La captivité de Jean d’Orléans, comte d’Angoulême (1412-1445)

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LA CAPTIVITÉ DE JEAN D’ORLÉANS
COMTE D’ANGOULÊME
(1412-1445).


Des travaux sérieux nous ont appris comment Louis de France, duc d’Orléans, — le père de Jean, comte d’Angoulême, — occupa le royaume entier de ses ambitions pendant sa vie, et de sa vengeance après sa mort. Nous savons aussi quel profit les Anglais, depuis Azincourt jusqu’au traité d’Arras, surent tirer des rivalités tragiques entre les Armagnacs et les Bourguignons. La captivité du comte Jean d’Angoulême, épisode à la fois de ces luttes civiles et de la guerre franco-anglaise, est moins connue.

Peut-être méritait-elle d’être étudiée : elle éclaire d’un jour nouveau nos relations avec nos ennemis d’outre Manche, à une époque où ces relations sont en grande partie l’histoire de notre pays ; elle nous permet de surprendre le jeu d’une des spéculations les plus en vogue en ces temps troublés : la rançon d’un prisonnier de haut rang.

Nous n’avons donc pas jugé inutile de rechercher les circonstances qui amenèrent la captivité du comte, d’exposer ce qu’elle fut, de préciser comment elle prit fin.


I.


Jean d’Angoulême devint le prisonnier des Anglais en 1412, moment où la guerre de Cent ans, suspendue plutôt qu’interrompue depuis la mort de Charles V, allait reprendre. Il ne tomba pas dans leurs mains sur un champ de bataille, mais à la suite des négociations ouvertes avec eux par les princes d’Orléans. Ces princes crurent bon de chercher, même à l’étranger, les moyens de venger leur père ; ils firent une ligue contre Jean sans Peur, duc de Bourgogne, qui tenait, disaient-ils, « le roi sous son pied[1]. » Non seulement ils s’allièrent avec les ducs de Berry, de Bretagne, de Bourbon, avec les comtes d’Alençon et d’Armagnac[2], mais avec Henri IV d’Angleterre. Henri leur donna des troupes comme il en avait donné au Bourguignon. Cependant Thomas de Lancastre, duc de Clarence, propre fils du roi, qui les conduisait, débarqua trop tard en France ; il n’y descendit que le 10 août 1412, alors que les princes avaient fait la paix dès le 12 juillet. Furieux d’être inutile et craignant de n’être pas payé, Clarence ravagea tout sur son passage. Finalement, après un mois de pourparlers, les ambassadeurs de Charles d’Orléans consentirent aux conditions suivantes : les Anglais rentreraient chez eux avant le 1er janvier 1413 (n. st.), sans pillage aucun sur leur route. Ils recevraient 150,000 écus pour leurs gages et comme indemnité. Cette somme serait garantie par des joyaux, dont un seul, la croix de Berry, était prisé 40,000 livres ; surtout par sept otages qui seraient remplacés en cas de décès et délivrés au fur et à mesure des paiements[3].

De ces sept otages, le plus illustre était Jean d’Orléans, comte d’Angoulême. Il avait douze ans seulement[4]. Les six autres étaient de simples serviteurs de la maison du duc Charles, son frère, — Guillaume le Bouteiller, Archambaud de Villars, Hector de Pontbriant, Jean Davy, — ou de la sienne, Macé le Borgne, Jean de Saveuzes. Ni Berry ni Bourbon n’avaient proposé aucun de leurs gens comme otage.

Ce fut là le traité de Buzançais : il fut scellé, le 14 novembre 1412, par Clarence, York, Dorset, d’une part ; Tignonville, Braquemont, Gaucourt, de l’autre[5].

Ainsi, la mort violente de Louis de France et le défaut de raison saine, d’énergie royale, chez Charles VI ; les hostilités des princes et leur réconciliation ; l’appel fait aux troupes anglaises et le refus d’utiliser leur secours ; l’épuisement financier de Charles d’Orléans et la conduite des négociations que lui laissèrent ses alliés ; — voilà les causes de la captivité de Jean d’Orléans, comte d’Angoulême.


II.


Le jour même du traité de Buzançais, le 14 nov. 1412, Jean d’Angoulême, monté sur une haquenée noire, à longue queue, fut conduit avec honneur dans le camp des Anglais et sa captivité commença[6].

Il était sans doute impossible à l’origine de prévoir par quelle série d’événements cette captivité serait prolongée ; cependant, avant la fin de cette journée, un acte déloyal, commis par Clarence, put sembler un présage funeste : ce duc ajouta, de son autorité, 60,000 écus aux 150,000 inscrits dans le traité[7]. La somme dont répondaient les otages fut alors, malgré les protestations des princes français[8], portée à 210,000 écus. Maître des captifs, Thomas de Lancastre se jugeait maître de leur délivrance. C’était le droit du plus fort.

Ce premier malheur reçut, en 1415, son complément à Azincourt. Vainement, en livrant le comte d’Angoulême, on avait pensé que le traité de Buzançais serait le préliminaire d’une paix générale entre Henri IV et Charles VI[9], et que ce rapprochement favoriserait la délivrance de Jean. Le traité était à peine achevé que les relations franco-anglaises s’aigrirent. Clarence avait promis de s’éloigner sans pillage[10] : il se crut délié de sa parole quand lui fut refusé le supplément de 60,000 écus qu’il exigeait[11], et il dévasta impitoyablement la route qui, par Beaulieu, Champigny, le Poitou, le ramenait à Bordeaux[12]. On était bien loin de l’apaisement espéré. Les hostilités furent ensuite reprises entre les rois de France et d’Angleterre. Chacun sait quelle éclatante victoire, à Azincourt, put donner à penser qu’Henri V avait enfin réalisé le rêve de ses prédécesseurs : la domination de notre pays. De tous les événements politiques du temps, ce fut cette bataille qui porta le coup le plus terrible à la libération du comte d’Angoulême, puisque Charles d’Orléans et le duc de Bourbon demeurèrent au nombre des prisonniers[13]. Deux sur trois des princes dont dépendait la rançon de Jean allaient avoir à songer à la leur avant de s’occuper de la sienne.

En ce qui touche Bourbon, lequel semble bien n’avoir jamais payé, ni avant 1415 ni après, la moindre somme pour acquitter la dette de Buzançais[14], il importait assez peu qu’il fût captif ou non. Il en allait tout autrement pour Charles d’Orléans. Il était le tuteur de son frère et administrait ses revenus[15]. Cependant, sitôt débarqué en Angleterre, il ne songea qu’à en sortir[16]. Il suspendit, durant une année, les gages de ses serviteurs[17] et voulut d’avance révoquer tous les dons qu’il pourrait faire[18]. Puis, il se flatta que l’empereur Sigismond, qui gémissait en public sur la captivité des princes des fleurs de lis[19], lui vaudrait la liberté[20]. Il le fit défrayer somptueusement en Orléanais[21]. En Angleterre, il dîna à sa droite[22]. Mais ce fut tout. Sigismond repartit, bon allié d’Henri V, et renvoya « les Français à tous les diables[23]. » Quelques mois après, la mission dont fut chargé Gaucourt en France n’amena pas davantage la paix ni la délivrance des prisonniers[24]. Bien plus, en 1421, Henri refusa net d’échanger Charles contre des gentilshommes anglais[25]. Il recommandait sur son lit de mort, en 1422, de ne pas relâcher le duc avant que Henri VI, âgé alors de neuf mois, fût majeur[26]. Et, de fait, il fallut que Charles attendit encore quinze ans pour que le roi d’Angleterre voulût bien, en 1437, prêter l’oreille à de nouveaux pourparlers[27]. Ceux-là, du moins, purent aboutir, grâce à l’appui du duc de Bourgogne[28] (1440). Il n’en demeurait pas moins que l’élargissement de Jean d’Angoulême avait été retardé par celui de son frère.

En outre des 60,000 écus réclamés par Clarence, en outre des circonstances qui amenèrent la captivité de Charles d’Orléans et la prolongèrent, il est un troisième fait qui ajourna, lui aussi, la délivrance de Jean : nous entendons dire la mort du duc de Berry (15 juin 1416)[29]. Le vieux duc avait remis en gage aux Anglais des joyaux du plus grand prix[30], mais il n’avait payé que 14,000 écus sur sa part des sommes promises en 1412[31]. Il aurait dû participer aux frais d’entretien des otages[32] et ne l’avait pas fait[33]. De ces deux chefs, il devait 55,000 écus à Charles d’Orléans[34]. Le roi, en acceptant la succession de son oncle de Berry, aurait dû lui succéder dans ses dettes[35] ; le duc d’Orléans lui demanda de garantir les 55,000 écus[36]. Charles VI accueillit d’abord favorablement la requête[37] ; puis, il se ravisa devant l’opposition des exécuteurs testamentaires, et l’examen de cette affaire fut ajourné. La gravité des événements politiques qui survinrent détourna d’elle l’attention. Quand les successeurs de Charles d’Orléans réclamèrent à soixante ans de là, il était trop tard.

Ainsi retombait sur Charles, captif, le paiement de la part de Bourbon et presque la totalité de celle de Berry, l’une et l’autre augmentées des 60,000 écus supplémentaires.

Louis d’Orléans aurait été en mesure, sans doute, de faire face à des exigences financières aussi redoutables : et cela n’eût pas été la moindre marque de son opulence. Mais son fils aîné n’en était pas capable, si intelligemment secondé qu’il fût. Bien que, depuis 1415, il fût remplacé sur le continent, dans l’administration de ses domaines, par des lieutenants de ses deux frères, Philippe de Vertus jusqu’en 1420[38] et le Bâtard d’Orléans ensuite[39], et quelle que fût leur habileté ou leur influence, il était impossible de maintenir ses seigneuries indéfiniment à l’abri de l’invasion anglaise. En 1417, la Normandie était occupée, et ce fut Clarence lui-même qui prit Caen et Bayeux[40], deux villes dont les revenus appartenaient au duc captif[41]. Dans la Champagne, la recette des fiefs de Charles passait aussi aux mains de ses ennemis[42]. Il signa bien, en 1427, le 17 juillet, un traité de neutralité avec les Anglais, qui promirent de s’abstenir de tous actes de guerre pour l’Orléanais et les autres terres appartenant au duc[43]. Cette convention fut fort inutile, et le bâtard leur rappela tous leurs serments en pure perte[44]. Pour mettre le comble à tant d’infortunes, les domaines italiens de Charles, gardés des armes anglaises, n’avaient pas été à l’abri des convoitises du duc de Milan, Philippe Marie. Ce prince, après la mort du comte de Vertus, s’était emparé du pays d’Asti, sous couleur de le gouverner à la place du duc d’Orléans. Mais il entrait dans son dessein d’en ajourner à jamais la restitution[45].

On ne saurait, dès lors, être surpris que Charles fût hors d’état de payer pour la rançon de son frère d’Angoulême ce qu’il devait en son propre nom, en celui de Bourbon, en celui de Berry. Le malheureux duc vivait dans la détresse la plus cruelle. Ses finances furent continuellement embarrassées de 1415 à 1440. Il finit par tomber dans les mains des banquiers de Londres, de Bruges, de Gênes et d’Italie, qui le volèrent[46]. L’un d’eux, un Florentin, fit sa fortune par ce moyen : Giovanni Vittori, qu’on appelait Jean Victor. Le duc lui avait donné le titre, quelque peu ironique, de « gouverneur général de ses finances en Angleterre[47]. » Il en fit, en réalité, son « prêteur général et attitré, » jusqu’au jour où l’adroit Italien vint en France, y reçut plusieurs charges, s’installa auprès du trésorier ducal et se fit méthodiquement rembourser, jusqu’à sa mort, ce qu’il prétendait avoir avancé[48].


III.


On comprend maintenant quel implacable enchaînement des circonstances, — exigences de Thomas de Lancastre, défaite d’Azincourt, mort de Berry, ruine de Charles d’Orléans, — concourait à prolonger, au delà de toute mesure, la captivité du comte d’Angoulême. Il est d’autant plus intéressant de savoir comment vivait le comte prisonnier ; quelles résidences et quel entourage lui donnaient ses maîtres ; quelles occupations lui étaient permises ; quelles dépenses nécessitait son entretien.

Jean appartint à Clarence jusqu’au jour où le prince anglais tomba, frappé d’un coup de lance à Beaugé et piétiné par les chevaux (21 mars 1421, n. st.). Sa veuve, Marguerite, eut son héritage, et Angoulême en faisait partie. Quand mourut la duchesse de Clarence, vers 1439, le captif passa au fils d’un premier mariage de Marguerite, Jean II Beaufort, comte de Somerset. Enfin, cinq ans après, le 27 mai 1444, au décès de Jean II, le comte d’Angoulême devint la propriété de la duchesse douairière, Marguerite de Somerset[49].

Ces maîtres différents, tous membres de la même famille, confièrent spécialement la garde du comte à un écuyer anglais, pourvu de bonnes charges en Normandie, Richard Walter[50].

Avec lui, Angoulême, autant que son itinéraire permet de s’en rendre compte, semble être demeuré constamment dans les mêmes séjours : du vivant de Clarence, Londres, de préférence ; du vivant de sa veuve, le château de Maxey ; exceptionnellement Gombridge[51]. Il n’eut ainsi que rarement l’occasion de voir le duc d’Orléans, dont les déplacements étaient assez fréquents[52], et les deux frères exilés vécurent généralement séparés l’un de l’autre.

