La coutume d'Andorre/Chapitre 1

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CHAPITRE PREMIER

L'ANDORRE GÉOGRAPHIQUE, ÉCONOMIQUE ET DÉMOGRAPHIQUE




Le pays : les contours. — Les reliefs. — La mise en valeur. — L’aspect. — Les cultures. — L’élevage. — La chasse et la pêche. — L’industrie. — La contrebande. — Exportations et importations. — La race. — Influences espagnoles. — Isolement relatif : les chemins. — L’avenir.
Appendice : les mesures ; les monnaies.

Le pays : les contours. — L’Andorre dessine à peu près un triangle rectangle : la base, longue de 30 kilomètres environ, est tournée vers le Nord et correspond à la frontière du département de l’Ariège ; le petit côté, vers l’Ouest, mesure une vingtaine de kilomètres ; enfin, le grand côté, l’hypoténuse, sépare l’Andorre des Pyrénées-Orientales et de l’Espagne.

L’Andorre est sur le versant méridional des Pyrénées. Au Nord-Est, au droit des ports de Framiquel et de Soldeu, elle déborde la ligne de partage des eaux et sa limite suit pendant quelques kilomètres la rive gauche de l’Ariège. Cette portion de territoire forme les vastes pacages de la Solane. Il faut ajouter que ce tracé anormal de la frontière donne lieu depuis des siècles à des réclamations de la part des communes françaises voisines, l’Hospitalet et Mérens, et à d’interminables procès.

Les reliefs. — La surface de l’Andorre est couverte d’un entassement de montagnes, dont les pics les plus élevés approchent de 3,000 mètres[1]. Entre les cimes sont creusées des vallées étroites et profondes. Les deux principales vallées sont celles des deux ruisseaux qui portent le nom de Valira : la Valira du Nord coule à peu près du Nord au Sud ; elle arrose Ordino et la Massane. Quant à la Valira de l’Est, qui se dirige du Nord-Est au Sud-Ouest, elle traverse les paroisses de Canillo et d’Encamp. Les deux Valira se rejoignent un peu en amont d’Andorre-la-Vieille ; au-dessous du confluent, la Valira trouve Andorre et Sant-Julia-de-Loria.

Ces vallées présentent une déclivité prononcée. Le port de Framiquel ou de l’Embalire, par lequel on passe généralement du bassin de l’Ariège dans le bassin de la Valira de l’Est, est à 2,445 mètres environ ; Soldeu, à 1,885 ; Canillo, à 1,579 ; Encamp, à 1,350 ; Ordino, à 1,347 ; la Massane, à 1,268 ; Andorre, à 1,079 ; Sant-Julia, à 950 ; le Runer, au point où le chemin muletier le franchit pour pénétrer en Espagne, à 880[2].

Les versants des montagnes sont déchirés par des canals ou ravins et des torrents. Les rochers abondent : roches granitiques, roches schisteuses ou lloses, d’où on tire les ardoises grossières qui servent à faire les toits ou llosats. Ces schistes se désagrègent quand survient une forte pluie ; les pentes se couvrent de longs éboulis, que l’on appelle tarters, tarteres. Çà et là, l’ossature rocheuse perce le sol et se soulève en des éminences, tossals.

Les penchants sont très différents suivant leur exposition : d’où une distinction marquée entre l’ubach ou ubaga, d’une part, le solà, la solana, de l’autre. Les solanes, chauffées par le soleil, sont plus tôt dégagées de leurs neiges ; on les cultive avec plus de soin : au printemps, elles sont égayées par le vert tendre des blés et des prairies, qu’émaille une flore luxuriante. L’ubach est d’aspect plus austère ; les friches, hermals, y sont d’un vert sombre que piquent les touffes rouges des rhododendrons, et les noires sapinières y prennent l’aspect de bataillons fantastiques lancés à l’assaut des crêtes.

Une autre distinction non moins importante que la précédente sépare les parties basses et les parties hautes, les rebaixants et les montagnes. Les montagnes deviennent presque entièrement, à la belle saison, le domaine des troupeaux, qui s’en partagent les cortons : le cortó est un quartier, un lot pour l’afferme des pâturages. Les rebaixants, plus voisins des habitations, mieux garnis d’humus fertilisable, sont en très grande partie livrés à la culture.

Les pièces de terre sont inclinées : le haut se dit capsada et le pied, sualada. Peu à peu le travail tend à rendre chacune d’elles horizontale : la différence de niveau entre deux paliers est rachetée par un talus ou ribás. Le ribás peut provenir non plus de ce que le terrain supérieur s’est relevé, mais de ce que le terrain inférieur a fui vers le bas. Quelle qu’en soit la cause, il arrive souvent un moment où on retient les terres à l’aide de murs, parets, ce qui forme des gradins étagés sur les flancs des montagnes. Lorsque ces lopins sont étroits, on les désigne sous le nom de feixa. Quelquefois, les feixes sont de surface minime, très haut placées, très loin des villages ; il faut des heures pour y arriver, des heures pour enlever, à dos d’homme, les quelques gerbes qu’elles produisent. Rien ne donne mieux l’impression de la pauvreté du sol andorran et du labeur acharné qu’il en coûte pour lui arracher une maigre nourriture.

