Marguerite de Loisel n’eut que le temps de se jeter de côté, que Flambard se trouvait sur le palier culbutant le garde et l’huissier. Il entendit la clameur des gardes qui arrivaient derrière lui, il vit leurs épées réunies en gerbe pour le clouer contre le mur… il se lança dans l’escalier.

Au pied de l’escalier, dans cet autre corridor sur lequel ouvrait la salle basse, le baron de Loisel apparaissait agité, inquiet.

Il vit notre héros et ne put retenir ce nom jeté dans un cri d’épouvante :

— Flambard !

À cette seconde les trois gardes qui accompagnaient le baron refermaient la porte de la salle, mais pas assez tôt pour que Flambard n’entendit son nom par trois fois clamé par une voix bien connue de lui :

— Flambard ! Flambard ! Flambard !

Et lui, Flambard, se trouvait là, devant le baron livide qui venait de tirer son épée.

Flambard ricana et avec une révérence moqueuse prononça :

— Salut bien, monsieur le baron de Lardinet !

Tout à coup, comme par magie, le calme se fit de toutes parts dans le Château, et après l’ouragan qui venait de passer, ce calme apparut terrible : les épées s’étaient arrêtées comme suspendues, les cris s’étaient éteints dans la gorge de ceux qui le poussaient, et tous les personnages de cette scène frissonnèrent, hormis peut-être Flambard. Car un nom avait été jeté… un nom qui avait suffi pour apaiser le tumulte, pour arrêter l’ouragan.

Car du haut de l’escalier une voix avait lancé :

— Monsieur l’intendant-royal !

Et Bigot, calme et fier, apparaissait.

— Bas les fers ! commanda-t-il d’une voix douce, mais autoritaire…