Les otages livrés à Buzançais, avec le comte, ne résidaient pas beaucoup plus auprès de lui. Il avait été séparé d’eux dès 1412, quand il les précéda en Angleterre[53]. On lui laissa pourtant, dans les premières années de sa captivité, Archambaut de Villars[54], un des officiers que le duc Louis, dans les dernières années de sa vie, attachait le plus volontiers à sa personne ; un des vainqueurs dans cette passe d’arme fameuse des sept Français contre les sept Anglais, que chanta Christine de Pisan ; un des capitaines qui servirent le mieux Valentine pendant son veuvage. Il est possible encore que Guillaume le Bouteiller, écuyer panetier de Jean, n’ait pas été toujours éloigné de lui ; Guillaume était le cadet d’une famille dans laquelle le dévouement à la maison d’Orléans était une tradition. Mais ni Macé le Borgne ni Jean de Saveuzes ne furent autorisés à rester dans l’entourage du comte. Leur présence aurait adouci l’isolement de Jean. Ils étaient entrés les premiers dans l’hôtel du jeune prince, quand on l’avait créé en 1409 : Saveuzes, de quelques années seulement plus âgé qu’Angoulême, avait gagné son affection et recevait de lui des cadeaux ; le Borgne, personnage plus grave, un des gentilshommes qui, jadis, avaient suivi le duc en Lombardie, et en qui se fiaient surtout Valentine et Charles, semblait fait pour diriger le comte, ainsi que Saveuzes pour se mêler à ses jeux. De tous les otages, le Borgne était le seul qui fût chevalier. Jean Davy, « le jeune, » était homme de moindre importance. Quant à Hector de Pontbriant, ancien favori de Louis de France, valeureux écuyer autant que sagace diplomate, un des négociateurs de l’alliance anglaise en 1412, il semble bien n’avoir jamais été le prisonnier de Clarence[55].

Au défaut de l’ordinaire compagnie de Charles d’Orléans et des otages, le comte avait, du moins parfois, celle de son aumônier et de son précepteur[56] ; celle surtout de deux domestiques d’une fidélité éprouvée : Denis de Vaucourt[57], dont il récompensa plus tard les services en lui donnant la sergenterie de toutes ses forêts[58], Colinet Goulon[59], dont les sentiments désintéressés le touchaient au cœur et qu’il prit hautement sous sa défense, après son élargissement, un jour qu’au château de Cognac un des premiers vassaux d’Angoumois s’oubliait à traiter Colinet en valet[60].

En plus de ceux de ses gens qui l’assistaient en Angleterre, le comte en avait qu’il employait comme messagers : il leur devait de rester en rapport avec les siens et avec le continent. L’un d’eux, Denisot Roger, traversait la mer sans relâche[61]. Jean de Moncy avait plus d’activité encore. Toujours sur les chemins, arrêté à Londres, détroussé en Champagne, emprisonné un peu partout, en dépit de la guerre il n’interrompit jamais longtemps ses voyages, jusqu’au moment où, soupçonné de lèpre, le malheureux dut quitter sa femme, ses enfants, résigner ses offices et, « à grant douleur…, soy absenter du monde[62]. » Enfin Angoulême recevait parfois « son très cher et grant amy[63], » l’abbé de Saint-Jean d’Angély, Louis de Villars, frère d’Archambaud. Pendant quarante ans, ce religieux, sans oublier son couvent, où il édifiait les moines par sa piété[64], sut être pour la maison d’Orléans un infatigable négociateur[65]. — Dans quelle mesure cependant laissait-on communiquer le comte avec ceux qui le visitaient ? Quelle surveillance exerçait-on sur eux ? Nous voudrions le savoir et si on leur témoignait moins de défiance qu’aux envoyés reçus par Charles d’Orléans, lesquels étaient déshabillés et minutieusement fouillés. Dunois avait imaginé, et la ruse ne fut jamais éventée, de fixer sous la queue d’un chien barbet la correspondance destinée au prisonnier. L’animal, sur sa bonne mine, n’était pas fouillé[66].

Le comte, dans cette demi-solitude, put-il toujours écarter l’ennui de sa prison ? Il y a peu d’apparence qu’il ait réussi. Ses mouvements et ses pensées étaient épiés. Il se voyait entouré de solides gardiens quand on lui permettait de sortir pour la promenade. Chez lui, il s’interdisait de toucher aux dés et aux cartes. Et il distrayait, sans les remplir, les longs loisirs qu’on lui faisait par la musique, l’étude, les exercices de piété.

Il trouvait d’abord une douceur pénétrante aux sons de la harpe, qui le divertissaient de son souci[67]. — Puis les livres lui étaient un autre refuge contre la Fortune. Il acheva de 1412 à 1416 son éducation littéraire. Eudes de Fouilloy put, jusqu’à sa mort, lui continuer[68] ses leçons, encore qu’il fît outre Manche de nombreux voyages[69]. Jean eut aussi, sans doute, d’autres maîtres quand il mit son exil à profit pour apprendre l’anglais[70]. Il étudia de fort près l’intéressante Poétique de Geoffroy de Vinesauf[71]. Surtout, il goûta, dans la saveur originale du texte, les contes de Canterbury, du célèbre Chaucer. Il les fit copier par un scribe. Lui-même dressa une table, que nous avons conservée, pour retrouver plus vite, en leur lieu, les fins portraits du marchand, du marin, du cuisinier, du meunier ; le visage souriant et la grâce aimable de la prieure, la bonhomie gaillarde et folâtre du frère quêteur. Malgré ce travail nouveau, l’influence de son premier précepteur semble avoir persisté longtemps sur Angoulême. Fouilloy exhortait son élève à prendre soin de son âme comme de son esprit. Il lui avait dédié un ouvrage de morale, écrit pour lui, et sans doute un « Manuel de Salut[72]. » Et ce fut justement vers la philosophie pratique et vers Dieu que Jean se sentit irrésistiblement attiré. Il composa, lui aussi, une sorte de Recueil de maximes vertueuses[73] et il fit le commentaire des Distiques de Caton[74]. Il copia, analysa, annota de sa main la Consolation de Boëce[75]. Il était naturel qu’il cherchât à sa vie quelque soulagement dans le souvenir des tortures qu’endura ce sage. Comme le prisonnier de Théodoric, il faisait effort pour rendre son âme invulnérable ; comme lui, il aspirait à devenir indépendant des choses du dehors, à assurer la victoire de sa volonté sur la destinée présente. Et il nous a laissé la preuve touchante qu’il attacha très fortement son attention à ce mot du philosophe latin : « Les vrais malheureux sont ceux qui font le mal, non ceux qui le subissent[76]. » Faut-il douter qu’en essayant deux traductions de cette pensée, Angoulême fît un retour sur lui-même et songeât à sa propre condition ? Enfin, c’est surtout dans les bras de Dieu qu’il aimait plus qu’ailleurs à chercher le repos. Il demandait à son aumônier de l’aider à élever son cœur par la prière, à se hausser jusqu’à la vraie patrie chrétienne, celle dont nulle force humaine ne saurait le bannir[77]. Les Méditations de saint Anselme, qu’il transcrivait avec John Duxwurth, son copiste, le poussaient à humilier sa raison pour exalter sa foi et à s’abandonner sans réserve à la joie infinie de croire[78].

S’il eût craint de vivre longtemps dans les hauteurs sereines où le transportaient la musique, la philosophie, la religion, il lui aurait été facile de redescendre au milieu de ses contemporains, en ouvrant la Chronique de son temps que lui avait envoyée Cousinot[79].

Au reste, les misères pécuniaires, contre lesquelles il se débattait, auraient suffi à l’empêcher de sortir vraiment de son siècle et de s’oublier dans le domaine de l’Idée. Jamais Berry ni Bourbon ne contribuèrent aux frais de son entretien[80]. Ces dépenses demeurèrent à sa charge et à celle de son frère. Les Anglais avaient eu garde d’épargner aux deux prisonniers ce qui fut pour ceux-ci un souci constant et cruel. Avant la fin de 1412, Charles d’Orléans avait envoyé une somme insuffisante, 750 liv. t., pour l’hôtel de Jean. À la fin de 1413, il lui fit remettre 2,000 écus d’or[81]. Il apprenait peu après que le comte avait éprouvé les premières atteintes de la gêne ; il en fut attristé[82]. Il voulait que son frère fût en état de soutenir l’honneur de son nom, et il lui assigna 6,000 liv. t. de pension, sur lesquelles 1,000 pour les otages. Le chiffre était, assurait le duc, provisoire[83] ; il ne fut pas élevé néanmoins. Il y a mieux : de janvier 1418 (n. st.) à janvier 1420 (n. st.), Jean ne toucha pas un denier. Il fut heureux de trouver, à l’issue de ces deux années de disette, un prêt modeste de 220 liv.[84]. Il n’aurait pas eu le courage de faire entendre ses protestations à Charles, qui, lui-même, restait quinze mois de plus sans argent[85]. En 1427, le comte, dont les 6,000 liv. de rente étaient toujours fictives, reçut enfin la recette du grenier à sel d’Orléans[86]. Hélas, il n’en fut pas plus riche : c’était précisément l’époque où la courageuse cité avait à soutenir le siège héroïque qui l’a illustrée, et les succès de Jeanne d’Arc n’avaient pu faire que le pays ne fût ruiné. Il fallut, en conséquence, octroyer à Jean un supplément pécuniaire. Le taux en varia souvent jusqu’en 1437, où il fut arrêté à 600 écus[87]. Pour faire tenir au prince ces maigres sommes, le trésorier ducal les enfermait dans des bouteilles de cuir accouplées deux à deux[88]. L’on voit assez que ces bouteilles n’encombrèrent jamais le logis du comte…

Pour trouver de quoi vivre, Angoulême était réduit, par suite, à emprunter, soit aux Anglais[89], soit à ses propres serviteurs[90]. Il acceptait jusqu’à l’argent que gagnait Collinet de son métier de tailleur[91] ; et il avouait que, bien des fois, sans le secours de cet homme, « il n’eust pas mangé de rosti[92]. »

Les princes n’achetaient, cependant, en Angleterre que ce qu’il leur était impossible de faire venir de leurs domaines. Ils buvaient le produit de leurs terroirs de Blois et d’Orléans. On leur envoyait du vin rouge, du vin blanc, du vin clairet. Le chancelier Cousinot le faisait charger sur la Loire et conduire par bateaux jusqu’à la mer. Les seigneurs riverains, sur sa supplication, accordaient, par amitié et pitié pour les captifs, l’exemption des droits de péage. — Les menus objets de toilette étaient aussi tirés de France : peignes d’ivoire, rasoirs émaillés, aux armes des deux frères, miroirs, ciseaux de Clermont, enfermés dans des bourses de chevrotin, doublées de soie, lancettes à saigner, dans leur étui. — On faisait provision de sucre de Lombardie. — Le comte avait emprunté aux châteaux patrimoniaux le linge et les draps qui lui étaient nécessaires, ses chaperons, sa garde-robe. Il avait fait transporter les tentures, les tapis, le lit et le ciel d’une chambre très simple, sans or, de laine blanche, ornée seulement d’un glaïeul brodé, auprès duquel était une femme debout[93].


IV.


Une existence aussi sédentaire et recluse, aussi monotone et besogneuse n’était guère tolérable que par le persévérant espoir, que nourrissait Jean d’Angoulême, de sortir enfin d’Angleterre. On fit paraître, il faut l’avouer, assez de variété dans les moyens que l’on essaya pour délivrer le comte. Il en est deux auxquels on ne s’arrêta guère et trois sur lesquels on compta longtemps.

Charles VI avait promis autrefois au duc Louis d’Orléans de payer la rançon de ses fils si on les faisait prisonniers[94]. En conséquence, Charles d’Orléans députa au roi, sitôt le traité de Buzançais signé, une ambassade, comprenant ceux qui l’avaient négocié et plusieurs autres officiers[95]. Le roi examina la requête le jour anniversaire de l’assassinat de 1407. Il avait dans son conseil les ducs de Berry et de Bourbon, le comte de Vertus et le chancelier d’Orléans. Il n’accorda cependant qu’une aide de 40,000 liv. p. sur les domaines de Charles[96] ; Louis de France avait bien emporté dans la tombe le secret de sa prestigieuse influence sur le roi son frère. L’aide, du reste, se leva mal. On résista en maints endroits ; il fallut user de l’intervention royale et de la contrainte par corps[97].

Les malheurs publics qui venaient, dans ce moment, de desservir le comte d’Angoulême, faillirent, à en croire ses deux biographes[98], le sauver ailleurs : les Pères du concile de Bâle avaient déposé Eugène IV et lui cherchaient un successeur. Ils auraient voulu, paraît-il, avant de le fixer sur Amédée VIII, arrêter leur choix sur Jean d’Angoulême, dont le renom de vertu était déjà, assure-t-on, connu en Europe. Et une ambassade serait venue en Angleterre pour solliciter le consentement du comte. C’eût été, pour lui, sortir de captivité par une porte triomphale. Il refusa cependant ; peut-être parce que sa conscience lui disait que le Concile avait outrepassé ses droits ; peut-être par déférence pour Charles VII, qui demeurait dans l’obédience d’Eugène.