La surface cultivée, le terrain de conreu, est coupé de bandes incultes, couvertes d’herbes ou de bois rabougris : ce sont les amarges[3]. La distinction n’est pas toujours aisée entre l’amarge et le ribás, et on emploie fréquemment les deux termes l’un pour l’autre.

La mise en valeur. — Après avoir défriché, cabar, arrencar, on améliore le sol, soit en y épandant du fumier, bogar, femar, soit en tenant les troupeaux la nuit[4] dans des parcs, pletes, fermés de claies, andas. On active aussi la végétation par l’arrosage, qui est très développé en Andorre. Lorsque le voyageur suit le cours de la Valira, il aperçoit de loin en loin des prises d’eau, capagual, peixera, qui annoncent qu’un peu plus bas il trouvera des prés irrigués. Le canal, rech, et les dérivations, secles, cequies, peuvent être munis d’une vanne, resclosa, et d’un déversoir, astolador ; ils se subdivisent en nombreuses rigoles, rigoles à jour, rigueres, rigoles couvertes, clavigueres. L’arrosage a, dans ces derniers temps, transformé certaines parties du pays, grâce à des syndicats de propriétaires qui ont construit à frais communs des canaux ; l’une des plus importantes parmi les sociétés de ce genre est le syndicat du canal d’Andorre, la junta del rech d’Andorra.

On accède aux pièces de terre par des chemins et sentiers qui portent des noms divers : sendera, callissa, pas. Si j’ai bien saisi, la sendera est un sentier ; la callissa, un passage ayant une assiette spéciale, entre deux immeubles, et le pas, un droit de passage à travers l’immeuble d’un tiers.

Les récoltes sont emmagasinées dans des bâtiments divers, borda, hera, cubert, qui, dans la montagne, prennent plutôt le nom de cortal. Les granges ne renferment pas toujours un logement pour la famille du colon ou pour le domestique chargé de soigner le bétail pendant le jour, ni une aire, corral ; elles comprennent invariablement au rez-de-chaussée une étable, estable, et au-dessus un grenier, dont le pignon est ouvert plus ou moins largement du côté du soleil.

Comme tous les pays élevés, l’Andorre, pendant les longs mois de l’hiver, se recueille ; ainsi, que certains animaux de ses montagnes, elle paraît dormir. Sa vie est alors suspendue[5], pour reprendre avec une intensité fébrile pendant la belle saison. En juin-août notamment, les travaux de la fenaison et de la moisson donnent lieu à une poussée d’activité qui transforme le Val : les faucheurs, dalhayres, coupent l’herbe ; les rasclayres armés de râteaux la retournent et l’amassent ; les plus vigoureux travailleurs la portent sur leurs épaules, par tas de 70 et 80 kilogrammes ; les segadors moissonnent ; les âniers vont aux forêts communales chercher la provision de bois. En juillet on fait les fromages aigres : c’est le temps dels orris, littéralement la saison des cabanes, dans lesquelles on réunit les brebis pour les traire.

L’aspect. — Même à cette époque de l’année, l’aspect du pays est loin d’être gai. Sans doute on y trouve quelques sites attrayants : les gorges de Méritxell et de Sant-Antony sont émouvantes de grandeur sauvage ; au pied d’Andorrela-Vieille, dans le cadre imposant que leur font les sierras sourcilleuses, des prairies verdoient le plus agréablement du monde ; Ordino et la Massane ont de belles perspectives, où les cultures alternent avec des croupes à plans nets et à vives arêtes, pareilles à des terrassements formidables. Mais tous ces paysages laissent à qui n’y est pas habitué l’impression que Roncevaux causait au trouvère :

 « Halt sunt li pui e li val tenebrus,
« Les roches bises, li destreit merveillus ».

L’étranger se sent comme emprisonné au fond de ces vallées trop étroites, enserrées entre des parois trop élevées ; il souffre à voir l’aridité du sol et la misère des demeures. À l’oppression qu’il en éprouve s’ajoute une tristesse morne durant l’hiver, quand la neige, le froid et l’ennui pèsent lourdement sur l’Andorre, ou même pendant l’été, lorsque la pluie fait rage, quand les nuages bas se traînent, lamentables, le long des pentes et qu’au fracas de la foudre se mêle la plainte des pauvres cloches fêlées.