Malgré tout, ni l’intervention d’un roi de France ni l’élévation au siège pontifical n’entrèrent sérieusement dans les projets conçus pour la délivrance de Jean ; on pensait la faire aboutir ou par un simple compte financier, ou par un riche mariage, ou par un échange contre quelque prisonnier anglais, — au besoin, par ces trois procédés à la fois.

Il y avait plus de quatre ans qu’Angoulême était aux mains des Anglais quand, en 1417, Charles d’Orléans désespéra, quant à lui, de rentrer en France et fit une énergique tentative en faveur de son frère. Le 22 mai, Clarence consentit à une entrevue : les princes français, bon gré mal gré, se reconnurent débiteurs du supplément de 60,000 écus qu’il s’était accordé à Buzançais, après la signature du traité. On déduisit par suite de 210,000 écus, et non de 150,000, les sommes antérieurement payées, soit 87,000 écus. Jean serait libre au début du mois d’août, si le duc d’Orléans répondait par bonnes cautions, avant le 1er juillet 1417, de tout ce qui restait à verser, 123,000 écus. On ferait trois parts de ce reliquat, de 41,000 écus chacune. Charles paierait l’une ; des banquiers s’engageraient à payer l’autre avant le 25 décembre 1417 ; la troisième serait garantie par des joyaux laissés en gage et serait délivrée à Clarence le 24 juin 1418. Au cas où le duc d’Orléans faillirait à ses engagements, Thomas de Lancastre aurait 4,000 écus d’indemnité[99].

Le négociateur de cette convention était le sire de Gaucourt, assisté d’un des rédacteurs du traité de Buzançais, Jean Chomery, et d’un des hommes sur lesquels Charles comptait le plus, depuis Azincourt, maître Robert de Tuillières.

Que les joyaux valaient plus de 41,000 écus, il fut aisé de le prouver[100]. Trouver des emprunts pour les deux derniers tiers de la somme totale fut beaucoup moins facile. On y parvint cependant, mais après trois mois d’efforts pénibles, pendant lesquels les premiers officiers de Charles n’eurent point de cesse. Ils ne purent, semble-t-il bien, éviter quelques retards ; le duc d’Orléans n’aurait donné qu’au mois d’août les garanties qu’on lui réclamait pour le 1er juillet. La guerre, sur ces entrefaites, avait repris, très vive en Normandie, dans les domaines de Charles notamment, et les prêteurs montraient fort peu d’empressement, craignant pour leurs hypothèques[101]. Bref, Thomas de Clarence jugea les sûretés trop lentes à venir et insuffisantes. Angoulême et Orléans lancèrent vainement leurs serviteurs à sa poursuite quinze mois durant. En novembre 1418, ils avaient enfin compris qu’ils s’épuisaient sans profit[102].

Seul, le duc de Clarence tira des avantages de cette aventure. Il avait réussi à faire accepter le supplément de 60, 000 écus aux princes français ; il gardait en outre les 4,000 écus qu’ils lui avaient comptés et on l’accusa d’avoir feint de se prêter aux projets d’élargissement qu’il aurait, en réalité, secrètement combattus, dans l’intention de gagner cette somme. Quant au comte Jean et au duc son frère, ils ne revirent jamais les joyaux qui répondaient de 41,000 écus et ils furent menacés de perdre 30,000 moutons d’or détenus par des banquiers italiens[103].

Un échec aussi complet et aussi onéreux découragea pour cinq années encore Charles d’Orléans et Jean d’Angoulême. Ils ne reprirent les pourparlers qu’en 1422[104]. Tout d’abord, le trésorier, un secrétaire et un valet de chambre de Charles, qui s’adjoignirent un marchand allemand, arrachèrent aux banquiers, sous des menaces d’emprisonnement, quelques restitutions partielles[105]. Après quoi l’on essaya d’arriver à une entente avec Marguerite, duchesse de Clarence, veuve et héritière de Thomas de Lancastre. La première condition qu’elle imposa fut l’approbation à une distribution nouvelle des 210,000 écus qu’elle avait imaginée. Elle avait payé la complicité de Dorset en lui augmentant sa part de 27,355 écus : il ne lui était assigné que 4,000 écus en 1412, elle lui en réservait maintenant 31, 355. Elle avait enflé, pour une autre raison, de 70,175 écus la part d’York, mort depuis Azincourt ; les hoirs de ce prince n’étaient fondés qu’à réclamer 680 écus, puisqu’il avait reçu 5,320 écus sur les 6,000 que Clarence lui avait promis de son vivant[106]. C’était, par là, plus de 70,000 écus que gagnait Marguerite : 10,000 écus, en vérité, de plus que Clarence, lequel n’avait su en extorquer que 60,000. La répartition de la duchesse était précieuse à un autre titre : elle embrouillait les paiements et permettait à Marguerite de se ménager adroitement, au prix de cette confusion, des bénéfices pour l’avenir.

Ces ingénieuses modifications une fois adoptées, on divisa par tiers, comme en 1417, la rançon du comte. Le premier devait être garanti par des bijoux ; le second par des banquiers ; on paierait le troisième sur-le-champ[107].

Charles livra ses plus magnifiques joyaux, entre autres la « belle chapelle d’Orléans. » On la confia à un marchand génois qui la fit estimer 40,000 écus à Bruges. Marguerite, jugeant le prix surfait, voulut l’avis de la banque de Londres. L’expertise de Bruges fut confirmée. La duchesse exigea, par surcroît, l’appréciation de la banque de Venise. Le marchand partit… et ne revint plus[108]. — La captivité de Jean continua.

Ce nouveau coup acheva d’accabler les princes captifs, et pour dix années ! Ce fut en 1432 seulement qu’on se décida enfin à rédiger un nouveau compte[109]. Le duc d’Orléans ne devait plus, pour son frère, que 78,000 écus environ. Si Charles réussissait à trouver dans Londres de bonnes cautions pour cette somme, la comte d’Angoulême serait libre. Les paiements seraient versés avant le 12 avril 1433, jour de Pâques. Enfin, Marguerite recevrait, avant le 24 juin suivant, 2,000 écus à rabattre sur la rançon de Jean, au cas où les cautions que cherchait Orléans ne pourraient être trouvées[110].

Il fallut, en effet, renoncer à les avoir : les deux échéances de Pâques et de la fête de saint Jean-Baptiste arrivèrent sans que le comte d’Angoulême traversât la Manche.


Le malheur, qui s’attachait en 1417, en 1422, en 1432 à leur destinée, ne voulut pas cependant que le comte et son frère attendissent un triple échec pour pousser, dans d’autres voies, la conduite de leur dessein.

Dès 1421, une circonstance inespérée se présentait : deux fils de la duchesse de Clarence, Jean et Thomas Beaufort, restaient, après la bataille de Beaugé, prisonniers des Écossais, alliés de la France[111]. — Charles d’Orléans et le comte d’Angoulême se flattèrent aussitôt de disposer Marguerite et les capitaines de l’armée d’Écosse à échanger les deux captifs contre eux-mêmes. On supplia le dauphin de s’y prêter. On pressa par des lettres ou par des ambassades et le connétable Jean Stuart, maître de Thomas Beaufort, et l’écuyer à qui Jean Beaufort appartenait, Laurent Vernon, et la duchesse de Clarence elle-même, qui séjournait alors à Rouen[112]. Tout fut inutile. L’animosité qu’Henri V se plut à montrer contre ce projet le fit avorter[113]. On renonça successivement à l’idée de délivrer les deux frères (avril 1421), puis à l’idée de délivrer même le comte. Finalement, on se borna à convertir quelques-unes des rançons anglaises aux frais de son entretien[114].

Il arriva que Jean Beaufort, comte de Somerset, échut dans la suite au duc de Bourbon, qui l’échangea, en 1438, contre le comte d’Eu[115]. Marguerite voulut dédommager son fils d’une captivité de dix-sept années et des frais d’une lourde rançon ; elle lui céda Jean d’Angoulême. De sorte que, par une ironie nouvelle de la fortune, Somerset, au lieu de servir à racheter le comte, devint son maître[116].

Quant à l’autre des deux frères, Thomas Beaufort, il était tombé aux mains de Tanguy du Châtel et continuait d’être son prisonnier, faute de pouvoir payer 28,000 écus[117]. On cherchait un expédient ; par les soins du bâtard d’Orléans, on en trouva un fort acceptable (29 février 1430, n. st.) ; le duc Charles obtiendrait l’élargissement du captif et répondrait de sa dette vis-à-vis de Tanguy, moyennant quoi Beaufort ferait déduire 28,000 écus sur ce qui était dû encore à Marguerite pour Angoulême. Le comte de Suffolk promettait même de parfaire le reste de la rançon du comte Jean, dont le retour en France serait ainsi assuré. — Beaufort fut en effet relâché, mais non pas Angoulême. Le duc d’Orléans, une fois de plus, n’avait pu tenir ses engagements. Il aurait dû répondre à Tanguy, sous bonnes garanties, des 28,000 écus, avant juillet 1430. Il en cherchait toujours le moyen en 1435. L’hypothèse qu’il avait offerte sur la châtellenie de Romorantin était insuffisante et on avait renoncé à en trouver d’autres plus sérieuses. Cependant, comme Thomas Beaufort mourut sans que Tanguy eût reçu plus de 5,000 écus, la duchesse de Clarence chargea un autre de ses fils, Edmond Beaufort, comte de Mortain, de proposer un arrangement pour les 23,000 écus, dont elle demeurait débitrice. Edmond convint avec le duc d’Orléans (23 décembre 1435) que, du jour où Charles aurait trouvé à désintéresser Tanguy, trois des otages de Buzançais seraient libres et qu’Angoulême lui-même serait élargi si, au commencement de l’année 1436, on pouvait obtenir pour le reste de sa rançon de bonnes cautions chez les banquiers de Londres.

Il parut bien que c’était là trop demander à Charles : ni Tanguy ni les banquiers n’avaient foi en des hypothèques sur des domaines qu’avait ruinés la guerre. En septembre 1436, on débattait comment on assignerait les 23,000 écus sur le revenu des villes et châteaux d’Angoumois. Et, cette fois encore, on manqua le moment de conclure.

Par la victoire de Gergeau (12 juin 1429), sinon par celle de Beaugé, Jean d’Angoulême pensa relever sa fortune ; le bâtard d’Orléans, qui avait fait prisonnier William Pole, comte de Suffolk, eut l’âme assez haute pour ne pas craindre de le traiter en chevalier et de le renvoyer sur parole. Il avait conquis, du coup et pour la vie, l’amitié du prince anglais. Vu sa naissance, Suffolk s’était mis, comme on disait alors, « à grosse finance. » Il consacra les sommes qu’il devait au Bâtard à la rançon d’Angoulême[118] ; il fit mieux, il mit au service de Jean son influence sur ceux qui détenaient le comte[119]. Il sembla dès lors rivaliser de zèle avec Dunois, dont l’ingénieux dévouement ne se lassait pas et savait découvrir les occasions nouvelles d’échanger, contre son frère, des prisonniers anglais : tel, celui qu’il acheta (il donna 3,000 écus de sa bourse) à Guy de Rochechouart, évêque de Saintes ; les 10,000 salus d’or que devait le captif furent payés au profit de Jean d’Angoulême[120].

En dehors de Suffolk, le comte attendait beaucoup de l’appui d’un des gardiens de son frère, d’un des compagnons de Clarence en 1412, du grand oncle d’Henri VI, de sir John Cornwall. Il ne croyait pas acheter trop cher sa protection. Mais il semble que Cornwall ait été un homme d’argent plus que de dévouement ; il songeait à ses intérêts avant de songer à ceux des prisonniers, et il aida moins les princes qu’il ne les exploita[121].

Si même nous écartons Cornwall et le douteux secours qu’il apporta au comte, il est presque inimaginable qu’avec toute l’industrie du Bâtard, l’empressement sincère de Suffolk et le coup de filet qui avait fait prendre à Beaugé deux fils de la duchesse de Clarence, Charles d’Orléans n’ait pu mener à bien l’élargissement de son frère. Marguerite n’avait-elle encouragé les négociations qu’avec la pensée cachée de faire sortir de prison Thomas Beaufort, puis de jouer Orléans ? Certes, il n’était même pas besoin d’une fourberie de plus. Les duperies des comptes de 1417, 1422, 1432 suffisaient. Elles n’avaient que trop bien tari les ressources de Charles. Il eût à peine fallu plus de la moitié des 40,000 écus auxquels étaient estimés les joyaux qu’on l’avait forcé à faire porter à Venise et qu’on lui vola, pour garantir sûrement à Tanguy les 23,000 écus de Beaufort. — Angoulême aurait été ainsi, en vertu d’un échange, arraché aux châteaux de Clarence.


Il faut savoir qu’à la vérité on demandait, dans le même temps, à d’autres mesures, le salut du comte. Cette introuvable somme que les prêteurs refusaient sur hypothèques, la dot d’une riche princesse l’apporterait ! — Et l’on s’avisa de marier Jean d’Angoulême.

On distingua d’abord l’une des filles de Nicolas III de Ferrare (1431). Assurément, le père s’était attiré un fort méchant renom. Marié trois fois, il avait en outre de sa progéniture légitime vingt-deux bâtards, et il venait de faire périr la seconde des trois femmes qu’il épousa, pour l’avoir surprise en flagrant délit d’adultère avec l’un de ses enfants naturels. Mais les fils de Valentine Visconti voudraient se souvenir seulement des anciennes relations de leur famille avec la maison de Ferrare[122]. Un des premiers officiers ducaux fut choisi pour aller par delà les Alpes. Ce fut pourtant peine perdue, et tout porte à croire que le marquis esquiva le très grand honneur de racheter aux Anglais, avec les deniers de sa fille, un prince du sang de France[123].

Le comte jeta les yeux ailleurs, sur les trois nièces du duc de Bretagne, Jean VI, filles d’Alain, vicomte de Rohan. Il donna au Bâtard, avec une précision extrême, pleins pouvoirs pour épouser en son nom l’aînée d’entre elles, Jeanne, « sauf et reservé le deu naturel et cople charnelle[124]. » Un contrat fut consenti, le 30 décembre 1432, par Alain, qui promit 80,000 écus d’or, payables avant six mois : on avouait qu’ils serviraient à la rançon du fiancé[125]. — C’eût été, sans doute, le salut pour Angoulême, si les banquiers avaient été plus courageux et la fiancée moins impatiente. Mais ils n’osèrent se charger de transporter une pareille somme en Angleterre, à travers les hasards de la Manche et ceux de la guerre ; Jeanne elle-même se rebuta de rester trop longtemps mariée… par procureur. Elle rendit sa parole au comte[126] (juillet 1433).

La complaisance avec laquelle on voulut ne pas sentir ce premier affront en attira un second à quelques années de là. Rohan fut de nouveau sollicité. Il laissa voir une froideur croissante. Mais la bâtard entendait l’art de négocier aussi bien que l’art de combattre, et il sut maintenir à 80,000 écus le chiffre de la dot[127] (1437, mai). Alain se déroba peu à peu. Il n’en voulut donner d’abord que 40,000 ; dix-huit jours plus tard, il en offrait seulement 30,000. Le bâtard répondrait de tout le reste, sauf remboursement par Rohan, et se chargerait de tout faire parvenir au captif en Angleterre[128]. Alain versa aux mains de Bâtard la valeur des 30,000 écus en monnaie, en joyaux ou « en vaisselle de cuisine et bouteillerie. » Il s’était entouré d’un réseau protecteur de termes, de sûretés, d’hypothèques, et l’avenir justifia ces précautions. Sa fille échappa, en effet, malgré ces secondes épousailles, au comte Jean une fois encore. Et ce fut François de Rieux et de Rochefort, comte d’Harcourt, qui l’obtint[129]. Rohan fut obligé pour avoir failli à sa foi de gentilhomme, de donner réparation d’honneur à Charles d’Orléans et à son frère[130].

La vanité du comte essuya d’autres humiliations. Des ambassades furent vainement échangées entre Orléans et Amédée VIII, au sujet de Marguerite de Savoie, veuve de Louis III, roi de Sicile[131]. L’alliance d’Amédée VIII, qui se gardait l’amitié du roi d’Angleterre et de Philippe de Bourgogne, eût été cependant bien précieuse à tenir !

Très inutilement aussi, le comte prétendit à la main d’une autre veuve, Jeanne de Béthune, un des partis les plus magnifiques du temps. On avouait, sans ambages, avoir « regard aux grands biens dont elle estoit si espécialement garnye ; » et Charles débutait par solliciter d’elle 100,000 écus ; le mariage garantirait le prêt. — Pour toucher le cœur de la jeune douairière, il parut que c’était là trop de franchise[132].

Un sixième et dernier essai n’eut pas de suites plus sérieuses que les cinq autres, quand Raoul de Gaucourt, député à Frédéric IV, roi des Romains, lui demanda une de ses parentes avec une dot de 100,000 ducats pour Jean d’Angoulême, « quarte personne de la couronne de France[133]. »

Ainsi, l’on avait eu beau concerter les mesures les plus ingénieuses, on n’avait réussi ni par la rançon d’un prisonnier de qualité ni par la dot d’une fille de grande naissance à se procurer les sommes que les deux fils de Louis de France demandaient sans succès à leurs domaines. Les événements avaient contrarié tous les projets.

On peut apprécier maintenant quel terrible poids le supplément des 60,000 écus, l’inaptitude aux affaires et la captivité de Charles d’Orléans, sans parler de la mort de Berry, firent peser sur la destinée du comte d’Angoulême. Jean consumait tristement, dans un courageux ennui et dans la misère, les meilleures années de sa jeunesse. Pour sortir de prison, il avait jusqu’ici rencontré, en dépit de Dunois et de Suffolk, trop de cupidité déloyale chez les Anglais, ses maîtres, chez les prisonniers à racheter, trop peu de bonheur, trop peu de pitié chez les princesses dont il briguait la main.


V.


Les otages de Buzançais et Charles d’Orléans précédèrent Jean d’Angoulême dans la délivrance.

L’un des cinq otages qui furent véritablement détenus, Macé le Borgne, décéda en Angleterre et ne fut pas remplacé[134]. Un second, Archambaud de Villars, semble être rentré en France vers 1430, mais dans un triste état : ruiné par l’âge et les infirmités, il n’eut même pas la force de garder la capitainerie de Blois[135]. Un troisième, Saveuzes, que visita aussi la maladie, était en meilleur point cependant ; dès 1431, prisonnier sur parole, il était toujours sur les chemins, en Angleterre, en Bretagne, en Orléanais et ailleurs[136] ; il ne fut élargi définitivement qu’après le 23 décembre 1435, et il finit sa vie, à plus de trente ans de là, honoré de la familiarité de Charles d’Orléans, couvert de charges et de distinctions[137]. Moins favorisés, Jean Davy et Guillaume le Bouteiller n’abandonnèrent l’Angleterre qu’après leurs autres compagnons de captivité. Davy quitta plus tard le service particulier du duc et du comte pour accepter une lieutenance, puis une capitainerie, avant le moment où il entra en procès avec la veuve de Charles, la duchesse Marie[138]. Quant à Bouteiller, il sut garder intacte jusqu’à sa mort la vieille fidélité de sa famille aux princes d’Orléans[139] ; trois fois il avait cru sortir de prison, de 1433 à 1436 ; mais il attendit jusqu’à 1440, son élargissement, et encore dut-il l’acheter 10,000 écus[140]. — Vers le même temps, Charles d’Orléans réussit enfin, lui aussi, par le moyen du duc de Bourgogne, à passer le détroit et à rentrer dans ses terres ; ce n’est pas ici le lieu de raconter au prix de quels sacrifices il y parvint.

Nous retiendrons seulement que Jean d’Angoulême, de tous ceux de sa maison, avait été le premier transporté sur le sol anglais et qu’il y demeura le dernier.

Deux longues années encore, il attendit, dans l’amer dégoût de ses déceptions accumulées. En 1442 seulement, Dunois, dont l’amitié fraternelle ne savait pas se décourager, conclut, avec Somerset, un accord gros de conséquences. Le contenu de cette convention ne nous est pas entièrement connu, mais il se devine par tout ce qui suivit. Somerset demandait le rachat de plusieurs prisonniers anglais ; Angoulême promettrait de donner pour eux la totalité ou une partie de 9,000 salus dus à Vernon, de 4,400 dus au capitaine de Meulan, P. Jaillet, de 1,000 écus dus au maréchal de La Fayette ; La Fayette détenait encore le bâtard de Somerset. Cela fait, le comte serait conduit dans une des places d’outre Manche qu’occupait Henri VI[141].

Jean d’Angoulême, pour la première fois, put faire honneur à ses engagements ; vers la fin de l’année 1442, il passait la mer et arrivait à Cherbourg, où l’on chargea de sa garde Thomas Gower, commandant de la ville pour Somerset[142]. De là, le comte vaqua plus aisément aux dernières négociations de sa délivrance.

Elles durèrent quinze longs mois, que ne purent écourter les cadeaux du comte à son maître[143]. Jamais cependant les circonstances n’avaient servi mieux les intérêts et les vœux d’Angoulême. Somerset laissait voir des dispositions bienveillantes[144] ; il cédait volontiers à l’influence de Suffolk et il lui avait confié le soin de conduire les négociations avec Dunois[145] ; or, le plus ferme désir de Suffolk était d’obliger le Bâtard ; tous deux enfin, Dunois et lui, avaient maintes occasions de se voir et de s’entendre au sujet des pourparlers pour la paix générale que Suffolk avait reçu la mission de traiter en France.

Le 12 mai 1444, Suffolk promit la liberté au comte, en retour de 12,000 salus d’or payés comptant ; de 65,000 autres salus, garantis au moyen de scellés par les ducs d’Orléans, d’Alençon, de Bourbon, le comte de la Marche, le sire de Lohéac, Dunois ; d’une croix de prix laissée en gage[146].

Jean se réjouissait, quand la mort de Somerset menaça soudain de traverser ce beau dessein[147]. — Angoulême eut l’énergie de ne pas s’abandonner. De Tours jusqu’en Angleterre, il fit accompagner Suffolk, « pié à pié, » par un poursuivant d’armes, Cognac[148] ; et Suffolk obtint de la veuve de Somerset, Marguerite, la continuation des pouvoirs qu’il tenait du défunt, ainsi que le maintien du pacte du 12 mai[149]. Jean écrivit à Charles d’Orléans[150]. Il écrivit au bâtard. À l’un et à l’autre il leur traçait leur conduite : ne quitter le roi sous nul prétexte ; Orléans surtout qui devrait pousser à la paix et au mariage d’Henri VI avec Marguerite d’Anjou[151]. Le comte se flattait ainsi de mettre à profit un rapprochement franco-anglais. Il fallait obtenir du roi une aide sur Tournai, en attendant mieux. Le comte avait déjà une imposition sur le Ponthieu, que lui avait accordée le duc de Bourgogne ; il entendait qu’elle ne fût pas gaspillée[152].

À lire ses lettres, on sent que Jean, si souvent et si cruellement dupé, mettait, dans ce redoublement d’activité, son suprême espoir ; que, s’il avait foi dans le Bâtard, il appréhendait une nouvelle maladresse de Charles. Il parle au chef de sa famille, à ce frère aîné, d’un ton surprenant d’autorité : on cherche presque les excuses. Il décide, plus qu’il n’explique, il conseille, moins qu’il ne commande. — Sa parole, d’autre part, laisse transparaître l’émotion de ses craintes. Il n’ose arrêter son souvenir aux lamentables insuccès du passé. Si « cette fois, » — et ces deux mots reviennent sans cesse, — si « cette fois » tout échouait encore ! Cette pensée seule est une angoisse. Pour Dieu ! que ses amis ne défaillent pas. S’il les a pour lui, c’est le salut ; il l’affirme. Autrement, c’en est fait, il achèvera sa vie prisonnier[153]. Et quelle vie !…

Tous les scellés avaient été recueillis[154] et il ne restait plus, dans une dernière entrevue avec Suffolk, qu’à préciser le mode de leur paiement ; un contre-temps faillit, de nouveau, tout compromettre. On parlait de mettre le comte d’Angoulême en arrêt à Cherbourg ainsi que « les autres biens de la succession de Somerset, » en garantie d’une dette du défunt duc. Il fallut faire diligence pour écarter l’obstacle[155].

Malgré tout, l’accord avec Suffolk put être signé huit jours plus tard, le 23 août : les conditions consenties le 12 mai étaient confirmées ; le montant des scellés serait versé aux mains de Thomas Gower, à Cherbourg. Si l’on prouvait que le total fût trop élevé, Suffolk le ferait réduire et restituerait la somme au cas où, les salus d’or livrés, Jean ne serait pas immédiatement élargi[156].

Il restait seulement à dresser le compte final. Le prince anglais ne voulut voir là qu’une pure formalité, et il s’en déchargea sur Gower et deux autres écuyers, au choix de la duchesse[157]. On en prit occasion pour commettre, aux dépens d’Angoulême, une longue série d’hypocrites escroqueries. — On sut d’abord attiser son impatience, en vue de l’exploiter. On attendit quatre grands mois sous prétexte d’examiner les dossiers[158]. Puis, on fit mine de tout suspendre, tant que l’autorisation de Charles d’Orléans n’aurait pas été donnée. — Jean supplia qu’on se hâtât, tant il redoutait un ajournement, qui pourrait tout perdre. Il se chargeait d’avoir l’approbation de son frère. On avait provoqué sa requête, que l’on épiait ; on eut l’air d’y céder. Jean était seul, sans conseil, sans appui, sans homme de finance. Tout semblait bien disposé à souhait et, le même jour, l’on commença. — Les quittances originales, jadis envoyées au comte d’Angoulême, quand il était venu à Cherbourg, avaient été, comme par hasard, égarées. Parmi celles qu’il présenta, on déclara les unes apocryphes, bien qu’elles fussent passées devant l’Officialité de Paris ou un notaire d’Angoulême. Il y en eut d’autres qu’on écarta, parce qu’elles étaient, alléguait-on, suspectes dans leurs formules. On eut l’audace de rejeter toutes celles qui n’avaient pas été souscrites en présence de Jean et de refuser celles qu’avaient reçues le duc Charles ou ses officiers. Enfin, l’on soutint que la plupart des paiements sur assignations avaient été faits à tort. Et l’on réussit, par tous ces moyens, à n’admettre pour loi que les seules archives de Clarence. — Enfin, contrairement aux stipulations de Buzançais, on ne rabattit pas les sommes payées pour trois otages : Villars, Davy, Saveuzes[159]. On garda 2,000 écus sur les 10,000 payés par Bouteiller pour sa rançon. On ne déduisit pas la valeur de la « grant croix de Berry, » 40,000 écus, mais on garda la croix. On accepta pour 4,000 écus seulement la « petite croix aux émeraudes, » laquelle avait été estimée 15,000 par expertise.