Les cultures. — Les cultures varient suivant les altitudes : près des ports, on sème le blé avant d’avoir fait la moisson de l’année courante. Les principales productions sont le froment, froment, le seigle, seguel, les cultures de mars, merseries, notamment d’excellentes pommes de terre, trumfes, patates, les fourrages. Dans la plus grande partie de l’Andorre, les plantations de tabac occupent les meilleurs fonds : on devine d’où vient leur succès. Des lieux-dits portent sur divers points le nom de canemar, chènevière ; mais on ne cultive plus guère le chanvre. Une autre culture qui a disparu est celle de la vigne : tels actes du xve siècle mentionnent des vignes entourées de tous côtés par d’autres vignes[6]; aujourd’hui, les Andorrans font venir du pays d’Urgel leur provision de vin. Ce vin épais, transporté dans des peaux de bouc, donne du bon rancio, vi ranci. On le traite à peu près comme nous faisons le vinaigre : on ajoute au baril, à mesure qu’il se vide, et le rancio agissant sur ce vin nouveau le fait Jaunir et rancir rapidement. Les vins qui fournissaient le meilleur rancio provenaient del Priorat, au-dessous de Reus, en Catalogne. Le vi ranci est le champagne de l’Andorre : il figure à la fin de tous les repas soignés ; dans les banquets officiels, c’est au rancio que l’on prononce les toasts, en cette langue souveraine qu’est la catalane, impérieuse et sonore comme un choc d’épée.

L’élevage. — La principale industrie agricole des Vallées est l’élevage des troupeaux : troupeaux indigènes, mulets ou matxos achetés en Poitou, bétail loué à cheptel, troupeaux étrangers pour lesquels les pacages sont pris à ferme, tout cela vit, durant l’été, sur les montagnes semées d’abris et de baraques, pardines, orris, et les sonnailles de ces innombrables troupeaux, ramats ou colles, mettent un peu de vie dans la solitude des pâturages immenses.

Les paroisses qui ont des ressources budgétaires rendraient à l’Andorre un service signalé en s’occupant de perfectionner l’industrie pastorale, d’améliorer les races, d’utiliser plus rationnellement le lait. Les fromages andorrans sont franchement mauvais ; les races ovine et bovine donnent à la boucherie des produits détestables. Par contre, si les chevaux du pays sont rustiques, le régime auquel ils sont soumis leur donne une remarquable résistance ; j’ai vu de malheureux chevaux enlever la neige avec la langue pour trouver un peu d’herbe.

Les bêtes de somme et de selle de provenance étrangère acquièrent dans le pays une vigueur de jarret et une sûreté de pied précieuses. Les muletiers, traginers, emploient des bâts et des harnais très lourds, environ 40 kilogrammes ; la charge est de 120 et même 150 kilogrammes. C’est, au total, près de 200 kilogrammes qu’un mulet monte par des chemins impossibles.

On comprendra quel profit l’Andorre tire de l’industrie pastorale quand on aura jeté les yeux sur les tableaux suivants.

Le premier indique les nombres de têtes de bétail pour lesquelles M. Carvajal demandait, en 1895, la libre introduction en Espagne.

100 têtes de l’espèce chevaline ;
450 mulets ;
400 têtes de l’espèce bovine ;
7,000  —  ovine ;
25 ânes ;
700 chèvres ou chevreaux ;
56 porcs[7].

Les immunités douanières que sollicitait M. Carvajal furent refusées par le Sénat, sur l’intervention de l’évêque d’Urgel, et la surproduction de l’Andorre a pris le chemin de la France. Nous admettons annuellement en franchise le tiers des existences constatées par des recensements qui seront effectués à des dates indéterminées. Voici à quel chiffre s’élève ce tiers, d’après les recensements consécutifs de 1898, 1899, 1900, qui ont été faits sous le contrôle de notre Viguier et d’agents des Douanes françaises :

La chasse et la pôche. — La chasse et la pêche sont surtout appréciées par les voyageurs, au menu desquels elles apportent quelque variété. Les truites de la Valira et surtout de ses affluents sont excellentes. Les perdrix sont nombreuses l’hiver : une session du Conseil général est dite session des perdrix, parce qu’il est d’usage de servir une perdrix à chaque conseiller ou invité. Je fus convié à ce festin en décembre 1884. Les isards figurent quelquefois sur les tables andorranes ; mais la chasse à l’isard exige une telle vigueur que, même parmi les montagnards les plus robustes, à peine quelques-uns peuvent s’y livrer.

L’industrie. — En dehors d’un certain nombre de moulins ultra-primitifs, actionnés par des rouets de bois, l’industrie andorrane est à peu près nulle. Les forges catalanes, depuis longtemps arrêtées, tombent en ruines. Il est vrai qu’on a créé naguère à Andorre-la-Vieille, une fabrique d’allumettes : il faut beaucoup d’allumettes pour fumer tout le tabac que produit l’Andorre.