Si excessives qu’elles fussent, de telles précautions auraient pu être légitimées par l’élargissement immédiat du prisonnier. Il n’en fut rien. Les Anglais semblent n’avoir pu se résoudre à laisser s’en aller ainsi un homme dont la présence leur était précieuse à tant de titres. Trente-deux années durant, Clarence ou les siens avaient trouvé un supplément d’aisance dans la rente que leur servait le prisonnier. Le départ du comte apportait trop de changement aux habitudes et aux ressources de la famille pour qu’elle n’en conçût pas d’aigreur. Il paraissait presque inconvenant que la fortune d’Angoulême ne continuât point, pour l’avenir, les bons offices auxquels on s’était si bien accoutumé dans le passé. Et on exigea, — ce fut le coup de grâce, — qu’avant de quitter ses maîtres, le comte se reconnût leur débiteur pour 90,844 écus[160] !…

On jugera ce qu’il y avait d’impudente fantaisie dans un pareil chiffre, si l’on songe qu’au mois de décembre 1430, ou à peu près, les princes d’Orléans ne devaient plus aux héritiers de Clarence, de l’aveu même de sa veuve, que 64,780 écus[161]. Depuis lors, plusieurs paiements importants avaient été faits, notamment 10,000 salus pour le prisonnier de Guy de Rochechouart, 8,000 salus pour la rançon de Guillaume le Bouteiller, 1,000 pour celle du bâtard de Somerset, soit 19,000 salus à retrancher de 64,680 écus. Cela réduisait la dette à 45,680 écus. C’était donc la doubler qu’en demander 90,844. — D’autre part, si l’on calcule que 60,000 écus avaient été extorqués en 1412, puis 40,000 autres, montant de la « grant croix de Berry, » enfin 11,000 sur « la croix aux émeraudes, » le second total des sommes frauduleusement demandées ou gardées s’élèvera jusqu’à 111,000 écus. — Ajoutons à ce chiffre celui de 40,000 écus, qui équivaut au prix des joyaux perdus par la faute de la duchesse de Clarence en 1422, et nous trouverons que 196,164 écus, près de 200,000, furent arrachés à tort au duc d’Orléans et aux siens ou gaspillés par les maîtres du comte d’Angoulême.

Ce n’est pas tout : il convient encore de tenir compte des 2,000 écus payés par Bouteiller, de l’argent qui valut leur liberté aux otages, de « la grosse finance » que paya Suffolk avant ou après son élargissement, d’une partie des deniers qu’on versa pour Beaufort, enfin de ce que put gagner la duchesse de Clarence à la seconde répartition de 1422, quand elle porta de 38,000 à 120,000 la part de son mari[162] Et nous ne disons rien des frais de l’entretien du comte qu’on exagéra comme à plaisir[163], ni du prix de son transport d’Angleterre en France qui aurait suffi à payer « le passage d’une armée[164], » ni de toutes les quittances dont les traces ne se sont pas conservées jusqu’à nous. Les chiffres précis nous manquent pour cette dernière partie de nos calculs. Mais tout nous autorise à penser que nous restons fort en dessous de la vérité en évaluant seulement à 100,000 écus ce qu’il faudrait additionner aux 196,164 payés en trop.

Ainsi, pour une rançon de 150,000 écus, près de 300,000 écus avaient été pour le moins donnés en 1445 et on réclamait encore 90,000 écus ! On avait le courage de demander à Angoulême, qui avait déjà, par deux fois, payé sa rançon, l’engagement solennel de la payer encore ! C’était assurément dépasser les limites naturelles du cynisme.

En prenant connaissance de ce chef-d’œuvre de l’escroquerie anglaise, « monseigneur d’Angolesme, » à ce que nous assurent les documents, « fut fort esbahy et fit difficulté de le signer, mais lors il fut menacé d’estre ramené en Angleterre[165]. » La torture de son âme dura vingt jours[166]. Pendant tout ce temps, Jean se débattit : l’écœurement de souscrire à un acte indigne lui était insurmontable ; il hésitait à pénétrer dans la vie libre par l’issue honteuse qu’on lui ouvrait ; il luttait bravement contre le fantôme de sa captivité renaissante. À la fin, ses forces épuisées, il se rendit. Il approuva le compte ! Et il crut sauvegarder sa conscience, son honneur, ses intérêts, en faisant quelques réserves vaines[167]

À deux mois de cette crise, le dernier mercredi de mars, en l’an de grâce 1445, il était à Rouen, à l’hôtellerie du Griffon. Une partie de la matinée était écoulée. Il avait auprès de lui un serviteur et il attendait l’arrivée de Suffolk. Ce prince parut enfin et il entra, suivi de deux notaires apostoliques, de Thomas Gower et de Francesco Vittori, neveu du banquier. Il avait fait apporter les conventions imposées par la duchesse de Somerset et qui rappelaient à Jean ses suprêmes souffrances. Angoulême en subit une fois de plus la lecture. Garanties, échéances, restitutions, tout ce qu’on exigeait encore de lui, il l’accepta, résigné maintenant à ne refuser rien. On le conduisit dans l’église Saint-Antoine et on lui fit, sur le corps du Christ, devant une foule de bons témoins, renouveler tous ses serments. N’était-ce pas mettre Dieu du côté de la duchesse de Somerset ? On revint à l’hôtellerie. Il était moins d’onze heures du matin. — Le comte était libre[168].

Il ne quitta pas Rouen sans aller visiter Suffolk, auquel il rapportait fort justement son élargissement. « Ce n’est pas à nous qu’il faut et convient de rendre grâces, répliqua le duc, en substance ; mais, en vérité, à notre très cher et grand ami monseigneur le Bâtard d’Orléans, comte de Dunois. Nous lui sommes, depuis notre propre délivrance, à tout jamais obligé et tenu. S’il vous plaisait de prendre, messire et beau cousin, votre part et portion de la dette de notre gratitude, par saint Georges ! nous estimerions et croirions pouvoir l’acquitter mieux[169]. »

Jean, le jour même, suivit ce conseil. Il s’empressa d’adresser de Louviers, la première ville française où il arriva, ses remerciements émus au Bâtard[170].

Il n’ignorait pas, d’ailleurs, qu’il aurait encore besoin de son concours. Car, à prendre à la lettre les dernières stipulations, Jean n’était libre que sous condition : s’il parvenait à payer, avant le 1er avril 1446, les 90,000 écus réclamés avec la belle impudeur que l’on a vue[171].

Or, ni les premiers revenus domaniaux du comte, entré au mois d’octobre en possession de son patrimoine, ni les greniers à sel de Charles d’Orléans, ni l’aide accordée par le roi sur toutes les élections du royaume, ni même les générosités de Dunois ne permirent de réunir la somme requise[172]. On devait 20,000 écus environ à la duchesse en 1447 (mai)[173]. — Trois ans après, en 1450, le Bâtard pensa couper court aux dernières réclamations de l’avide douairière : il la fit prisonnière avec son fils Edmond, lorsqu’il reçut la capitulation de Caen. Il ne leur permit de se retirer qu’en échange de l’abandon des sommes dues encore par Angoulême. Sans grand succès, la duchesse soutint plus tard que la promesse n’avait pas été faite en bonne forme et la nia[174].

Du moins, en dépit des procès qu’ils firent, ni elle ni ses héritiers ne furent entièrement payés. Au moment où le petit-fils de Jean d’Angoulême allait monter sur le trône de France, en 1514, dans un traité conclu entre le fils de Charles d’Orléans, le roi Louis XII, et Henri VIII d’Angleterre, on parlait encore de cette vieille dette, impossible à éteindre[175].

Ainsi, après plus d’un siècle écoulé, la maison de Valois-Angoulême s’occupait toujours de ce traité de Buzançais, qui avait fait si longtemps son malheur. Le souvenir des plus cruelles épreuves qu’elle eût jamais à traverser, et dont nous venons de dire le détail, reparaissait dans l’instant même où la destinée changeante allait mettre à la relever autant de complaisance qu’elle apportait autrefois d’obstination à l’humilier.


VI.


On l’a souvent rappelé : la cause des Pantagenets, à l’époque où ils luttaient contre les Capétiens, semblait aux contemporains la cause du Diable, celle de leurs adversaires la cause de Dieu. Ceux qui travaillèrent à la délivrance de Jean d’Angoulême purent penser, eux aussi, en présence de la mauvaise foi et de la rapacité anglaises, qu’ils servaient le Bon Droit contre le Mensonge. De Clarence, de sa femme ou de la duchesse de Somerset, lequel fut le plus avide et montra plus de duplicité, c’est un point qu’il est vraiment trop délicat de trancher. Combien il est moins malaisé d’opposer à leur conduite envers Jean d’Angoulême la belle loyauté du bâtard d’Orléans vis-à-vis de Suffolk ! La générosité chevaleresque du compagnon de Jeanne d’Arc ne fait que mieux ressortir la voracité de la mère ou de la veuve de Somerset. Suffolk est le seul personnage sympathique du côté des Anglais.

Un autre enseignement se dégage de l’histoire que nous venons de retracer. Les vicissitudes de la guerre de Cent ans avaient changé les champs de bataille en un véritable terrain commercial où des hommes armés poursuivaient autant leur intérêt que leur gloire. On cherchait moins à se tuer qu’à se prendre. C’était une fortune qu’un prisonnier de qualité pour qui le détenait. Chacun avait là un moyen certain de s’enrichir. Peu de gens, semble-t-il, purent y réussir avec plus de bonheur et moins de remords que Clarence et les siens.

Enfin, nous l’avons vu, si Dunois et Suffolk ne s’étaient institués ses sauveurs, Jean d’Angoulême, prisonnier jusqu’à la fin de ses jours, aurait peut-être été l’éternelle pâture de l’insatiable famille qui le détenait. Le duc d’Orléans, pour l’arracher à elle, n’aurait pas suffi. Le tuteur du comte était par tempérament plus sentimental que pratique ; il était plus tenté de rêves que d’actions. À plus forte raison ne savait-il point se préciser un but et y parvenir par des voies directes. Inexpérimenté en 1412, peu clairvoyant ensuite, malheureux jusqu’en 1440, il n’a jamais su conformer sa conduite à ses désirs.

Jean d’Angoulême paraît avoir eu plus de netteté dans les vues, plus de fermeté dans la volonté. Mais trente-deux ans de captivité, ce fut assez et trop pour briser irrévocablement sa vie ; il aurait pu donner en politique des marques de sa valeur s’il n’avait pas été plus empêché d’agir et plus longtemps qu’il ne fut empêché de penser. La prison, dont il sortait à quarante-cinq ans, après y être entré à douze, avait décidé de sa destinée en façonnant son caractère. Son âme garda jusqu’à la fin le pli que les circonstances trop fortes lui avaient donné et qu’avait aidé à creuser l’inclination instinctive de sa nature. Libre en France, Jean continua donc à goûter, comme jadis en Angleterre, le charme de se retirer en soi. La piété, la vertu, les lettres lui furent un asile encore. Comment se serait-il séparé de tout ce qui l’avait consolé dans les amertumes de l’exil ?