Restent les fabricants de drap, les parayres, des Escaldes, qui étaient autrefois, pour une bonne part, des étrangers. La confrérie des parayres, sous l’invocation de saint Pierre martyr, était jadis prospère. Elle conserve un registre de 1669 à 1807 environ, dont l’étude attentive ne serait pas sans intérêt. Aujourd’hui, les marchands ambulants et les magasins des villages fournissent les Vallées de drap et de velours manufacturés en France ou en Catalogne, de shirtings espagnols, voire même d’ignobles casquettes qui sont trop laides pour n’être pas anglaises et qui remplacent, bien désavantageusement, sur la tête des Jeunes gens ou fadrins la coquette barratina écarlate.

De temps à autre apparaissent des colporteurs ou des étameurs : leur présence attire les curieux et anime pendant quelques heures les places désertes des villages.

La contrebande. — La principale source des revenus de l’Andorre est la contrebande. Cette situation est ancienne : au commencement du xviiie siècle, la France et l’Espagne avaient exigé que l’on prît des mesures sérieuses pour les garantir contre ces importations illicites. Le Conseil général des Vallées alla jusqu’à prononcer l’expulsion de toute andorrane, fille ou veuve, qui épouserait un contrebandier[8]. Un règlement plus pratique fixa le maximum des pieds de tabac que pourrait cultiver chaque famille et des inspections avaient lieu pour punir les infractions.

Les lois pour la répression de la contrebande existent toujours[9] pour la forme : elles sont ouvertement violées, et plus d’une fois j’ai croisé des contrebandiers, la balle sur le dos, qui sont venus, sans aucune gêne, me saluer et me serrer la main. La contrebande est passée dans Îles mœurs ; c’est un genre de commerce très considéré. La justice s’avisa naguère que dans un site sauvage à souhait, on avait installé un dépôt sinon une fabrique de fausse monnaie, et comme il fallait dissimuler cette industrie indélicate sous des apparences respectables, les faux-monnayeurs avaient disposé ostensiblement dans la même maison un comptoir de contrebande.

Un individu acheta, un jour, un cheval que le vendeur s’était engagé à introduire en fraude en Espagne ; le vendeur s’étant dérobé à l’observation de cette clause, le bayle le condamna. Le Juge des appellations, M. Sicard, réforma la sentence. L’arrêt de M. Sicard est inattaquable et il s’imposait ; la sentence du bayle était plus andorrane.

Les contrebandiers partent par troupes, en plein jour, portant des ballots qui pèsent jusqu’à 40 kilogrammes, sans parler des provisions, des chaussures et vêtements, des armes. Sous cette charge, ils gravissent les sentiers les plus difficiles. C’est un rude métier, qui développe les qualités d’endurance et d’initiative. Le malheur est qu’il coûte un peu cher aux États voisins : dans un département français limitrophe, on a calculé que la contrebande diminuait dans des proportions invraisemblables le chiffre de la vente des allumettes et des tabacs. Le propriétaire de la fabrique andorrane d’allumettes jouit pour l’importation du phosphore d’une sorte de monopole, qu’il paie d’une redevance assez élevée, et il est question d’accorder à une société locale le monopole des tabacs. Évidemment, « il faut que tout le monde vive » et que l’Andorre équilibre son budget ; peut-être serait-il sage cependant d’user avec quelque discrétion des ressources de ce genre : l’abus pourrait ramener la France et l’Espagne aux mesures coercitives du xviiie siècle.

Exportations et importations. — En résumé, l’Andorre possède une bande étroite de terre cultivable et de vastes pacages ; elle manque de fourrages, de céréales, de vins et de produits manufacturés ; elle a en surabondance les bestiaux et le tabac. Elle écoule ceux-là à peu près régulièrement, celui-ci frauduleusement, en Espagne et en France. Elle achète en France les farines, en Espagne, le vin, le seigle, l’huile d’olive, l’eau-de-vie et les liqueurs, la cire, le sel, la morue, le pétrole, le riz, etc. ; en Espagne et en France, les tissus et les fers.

Quant aux fourrages, qui seraient si nécessaires à l’Andorre pour l’élevage, il n’est pas possible de les importer à dos de mulet : la conséquence est, qu’en dehors d’une certaine surface réservée à la culture du tabac, les meilleurs fonds du pays sont couverts de prairies artificielles. Ces fonds atteignent des prix très élevés : l’hectare de première qualité vaut à Soldeu 1, 500 pesetas ; à Canillo, 2, 000 ; à Andorre et Sant-Julia, 8, 000.

Au demeurant, l’Andorre est un pays pauvre, qui a été bien souvent éprouvé par la disette[10] et qui, aujourd’hui encore, a peine à nourrir sa population, quelque faible qu’en soit la densité[11].

La race. — Il a été procédé, vers le début de 1897, à un dénombrement, duquel il résulte qu’il existait dans les vallées 44 agglomérations, 1042 maisons, et 5210 habitants.