Gustave Dupont-Ferrier.
  1. Arch. nat., K. 56, no  18. Ces mots se trouvent dans le manifeste des princes d’Orléans (juillet 1411).
  2. Par le traité de Gien du 15 avril 1410. L’original est à Londres (British Museum, Addit. charters 7926) et porte les six signatures autographes des princes : Berry, Bretagne, Orléans, Bourbon, Alençon, Armagnac. Cf. Geste des nobles (éd. Vallet), p. 130. — Juv. des Ursins (éd. Godefroy), p. 203-206. — Chron. anon. (D. d’Arcq, Monstrelet), VI, 204. — Pierre Cochon, Chronique normande (éd. de Beaurepaire, Soc. hist. de Norm.). Rouen, 1870, in-8o, p. 247-248. — Bibl. nat., Pièces orig. 985, no  21976, p. 75.
  3. Arch. nat., K. 57, no  28. Original du traité de Buzançais, 14 novembre 1412.
  4. Jean d’Angoulême nous paraît être né en 1399, entre le 1er mai et le 7 août. Cf. notre article sur l’établissement de cette date, Bibl. de l’École des chartes, 1895, t. LVI, p. 318-327.
  5. Texte du traité cité suprà. Nous retrouverons plus loin chacun de ces personnages.
  6. Brit. Mus., Addit. chart. 246 : « Sachent tuil que je, Bridart de Bruille, chevalier, confesse avoir… receu de Pierre Renier… la somme de 20 l. t. sur un voyage où mondit sgr [d’Orléans] m’envoye présentement, en la compaignie de Mgr le conte d’Angolesme, par devers le duc de Clarence et autres Anglois… xiiije jour de novembre 1412 » (Signature, orig. parchemin, sceau sur simple queue conservé). Le même jour mentionné comme jour du départ de Jean en compagnie de Macé le Borgne : Bibl. nat., nouv. acq. fr. 3641, coll. Bastard 661 et 663. Cf. Maulde la Clavière, Hist. de Louis XII, 1re partie, t. I. Paris, Leroux, 1889, in-8o, p. 34 et n. 1. Sept jours auparavant on était déjà résolu à livrer Angoulême : Brit. Mus., Addit. chart. 244, 245. — Le marquis Delaborde, les Ducs de Bourgogne, t. III, 6222.
  7. Arch. nat., J. 919, no  25, fol. 25 vo : « Les Anglois… fistrent ung roolle avant partir où ilz demandoient lx mille escuz, oultre cent lm à eulx promis, qui sont 210,000 escuz. » Cf. Ibid., J. 919, 25, fol. 4 vo ; J. 919, 26, fol. 13 vo, 14 ro, 28 ro, 29 ro, 72 ro, 111 vo. — Ibid., K. 59, 3. — Nous possédons, au British Museum, Addit. chart. 1399, l’original de ce « rolle, » sur parchemin, revêtu de la signature autographe de Clarence et authentiqué par un sceau plaqué de cire rouge, entouré de pailles et protégé par une couverture de parchemin se levant ou s’abaissant à volonté. Cet acte est daté du 14 novembre 1412. La distinction formelle entre la somme de 150,000 écus consentie à Buzançais et le supplément de 60,000 écus arbitrairement exigé par Clarence est essentielle. Elle n’a pas été faite nettement jusqu’ici ni par les chroniqueurs ni par les historiens.
  8. Arch. nat., J. 919, 25, fol. 5 vo : « Les seigneurs [français] ne le vouldrent accorder… »
  9. Arch. nat., K. 57, 28, cité : « Est accordé que certain jour se prendra… en la marche de Picardie pour traittier de paix finalle entre les deux royaumes… » Suivent les détails prévus pour l’entrevue.
  10. Voy. suprà, p. 43.
  11. « En haine de ce [qu’on lui refusait les 60,000 écus de supplément, Clarence et son armée] fisdrent des pilleries et rançonnemens tant qu’ilz peurent. » Arch. nat., J. 919, 25, fol. 5 vo.
  12. Juv. des Ursins (Godefroy), p. 245 : « Les Anglois, après ce qu’ils eurent eu le comte d’Engoulesme, tirèrent leur chemin vers Bordeaux et prenoient petis enfans, tant qu’ils pouvoient en trouver, et s’efforçoient de prendre places… » Arch. nat., J. 919, 26, fol. 14 ro et J. 919, 25, fol. 5 vo. — Beaulieu : Ibid., cf. Gall. christ., XIV, col. 285. — Champigny-sur-Vende, arr. de Chinon, cant. de Richelieu (Indre-et-Loire). — Ibid., Bordeaux : « Le duc de Clarence et les autres Sgrs de sa compagnie estans à présent en Bordeloys. » Bibl. nat., Pièces orig., vol. 759, no  17254, pièce 25. — Juv. des Ursins, op. et loc. cit. — En Poitou, on leva une aide pour repousser les Anglais. Arch. nat., K. 54, no  6. — Cf. en Languedoc, Monstrelet, éd. Douët d’Arcq, II, 305.
  13. Sur Bourbon, cf. Huillard-Bréholles, la Rançon du duc de Bourbon, Jean Ier, Paris, 1869, in-4o, et en outre les textes cités suprà.
  14. Nous avons plusieurs tableaux d’ensemble des sommes payées pour la rançon d’Angoulême : Brit. Mus., fonds Addit. 21, 359 (de 1412 à 1417). — Arch. nat., K. 59, no  4 (après le 17 décembre 1430) ; J. 919, no  25, 26, etc., passim. — Seuls, Berry et Orléans figurent sur ces comptes, non Bourbon. Et cependant ni Bourbon ni « ses ayant-cause » ne furent dispensés de payer ce qui leur revenait, comme le prouve l’affirmation de Jean d’Angoulême lui-même en décembre 1444. Arch. nat., J. 647, 14.
  15. Les textes qui le prouvent ne se comptent pas. Arch. nat., P. 1404, 2, no  230 ; P. 1405, 1, 326, 368, etc.
  16. Brit. Mus., Addit. chart. 3472. — Arch. nat., K. 68, no  10. — M. de Maulde se trompe donc, Hst. de Louis XII, citée, I, p. 40-41, en écrivant que Charles « se préoccupa avant tout de délivrer son frère. »
  17. Brit. Mus., Addit. chart. 3472, citée, et Arch. nat., K. 68, no  10.
  18. Ibid., id.
  19. Religieux, t. V, 746. Cité par M. de Beaucourt, Hist. de Charles VII, t. I, p. 263, n. 2.
  20. Bibl. nat., lat. 15173, fol. 234, 237. Cités par M. de Maulde, Hist. de Louis XII, I, 31, n. 1.
  21. Bibl. nat., Pièces orig. 759, no  17254, p. 37 ; Ibid., lat. 17059, no  161.
  22. Wavrin, II, 232. — Lefebvre Saint-Remy, I, 279-280. — Th. Walsingham, Hist. anglic., II, 315. — Capgrave, Liber de illustribus Henricis, p. 118.
  23. Beaucourt, op. cit., I, 263-267.
  24. Ibid., p. 270. — Capgrave, p. 115. — Th. Walsingham, Hist. anglic., II, 307-309. — Elmham, Lib. metr., p. 112-114, v. 353-355, 363-366. — Religieux, V, 538. — Chron. anon., D’Arcq, VI, 228. — Lefebvre Saint-Remy, I, 225-229. — J. Raoulet (Vallet), III, 154. — Juv. des Ursins (Godefroy), 291.
  25. Tyler, Henry V of Monmouth, etc. Londres, 1838, t. II, p. 218, 260, 292. — Vallet de V., Hist. de Charles VII, I, 261, n. 2.
  26. Henri VI mourut le 31 août 1422. Son fils, Henri VI, naquit le 6 décembre 1421. Tyler, op. cit., II, 305-306. — Wavrin, II, 423. — Redmanni, Histor. H. V., 59. — Bazin, I, 41 et n. 2. — Raoulet, III, 172. — Chastellain, Kervyn de Lettenhove, I, 328-329. — Erreur de date, Geste des nobles, 186. — Cf. Lefebvre Saint-Remy, II, 62.
  27. Cf. infrà, textes cités, et Beaucourt, op. cit., II, 463 ; III, 151.
  28. Ibid.
  29. Ibid., I, 18, 19.
  30. Arch. nat., K. 59, no  4 ; J. 919, 19, 26, fol. 7 ro, 44 vo, 45 ro, 93, 95 ro ; J. 919, 25, fol. 4 vo, 5 ro, 10 ro. Pour la description de cette croix, voy. Maulde, Hist. de Louis XII, citée, t. I, p. 33, n. 2.
  31. Brit. Mus., Addit. chart. 3491 (Ao 1413-1415) ; Ibid., 1402 (24 octobre 1413) ; Ibid., 24, 26 octobre 1413, no  3491, cité, etc. ; Ibid., 21359. — Arch. nat., P. 14031, nos 13, 14 et 15.
  32. Brit. Mus., Addit. chart. 70, 71.
  33. Ibid.
  34. Ibid.
  35. Ibid., Beaucourt, op. cit., I, 19.
  36. Brit. Mus., Addit. chart. 70, 71, cité.
  37. Ibid.
  38. Cf. Beaucourt, op. cit., I, 211, 247. — Maulde, op. cit., I, 40. — Philippe mourut le 1er septembre 1420.
  39. Cf. textes ci-dessous. — Monstrelet, Douët d’Arcq, V, 431.
  40. Th. Walsingham, Hist. anglic., II, 309, 322-323. — Redmanni, H. V., 50, 53. — Elmham, Lib. metr., p. 111, v. 329-333, p. 108-109, v. 283-294. — Waurin, II, 117-188, 235-236, 240-241. — Monstrelet, II, 82-83, 162. — Religieux, V, 96 et suiv., 541. — Lefebvre Saint-Remy, I, 225, 229-230. — Chron. anon. (Godefroy), 407. — Rymer, IV, p. ii, 114, 118, 135, 155. — Bibl. nat., nouv. acq. fr. 3642. — Cf. Brit. Mus., Addit. chart. 3459.
  41. Brit. Mus., Addit. chart. 3484.
  42. Cf. Beaucourt, op. cit., II, 13. — J. Quicherat, Aperçus nouveaux sur l’histoire de Jeanne d’Arc (Paris, 1850, in-8o), p. 15.
  43. Brit. Mus., Addit. chart. 334 : « L’abstinence de guerre…, dit Charles d’Orléans, que nous avions ordonné prendre avec lesd. Anglois pour nos païs et terres. » 26 août 1427.
  44. Nous avons quantité de preuves des ravages anglais ou bourguignons dans les domaines de Charles.
  45. Philippe Marie, duc de Milan de 1412 à 1447. Arch. nat., K. 58, 2, 3, 32, 33 ; K. 67, 32 ; K.68, 4. — Cf. lettre publiée par M. Léopold Delisle dans le Catalogue de la collection Bastard de l’Estang, in-8o (Paris, 1885), p. 136-140. — Catalogue Joursanvault 402, 438, 568. — Beaucourt, op. cit., III, 329-330, etc.
  46. Arch. nat., K. 64, no  3711, 12 ; J. 919, 26, fol. 21 ; J. 919, 25, fol. 8.
  47. Bibl. nat., nouv. acq. fr. 681, 3642.
  48. Ibid. et Arch. nat., J. 919, 26, fol. 74 ro et suiv., 78-80, 83 ro et 84 ro.
  49. Cf. Dugdale, Baron., II, p. 97, col. 2 ; p. 122, col. 2.
  50. Bailli d’Évreux et capitaine de Conches (ch.-l. de cant., Eure) en 1476 ; bailli de Caen en 1430. Brit. Mus., Addit. chart. 1102, 1124, 1432-1433, 1512, 3612. — Arch. nat., K. 63, 711, 13 bis. — Bibl. nat., Pièces orig. 3044, nos 67, 576, p. 3-12 ; fr. 26264. — Villevieille, Titres orig. 2, fol. 181. — Laborde, Ducs de Bourgogne, cité, III, 6647 (c’est l’Addit. chart. 1512).
  51. Itinéraire de Jean d’Angouléme (inédit).
  52. Itinéraire de Charles d’Orléans (inédit).
  53. Brit. Mus., Addit. chart. 59, 3451, 8 août 1413. — Bibl. nat., lat. 9134, fol. 3 vo. — Cf. documents publiés par M. Vallet de V., Bibl. de l’École des chartes, t. XVI, p. 556, 1855. — La comparaison des Addit. chart. 59 et 62 prouve que les otages furent menés en Angleterre entre le 25 janvier et le 31 mars 1414 (n. st.).
  54. Ce qui résulte surtout de la pièce 681 du ms. 3642 des nouv. acq. fr. de la Bibl. nat. — Brit. Mus., Addit. chart. 3482.
  55. Pontbriant était le 15 novembre 1412, soit le lendemain du traité de Buzançais, au conseil de Charles d’Orléans. Arch. nat., J. 919, 26. — Le 7 décembre suivant, il était à Orléans. Bibl. nat., Pièces orig. 759, no  17254, p. 24. — Le 22, à Blois. Bibl. nat., fr. 6211, no  197. — À Blois encore le 25 février 1413 (n. st.). Bibl. nat., lai. 17059, no  157, et fr. 6211, no  618. — Addit. chart. 3413, — Arch. nat., KK. 897. — Cf. Bibl. nat., fr. 6210, 354 ; Pièces orig. 909, no  20063, p. 7 ; 2334, no  52557, p. 13, 14. — Addit. chart. 66, 264, 3452, 3478, 4311.
  56. Brit. Mus., Addit. chart. 3493-3494.
  57. J. Du Port, Vie de Jean d’A., citée, p. 41. Du Port écrit à tort Vaincourt.
  58. Bibl. nat., fr. 26082, no  6618 ; 26083, no  6847 et signature ; Pièces orig. 2160, 10, p. 675.
  59. J. Du Port, op. cit., p. 41.
  60. Ibid.
  61. Brit. Mus., Addit. chart. 2452, 3628, 11523. — Arch. nat., K. 64, 3718, fol. 1-5. — Hue de Saint-Mars faisait souvent aussi le voyage d’Angleterre. Pierre des Caves était également un des messagers de Jean depuis 1441. Addit. chart. 3936, 4432. — Bibl. nat., Pièces orig. v. 659, nos 626, 629 ; v. 1022, no  23381, p. 2 ; Ibid., Quitt. eccl. 4, fr. 25989, p. 628.
  62. Brit. Mus., Historical and heraldic. tracts, etc., from the Joursanvault archives 11542. Plut. clxxxviiie. — Addit. chart. 265, 3493-3494. — Bibl. nat., Pièces orig. 1993, no  45696, p. 6, 9.
  63. Brit. Mus., Addit. chart. 337, 343, 3532. — Vallet de V., Bibl. de l’École des chartes, 1855, t. XVI, p. 558.
  64. Gall. christ., II, p. 1105. — Bibl. nat., Pièces orig. 3002, no  66639, p. 50.
  65. Brit. Mus., Addit. chart. 337, 343. — Bibl. nat., Pièces orig. 3002, no  66639, p. 50 ; fr. 6212, no  530. — Rymer, V, part i, p. 108.
  66. Cf. Maulde, op. cit., I, p. 44, n. 2.
  67. J. Du Port, op. cit., p. 41.
  68. E. Du Fouilloy était maître d’école de Jean le 20 juin 1408. Bibl. nat., fr. 6210. — Joursanvault 334.
  69. Brit. Mus., Addit. chart. 61, 62 (signature originale), 257, 274, 3497. — Arch. nat., K. 64, 377b, 8, 9. — Laborde, Preuves des ducs de Bourgogne, citées, III, 6231. — Rymer, t. IV, part iii, p. 46.
  70. Bibl. nat., ms. angl. 39, fol. a (garde du plat supérieur).
  71. Le comte copia in-extenso cette poétique et l’annota. Bibl. nat., ms. lat. 8174, fol. 1 ro-37 vo (Geoffroy « Vino-Salvo » est un poète anglais du xiiie siècle. Sa poétrie a 2,000 vers. Cf. Leyser, Hist. poetarum medii aevi. Halae-Magdeb, 1741, p. 855).
  72. J. Du Port, cité, p. 63. Cf. no  127, De l’inventaire manuscrit de la bibliothèque de Jean, que nous publierons prochainement.
  73. J. Du Port, cité, p. 64.
  74. Ibid.
  75. Invent. ms., cité, no  86.
  76. Ibid., Bibl. nat., lat. 6773, fol. 89. Le comte a cherché deux traductions de cette pensée.
  77. Brit. Mus., Addit. chart. 3493-3494. — Jean avait, malgré sa pauvreté, acheté à Londres le Rational des divins offices de Guillaume Durand, qui avait appartenu à Charles V. Bibl. nat., fr. 437. — Cf. Paulin Paris, mss. fr…, II, 57 et suiv. ; IV, 101 et suiv. ; VII, 278. — Hist. littér. de France, 1842, XX, 311-397 et 794-795. — Invent. ms., cité, no  2.
  78. Invent. ms., cité, no  43, 107-135. — Bibl. nat., lat. 3436.
  79. Invent. ms., cité, no  151. — Bibl. nat., fr. 5699. C’est d’après ce ms., ayant appartenu au comte et qui fut annoté par lui, que Vallet de V. a publié la chronique de Cousinot.
  80. Brit. Mus., Addit. chart. 70, 71.
  81. Bibl. nat., nouv. acq. fr. 3641, 3642, 681. — Coll. Bastard 661 et 665 (17 décembre 1412).
  82. Brit. Mus., Addit. chart. 61.
  83. Brit. Mus., Addit. chart. 61, cit., 62, 59, 257, 3460, 3642. — Bibl. de l’École des chartes, t. XVI, p. 556.
  84. Bibl. de l’École des chartes, t. XVI, cité, p. 556 et suiv. Cela ressort du tableau des sommes portées en Angleterre pour l’entretien du comte d’Angoulême.
  85. Arch. nat., K. 64, 3718.
  86. Bibl. de l’École des chartes, t. XVI, p. 555 et suiv., citées. En outre : Brit. Mus., Addit. chart. 313, 3496, 3532, 3560, 3610, 3612, 3822. — Arch. nat., K. 59, 30, 30 bis, 32, 32 bis ; K. 62, 5 ; K. 64, 3719 ; K. 64, 3718, fol. 7 ro. — Bibl. nat., Pièces orig. 1260, no  28223, p. 11 ; 2157, 7, 510, 525 ; 5128, 8, 523-526 ; fr. 20379, fol. 3 ; nouv. acq. fr. 3642.
  87. Taux variable j. en 1437, Brit. Mus., Addit. chart. 3626, 3660 (12 novembre 1431) ; Bibl. nat., nouv. acq. fr. 3645 (coll. Bastard), 23 mars 1429. — Taux fixé : 22 mai 1437, Addit. chart. 428 ; 12 décembre 1443, Addit. chart. 3974, 5.
  88. Brit. Mus., Addit. chart. 3481 et 3496 : « Quatre bouteilles de cuir, accouplées deux et deux, garnies de courroies et de soubz-ventrières, pour mettre et porter finance par devers mondit seigneur le duc [d’Orléans] et Mgr d’Angoulesrne, son frère, en Angleterre. »
  89. Brit. Mus., Addit. chart. 11826. Emprunt à Gower.
  90. Ibid. 11542. — Plut. clxxxviiic. — Bibl. nat., nouv. acq. fr. 3645 (Bastard 1282). Emprunts à Jehan de Saveuzes, Jehan de Moncy, Cognac.
  91. J. Du Port, op. cit., éd. Castaigne, p. 41. — Arch. nat., KK. 239, fol. 11 vo ; P. 1403, 1, 33. — Bibl. nat., Pièces orig. 2161, 11, no 723, 15127, no 11 ; fr. 26084, no 7095 ; 26098, no 385 ; 26090, no 410.
  92. Du Port, op. cit. : « Sans luy, il eust souvent jeusné et n’eust mangé de rosti, sinon que Collinet gaignast de l’argent de son mestier de tailleur, » p. 41. Du Port tient sans doute ce renseignement d’un des témoins interrogés en 1518, lors de l’enquête faite pour canoniser Jean d’Angoulême. Sur les sources de J. Du Port, cf. notre article Bibl. de l’École des chartes, 1895, LVII, p. 320-322.
  93. Brit. Mus., Addit. chart. 10962, 3481, 11523, 264, 267, 2807. — Bibl. nat., Pièces orig. 2157, 7, p. 509.
  94. Arch. nat., K. 54, no 6 (4 juin 1392).
  95. Bibl. nat., Pièces orig. vol. 759, no 17254, p. 22 ; Ibid. vol. 909, no 20063, p. 5 ; vol. 986, no 21981. — Brit. Mus., Addit. chart. 3437.
  96. Brit. Mus., Addit. chart. 57, 234 et 3437 (Paris, 23 novembre 1412).
  97. Ibid., Addit. chart. 3443, 3463, 6327. — Arch. nat., K. 59, 6. — Bibl. nat., Pièces orig. 986, no 21981, p. 14 ; 2157, 7, 501 ; 2158, 8, 547 ; lat. 17059, 151-152.
  98. Papire Masson, Vita Joannis… Engolism. comit., citée, p. 17. — Ibid., Papirii Massonis libri duo de Episcopis Urbis… Parisius, 1586, in-4o, fol. 344 ro. — Jean Du Port, op. cit., p. 38-39 ; cf. Corlieu, 1576 (Michon), cité. — J. Du Port a pris son information dans le Secundus tomus conciliorum general. Paris, in-fol., 1524, fol. ccxx vo et ccxxi ro.
  99. Brit. Mus., Addit. chart. 21359 (original acquis le 28 avril 1856). — Arch. nat., J. 919, 25, fol. 7 vo.
  100. Addit. chart. 21359 cité.
  101. Ibid. 72, 274, 3482, 3484, 3488, 3492 notamment, 3493-3494. — Arch. nat., J. 919, 25, fol. 7 vo, 26, fol. 8 ro, 12 vo, 20 ; K. 64, 37a et b, 379 ; P. 1403, 1, no 26.
  102. Bibl. nat., Moreau 703-704, fol. 3 ; Rymer, IV, II, 197, 200, 202 ; III, p. 5, 46, 57, 66. — Addit. chart. 3493-3494. — M. de Maulde se trompe en disant que les envois d’argent cessent en 1420 après le meurtre de Jean Sans-Peur. Ils ont cessé dès 1418, par le mauvais vouloir de Clarence (I, p. 42, n. 3, Hist. de Louis XII, citée).
  103. Arch. nat., J. 919, 25, fol. 7 vo ; 26, fol. 20 vo, 59 ro ; K. 59, 16. — Brit. Mus., Addit. chart. 1401.
  104. Arch. nat., K. 59, no 4.
  105. Ibid., K. 64, 3711_12.
  106. Ibid., K. 59, no 4, cité ; J. 919, 25, fol. 4 vo, 5 ro, 8, 10 ; J. 919, >26, fol. 7 ro, 21, 27 vo en marge, 44 vo, 45 ro, 93, 95, 96 vo. — Bibl. nat., fr. 20178, fol. 112 vo. — Brit. Mus., Addit. chart. 3478, 4311.
  107. Ibid.
  108. Ibid. et Brit. Mus. Addit. chart. 58, 274, 3133. — Arch. nat., K. 64, 377b, 9, 378-9. — Laborde, Preuves des ducs de Bourgogne, cité, 6199.
  109. Arch. nat., J. 919, 26, fol. 39 vo.
  110. Arch. nat., P. 1403, 1, no  22, et J. 919, 19, fol. IX et suiv. — Brit. Mus., Addit. chart. 21359.
  111. Arch. nat., p. 1403, 1, no  32 : « A la journée de Baugy en France fut led. duc [Jean] de Somerset pris et mis à rençon. » Dugdale, The Baronage, II, 122, col. 2. — Addit. chart. 306. — Thomas Beaufort a été à tort confondu par M. Vallet de V. avec Jean, bâtard de Clarence (Vallet, Ch. VII, I, 261 ; Baronage, II, 122) ; Add. chart. 3552.
  112. Brit. Mus., Addit. chart. 72, 265, 267, 279, 295, 306, 3462, 3549, 3550, 3552 surtout, 3386. — Bibl. nat., Pièces orig. 914, 20163, p. 16, 18, 20-28, 31, 33, 35-39 ; fr. 6210, nos 532, 534 ; lat. 17059, no  161. — Arch. nat., P. 118, p. 117 ; K. 64, 379. — Jean Stuart de Railston, comte de Buchan, était connétable depuis peu ; cf. Ch. VII, cité, de Beaucourt, I, 222, et Ch. VII, cité, de Vallet, I, 260.
  113. Cf. suprà, textes cités.
  114. Brit. Mus., Addit. chart. 297, 3349, 3350, 3552. — Bibl. nat., Pièces orig. 1993, no  45696, p. 5.
  115. Prisonnier à Baugé de l’Écossais Laurent Vernon, Addit. chart. 306. — Charles Ier de Bourbon (1401-1456), Arch. nat., K. 168, 92 ; J. 919, 26, fol. 303 vo. Charles d’Artois, comte d’Eu (1393-1472), était issu comme Bourbon de Marie de Berry.
  116. Arch. nat., P. 1403, I, XXXII.
  117. Addit. chart. 3655, 3792. — Arch. nat., P. 1403, I, XXI. — Bibl. nat., nouv. acq. fr. 3615. — Edmond de B. mourut à la bataille de Saint-Alban (22 mai 1455). — V. Dugdale, cité, II, 123. — Bibl. nat., fr. 26078, 5934, 5991-5992, 6011, 6019, etc. — Addit. chart. 13377.
  118. Brit. Mus. Addit. chart. 3660, 3674-3675. — Arch. nat., KK. 897, fol. 89 vo, 90 ro. — Bibl. nat., Pièces orig. 2158, 8, no  533. — Rymer, V, I, p. 1. — Il nous paraît, d’après ces textes, que Suffolk fut relâché entre le 14 décembre 1430 et le 26 mars 1431 (n. st.).
  119. Arch. nat., K. 64, 3717, 18 ; KK. 897, fol. 89 vo, 90 ro. — Bibl. nat., Pièces orig. 2158, 8, no  533. — Addit. chart. 3660. — Rymer, V, part I, p. 1, et infrà, p. 17-18.
  120. Brit. Mus., Addit. chart. 4403. — Arch. nat., K. 64, 3718, fol. 7 ro ; J. 919, 26, fol. 112 et 114. — Sur Guy de Rochechouart, voy. Nouv. biog. génér., XIV, col. 931-934.
  121. Cf. notamment Arch. nat., J. 919, 26, fol. 61, 65 vo, 67 ro, 69, 71-74, 78, 79, 82-85. — Arch. nat., K. 59, no  1, 16 ; 64, 378. — Bibl. nat., Moreau 705, fol. 3. — Brit. Mus., Addit. chart. 1400, 1404, 3458, 3638, 11434, 11448, 12074. — Rymer, t. IV, part IV, p. 164, 185.
  122. Arch. nat., K. 553, XI.