Les Andorrans sont de race catalane. Leur langue, qui présente, suivant les localités, des différences sensibles, est le catalan mélangé d’apports étrangers, ariégeois au Nord, castillans au Sud. Ils sont de taille plutôt petite, d’aspect frêle, mais nerveux et résistants. Le costume des femmes est banal ; pour aller à l’église, elles prennent le capulet, caputxo, quelquefois surmonté d’une sorte de corne qui part de l’arrière, caputxo a crista. Parmi les hommes, quelques vieillards, une demi-douzaine peut-être, portent encore le bonnet de laine violette, la veste de bure à col droit et larges revers, la ceinture noire, les culottes de velours bleu, les guêtres et les sandales.

Les Andorrans sont hospitaliers, discrets, avisés ; cette poignée de montagnards tient tête aux diplomates avec une souplesse merveilleuse. On leur reproche d’être dissimulés et intéressés. Les administrateurs appelés pour la première fois dans le pays feront sagement de ne pas prendre à la lettre les protestations de dévouement qui ne manqueront pas de les accueillir. Les habitants des Vallées aiment la chasse, les cartes et la danse. Ils n’ont pas pour les travaux pénibles le courage tenace des Aragonais. L’absinthe a fait depuis peu son apparition dans les cabarets, et j’ai été épouvanté de l’abus que certains jeunes gens en font : ce serait un devoir de prévoyance de prohiber ce poison.

Les mœurs sont très rigides à la surface : on expulserait sans pitié les femmes « folles de leurs corps » ; mais les fadrins, les jeunes gens, ne seraient pas de sang catalan s’ils n’étaient pas travaillés de violents désirs. Ce qui m’a le plus frappé dans l’ancienne criminalité andorrane, c’est la fréquence des procès de sorcellerie et des procès de viol et séduction.

Quand survient un enfant naturel, on l’évacue nuitamment, de village en village, vers quelque ville d’Espagne. Il n’y a pas très longtemps, l’amour maternel fut plus fort chez une malheureuse fille, qui s’obstina à garder son enfant : elle fut obligée de quitter le pays.

Cependant, la foi conjugale est religieusement respectée chez le plus grand nombre ; les vertus de famille ne sont pas énervées par une littérature malsaine. Je n’oublierai pas de la vie le récit émouvant que deux vieux andorrans nous firent, un jour, à Monsieur Romeu, viguier de France, et à moi, d’un drame sanglant. L’un des vieillards nous parlait de la victime : « Elle était belle », nous dit-il avec enthousiasme, « et chaste ! » Le narrateur se recueillit un instant. Nous étions sur un rocher qui domine l’âpre vallée ; dans ce rude paysage, on ne percevait que la rumeur éternelle qui monte des ravins de la Valira. Nous eûmes l’impression que nous étions reportés à plusieurs siècles en arrière, loin des théâtres et des boulevards, bien loin de tous ces sarcasmes impies qui bafouent l’honneur des mariages et qui tuent les peuples les plus forts.

Influences espagnoles. — Pour comprendre l’Andorre il ne faut pas perdre de vue qu’elle est sur le versant espagnol et qu’elle communique à peu près librement en toute saison avec la Séo d’Urgel, tandis que du côté de la France, en hiver, les ports sont souvent impraticables, les relations postales et même télégraphiques, interrompues. Les autorités andorranes arrêtent facilement le trafic avec la France sous prétexte de mesures sanitaires[12] ; la suspension des échanges ou simplement des immunités douanières à la frontière espagnole est l’un des moyens de contrainte les plus puissants dont il soit possible d’user contre les Vallées.

La communauté de langue avec les provinces espagnoles voisines[13], la soumission, dans l’ordre religieux, à un évêque espagnol, sont autant de circonstances qu’il ne faut pas perdre de vue quand on étudie comment s’est élaborée la personnalité de l’Andorre, comment se sont formés ses mœurs et son droit.

C’est donc vers le Sud, avec la Séo d’Urgel principalement, que l’Andorre a noué le plus de relations ; malgré le rétablissement des droits de douane à la frontière espagnole, le commerce se fait surtout de ce côté ; les familles notables se mêlent par des mariages assez fréquents aux familles espagnoles, plus rarement aux familles françaises ; leurs enfants se font une situation en Espagne plus qu’en France. Des détachements de la musique militaire de la Séo viennent en Andorre pour les fêtes locales, en uniforme, commandés par un chef. Plus que toute autre ville, Barcelone attire les Andorrans pour leurs affaires ou leurs plaisirs. Dans le hameau le plus rapproché de la frontière française, j’ai eu la curiosité de demander à une jeune femme d’une maison aisée si elle avait voyagé : elle avait visité Barcelone, elle n’avait pas vu la France, qui est beaucoup plus près et d’un accès incomparablement plus facile. Les Juges des appellations français se faisaient suppléer jadis, paraît-il, par des juristes espagnols[14] ; aujourd’hui encore, les hommes d’affaires de la Séo conseillent les bayles, même le bayle français, quand les bayles sont dans l’embarras. C’est à la Séo que les Syndics se sont informés récemment de la marche à suivre pour organiser l’hypothèque. Un de nos agents avait à prendre une décision dans l’une des affaires les plus graves que l’Andorre ait vues surgir au cours des dernières années ; cette décision lui fut inspirée par son frère, qui est officier ministériel en Espagne.

Comme on le voit, l’Espagne, qui n’a aucun droit en Andorre, y a néanmoins joui jusqu’à présent d’une situation de fait qu’il serait puéril de dissimuler. C’est un point qu’il importait essentiellement de mettre en lumière au cours de cette étude sur les origines de l’Andorre contemporaine.

Il est vrai que les prolétaires andorrans, attirés par l’élévation des salaires, prennent le chemin de la France, de Béziers notamment. Dans les environs de cette ville, le bourg de Puisserguier renferme une véritable colonie andorrane. Cette immigration est grosse de conséquences : mon ami Romeu me permettra d’avouer la surprise que m’a causée, à notre dernier voyage, le succès des écoles françaises et cours de français dont il a obtenu la création à Andorre-la-Vieille, Encamp, Sant-Julia et les Escaldes. L’activité andorrane s’oriente manifestement vers la France.

Isolement relatif : les chemins. — Au surplus, l’Andorre n’est pas aussi complètement espagnole qu’on pourrait le croire ; elle a été défendue dans une certaine mesure contre les influences étrangères par un attachement instinctif à son indépendance et par l’état de ses chemins, invraisemblablement mauvais. Ce que les Andorrans appellent cami real[15] répond bien mal à ce nom pompeux : c’est un sentier muletier, avec des côtes pierreuses et ravinées, gravades, extrêmement raides, et des précipices qui sont l’effroi des voyageurs trop impressionnables. On franchit les ruisseaux soit sur des ponts en dos d’âne, très pittoresques comme tous les ponts jetés au-dessus des gaves encaissés, soit sur des passerelles, palanques, attachées à une chaîne, pour que les débordements ne les entraînent point. L’auteur du Manual Digest déclarait, au xviiie siècle, que les chemins faisaient grand honneur à l’administration locale : cela prouve simplement que cet écrivain était un sage et qu’il se contentait de peu. Il est vrai que le même recommandait de tenir les chemins des ports raboteux et difficiles, de façon qu’on pût seulement passer. À ce point de vue, la viabilité andorrane est bien près de répondre à l’idéal : de roulage, il ne faut point parler ; les transports se font à dos de mulet. Il existe dans les Vallées deux pianos : l’un a été porté de France à travers la montagne par deux équipes de dix hommes chacune.

On travaille actuellement à une route qui reliera la France à Soldeu et que l’on se propose de continuer jusqu’en Espagne ; elle rendra d’incontestables services, bien qu’une portion soit condamnée à rester inutilisée en hiver. Elle activera le mouvement commercial, surtout du côté de la France, où les Vallées achèteront sans doute le pétrole, le sucre, peut-être partie de leur vin, etc. Dès à présent, les cerveaux andorrans fermentent de projets et d’illusions. La dernière fois que je fis le trajet d’Encamp aux Escaldes, je rencontrai une tartane que deux mulets et six hommes tiraient, poussaient, portaient vers Canillo. Un véhicule à Encamp ! Je crus à une hallucination. Sur tout le parcours ce fut un événement : les populations eurent comme un avant-goût des changements profonds que l’ouverture d’une route apportera au pays.

L’avenir. — Peut-être sera-t-il prospère un jour. Les progrès de la chimie industrielle et de la physique autorisent à cet égard bien des espérances. Plus d’une fois, en contemplant les gigantesques rochers de l’Anclar et de Meritxell, dans ces solitudes si propices à la rêverie, je me suis demandé ce qui adviendrait de l’Andorre si on mettait le granit en actions. C’est une chimère peut-être ; mais dès à présent le transport de la force à distance a motivé des demandes de monopoles, et certains habitants, parmi les plus éclairés, m’ont paru portés à les accueillir. Les hommes chargés des intérêts de l’Andorre ont le devoir de la défendre contre ces impatiences naturelles, mais dangereuses : ce serait folie que d’accorder des concessions à long terme, surtout des concessions de durée indéfinie, comme on en a sollicité. La génération actuelle ne doit pas engager l’avenir et l’empêcher d’accorder aux pauvres Vallées andorranes la revanche qu’il leur ménage peut-être et qui leur est bien due.

Dieu veuille, du moins, que le progrès et la richesse ne leur enlèvent pas le respect de la vieille coutume et leur attrayante originalité !

Appendice : les mesures et les monnaies. — Les mesures de longueur usitées en Andorre sont la canne, le pas et le pan.

La confrérie des tisserands des Escaldes garde les étalons des mesures andorranes, lesquels répondent à la demi-canne ordinaire et à la canne des tisserands.