  123. Hue de Saint-Mars, nommé depuis peu gouverneur des comtes de Blois et de Dunois. Très nombreux textes, notamment Arch. nat., J. 919, 26, fol. 112 vo ; K. 64, 3718 ; K. 53417 ; KK. 269. — Bibl. nat., Pièces orig. 2762, no  61656, p. 6. — Cf. Addit. chart. 339, 1427, 3672. — Sur sa mission près de Nicolas, KK. 553, 11, cit. ; cf. Beaucourt, Ch. VII, II, 485. — Hugues Perrier, chargé le 15 septembre 1431 d’accompagner Hue de Saint-Mars en Italie, était, le 29 octobre suivant, de retour près de Charles en Angleterre. Bibl. nat., Pièces orig. 1260, no  28223, p. 7 ; cf. fr. 6211, 504.
  124. Alain IX, mort le 20 novembre 1461, marié à Marguerite de Bretagne par contrat du 19 avril 1407 (P. Anselme, IV, 566 et suiv.). — 23 octobre 1432, Bibl. nat., fr. 22340, fol. 121 ro et suiv.
  125. Bibl. nat., fr. 22340, fol. 121 vo ; cf. Pièces orig. 2158, 8, p. 537. — Brit. Mus., Addit. chart. 383, 3691.
  126. Bibl. nat., fr. 23340, fol. 122 ro. — Arch. nat., K. 534, no  19. — Cf. Maulde, Hist. de Louis XII, cit., I, 55.
  127. Arch. nat., K. 534, nos 19 (11 et 29 mai 1437) ; K. 61, 21, 3714. — Brit. Mus., Addit. chart. 186-187, 3792, 3795-3797, 3802, 3854, 6332.
  128. Arch. nat., cit., K. 534, no  19.
  129. François était fils de Jean III, sire de Rieux et de Rochefort, et de Jeanne d’Harcourt. Il était mort le 25 juin 1459 ; cf. 23 juillet 1459, Arch. nat., X1a 1484, p. 62 ro. François épousa Jeanne de Rohan par contrat du 11 février 1442.
  130. Devant la Chambre des requêtes et devant le Grand Conseil du roi. Cf. X1a 1483, fol. 302, etc.
  131. Dès 1431. Brit. Mus., Addit. chart. 3837, 3839. — Bibl. nat., fr. 6211, 507. — Cf. Beaucourt, Ch. VII, II, 92 ; III, 86 et suiv.
  132. Arch. nat., K. 55313 ; K. 6711 bis ; K. 72, 563. Jeanne de Béthune, mariée à Robert de Bar, seigneur d’Aisy, tué à Azincourt ; remariée le 23 novembre 1418 à Jean de Luxembourg ; elle mourut en 1459.
  133. Arch. nat., K. 582. — Cf. Beaucourt, Ch. VII, II, 330 et n. 2. — Frédéric IV, né en 1415, roi des Romains en 1440, roi de Lombardie et empereur d’Allemagne en 1452, mourut en 1493. Chacun sait qu’il fut le père de Maximilien.
  134. Arch. nat., K. 72, 564 : « … desquelx… ostages, l’un est mort en Angleterre, c’est assavoir messire Macé le Borgne, et les autres… délivrez pour venir par deçà… » Il vivait encore en 1424 ; Bibl. nat., nouv. acq. fr. 3642 (coll. Bastard 752).
  135. Brit. Mus., Addit. chart. 3619 (janvier 1428, n. st.). — Catalogue Joursanvault, cité, 132 (22 juillet 1431). — Ibid. 3176 (1431-1433). — Cf. Maulde, Hist. de Louis XII, citée, I, 53, n. 3.
  136. Brit. Mus., Addit. chart. 187, 402, 3685, 3821-3829, etc. — Arch. nat., K. 64, 3718, fol. 6 vo. — Sa maladie, Addit. chart. 3838. — Arch. nat., K. 64, 3718, fol. 7 vo. — Bibl. nat., Pièces orig. 2158, 8, nos 571, 581. — Catalogue Joursanvault 3006.
  137. Arch. nat., P. 1403, 1, no  XXI, début ; K. 72, 5615. — Brit. Mus., Addit. chart. 3652. — Charavay, Rev. doc. hist., 1877, p. 25-26. — Charges et honneurs après son élargissement ; très nombreux textes, notamment Bibl. nat., Pièces orig. 2653, no  58930, p. 11, 12, 38, 39, etc.
  138. Arch. nat., P. 1403, 1, no  XXI. — Lieutenance de Château-Regnault, Bibl. nat., Pièces orig. 986, no  2197, p. 48. — Capitainerie de Chambord, en 1448, Catalogue Joursanvault, cité, 3238. — Contestations et procès, Ibid. 3016.
  139. Très nombreux actes, 397, 462, 479, 3937. — Bibl. nat., Quitt. eccl. fr. 25989, p. 628 ; Pièces orig. v. 659, no  15626, p. 10 ; 2158, 8, p. 572 ; 2762, no  61636, p. 14 ; 1022, no  22385, p. 4 ; fr. 26085, nos 7136, 7270 ; lat. 17059, nos 170, 172. — Catalogue Joursanvault 3001.
  140. 27 mai 1433, Rymer, IV, part IV, p. 195 ; V, part I, p. 116-117. — Supplément Rymer, H. VI, t. IV, no  37. — Brit. Mus. Bibl. Cotton. Cleopatra, fol. 4, no  12, H. IV. — Bibl. nat., Moreau 705, fol. 145-146. — 23 décembre 1435, Arch. nat., P. 1403, 1, no  XXI. — Cf. septembre 1436, Bibl. nat., nouv. acq. fr. 3645. — Enfin 3 juin 1440, Arch. nat., J. 919, 26, fol. 100 vo, 102 ro, 103 vo, 104 ro. — Bibl. nat., Pièces orig. 2160, 10, no  665 ; Ibid. 2972, no  66632, p. 2. — Bouteiller, bien entendu, fut remboursé par Ch. d’Orléans, Brit. Mus. Addit. chart. 3937. — Bibl. nat., fr. 26085, nos 7136, 7270, en 1442 et 1459.
  141. Brit. Mus., Addit. chart. 3816, 3936, 4430, 4432, 15252. — Arch. nat., K. 72, 563. — Bibl. nat., Pièces orig. vol. 506 ; fr. 6211 ; vol. 659, no  15626, p. 10, 12 ; nouv. acq. fr. 3653, fol. 3 b. — Sur l’accord de 1442 (8 août), Arch. nat., P. 1403, 1, no  20 ; J. 919, 19, fol. 12 ro, 13 ro, 88, 90-92. Sur celui du 8 décembre 1442, négocié par Hugues Perrier, cf. en outre J. 919, 19, fol. 5 vo.
  142. Arch. nat., J. 919, 5, fol. 8 vo, 9 ro ; J. 919, 25, fol. 22 vo. — Sur Somerset et ses piètres talents militaires, voy. Beaucourt, III, 28-29, et surtout Arch. nat., K. 68, 19 (ses dilapidations en Normandie), etc… Gower était déjà en 1439 lieutenant de Cherbourg pour Somerset, Bibl. nat., Pièces orig. 1383, no  31222, p. 8 ; Moreau, Chartes et Dipl., vol. 252, p. 100 et suiv. — Henri IV avait donné le titre de duc à Somerset, Arch. nat., K. 67, no  21111 ; cf. suprà, p. 7 et no  123, etc.
  143. Notamment 20 pipes de vin. Arch. nat., K. 64, no  3717.
  144. « Le duc de Sommercet, lequel de sa grâce je treve très bienveillant à ma délivrance, » écrit le 9 avril [1444, n. st.], de Cherbourg, Jean d’Angoulême à Charles d’Orléans, Arch. nat., K. 64, 3717, cit. Somerset avait hâte de délivrer les otages auxquels il s’intéressait.
  145. Même lettre : « Je sçay de vray que mon maistre, le duc de Somerset, se fie moult au… conte de Southfolk. » Arch. nat., K. 72, 5615, et J. 919, 25, fol. 9 ro et suiv. — Bibl. nat., fr. 2811, fol. 19, publiée assez exactement Rev. doc. hist., 1877, p. 21, par Ét. Charavay.
  146. Rev. doc. hist., 1877, p. 21, cit. — Arch. nat., K. 72, 565 ; J. 919, 25, fol. 9 ro et suiv. — Jean II, duc d’Alençon (1409-1476), avait épousé Jeanne, fille de Charles d’Orléans, morte en 1432. Charles Ier de Bourbon vécut de 1401 à 1456. Bernard, mort vers 1462. Lohéac-André de Laval, amiral et maréchal de France (P. Anselme, VII, 73 e).
  147. Jean d’Angoulême déclara le traité « très bon, » Charavay, op. cit., p. 22-23 en note. — Mort de Somerset (Dugdale, II, p. 123, col. 1), le 27 mai 1444.
  148. Rev. doc. hist., cit. — Brit. Mus., Addit. chart. 475-476, 3980.
  149. Rev. doc. hist., cit.
  150. Lettre publiée par M. Léopold Delisle (Bibl. de l’École des chartes, t. XLV, p. 304) ; tirage à part avec fac-similé. Paris, Champion, 1884 (11 juin [1444]).
  151. Rev. doc. hist., cit., 1877, p. 23. Marguerite d’Anjou, fille du roi René et d’Isabelle, duchesse de Lorraine, épousa, en effet, Henri VI, comme on sait. Elle mourut en 1482.
  152. Arch. nat., K. 72, 5610, et J. 919, 26, fol. 116 vo. Lettre du 11 juin [1444], citée.
  153. Lettre du 11 juin, citée. C’est un des documents qui permettent le mieux de pénétrer jusqu’à l’âme du comte.
  154. Brit. Mus., Addit. chart. 475. — Arch. nat., J. 647, nos 16-18 ; K. 72, no  567-8. — Bibl. nat., fr. 20178, fol. 112 vo.
  155. Arch. nat., P. 1403, I, XVIII ; J. 919, 19, fol. 17.
  156. Ibid., J. 919, 25, fol. 9 vo ; 26, fol. 24 rro-25 ro.
  157. Ibid. et J. 919, 26, fol. 26 ro et suiv. ; J. 64714.
  158. Du 23 août 1444 (Ibid., J. 919, 26, fol. 24 ro-25 vo) au 23 décembre 1444 (Ibid., J. 647, 14, cité).
  159. Ibid., J. 647, 14, cité ; J. 919, 25, fol. 10 ro ; J. 919, 26, fol. 26 ro et suiv. ; J. 947, 14 ; K. 57, no  28, cité ; cf. arch. des Hautes-Pyrénées, A, famille royale, copie XVe s., publ. par M. Durier, 1884 (Souvenir de la Bigorre, 14 p.).
  160. Brit. Mus., Addit. chart. 3997. — Arch. nat., J. 919, 26, fol. 15 vo et suiv.
  161. Arch. nat., K. 59, no  4, fol. 4 ro : « Reste qu’il est encore deu à Mme de Clarence, à cause de son mary, LXIIIIm VIIc IIIIxx X escuz. »
  162. Ces faits sont justifiés par les documents déjà cités plus haut en maint endroit.
  163. Arch. nat., J. 919, 26, fol. 104 ro, etc.
  164. Arch. nat., J. 919, 25, fol. 22 vo. Nous ne pouvons non plus apprécier exactement ce qui fut perdu en 1417 et suiv. sur 30,000 moutons que les banquiers refusaient de rembourser.
  165. Arch. nat., J. 919, 25, fol. 10 vo.
  166. Du 23 décembre 1444 au 31 janvier suivant ; cf. Ibid., J. 919, 26, fol. 32. M. de Maulde a donc tort de dire (Hist. de Louis XII, cit., I, 74, n. 4), en citant trop vaguement sa source, que Jean accepta tout par serment le 23 août.
  167. Ibid. et fol. 31 ; J. 919, 25, fol. 10 vo, 11 ro. Jean se réservait de vérifier les articles en souffrance, de valider les quittances rejetées, d’en produire de nouvelles, de se conformer en tout au traité de Buzançais.
  168. Pièce publiée par M. Durier, p. 2 et suiv. M. Durier la date à tort du 30 mars 1445 (a. st.). Elle est du 31 mars 1445, après Pâques, qui, cette année, tombait le 28 mars.
  169. Rev. doc. hist., 1877, p. 24-25.
  170. Ibid. ; cf. Arch. nat., J. 6478, 10-13 ; P. 1403, I, XXI.
  171. Ce qui était en effet stipulé dans les scellés dont nous avons parlé plus haut.
  172. Brit. Mus., Addit. chart. 495 ; Ibid. 4010, 4041-4042. — Arch. nat., K. 72, 5610a, 10b ; J. 919, 26, fol. 116 ro et 117 ro. — Bibl. nat., fr. 20379, fol. 26-27 ; 25711, no  203 ; Pièces orig. 2158, 8, 574.
  173. Arch. nat., K. 72, 5613-15 ; J. 919, 26, fol. 117 vo ; J. 64715. — Bibl. nat., fr. 20379 ; Pièces orig. 2972, no  66032, p. 2 ; 2160, 10, 665. — Brit. Mus., Addit. chart. 4033, 12347.
  174. Le 24 juin 1450, capitulation de Caen ; 6 juillet, la duchesse et Edmond, alors duc de Somerset, se rendent à Dunois. Arch. nat., J. 919, 25, fol. 13 ro ; J. 919, 26, fol 1 ro ; J. 919, 19 ; K. 72, 5620-23. — Brit. Mus., Addit. chart. 498. — Rev. doc. hist., cit., 1877, p. 26-28.
  175. Brit. Mus., Addit. chart. 4040. — Arch. nat., J. 6471-5 bis, 19 ; J. 919, 25, fol. 1 ro, 3 ro-4 ro, 13, 19 ; J. 919, 26, fol. 1 vo et ro ; K. 72, 49, 564 ; P. 1403, I, XXVII, XXVIII, fol. 1, XXX, XXXII ; X1a 1489, fol. 342, etc…