La demi-canne ordinaire ou pas se décompose en quatre pans et elle a 0 m. 787 de long : la canne est donc de 1 m. 574 et le pan, de 0 m. 197.

L’autre canne servait pour la largeur des tissus : l’étalon a 1 m. 048, et le pan, 0 m. 262.

Pour les servitudes urbaines et rurales, on emploie la canne de Barcelone, laquelle compte 12 pans destres de 0 m. 235 et mesure 2 m. 82[16].

L’unité de mesure pour les surfaces agraires est le caballon. Le caballon est proprement la meule de blé formée pour le prélèvement de la dîme et composée de dix-sept gerbes, sur lesquelles le décimateur en prend deux. Ce terme désigne aussi par extension une surface de terre dont la production est environ dix-sept gerbes. Il est rare cependant que le caballon de terre donne un caballon de blé. En 1892, un individu qui avait acquis un champ contenant douze caballons, « de cabuda dotze caballons », intenta un procès au vendeur, parce que la récolte était inférieure à douze meules de dix-sept gerbes : il fut jugé que cette expression se référait à la contenance superficielle de la terre et non pas à sa production effective.

Dans ce sens, le caballon est un carré sur les dimensions duquel les renseignements ne concordent pas : la sentence susvisée de 1892 allègue, d’après un rapport d’experts, que le caballon aurait à Encamp 10 cannes de côté ; au dire d’un de nos anciens bayles qui habite le même village, le côté du caballon serait de 8 cannes ; enfin, M. Théodore Moles, qui est domicilié dans cette paroisse et qui est assez fréquemment chargé de procéder à des arpentages, attribue au côté du caballon une longueur de 6 cannes. Peut-être y a t-il eu jadis des caballons plus ou moins grands, dont les dimensions variaient en raison inverse de la productivité des fonds. Aujourd’hui l’unification est chose à peu près faite : ainsi que je m’en suis assuré dans diverses paroisses, le caballon universellement employé dans les Vallées et dont on s’est servi notamment pour le syndicat du ruisseau d’Andorre est un carré de 6 cannes ou 12 pas de côté. Il équivaut donc à 36 cannes carrées. La canne carrée mesure 2 m² 4775 et le caballon, 89 m² 1891. Mais certains arpenteurs, qui ramènent les mesures andorranes aux mesures de notre système métrique, arrondissent les chiffres et donnent à la canne une longueur de 1 m. 60 ; la canne carrée a, dès lors, 2 m² 56 et le caballon, 92 m² 16. Ces dernières valeurs sont fantaisistes et je ne retiens que les premières.

Le multiple du caballon est le journal, qui vaut 25 caballons ou 2229 m² 7284. Le sous-multiple est la gerbe de terre, qui répond à 1/17e de caballon, soit 5 m² 2464[17].

Les prés peuvent être évalués approximativement, d’après leur production en foin[18].

Page:La coutume d'Andorre.djvu/202 en outre, à des capacités déterminées. J’ai jaugé à Encamp, chez M. Pere Moles, le sisteron pour les grains : il cube 11 litres 8069. La punyera vaut quatre fois moins, soit 2 litres 9742, et le sac, six fois plus, ou 71 litres 3814[19].

Monnaies. — Il est quelquefois nécessaire d’identifier les prix mentionnés dans les vieux actes andorrans produits en justice. C’est pourquoi quelques renseignements sur les anciennes monnaies du pays ne seront pas inutiles.

Il fut d’usage, au moins à un moment du xve siècle, de payer en sel : un mulet valait 23 quintaux de sel ; un bœuf de labour, 13 ou 15[20].

Vers 1420, les saigs firent défense de payer du vin en monnaie catalane autre que la monnaie blanche[21].

Voici enfin des indications qui permettent de déterminer la valeur absolue de la livre catalane en Andorre à diverses époques.

Page:La coutume d'Andorre.djvu/204 Page:La coutume d'Andorre.djvu/205 On emploie aussi très fréquemment, comme monnaie de compte, la livre ancienne, catalane ou barcelonaise, qui vaut 2 pesetas 66. Le sou ancien est donc au sou de 5 centimes comme 2 2/3 est à 1. Il se divise en 12 deniers, dont 9 égalent exactement 10 centimes de peseta. Dix reals équivalent à 1 livre et 30 livres à 1 once.



  1. Pics de Recofred et d’Ensagens, 2,870 mètres ; d’Estanyo, 2,911 ; de Coma Pedrosa, 2,946 (Comte de Saint-Saud, Contribution à la carte des Pyrénées espagnoles, pp. 56-57).
  2. Ces chiffres sont approximatifs ; je les emprunte à Arthur Osona, La Republica d’Andorra, p. 103. Les deux premiers m’ont été fort aimablement fournis par M. Marcel Monmarché.
  3. 14 décembre 1875. « Cuant los de casa X. donaban los amarges, no aturaban may los de la mateixa casa los bestiars del hort ».
  4. Les baux à ferme des pacages imposent parfois aux fermiers l’obligation de parquer leurs bêtes sur tel ou tel point : un décret du Conseil, en date du 11 mai 1875, vise un bail à ferme du solá de Pal, aux termes duquel le preneur devait à chaque particulier six nuits de 300 bêtes.
  5. Les salaires tombent pendant la mauvaise saison : dans un décret dont la date est peu éloignée, le Conseil général estime que « no pareix ser just que un moso pugue guaña tan en lo ibernt com en lo estiu ».
  6. 24 avril 1468. Vente d’une vigne dans la paroisse d’Andorre : les trois immeubles cités comme confrontations sont des vignes. — Un bail à ferme d’une exploitation rurale dans la paroisse d’Andorre, en date du 25 juin 1444, fait mention de mûriers : le preneur pourra « sindere omnes arbores sechs et staxar tots moreys ».
  7. Las Cortes españolas de 1895 y las franquicias de Andorra. Madrid, 1895, p. 9.
  8. 23 décembre 1772.
  9. 1896. Sentence du Conseil général constatant que le délit de contrebande est puni : « la primera vegada ab la multa de vuit centas pesetes ».
  10. Il reste notamment des xvie et xviie siècles nombre de délibérations des conseils de paroisse et du conseil de la Vallée pour l’achat de blé.
  11. D’un tableau produit aux Cortès par M. Carvajal, j’extrais les quelques chiffres suivants, indiquant la valeur des importations espagnoles en Andorre. On y remarquera le chiffre élevé de l’importation du vin : à l’inverse de bien des montagnards, l’Andorran fait une grande consommation de vin et d’alcool ; même parmi les plus misérables, le vin est d’un usage courant. Les enfants lui doivent souvent des couleurs factices et un teint flétri qui fait peine à voir. Au surplus, il faut se rappeler que, dans l’intérêt de sa thèse, M. Carvajal avait une tendance à majorer les valeurs.
    Vin 
     180.000 pesetas ;
    Chocolat 
     64.000 »
    Tissus divers 
     27.000 »
    Seigle 
     25.000 »
    Huile d’olive 
     20.000 »
    Eau-de-vie 
     24.000 »
    Cierges de chandelles 
     15.000 »
    Phosphore 
     20.000 »

    Au total, 507.419 pesetas (Las Cortes españolas y las franquicias de Andorra, pp. 10-12).

  12. Le Politar s’occupe de la question dans une de ses maximes.
  13. C’est aussi, soit dit en passant, une justification du rattachement de l’Andorre aux Pyrénées-Orientales. Je suis absolument désintéressé dans la question ; on me permettra donc de faire observer qu’il serait difficile de constituer en France, en dehors de Perpignan, un tribunal jugeant sur pièces en catalan et écoutant des plaidoiries catalanes sur des points de droit catalan.
  14. Politar, p. 186.
  15. 16 décembre 1783. Vente d’un pré confrontant « ab cami real que va a Pal ».
  16. J’ai mesuré le pan sur l’étalon du moyen âge conservé à l’Hôtel de Ville de Barcelone. — Il a paru au moins deux éditions des ordonnances de Sanctacilia, à Barcelone vers 1817 et à Gérone en 1841, qui donnent un dessin du pan. Sur la composition de la canne, voy. Pella y Forgas, Relaciones y servidumbres entre las fincas, p. 139 ; Brocá et Amell, Instituciones del derecho civil catalan, 2e édition, t. II, p. 13 ; Vives, Traduccion de los Usages, t. IV, p. 172, note 39 ; Elias, Derecho civil vigente en Cataluña, 3e édition, §§ 1822, 1825, 1830.
  17. 1899. Vente d’un champ à Angordany, « de extensio vuit caballons y set garbas ».
  18. 16 juin 1783. Vente a réméré d’un pré dans la paroisse de Canillo : si le pré produit l’année suivante plus de 30 quintaux et demi d’herbe, on en retranchera une part ; s’il produit moins, on ajoutera. — Cette disposition est, d’ailleurs, tout à fait exceptionnelle.
  19. Les documents signalent d’autres mesures dont l’usage s’est perdu. 14 février 1445. « Unam justiam oley olivarum… ad rectam mensuram Vallium Andorre ». — 3 avril 1446. « Quinque cortons oley olivarum ad rectam mensuram Vallium Andorre ».
  20. 21 septemhre 1469. « Fermaren de dret en Johan Scoter (?) e Guilem Casany, abitans en lo loch d’Endorra, per la castio que avie de I mul que avie venut lodit Guilem Casany aldit Johan Scoter per preu de xxiii quintals de sau ». — 10 novembre 1469. Ventes de bœuf « bon laurador », pour 13 quintaux de sel, et d’un autre pour 15 quintaux.
  21. Cette défense est visée dans un document du 15 juillet 1420.